mercredi 30 juillet 2014

Geoff Johns présente Green Lantern tomes 4 & 5 : La guerre de Sinestro (Urban Comics - Février et avril 2014)


Durant la dernière décennie, le règne de Geoff Johns sur l'univers de Green Lantern a permis aux séries de ce personnage de décoller et de connaître des sommets qui s'y refusaient jusque là. Durant ce run de 8 ans et plus, nous avons pu assister à nombre de fabuleuses histoires et vivre des récits passionnants, préparant le terrain pour le plus grand chamboulement de l'histoire de DC Comics. Parmi ces arcs, le premier et certainement le plus important pour l'avenir est celui de La Guerre de Sinestro, où le Corps des Green Lanterns va se retrouver confronté à son plus terrible adversaire en la personne du célèbre renégat, ayant fondé son propre Corps alimenté par l'énergie jaune de la peur pour combattre le vert de la volonté et imposer sa vision de la paix et de l'ordre à tout l'univers.

Bien sûr, les Green Lanterns ne vont certainement pas se laisser écraser sans rien dire, et une guerre d'ampleur cosmique se déclenche alors, qui couvait depuis quelques temps déjà. Enfin l'assaut est lancé, et les secrets des Gardiens menacent d'être révélés au grand jour, détruisant et la paix et la confiance qu'ils avaient en leurs capacités. Entouré par les pires créatures qui soient dans l'univers, Sinestro entend bien saper les forces des Lanterns sur leur propre terrain et se tracer une voie royale pour le coeur du Multivers : la Terre, laissée sans défenses. Ou presque, puisque Hal Jordan et ses compagnons peuvent toujours compter sur le soutien de la Ligue de Justice et de l'ensemble des héros de la planète, mobilisés pour prêter main forte et faire reculer la peur. L'heure des règlements de comptes a sonné entre les ennemis de toujours qui se retrouvent enfin face à face, entre Hal et Sinestro mais aussi le Superboy-Prime, le Cyborg Superman, la Ligue de Justice au grand complet et même le terrifiant Anti-Monitor en personne, signe que l'univers pourrait bien toucher à sa fin. Quoi qu'il se passe désormais, il sera impossible de revenir en arrière et il faudra assumer les lourdes conséquences des changements qui s'opèrent dans le Corps ainsi que chez les Gardiens eux-mêmes, mettant en branle un nouveau plan d'urgence pour maintenir leur contrôle sur l'univers connu, quel qu'en soit le prix.

Cette saga pousse les Lanterns de la Terre dans leurs derniers retranchements, et dévoile aussi des éléments-clés pour la suite des opérations prévues par Geoff Johns au sein de l'ensemble de l'univers DC (Blackest Night, dont les premières pierres sont posées durant cette guerre, et qui conduira directement à la Renaissance DC avec les New52 par la suite). Les bouleversements sont nombreux, les retournements de situation également, et jamais la lignée cosmique de DC n'aura été aussi attirante à la lecture, ce qui fait un bien fou ! En prime, Urban Comics vous fournit dans le second tome plusieurs pages bonus avec des croquis et sketchs originaux ainsi que les transcriptions des conversations entre les auteurs et l'éditeur, afin de vous permettre de mieux saisir l'importance de certains détails ou tout bonnement de connaître les circonstances particulières de la création de tel ou tel personnage pour l'occasion. On aurait tort de cracher dessus !

En plus des chapitres des séries principales, vous avez aussi ceux des petits ''à-côté'', surtout les Contes du Corps de Sinestro (Tales of the Sinestro Corps) qui vous plongent au coeur de l'horreur, dans les origines des membres les plus emblématiques de ces messagers de la peur. Certains vont vous mettre assez mal à l'aise ! Vous apprécierez également le nombre incroyable de références aux grandes oeuvres de la science-fiction moderne, Star Wars en bonne place, ainsi que beaucoup de bonnes blagues sur la culture-pop (Hal Jordan et Guy Gardner obligent), de quoi détendre un peu l'atmosphère après les moments de stress (cherchez pour vous amuser, il y a une belle référence au film des Simpsons). Au niveau du dessin, les artistes sont trop nombreux pour que je les cite dans le détails, mais vous retrouverez tous les noms dans les libellés de cet articles. En tout cas, sachez qu'ils sont tous sur la même longueur d'ondes et que les différences de styles se voient très peu la plupart du temps, ils sont globalement tous à la hauteur les uns des autres et forment une parfaite harmonie visuelle pour soutenir ce récit aux proportions épiques comme jamais. Du grand art, et surtout un véritable exemple de travail bien fait et de communication réussie entre les auteurs ! Chose dont on devrait s'inspirer plus souvent à l'heure actuelle, chez Marvel comme chez DC, ça permettrait d'éviter d'horribles cafouillages éditoriaux (suivez mon regard).

