lundi 12 septembre 2016

La question du lundi n°10 : Suicid Squad le film, était-ce bien utile ?


On l'a presque tous vu au cinéma cet été, fans ou non, le film Suicid Squad de DC/Warner était partout. Beaucoup de critiques très vives ont émergé suite à la diffusion de ce film, en bien comme en mal, beaucoup d'avis divergents mais néanmoins quelques sujets qui se recoupent les uns les autres. On pense notamment à l'interprétation du personnage du Joker ou encore d'Harley Quinn, loin de faire l'unanimité, ou encore le reste du casting pratiquement transparent derrière Will Smith très bien mis en avant par la communication, comme Margot Robbie d'ailleurs ou encore Jared Leto, parfois à tort parfois à raison.

Ici on va surtout tâcher de se concentrer sur une seule question : est-ce que ce film était vraiment utile ?

Dans la logique d'univers partagé à développer au cinéma qui est celle de DC/Warner pour contrer Marvel/Disney, Batman v Superman ouvrait véritablement le bal en introduisant le Chevalier Noir nouvelle mouture dans ce monde cinématographique, ainsi que le personnage de Wonder Woman et quelques aperçus exhaustifs d'Aquaman, de Flash et de Cyborg. Dans la suite logique, Suicid Squad introduit donc à son tour de nouveaux personnages, principalement des méchants de l'univers direct de Batman d'ailleurs, et forme la première super-équipe à l'écran, avant la Justice League dont le tour viendra bientôt. Pour autant, cette équipe n'a pas eu le succès escompté, du moins sur le retour émotionnel du public, plutôt négatif sur plusieurs points. De plus l'équipe finit par être dissoute à la fin du film et chacun retourne ''chez soi'' et à ses petites affaires. Rien de bien étonnant, un groupe constitué par des tueurs et des criminels pour effectuer des missions suicides n'avait pas la cohésion et la force de rassemblement des Avengers, par exemple, donc il est plutôt normal de les voir se séparer à la fin sur une note plutôt aigre malgré les sympathies naissantes. Donc déjà, premier point, le film introduit une équipe qu'il dissout lui-même à la fin, sans aucune promesse de les revoir un jour prochain dans l'univers DC/Warner. Premier constat, inutilité de la chose dans une logique d'univers partagé sur plusieurs films, Suicid Squad se tient tout seul et ne se mélange pas vraiment avec le reste de la sauce, malgré les caméos.

Deuxième point, l'intrigue. L'élément perturbateur vient précisément de la volonté du personnage d'Amanda Waller de former une super-équipe à partir de criminels endurcis, en employant entre autres l'Enchanteresse qui se révèle bien vite hors de contrôle et qui devient la menace principale que le reste du groupe doit éliminer à tout prix. Une bévue de taille, quand on y pense, et qui là encore se tient en un seul film. Le méchant apparaît, se développe et disparaît en l'espace d'un seul film, et rien ne dit qu'elle reviendra par la suite ou qu'il y sera fait allusion quelque part. La première mission de l'équipe est en quelques sortes un suicide pour l'équipe elle-même, qui n'aura plus aucune cohérence de ce fait. Engagés pour contrer les menaces éventuelles après la disparition de Superman, les voilà lancés à la poursuite de l'une des leurs devenue elle-même la nouvelle menace, rendant tout le projet caduc. Sacré échec !

Enfin, troisième point, la scène de fin de générique. Spoiler oblige, vous n'êtes pas obligés de lire ce paragraphe si vous n'avez pas encore vu le film, chose assez improbable, ou si vous n'êtes pas restés dans la salle jusqu'à ce passage, ce qui est déjà plus envisageable puisque Warner ne nous a jusque là pas habitué à des scènes post-générique comme le fait si bien la concurrence. Or donc, dans cette fameuse scène, on retrouve le personnage d'Amanda Waller au comble du désespoir, un peu comme à la fin de L'Incroyable Hulk quand le général Ross fait le point sur son échec cuisant face au géant de jade dans un bar avant d'être visité par Tony Stark, lui apportant une solution toute prête sur un plateau. Ici c'est un peu la même chose, nous retrouvons donc Amanda Waller en pleine tourmente après son glorieux échec et recevant la visite d'un Bruce Wayne des plus intéressés par les dossiers qu'elle peut avoir en sa possession concernant d'autres méta-humains repérés dans le monde. Une scène sympathique, un caméo bien reçu quoi que faisant un peu redite du début du film, et une explication de comment risque de se former la Justice League dans le futur proche, à partir de ces documents d'enquête. Sauf que ! Cette transaction autour de ces dossiers est rendue inutile en grande partie par le film précédent, Batman v Superman, quand le même Bruce Wayne accède aux fichiers confidentiels de Lex Luthor concernant l'étude des apparitions de ces mêmes méta-humains, dont Wonder Woman fait également partie. D'ailleurs on se souvient qu'à la fin du film les deux héros, Batman et Wonder Woman, décident plus ou moins de faire cause commune pour retrouver leurs semblables et se préparer à la prochaine grosse menace à venir, lourdement pressentie et redoutée après le décès de Superman. Donc, les dossiers que Wayne récupère auprès d'Amanda Waller sont partiellement et pratiquement inutiles à l'intrigue globale qui mènera à la réunion et à la constitution de la Justice League, puisque nous avons déjà vu juste avant que des données très complètes avaient déjà été rassemblées par Luthor et en possession de Batman. Les dossiers que Suicid Squad sert à transmettre sont donc une redite inutile et un peu grossière d'un fait précédent, comme pour expliquer une explication incomplète passée. Toutefois, à cet argument on peut rétorquer que Bruce Wayne prend les dossiers d'Amanda Waller pour l'empêcher elle-même de travailler dessus et de rassembler une autre équipe de méta-humains, ou du moins d'enquêter de plus près sur eux. Mais on a dans ce cas bien du mal à croire qu'une personne aussi manipulatrice et stratège que Waller n'ait aucune copie de ces fameux dossiers ou aucune sauvegarde nulle part en dehors de ces quelques feuilles de papier.

Voilà donc pour mon analyse, finalement assez courte et en trois points principaux, et sans évoquer le casting ou les réactions des fans, pour tenter d'expliquer pourquoi un tel sentiment de temps perdu ou d'inutilité ressort de Suicid Squad après la séance et après une certaine réflexion. De mon point de vue, le film se tient debout tout seul sans avoir à tenter de se raccrocher à un univers partagé encore en gestation dirons-nous. Peut-être est-il encore un peu tôt pour avoir une telle réflexion et faire cette analyse, peut-être que nous reverrons les membres de l'Escadron Suicide prochainement dans d'autres films DC/Warner, mais en tout cas pour l'instant le film mène à une sorte d'impasse un brin décalée et dérangeante.

Si cet article vous a plu ou déplu, merci de le faire savoir dans les commentaires et de le partager ! Le débat reste toujours ouvert, et les nouvelles idées sont toujours les bienvenues ! Merci en tout cas de nous avoir suivi jusqu'à la fin, et rendez-vous une prochaine fois pour un autre sujet !

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