mercredi 9 juillet 2014

Transcendance (Wally Pfister - 2014)


 Jusqu'où l'humanité est-elle prête à aller pour dépasser ses limites et maîtriser son environnement ?
C'est l'une des nombreuses questions que se propose de soulever ce film, véritable OVNI du genre science-fiction, réalisé par Wally Pfister et au casting de poids avec un Johnny Depp très en forme, un Morgan Freeman dans un bon rôle de soutient comme on les aime avec lui, et une Rebecca Hall au jeu vibrant d'émotion.


L'histoire en quelques mots : à la veille de la création par une équipe de scientifiques de pointe d'une super-intelligence artificielle capable de reproduire le schéma mental humain, le meneur de ce projet, le Dr. Will Caster, est victime d'une tentative d'assassinat par des activistes, qui ne lui laisse malheureusement que peu de temps à vivre. Sa femme et ses plus proches collègues et amis décident alors de sauvegarder sa conscience et l'ensemble de son identité au sein de leur projet, faisant de Will le tout premier être humain capable de dépasser sa nature et sa condition et de devenir quelque chose d'autre, de supérieur. Mais très vite des questions assez graves se posent : Will est-il toujours l'homme que l'on a connu ou bien le transfert de son être a-t-il fait de lui une intelligence froidement calculatrice, qui ne s'arrêtera devant aucun obstacle pour concrétiser son projet de changer en profondeur le monde tel qu'on le connaît, loin de toute émotion humaine ?

Ce résumé est volontairement simpliste, car en réalité ce film soulève bien plus d'interrogations que cela à mesure que le temps passe. Vous y entrez avec quelques unes, vous en ressortez avec un tas d'autres, d'une portée philosophique assez poussée et aussi plutôt déprimante. C'est un film incroyablement intelligent dans sa narration autant que dans sa mise en scène, qui à aucun moment ne prend véritablement parti pour l'un des camps, ceux qui soutiennent Will et les activistes rebelles qui tentent de le détruire pour sauver l'humanité. Les uns comme les autres peuvent très bien être considérés comme les gentils ou comme les méchants de l'histoire, si tant est que l'on en soit encore à de telles considérations dans un film de cette trempe. Car en effet, tous les codes, les à-priori et les idées bien arrêtées que vous pourriez avoir sur ce genre de thèmes dans la science-fiction, attendez-vous à devoir les ranger bien au fond de votre esprit et à en prendre plein la vue et plein la conscience tout au long de ces quelques 113 minutes. Les acteurs sont très inspirés et donnent le meilleur d'eux-mêmes pour servir ce récit complexe et poignant, à la fois sentimental et philosophique, réflexion sur le transhumanisme dans une société qui n'est peut-être pas encore prête à accueillir cette évolution, et sur les dérives que cela peut entraîner. En outre, l'époque présentée ici est un futur très très proche, auquel nous pouvons fort bien nous identifier, ce qui entraîne un sentiment mêlé de malaise et d'attachement.

Mais Transcendance, ce n'est pas que cela ! C'est aussi en sous-texte une magnifique histoire d'amour qui dépasse les frontières de la vie et de la mort. Vous avez peut-être saisi maintenant : ce film transcende justement toutes les barrières, celles de la science-fiction comme celles de la pensée ou des sentiments. A mon sens il faudra plusieurs séances pour bien comprendre tout ce qui est présenté et tout ce qui est en jeu ici, et je ne m'estime pas assez calé dans toutes ces matières pour avoir tout saisi dans les moindres détails, je ne vous livre ici que ma petite impression personnelle et je vous invite très fortement à aller le voir et à vous poser ensuite pour réfléchir à vos propres ressentis.
Un petit mot sur la musique du film, composée par Mychael Danna, qui se montre très discrète, renforçant si besoin était l'intime impression de malaise devant la portée d'une telle oeuvre, comme si nous n'avions aucun refuge pour échapper aux lourdes problématiques que l'on nous présente.

Attention : si vous êtes d'un naturel facilement dépressif ou si vous avez le moral dans les chaussettes en ce moment, peut-être que vous devriez attendre un peu avant d'aller voir Transcendance au cinéma car je vous garanti que vous ne ressortirez pas en grande forme de la séance. Blindez-vous, prenez votre temps pour sortir et inspirez un grand bol d'air frais pour vous remettre les idées en place avant de discuter de vos impressions avec vos compagnons.
Est-ce que le fait que le producteur délégué soit Christopher Nolan peut expliquer cet effet ? Peut-être que oui, peut-être que non. On sent toutefois la ''patte'' Nolan au sein du film, cela pourrait en déranger certains mais je pense que cet homme est on ne peut plus adapté pour ce qui est de nous faire réfléchir en long en large et en travers.

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne séance, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

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