lundi 29 août 2016

La question du lundi n°8 : Est-ce la fin des générations de consoles ?


Stupeur et tremblement au pays des consoles : au printemps dernier des rumeurs persistantes (depuis confirmées au mois de juin durant le salon de l'E3) faisaient état de nouveaux modèles de console pour Sony et Microsoft. Ici pas question de versions compactes de mi-génération, communément nommé modèle slim, mais bien de consoles mises à jour matériellement pour être plus puissante que leurs aînées. Des versions 1.5 en quelque sorte.
Ce n'est pas la première fois que constructeurs, éditeurs et développeurs appellent de leur vœux la fin des générations de console, mais il s'agit bien d'une première où tous tendent à passer à l'acte en même temps, même si de nombreuses zones de flou persistent encore sur la manière dont ils souhaitent imposer ce nouveau mode de consommation pour nos machines de salon (et portable ?).

Avant que nous ne revenions en détail sur ces annonces et les suppositions les accompagnant, voici un rappel succinct de ce que l'on dénomme une génération de console.
Il s'agit de l'ensemble des consoles, principalement de salon, sorti sur une période temps donnée (allant de 4 à 8 ans pour la durée de vie commerciale d'une machine) et disposant à peu près de la même puissance de calcul (Nintendo étant hors catégorie depuis l'époque de la Wii en terme de puissance). Nous en sommes aujourd'hui à la 8ème génération comprenant la Playstation 4, la Xbox One et la Wii U (qui succèdent respectivement à la Playstation 3, la Xbox 360 et la Wii de la 7ème génération).
Bien sûr le lecteur et joueur averti aura tôt fait de noter les limites d'une telle classification : les architectures (composants électroniques) des machines sont souvent bien différentes et leur période de sortie entre elles varie parfois d'une année voire plus.
Ce procédé de génération a néanmoins des avantages certains : il permet aux développeurs d'avoir une architecture unique par machine au contraire du PC dont les composants évoluent sans cesse et varient grandement d'une machine à l'autre. Après avoir dompté la console d'un point de vue programmation, les jeux bénéficiaient donc d'une amélioration graphique considérable entre le début et la fin de la génération. Quant aux constructeurs, même si l'essentiel de leur revenu provient de la vente de jeu, la production à grande échelle de ces machines permettait d'en amoindrir les coûts au fil des années.

Alors qu'est ce qui a changé sur cette 8ème génération ? Beaucoup de choses, sera-t-on tenté de dire. Déjà les bonds graphiques d'une génération à l'autre sont de plus en plus réduits au fur et à mesure que nous nous rapprochons d'un rendu photo-réaliste. Les coûts de production des gros jeux ont quant à eux explosé sur la génération précédente, réduisant à la faillite de nombreux studios ou éditeurs n'ayant pas su s'adapter.
Parallèlement à cela, un nouveau marché est apparu : celui des smartphones et autres tablettes tactiles au renouvellement quasi-annuel de leur modèle. Et avec lui des petits jeux ne coûtant pas cher à développer et étant source de revenu constant par le biais d'un système de micro-paiment (grosso-modo vous n'êtes pas obligé de payer mais en versant quelques euros vous obtenez des avantages pour votre progression dans le jeu)
N'oublions pas le retour en grâce du jeu-vidéo sur PC après une traversée du désert dans les années 2000. Celui-ci s'est imposé aux yeux du grand public avec l'avènement de plate-forme de téléchargement, comme l'incontournable Steam de Valve (développeur PC reconnu pour sa série des Half Life). L'avantage du PC provenant de ses jeux souvent moins chers que leurs homologues consoles et surtout la rétrocompatibilité inhérente à la plate-forme qui vous permet de jouer à de nombreux jeux anciens sur des machines actuelles.
La volonté des constructeurs est donc clairement de coller aux exemples pré-cités : assurer un renouvellement fréquent des machines (non pas tous les ans mais vraisemblablement entre 2 et 4 ans) comme les smartphones, tout en assurant -du moins en partie- la rétrocompatibilité de leur jeu comme sur PC. Il s'agit bien évidemment aussi d'une stratégie des éditeurs de jeu-vidéo dans le but de toucher le plus grand nombre de clients en portant leur produit sur un maximum de machines et ainsi maximiser leur bénéfice sur de longues périodes en mettant simplement à jour leurs jeux (le nombre de portage HD d'anciens jeux et de version dites complètes ou Game of the Year de jeux récents est de ce point éclairant et édifiant).