Comme beaucoup d'entre vous, j'ai maintenant grande hâte de pouvoir lire les deux derniers tomes de cette série Geoff Johns présente Green Lantern, qui nous conduirons normalement au seuil de Blackest Night et à la veille de la fin de l'univers classique DC. L'Histoire est en marche, et nous pouvons vraiment nous ravir de pouvoir la lire chez nous dans une belle édition qui lui rend parfaitement justice.

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis (Thomas risque de vous fournir le sien sous peu !) et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

dimanche 27 juillet 2014

Delivery (Tonkam - 2008 - série complète en 2 tomes)


Au Japon, comme dans des tas d'autres pays dans le monde, les conditions de vie des étudiants laissent souvent à désirer. Précarité, insécurité... il est facile dans ces circonstances de prendre un chemin de traverse qui nous amène à des actes dont on ne se serait jamais cru capable auparavant. Des actes comme le ''delivery health'' par exemple, le fait de délivrer à domicile aux clients qui payent bien et savent respecter les règles des soins de nature sexuelle, plus érotique qu'autre chose de préférence, mais les dérapages sont monnaie courante malheureusement. Qu'il s'agisse de filles ou de garçons, un certain nombre d'étudiants se retrouve à exercer cette activité à la limite de la légalité (bien plus qu'on ne voudrait le croire). S'apparentant à nos call-girls, les agences qui gèrent ces soins bien particuliers emploient tant des jeunes que des plus vieux, du moment que le travail est bien fait, les clients satisfaits et en redemandant, et les employés réglos et capables de se défendre au besoin.

Delivery, c'est une série en deux tomes de Tohko Ohta et surtout Shiori Teshirogi, que vous connaissez depuis quelques années maintenant grâce à ces formidables séries que sont Saint Seiya – The Lost Canvas et Saint Seiya – The Lost Canvas Chronicles en collaboration avec Masami Kurumada (de loin). Parue chez nous via l'éditeur Tonkam dans le dernier trimestre de l'année 2008, et aujourd'hui pratiquement introuvable car ayant vu sa commercialisation stoppée comme beaucoup d'autres séries depuis, c'est un véritable petit bijou qui n'a pas vocation de dénoncer ou de faire réfléchir, mais simplement de raconter. Raconter les histoires de trois, quatre, cinq personnes obligées à un moment de leur vie de recourir à la solution du Delivery Health pour s'en sortir, pour payer leurs études, ou tout bonnement par plaisir. Des vies entrecroisées, des récits entremêlés qui illustreront de façon magistrale le quotidien de ces jeunes et moins jeunes, dans tout ce qu'il y a à voir. Du bon comme du moins bon, voir du franchement mauvais, tout ce qui peut leur arriver autour de cette activité spéciale nous est dévoilé, nous les suivons presque pas à pas et nous assistons à leur évolution comme à leurs malheurs, aux dérapages comme aux coups en traître, mais surtout nous comprenons. Nous comprenons, à la lecture de ces vies plus ou moins brisées, quelles furent les motivations qui les poussèrent à en arriver là, par quels chemins ils y sont arrivés, de quelles façons, jusqu'à quel point, etc.

Le dessin de Shiori Teshirogi, pour celles et ceux qui connaissent grâce à The Lost Canvas, permet à la fois de contempler des personnages et des décors fabuleux, voir somptueusement beaux, tout en gardant une esthétique des corps et des expressions plutôt réaliste, dans le sens où chaque émotion passe à merveille dans les traits et surtout dans les regards des personnages. C'est l'alliance parfaite selon moi en manga du beau et de l'utile. C'est de l'esthétique pure et simple, avec un zeste de volonté de choquer le lecteur par moments, en illustrant de manière assez précise et là encore réaliste les actes pseudo-sexuels ou sexuels tout court. Je peux vous garantir que cela vous fera un certain effet, en bien ou en mal, mais vous ne resterez pas indifférents. Tout cela encore une fois allié à un soucis de la beauté proprement phénoménal, le soucis de rendre beau, magnifique, des actes et des scènes qui paraissent bestiaux ou primaires. La recherche de la dessinatrice est toujours méticuleuse, les dessins sont vivants et respirent le mouvement et la beauté tant spirituelle que physique.

Je disais tout à l'heure que cette oeuvre n'avait pas pour vocation de faire réfléchir. J'ai peut-être un peu menti. Fatalement en lisant tout cela, en vivant par le biais du récit les vies des personnages quels qu'ils soient, même les clients du Delivery Health, vous vous mettrez à réfléchir à tout cela. L'essentiel est de ne pas chercher à porter un jugement, ou à en discerner un à travers l'histoire que l'on vous raconte. Delivery vous fait réfléchir sans en avoir l'air, mais jamais ne portera le moindre jugement. C'est un miroir, une fenêtre ouverte sur plusieurs existences reliées entre elles, sur plusieurs destins qui vont se croiser et interagir, autour d'un même thème et d'une même nécessité, mais avec différentes motivations et différents intérêts. Si jugement il y a à la fin de votre lecture, il ne pourra venir que de vous. Delivery tâche de rester la plus neutre possible, et de ''simplement'' vous entraîner dans le quotidien de ces personnes, clients ou soignants, qui vivent tout cela chacun à son niveau. Une oeuvre choquante sur bien des points, qui ne manquera pas de vous faire gamberger, mais qui devrait aussi grandement séduire et votre curiosité et votre sens de l'esthétique dans l'art séquentiel. Pour moi Shiori Teshirogi est bien plus qu'une mangaka de talent, c'est une véritable artiste au sens le plus large et le plus complet du terme. Un jour je vous parlerai d'une autre de ses séries, en deux tomes également, qui vous arrachera d'autres sortes de larmes. Mais pour l'heure...

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mercredi 23 juillet 2014

Spider-man - L'Autre (Panini Comics - Février 2014)


Aujourd'hui, même s'il reste un auteur de plus en plus décrié et lâché par la profession en raison de ses difficultés à boucler ses récits convenablement, il n'en est pas moins que J. Michael Straczynski (je vous défie de l'épeler à l'oral correctement sans regarder) a au début des années 2000 livré un run proprement fascinant sur Spider-man, modifiant et son univers et ses clés de lecture habituelles, ajoutant une toute nouvelle dimension au destin du Tisseur et un sens nouveau à ses actes depuis l'obtention de ses fameux pouvoirs par la piqûre d'une araignée radioactive.

Après avoir séduit le public dans une large majorité avec le début de ce récit novateur et résolument anti-classicisme, Stracz s'associe avec Peter David et Mike Deodato Jr. pour en finir avec les modifications qu'il compte inscrire dans la durée sur Spidey et ses proches. Cela donne L'Autre, une bien étrange saga qui achève de développer la dimension mystique des pouvoirs de Peter Parker et de la source de son destin. Pour comprendre, et se comprendre lui-même, Peter devra une nouvelle fois affronter le terrible Morlun, ce vampire qui se nourrit de l'énergie vitale des ''totems'' qui confèrent leurs pouvoirs à plusieurs individus inspirés d'animaux, comme Spider-man bien entendu. Mais cette fois, le combat ne tournera pas à l'avantage de Peter car, en parallèle, voici qu'il est rongé depuis quelques temps par une bien étrange maladie, aux allures de cancer, qui sape ses forces et son énergie au point de se voir bientôt diagnostiquer comme mourant. Un coup dur pour Peter, qui devra alors trouver un moyen de protéger ses proches tout en combattant Morlun et d'autres adversaires encore. Peut-être que la solution se trouve là, de l'autre côté du voile, vers la lumière, vers l'abandon...
Du drame, de l'action, des larmes, de l'amour et de l'héroïsme, voici ce que vous trouverez dans cette histoire grandiose qui vous transportera sur des chemins encore jamais explorés à l'époque pour le Tisseur, et qui vous bouleverseront totalement, que vous aimiez ou non. Échelonnée sur plusieurs séries en même temps, cette saga a pour devise ''Évoluer ou mourir''. Une sentence qui résume à elle-seule tout le sel de cette histoire, tout ce qui fait de L'Autre un récit magistral mené de mains de maîtres par des auteurs passionnés par ce qu'ils font, explorant de toutes nouvelles pistes dont feraient mieux de s'inspirer certains auteurs actuels. Les dessins sont de plusieurs artistes mais les différences ne choquent pas, vous en avez pour votre argent.

Et puisqu'on parle de ça, il faut féliciter Panini Comics qui a eu la bonne idée de publier cette oeuvre dans sa collection Marvel Deluxe, certes assez coûteuse mais de très bonne qualité et qui ne dépareillera en rien votre bibliothèque. Si toutefois vous trouvez que c'est un peu cher, et vous aurez sans doute raison, vous pouvez encore attendre quelques mois (voir années) pour que cette histoire soit publiée dans une collection moins luxueuse mais plus abordable, comme il en est désormais de coutume chez Panini. Peut-être quelque chose comme du Marvel Select, ou du Marvel Gold. Bref, prenez votre mal en patience et ça finira par payer, ne vous inquiétez pas !

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, j'espère vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

dimanche 20 juillet 2014

Ekhö, monde miroir, tomes 1 & 2 (Arleston & Barbucci - Soleil - Mars 2013 & Novembre 2013)


Salut les aminches ! Envie de changer d'air, envie d'escapade dans l'inconnu et l'étrange ? Alors Ekhö est faite pour vous ! Cette bande-dessinée éditée chez Soleil depuis Mars 2013 nous entraîne dans les péripéties de la jeune Fourmille Gratule, se rendant à New York à l'occasion du décès de sa tantine, et se retrouvant soudainement projetée dans un autre monde, miroir du nôtre mais avec d'énormes différences. Par exemple, la technologique semble figée à l'ère industrielle des débuts, et le bestiaire fantastique occupe une place de choix dans cette nouvelle société dirigée par des écureuils intelligents et très organisés, où vous pourrez croiser des dragons et toutes sortes de monstres la nuit tombée, et où la pauvre Fourmille se voit possédée régulièrement par les esprits de personnes défuntes récemment, cherchant à rendre justice après leur mort souvent provoquée.
Mais Fourmille n'est pas seule, en effet durant le transfert entre les mondes son voisin de siège dans l'avion qui la menait à New York a lui-aussi été pris dans le passage, et ce pauvre Yuri Podrov n'avait pourtant rien demandé ni rien à voir avec Fourmille et sa tante ! Les voici donc contraints de vivre ensemble sans s'éloigner l'un de l'autre, sous peine de mort, le temps que les écureuils arrangent les choses. A eux deux ils vont vivre d'étranges aventures, dans un New York totalement onirique où les coups bas sont légions et la vie bien dure pour qui ne sait pas tirer son épingle du jeu. Un peu comme la vraie New York, remarquez.

Et ce n'est pas tout ! Dans le second tome, Fourmille et Yuri doivent se rendre à Paris, bien sûr le Paris de cet autre monde, qui ressemble à un délire bonapartiste qui n'en aurait jamais terminé avec notre bonne vieille France. Là, possédée par l'esprit d'un prince décédé brutalement (les fans reconnaîtront un clin d'oeil appuyé à Lady Diana) alors qu'il s'apprêtait à faire à l'empereur Napoléon VIII un rapport sur les agissements illégaux d'un important fournisseur d'armes, Fourmille va devoir non seulement mener les affaires de sa boîte de spectacles érotiques à bien dans cette nouvelle capitale où l'on ne vous fait pas de cadeaux, mais aussi parvenir jusqu'à l'empereur en personne pour lui remettre les informations capitales que son fils voulait lui faire entendre. Et bien sûr, cela n'arrange pas vraiment les affaires des écureuils, qui dirigent le monde dans l'ombre, et qui ne veulent pas de remue-ménage dans leur belle cité parisienne. D'autant que Yuri, l'éternelle anomalie du transfert entre les mondes, risque de plus en plus sa tête à mesure que le temps passe... une seule solution lui permettrait de rester en vie : coucher avec Fourmille pour ''unir leur destinée'' ou un truc comme ça. Plus de 20 ans d'écart entre eux, ça va pas bien la tête ?? Mais bon, c'est vrai qu'elle est bien jolie cette fille... alors pourquoi pas...

Vous l'aurez compris, niveau récit je suis entièrement sous le charme, c'est vraiment magique et plaisant, facile à lire et à suivre, chaque tome nous en donne pour notre argent sans nous laisser sur notre faim et nous attendons calmement la suite. Quant au dessin, il est tout simplement magnifique, plein d'énergie et de peps, une vraie bouffée d'air frais dans la production actuelle. Si les traits peuvent sembler assez cartoonies, il y a une myriade de petits détails dans toutes les cases et dans toutes les situations, l'atmosphère est très soignée et l'ambiance dystopique admirablement retranscrite et maîtrisée. Mention spéciale par ailleurs pour les vêtements, où l'on admire un travail de recherche absolument remarquable avec une pointe d'innovation personnelle. Soleil nous gâte avec ce petit bijou auquel il faut donner sa chance, absolument !

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mercredi 16 juillet 2014

Médaka-Box tome 14 (Tonkam - Mai 2014)


S'il y a un manga ces derniers temps qui selon moi sort nettement du lot de la production actuelle, c'est bien Médaka-Box. Et pourtant rien n'était joué, lors de son arrivée dans nos contrées ! Manga au design très ''technique'', comme de nombreux titres depuis quelques années, un shonen paraissant assez classique dans sa conception comme dans son développement, bref il n'y avait rien qui puisse permettre d'affirmer que cette histoire serait exceptionnelle à plus d'un titre.

C'est là que nous arrivons à ce 14ème tome, riche en rebondissements mais pas que ! Car avec ce tome, la série prend un tournant décisif qui en fait une sorte d'oeuvre presque métaphysique, se penchant sur les conditions de publication des mangas au Japon ainsi qu'à l'économie de ce milieu, son avenir et les crises qu'il traverse, mais également le procédé d'écriture d'un ou plusieurs auteurs sur les séries les plus suivies et donc les plus exigeantes. Toujours devoir innover, toujours chercher à surprendre en jouant avec les mêmes codes... Médaka-Box choisit délibérément de transcender sa condition de manga, d'histoire fictive, pour devenir une triple mise en abîme de notre monde et de la culture de la bande-dessinée Japonaise. Voici d'ailleurs les trois niveaux que j'ai perçu à la lecture de ce tome :
 Situation économique et éditoriale des mangas
 Difficultés du procédé créatif/narratif
 Auto-critique et auto-réflexion sur l'importance d'une bonne fin au bon moment

Pour l'histoire, après les épreuves imposées par Médaka à ses futures successeurs pour les endurcir et les préparer à prendre la relève, il s'avère que Zenkichi, son ami le plus ancien et le plus fidèle, n'est finalement pas à la hauteur de ses espérances. Dépité, déçu, il sera approché par Anshinin qui souhaite faire de lui un nouvel adversaire pour Médaka, une nouvelle opposition, en le transformant en héros véritable et en centrant l'intrigue autour de lui désormais, lui donnant toutes les chances de l'emporter lors de leur affrontement qui promet déjà d'être mémorable. Alors que les deux camps se forment et que les alliés se divisent entre les deux grandes figures que sont Médaka et Zenkichi, Kumagawa entend bien évidemment mettre son grain de sel dans l'affaire et ''foutre le bordel'' dans les plans d'Anshinin, en créant pour sa part une troisième faction indépendante et destinée à empêcher l'affrontement entre les deux amis de toujours pour rendre caduque ce nouveau rebondissement de l'histoire. Une nouvelle ère et de nouveaux combats s'annoncent, et pour Médaka c'est l'occasion de se retrouver enfin face à elle-même et de réfléchir au destin de l'établissement Hakoniwa, mais aussi d'apprendre à affronter seule ses propres démons et sa part d'ombre...

Il faut vraiment s'accrocher lors de la lecture de ce tome pour tout suivre et comprendre correctement, et j'ai plusieurs fois du repartir en arrière pour être bien sûr d'avoir saisi tous les sens de lecture cachés. Au final on a non seulement droit à un changement magistral de direction dans la trame du récit, mais aussi à une critique assez cinglante et réaliste du système en place dans le monde du manga au Japon, c'est d'ailleurs étonnant qu'une telle prise de position et de risques soit aussi mise en avant là-bas. Les Japonais aiment l'autodérision ce me semble, moi aussi ça tombe bien. Merci à vous !
J'espère maintenant vivement retrouver ce triple ton dans le prochain volume, à paraître dès le mois prochain.
Ah, et pour celles et ceux qui se demanderaient ce que devient le fil rouge du récit, la fameuse Médaka-Box du Conseil Étudiant... eh bien ne la cherchez pas, elle n'a plus du tout d'importance. Preuve une fois encore de la volonté de changement et de toujours prendre le contre-pieds des attentes du lectorat pour ces auteurs assez remarquables que sont Nisioisin et Akira Akatsuki.

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un prochain article !

samedi 12 juillet 2014

Tiny Brains (Spearhead Games – 2013)


Il faut que vous le sachiez, je ne suis vraiment pas très ''jeux-vidéo'' à la base, voyez ça avec mes collègues. Mais, de temps en temps il m'arrive de tomber par hasard sur de petites merveilles qui m'intriguent beaucoup. C'est le cas de Tiny Brains, développé par Spearhead Games et édité par le studio 505 Games pour une sortie en Décembre 2013 sur le Playstation Store de Sony. Disponible sur PS4, PS3, PC et même Xbox-360 (il doit donc y avoir portage ce me semble), ce puzzle-game vous offrira un cocktail explosif de réflexion, de fun et d'humour, le tout servi par des graphismes des plus amusants et une animation très fluide, à vous et jusqu'à trois de vos amis, car il s'agit d'un jeu de coopération avant tout !

L'histoire : dans un laboratoire secret dirigé par un scientifique un rien cinglé, vous incarnerez quatre petits cobayes dotés de pouvoirs phénoménaux. Un rat capable de se téléporter en échangeant sa place avec un objet alentours, un lapin au pouvoir attractif, une chauve-souris répulsive, et un hamster qui génère des blocs de glace. Ensemble, vous devrez réussir les tests que votre créateur vous force à parcourir, tout en essayant de vous échapper de cet enfer ! Vous pourrez compter sur quelques alliés et aussi vous amuser à lire les différents comptes-rendus d'expériences disséminés un peu partout dans les tableaux traversés, mais faîtes bien attention à ceux envers qui vous placez votre confiance ! Combinez vos pouvoirs, résolvez les énigmes du terrain et franchissez les obstacles seul ou en groupe, et ne craignez pas l'échec car vous êtes tous immortels et si vous mourrez vous réapparaissez simplement à votre emplacement précédent. De plus le système de sauvegarde est automatique et composé de multiples checkpoints, de quoi vous détendre et vous permettre de vous concentrer uniquement sur les puzzles.

Si ce jeu n'est absolument pas punitif et que les erreurs des joueurs ne sont pas lourdement sanctionnées, ce qui permet de s'amuser sans complexe, le gros défaut est la durée de vie : seulement une heure, environ. Et encore, si vous ne perdez pas trop de temps dans les tableaux. A vous de voir si cela vaut le prix déboursé.
Sachez aussi qu'en plus du jeu normal vous aurez accès à des modes différents, dont un mode ''extrême'' dans lequel vous devrez refaire tous les niveaux avec un seul personnage, Jules, doté de tous les pouvoirs mais avec une vie unique. Là, on retrouve le côté ''erreur = défaite'' bien stressant.

Mais bien sûr, le plus important c'est de bien s'amuser entre amis ! Quoi de mieux que de délirer à plusieurs, de remporter la victoire grâce à l'entraide, de s'amuser à relever les défis... ou tout simplement se tirer dans le dos à la première occasion juste par pur esprit de compétition. Car ça aussi c'est possible, et même parfois encouragé ! Si la durée d'une partie normale n'est pas franchement folichonne, au moins ce jeu bénéficie d'une re-jouabilité presque illimitée !
Si vous voulez un petit tuto-démo-vidéo, regardez les 4 épisodes de Tiny Brains en coop' sur la chaîne Youtube ''fantabobgames''.

Sur ce je vous laisse vous faire votre propre avis, en vous souhaitant de bien vous amuser, et j'espère vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mercredi 9 juillet 2014

Transcendance (Wally Pfister - 2014)


 Jusqu'où l'humanité est-elle prête à aller pour dépasser ses limites et maîtriser son environnement ?
C'est l'une des nombreuses questions que se propose de soulever ce film, véritable OVNI du genre science-fiction, réalisé par Wally Pfister et au casting de poids avec un Johnny Depp très en forme, un Morgan Freeman dans un bon rôle de soutient comme on les aime avec lui, et une Rebecca Hall au jeu vibrant d'émotion.


L'histoire en quelques mots : à la veille de la création par une équipe de scientifiques de pointe d'une super-intelligence artificielle capable de reproduire le schéma mental humain, le meneur de ce projet, le Dr. Will Caster, est victime d'une tentative d'assassinat par des activistes, qui ne lui laisse malheureusement que peu de temps à vivre. Sa femme et ses plus proches collègues et amis décident alors de sauvegarder sa conscience et l'ensemble de son identité au sein de leur projet, faisant de Will le tout premier être humain capable de dépasser sa nature et sa condition et de devenir quelque chose d'autre, de supérieur. Mais très vite des questions assez graves se posent : Will est-il toujours l'homme que l'on a connu ou bien le transfert de son être a-t-il fait de lui une intelligence froidement calculatrice, qui ne s'arrêtera devant aucun obstacle pour concrétiser son projet de changer en profondeur le monde tel qu'on le connaît, loin de toute émotion humaine ?

Ce résumé est volontairement simpliste, car en réalité ce film soulève bien plus d'interrogations que cela à mesure que le temps passe. Vous y entrez avec quelques unes, vous en ressortez avec un tas d'autres, d'une portée philosophique assez poussée et aussi plutôt déprimante. C'est un film incroyablement intelligent dans sa narration autant que dans sa mise en scène, qui à aucun moment ne prend véritablement parti pour l'un des camps, ceux qui soutiennent Will et les activistes rebelles qui tentent de le détruire pour sauver l'humanité. Les uns comme les autres peuvent très bien être considérés comme les gentils ou comme les méchants de l'histoire, si tant est que l'on en soit encore à de telles considérations dans un film de cette trempe. Car en effet, tous les codes, les à-priori et les idées bien arrêtées que vous pourriez avoir sur ce genre de thèmes dans la science-fiction, attendez-vous à devoir les ranger bien au fond de votre esprit et à en prendre plein la vue et plein la conscience tout au long de ces quelques 113 minutes. Les acteurs sont très inspirés et donnent le meilleur d'eux-mêmes pour servir ce récit complexe et poignant, à la fois sentimental et philosophique, réflexion sur le transhumanisme dans une société qui n'est peut-être pas encore prête à accueillir cette évolution, et sur les dérives que cela peut entraîner. En outre, l'époque présentée ici est un futur très très proche, auquel nous pouvons fort bien nous identifier, ce qui entraîne un sentiment mêlé de malaise et d'attachement.

Mais Transcendance, ce n'est pas que cela ! C'est aussi en sous-texte une magnifique histoire d'amour qui dépasse les frontières de la vie et de la mort. Vous avez peut-être saisi maintenant : ce film transcende justement toutes les barrières, celles de la science-fiction comme celles de la pensée ou des sentiments. A mon sens il faudra plusieurs séances pour bien comprendre tout ce qui est présenté et tout ce qui est en jeu ici, et je ne m'estime pas assez calé dans toutes ces matières pour avoir tout saisi dans les moindres détails, je ne vous livre ici que ma petite impression personnelle et je vous invite très fortement à aller le voir et à vous poser ensuite pour réfléchir à vos propres ressentis.
Un petit mot sur la musique du film, composée par Mychael Danna, qui se montre très discrète, renforçant si besoin était l'intime impression de malaise devant la portée d'une telle oeuvre, comme si nous n'avions aucun refuge pour échapper aux lourdes problématiques que l'on nous présente.

Attention : si vous êtes d'un naturel facilement dépressif ou si vous avez le moral dans les chaussettes en ce moment, peut-être que vous devriez attendre un peu avant d'aller voir Transcendance au cinéma car je vous garanti que vous ne ressortirez pas en grande forme de la séance. Blindez-vous, prenez votre temps pour sortir et inspirez un grand bol d'air frais pour vous remettre les idées en place avant de discuter de vos impressions avec vos compagnons.
Est-ce que le fait que le producteur délégué soit Christopher Nolan peut expliquer cet effet ? Peut-être que oui, peut-être que non. On sent toutefois la ''patte'' Nolan au sein du film, cela pourrait en déranger certains mais je pense que cet homme est on ne peut plus adapté pour ce qui est de nous faire réfléchir en long en large et en travers.

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne séance, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

samedi 5 juillet 2014

Malcolm (Linwood Boomer - 2000 à 2006)


Aaah, qu'il était bon le temps du début des années 2000, quand nous pouvions encore nous poser tranquillement devant le poste de télévision sans être dégoûtés par la programmation. Des matinées de dessins-animés avec des petits-déjeuners étirés sur plusieurs heures pour ne rien rater, jusqu'aux soirées moites de peur devant les séries à suspense une fois la nuit tombée, seul chez soi... tout cela semble de nos jours soit avoir disparu soit s'être passablement dégradé. Souvenons-nous donc d'une des meilleures séries de l'époque, une sitcom pour être plus exact (série dont les épisodes font environ 20 minutes et à vocation plutôt comique) qui a bercé l'enfance et l'adolescence de toute une génération, dont je fais partie. Je veux bien sûr parler de l'excellente Malcolm, créée par Linwood Boomer pour la Fox en VO et diffusée sur M6 par chez nous.

Qui a oublié cette famille absolument délirante ? Les deux parents, Hal et Loïs, aux caractères diamétralement opposés mais éperdument amoureux l'un de l'autre, Hal (Brian Cranston) le père irresponsable et atteint d'une légère folie progressive, et Loïs (Jane Kaczmarek) la grande méchante mère autoritaire et colérique. Les garçons, Francis (Christopher Kennedy Masterson) l'aîné qui a déjà fait les pires bêtises du monde et entreprend méthodiquement de rater sa vie dans les moindres détails dans le seul but de faire souffrir sa mère, mais qui reçoit cependant tout l'amour de son père. Reese (Justin Berfield), la brute de base que beaucoup ont du connaître dans la cour de récré, sans cervelle et presque sans morale, mais entièrement dévoué à sa famille. Dewey (Erik Per Sullivan), le petit blondinet au faciès aussi adorable que sa voix, mais à l'esprit pervers et avide de vengeance pour tous les mauvais traitements que ses frères lui ont infligé toute sa vie, petit génie de la musique dont il faut se méfier sous ses airs tendres. Jamie (James et Lukas Rodriguez), le dernier-né arrivant en cours de série, bébé agité et aimant faire tourner en bourrique son petit monde, expert en manipulation sentimentale déjà si jeune.

Et bien sûr, la star de la série, évidemment Malcolm (Frankie Muniz) le frère du milieu, surdoué confinant au génie pur coincé dans une famille médiocre et aspirant à de plus hautes ambitions, constamment en train de râler pour un oui ou pour un non, remettant toujours en cause l'ordre établi et persuadé que l'ensemble du monde le déteste et veut le faire souffrir parce qu'il est plus intelligent que les autres. Doté d'un égo aussi gros que son cerveau, Malcolm sera celui par qui nous suivrons les différentes aventures de cette famille-catastrophe au grand coeur. Au fil des épisodes et des saisons, nous le verrons évoluer petit à petit et devenir tantôt un adolescent dépressif tantôt un remarquable exemple d'intégrité, quand il ne cherche pas bien entendu à améliorer son propre confort et à attirer l'attention. Il y aura des histoires d'amitié, d'amour, de valeurs, d'apprentissage, d'espoirs et de désillusions, bref l'histoire de la vie, légèrement extrême par moments.

''Life is unfaiiir...''

Malcolm, c'est aussi une pléiade de personnages secondaires qui donnent du piment aux intrigues multiples qui se développent dans tous les sens à chaque épisode. Des personnages jamais sous-traités, ayant toujours leur importance et leur signification dans la vie bien étrange de Malcolm et de sa famille. Et, qu'on se le dise, parfois c'était juste pour voir un de ces fameux personnages faire l'imbécile et traverser des galères monumentales que l'on attendait l'épisode du jour ! Mais tous sont à la fois drôles et touchants, délirants ou tristes voir tragiques parfois.
Dans cette série, rien n'est jamais laissé au hasard, il y a un formidable travail du scénario sur l'ensemble des 7 saisons qu'elle comporte. Tout se recoupe, tout est lié d'une façon ou d'une autre, et le final magistral de la saison 7 vous permettra d'apprécier à sa juste valeur la totalité des épreuves traversées par Malcolm en en découvrant enfin le sens caché.

