lundi 7 août 2017

La question du lundi n°47 : Pourquoi raconter les origines ?


Devant le nombre de récits consacrés à nos héros favoris, quel que soit le support, on peut se dire que maintenant tout le monde ou presque connaît les origines de Spider-Man, de Superman, de Batman, etc. Même si les connaissances ne sont pas complètes ou totales, tout le monde connaît au moins un détail marquant de ces origines, de ces récits des tous débuts. Et pourquoi ? Parce que justement ces récits sont réécrits encore et encore pour chaque nouvelle génération avec à chaque fois une petite variante certes, mais l'essentiel est toujours conservé. Que ce soit au cinéma, à l'écrit comme au dessin, les origines de nos héros changent somme toute très peu, ce qui permet à différentes générations de pouvoir conserver les mêmes références et lire les mêmes choses sans que le fossé soit trop important.
Cependant, il y a des exceptions, comme pour toute règle tacite. Certains auteurs s'amusent à modifier en profondeurs les origines des héros comme des vilains, ce afin de créer la surprise, la polémique ou tout simplement une nouvelle version dans un nouvel univers parallèle. Prenons le cas de Batman : Thomas et Martha Wayne sont tués par Joe Chill, un vagabond sans le sou, alors qu'ils rentraient du théâtre/du cinéma. Seul le petit Bruce est épargné et vivra désormais avec ce traumatisme qui hantera chacune de ses actions. Mais voilà qu'en 1989 Tim Burton passe par-là et change sans en avoir l'air radicalement le récit : désormais c'est le futur Joker qui tue les parents de Bruce, faisant de lui le futur Batman qui le lâchera par erreur dans une cuve d'acide pour en faire le Joker, son ennemi juré. Dans la vision de Burton, les deux personnages sont liés, leurs destinées sont entrelacées et entremêlées, l'un créé l'autre et vice versa. Ce qui choque peut-être les lecteurs des débuts, mais fera du film l'un des préférés aux yeux des fans, ce même encore aujourd'hui.
Les histoires labellisées Terre-Un pour DC, Ultimate pour Marvel, All-new etc., sont un moyen tout simple pour les auteurs récents de retravailler la matière sacrée des origines, de lui donner peut-être une autre forme ou de tenter de la faire aller dans une autre direction pourquoi pas. Le tout toujours pour surprendre le lecteur avec quelque chose qu'il connaît déjà ou croit connaître depuis longtemps, ce n'est donc pas chose si aisée il faut faire avec les grands connaisseurs qui ont vu passer plus d'un univers parallèle dans leur existence. Spider-Man, The Amazing Spider-Man, Spider-Man Homecoming : trois variantes et trois directions différentes pour un même personnage avec cependant toujours le même socle sacré des origines : une araignée radioactive mord un pauvre type qui deviendra un héros par la force des choses et de la tragédie humaine.
Combien de fois les origines de Superman ont-elle été racontées, encore et encore, pour un public chaque fois nouveau et émerveillé. Pourquoi dit-on de Superman que ses meilleures histoires sont celles relatant ses origines. Et bien parce que c'est malheureusement trop vrai, c'est un personnage extrêmement difficile à écrire il ne faut pas croire, et les auteurs qui s'en sortent le mieux sont ceux qui reprennent les origines de l'Homme d'Acier en y apportant leur touche personnelle. Les récits des origines sont aussi un argument commercial très fort, les gens achèteront volontiers un N°1 plutôt qu'un N°285 voir bien plus loin encore. Marvel et Panini ne s'y sont pas trompés puisqu'ils sont devenus spécialistes des relaunchs et reboots de leurs séries avec toujours de nouveaux N°1 pour frapper le plus large public possible, avant de recommencer pour un nouveau tour, et ainsi de suite.

Pour conclure, raconter les origines d'un héros c'est un peu comme quand nos grands-parents nous racontent l'origine de telle ou telle chose qu'ils ont vu naître ou avec laquelle ils ont grandit : c'est un lien essentiel entre les générations, qui permet à tout le monde de communiquer sur une base solide et identique pour tous. Et puis ça se vend bien mieux il faut dire qu'une fin.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire