lundi 15 mai 2017

La question du lundi n°36 : Les bandes-annonces peuvent-elles tuer le film ?


L’intérêt publicitaire des bandes-annonces n’est plus à démontrer. Quand le public voit, ne serait-ce que 30 secondes d’annonce sur le dernier film de super-héro, dessin-animé ou comédie, l’euphorie monte (ou pas). L’objectif vous l’avez compris : donner envie aux spectateurs d’aller regarder l’œuvre cinématographique proposée.

Mais il arrive que le spectateur soit déçu. Entre l’annonce de la sortie du film et son arrivée en salles, peuvent s’écouler plusieurs mois, le studio devant donc maintenir l’intérêt. C’est de cela qu’il s’agit ici. Les bandes-annonces pourraient-elle avoir l’effet inverse que celui escompté ?
Le débat s’est ouvert un vendredi soir, notre quatuor retraçait les sorties ciné ainsi que les futurs films et projets. Souvent dans la bande, l’idée de ne pas voir de bandes-annonces pour ne rien se spoiler sur un film supposé intéressant est retenue. Dans notre petite communauté, le fait est que si un film vous tente, ne regardez aucune bande-annonce, ne lisez aucun article, évitez au possible de voir le moindre élément de spoil.
L’exercice demande une habileté sans faille et une attention de tous les instants. Prenons le cas de Star Wars. Comment ne pas se spoiler l’intrigue au vu de toute la publicité brassée dans les médias ? J’ai lutté autant que possible pour ne rien me révéler, j’ai même fui certaines discussions aux soirées mondaines, les ami(e)s me renvoyant pour ne pas me gâcher le plaisir de la découverte. Au final, le jeu en valait-il la chandelle ? … L’ami Thomas (Toto, pour les intimes), en tout cas, n’a pas été déçu concernant les Gardiens (« Groot power ! »).
Il faut dire que concevoir une bande-annonce ou un trailer est d’une complexité extrême. Il faut donner le ton du film, son ambiance et son intrigue, sans jamais rien révéler d’important, le tout en seulement une ou deux minute(s). Beaucoup de réalisateurs ont du s’y casser les dents. Les spécialistes ont leurs méthodes bien rodé, mais quand il faut réaliser plusieurs annonces à quelques mois d’intervalle et que l’œuvre n’est même pas finie, est-ce vraiment judicieux ? ...
On peut prendre l’exemple du premier trailer qui nous montre un passage qui a disparu de l’œuvre final ; « pourtant cette réplique avait l’air bien ! », Ou pire, qui présente un élément mineur comme étant développé tout au long du scénario ; « c’est bizarre l’intrigue ne correspond pas à ce que j’avais compris ». Au final l’annonce peut être décalée par rapport à l’œuvre finale. Publicité mensongère (« remboursez ! », crie la foule en colère) ?
Non, la difficulté réside dans l’interprétation et la demande du public. La comédie (Jour J, Raid dingue, etc.), spécialité française laissera voir dans ses annonces une ou deux des meilleure(s) blagues ainsi que l’intrigue principale. En effet, si le reste n’est pas beaucoup plus drôle, c’est la déception, cependant ce point reste à l’avis du spectateur.

De l’autre coté de l’Atlantique, la spécialité c’est le grand spectacle, donc seront mis au premier plan les bagarres et autres moments épiques entre deux répliques comiques. Et souvent on ne se trompe pas. Les supers-héros l’ont compris, ce qui plait et donne envie d’aller au cinéma, ce sont les menaces interplanétaires qu’il faut éliminer dans de superbes décors. On peut même pousser à l’excès avec la bande-annonce du dernier Transformers, où parmi toutes les explosions, une réplique sur trois informe que les protagonistes veulent lutter (dans les flammes cette fillette ensanglantée disant vigoureusement : « je veux me battre »). Lutter pourquoi en fait ? …
Je ne poursuivrai pas sur les annonces concernant les films (que nous ne regarderons jamais) produit par Bollywood, où les révélations concernent, j’imagine, les principales chansons (et oui la comédie musicale est la norme là-bas).

À l’inverse des paragraphes précédents, on peut noter le cas des bandes-annonces qui au fil des mois se succèdent et finissent par nous révéler l’intégralité du film.
Prenons le cas du dessin animé Baby Boss. Le premier trailer nous présente la situation générale : un scénario sympa où un bébé en costume est adopté par une famille. Les parents ne voient qu’un enfant, alors que leur premier fils (et les spectateurs) voient tout de suite ce qui cloche. Le deuxième trailer approfondit cette base, et là, c’est le drame… toute l’intrigue est révélée sauf le dénouement qui semble prévisible. L’objectif est rempli, les amateurs et enfants iront voir le film, les autres oublieront… Tous les membres de notre équipe, ont connu ce cas, les bandes-annonces successives, nous révélant trop d’éléments, ne nous incitent pas à aller en salles (comme les Power Rangers). Pour autant les DVD pourraient éventuellement rejoindre notre collection.

C’est dans cette optique, que pour de grands films (chers à nos cœurs et non les plus populaires) nous préférons éviter tout spoil, allant même jusqu’à sortir du cinéma si la bande-annonce du film attendu passe (on revient après bien-sûr). Comme je le disais plus haut l’exercice demande beaucoup d’attention et de sacrifice, êtes-vous prêt à cela ?
D’autant plus que les gros films à budget peuvent par leurs brassages publicitaires nous faire passer à coté de cette petite perle du cinéma.
Les exemples de décalage entre trailer et films peuvent être nombreux et je suis sûr que ça vous est déjà arrivé. La déception animant votre être, pourtant quand on revoit le film à la télévision la petite voix nous dit ; « Pourquoi j’ai pas aimé en fait ? ». Alors de mon avis il faut prendre des risques ! Les films pouvant être à notre goût sont clairement déterminés par la ou les première annonces (date de sortie ou projet). À partir de là il faut éviter autant que possible les autres. Le danger est d’être déçu en allant au cinéma à l’aveugle. Mais la surprise bonne ou mauvaise ne vaut-elle pas mieux ?

Vous seuls avez la réponse.

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