Mais la communication quant à ces nouvelles consoles (baptisées Néo chez Sony et Scorpio chez Microsoft) reste pour le moment discrète. En voici un bref résumé : les rumeurs pointent le bout de leur nez vers le mois d'Avril 2016, voilà bientôt trois ans que Xbox One et PS4 sont sorties -soit environ la moitié de la vie d'une console- il est temps que les modèles slim apparaissent. Mais au lieu de cela différents sites de jeu-vidéo pointent vers une volonté de Sony et Microsoft de proposer des versions boostées de leur machine, ni totalement de nouvelles générations, ni de simples révisions.
Ces sources vont être corroborées au moment de l'Electronic Entertainment Expo (E3), la grande messe du jeu-vidéo en plein mois de Juin à Los Angeles. Sony confirme qu'un tel modèle de PS4.5 existe bien mais qu'il ne faudra pas compter la voir durant le salon. Quant à Microsoft la communication est assez maladroite : durant leur conférence ils annoncent un modèle slim légèrement amélioré, mais aussi « le futur de Xbox » dont le nom de code est Project Scorpio et qui sortira pour Noël 2017 (!). Et c'est à peu près tout. Il semble qu'il ne s'agisse pas vraiment d'une nouvelle génération avec une nouvelle architecture mais clairement d'un upgrade hardware conséquent de la One. La grande question taraudant professionnels et joueurs : pourra-t-on continuer à jouer dans des conditions normales aux nouveaux jeux sur nos vieilles machines (One et PS4) ?
Du côté de Sony la réponse est claire pour le moment : oui. La Néo est là pour proposer une expérience haut de gamme, à la pointe, mais chaque jeu se doit d'être compatible avec la PS4 de base. Sur le papier l'effort est louable, dans les faits reste à savoir si les développeurs joueront le jeu, eux qui sont les premiers à demander plus de puissance pour leurs réalisations vidéoludiques. Mais ce nouveau modèle chez Sony a un autre but : assurer un support décent à son casque de réalité virtuelle, le Playstation VR, qui doit sortir en fin d'année. En effet il semblerait que les modèles de base de la Playstation 4 aient du mal à faire tourner convenablement les jeux en réalité virtuelle. L'utilité de la Néo est donc double et sans nul doute sortira-t-elle pour la fin d'année. Sony communiquera à ce propos le 7 Septembre prochain.
Pour Microsoft cela s'annonce encore nébuleux. Le fameux projet Scorpio ne devant sortir que dans un an à priori, avec une machine néanmoins plus puissante que celle de Sony. Et l'annonce très prématurée de Microsoft à ce sujet au dernier E3 donne l'impression qu'ils réagissent un peu en catastrophe à Sony en proclamant « nous aussi une nouvelle console arrive mais ce n'est pas une nouvelle génération ». Ce qui, il faut l'avouer, correspond plus à la philosophie du géant du logiciel, qui a tout intérêt à promouvoir son Windows 10 et DirectX 12 par le biais de refresh fréquent de ses Xbox.

Et Nintendo dans tout ça me direz-vous ? Après tout il reste le plus « consolier » des trois, son activité principale restant le jeu-vidéo. Après le succès de la Wii et le fiasco de la Wii U, une nouvelle machine est en préparation, elle sortira en Mars 2017. Peu d'informations encore à son propos si ce n'est que la communication de Big N dessus devrait commencer d'ici l'automne, probablement fin septembre. La rumeur la plus concrète et persistante à son propos étant qu'il s'agirait d'une console de salon hybride portable. Et pendant ce temps, Nintendo commence à porter ses licences sur smartphones après le forcing de ses actionnaires...

Le monde du jeu-vidéo tel que nous le connaissons est en train d'évoluer drastiquement. Nul doute que la charnière 2016-2017 s'annonce historique avec ce changement dans la production des machines et de nos jeux. Reste à savoir si d'un côté les développeurs pourront suivre le mouvement, car les jeux PC sont réputés pour être mal optimisés et les jeux consoles mettent plusieurs années à arriver à maturité sur une seule configuration, on sent donc une vraie fuite en avant de l'industrie alors qu'elle semblait s'être assagie sur la course à la puissance en début de 8ème génération. L'autre grande inconnue étant le public, tellement insaisissable : comment être sûr qu'il acceptera de mettre la main à la poche régulièrement comme pour n'importe quel autre produit technologique dont l'obsolescence est programmée par la surcouche logicielle ? Nos chers constructeurs ont donc encore du pain sur la planche pour nous faire accepter ce changement fondamental de nos bonnes vieilles machines. Est-ce vraiment la fin des générations de console ? Réponse dans les années à venir !

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