Cette sitcom est aussi un portrait plutôt réaliste de la vie de famille, avec les galères du quotidien, les épreuves, les difficultés tant financières qu'affectives, les relations fraternelles comme celles conflictuelles avec les parents, etc. Vous trouverez un grand soucis du détail dans cette représentation, avec peut-être un zeste d'ironie et de critique mordante d'un système qui déraille un peu trop souvent. De grandes questions sont abordées, comme que faire de sa vie une fois que l'on sera grand et que l'on aura plus les parents sur le dos, comment s'en sortir lorsqu'on est un enfant à part, savoir reconnaître les qualités présentes en chacun de nous, aller au-delà des préjugés, défendre les bonnes valeurs et les causes justes, se remettre en question lorsqu'il le faut tout en protégeant ses convictions, etc. Il y a plusieurs niveaux de lecture pour chaque situation, chaque épisode et chaque personnage, à vous de vous exercer à les remarquer et à les comprendre. Vous pouvez cependant très bien vous arrêter au premier plan, l'humour et les situations absurdes, c'est ce qui fait en priorité le charme de la série après tout.

Malcolm, c'est surtout un exemple parfaitement réussi de série qui a su se maintenir au top durant 7 saisons et s'arrêter lorsqu'il le fallait, au lieu de connaître une période de déchéance comme beaucoup actuellement.
Alors, si j'ai réussi à vous donner envie de découvrir ou de re-découvrir l'ensemble de cette sitcom, merveille d'écriture, eh bien n'hésitez pas et sautez sur l'occasion, les épisodes sont aisément trouvables sous divers formats et supports !

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis, bien que j'espère cette fois que personne ne détestera, et j'attends de vous retrouver bientôt pour un prochain article !

mercredi 2 juillet 2014

Amour à mort (Jean-David Morvan & Huanqjiawei - Glénat - Décembre 2012)


Cette petite bd en tome unique fut un véritable coup de coeur pour moi lorsque je décidais de me l'acheter, sans rien en connaître au départ. Se fier à la couverture n'est pas vraiment la méthode la plus recommandée pour choisir ses lectures, bien au contraire même, mais quelques fois ça fonctionne et ce fut le cas ici.

L'histoire se passe dans un monde de fantasy, peuplé de royaumes féeriques en guerre et de créatures mystiques. Lorsque le futur roi des humains Anislaar, au terme d'une bataille épique, écrase la résistance des Elfes et tue leur souverain rebelle, il laisse derrière lui un témoin : la fille de ce roi, dernière héritière de sa lignée et unique survivante de ce massacre. Alors trop jeune pour faire quoi que ce soit, la petite Mianne Di'Vestall passe par toutes les horreurs possibles en temps de guerre : tour à tour fugitive, servante, esclave, prisonnière, mais toujours l'âme guerrière et le coeur brûlant du désir de venger les siens. Le temps passe et les victimes de Mianne commencent à se compter sérieusement, attirant l'attention des plus hautes autorités. Le roi Anislaar, subjugué par tant de passion et de beauté, accepte de prendre Mianne pour épouse afin d'instaurer durablement la paix entre leur deux peuples. Mianne se retire donc dans une tour du château, séquestrée sans l'être, afin de se préparer à ses noces et surtout de broder elle-même sa robe de mariée, dont elle veut faire un témoignage silencieux de sa vie et des épreuves qu'elle a pu traverser pour en arriver là aujourd'hui. Le jour de la cérémonie, tout le gratin des royaumes est présent, les langues se délient en attendant les voeux officiels des futurs mariés et les histoires circulent, bien des théories sont formulées sur l'avenir de ce couple, mais en attendant c'est surtout le récit de la vie de Mianne et les suppositions sur les véritables motivations d'Anislaar derrière ce mariage qui captivent l'assistance.
Mais au-delà de tout ça, les deux fiancés jouent une partie d'échecs grandeur nature, l'ultime affrontement de leurs personnalités et de leur passé, des fautes qu'ils ont commises l'un envers l'autre, des fautes de leur pères également. Quelle que soit l'issue de cette journée, jamais plus les choses ne seront comme avant. Mianne est partagée entre son devoir, son serment de tuer Anislaar pour venger sa famille, et cet étrange amour qu'elle a fini par ressentir pour lui, sincèrement. Anislaar est lui aussi en proie au tourment, il connaît le projet de Mianne et sait que sa vie est menacée, mais il l'aime également et se demande s'il ne devrait pas se laisser assassiner, si elle le décide finalement, afin qu'elle puisse être en paix. Tout se jouera sur un regard, un échange de voeux, un baiser. Le destin de ce couple maudit sera la pierre angulaire d'un nouveau monde, bon ou mauvais.

C'est une histoire poignante et vibrante de passion, une histoire d'amour tragique, avec un fond de tristesse, de guerre, d'horreurs et de vengeance, des personnages principaux aux psychologies poussées et recherchées, un dessin magnifique aux couleurs des plus séduisantes, fraîches et soutenues. Disponible chez Glénat pour moins de 15€, c'est un récit que vous pouvez vous permettre de lire sans craintes et d'apprécier pleinement. Pour les sentimentaux et les romantiques, de préférence.

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, j'espère vous retrouver bientôt pour un nouvel article !