samedi 30 mars 2019

Fantastic Four - L'intégrale 1961-1962 (Panini Comics - Mai 2018)


Les Quatre Fantastiques.

Franchement, qui ne connaît pas ? Même de nos jours alors qu'ils sont bien moins présents que les autres super-héros de Marvel, cette famille fondatrice de l'éditeur est une véritable légende vivante que l'on doit à la collaboration fructueuse et très imaginative du duo Stan Lee / Jack Kirby au tout début des années '60, alors que le monde est en pleine Guerre Froide et que la course à l'espace est lancée entre les superpuissances de la planète.

C'est ainsi qu'en 1961, Reed Richards un scientifique de génie détourne avec trois comparses une fusée expérimentale de son invention afin de franchir les premiers la barrière atmosphérique de notre chère planète bleue et se lancer dans l'exploration spatiale. Malheureusement leur voyage sera de très courte durée puisque la fusée, loin d'être aboutie, ne les protègera pas d'une rafale de rayons cosmiques dévastateurs. Miraculeusement indemnes après leur crash, nos quatre compagnons découvrent soudain qu'ils possèdent des pouvoirs étonnant ! Reed peut s'étirer à volonté, Sue peut devenir invisible, Johnny s'enflamme littéralement et peut ainsi voler... quant à Ben Grimm, il devient un monstre de roche au physique ingrat que l'on appellera par la suite simplement La Chose.
Pas le temps de tergiverser sur la nature de leurs nouveaux pouvoirs, nos héros décident d'emblée de les mettre au service de la communauté en devenant dès lors les Quatre Fantastiques ! Ne reculant devant aucun danger et combattant le crime sous toutes ses formes, ces êtres hors du commun ouvre la voie à une toute nouvelle ère et le monde apprendra petit à petit à leur être reconnaissant et même à les honorer pour leurs braves actions. Mais c'est aussi et avant tout une petite famille, et c'est là l'idée révolutionnaire de Stan Lee à l'époque : des héros avec des pouvoirs, ça existait déjà chez la concurrence depuis des années. Il fallait des héros dont le jeune public puisse se sentir proche, des gens à l'air relativement normal avec des problèmes du quotidien, comme le manque d'argent, l'ingratitude, les vexations... parfois aussi la colère voir la tromperie. Avant de faire leur trou, les Fantastiques ont du apprendre à s'accepter eux-mêmes tels qu'ils étaient, et faire avec leurs défauts et leurs forces en globalité. Pour certains ce fut même très difficile, comme pour La Chose qui à plusieurs reprises s'emporte et menace de quitter le groupe car les autres ne font pas assez attention à lui ou le traitent avec trop de pitié. Pourtant, ils finiront toujours par s'unir face aux plus grands dangers que la Terre ait connu : l'Homme-Taupe et son royaume souterrain peuplé de monstres gigantesques... les terribles extraterrestres de l'empire Skrull venus conquérir la Terre... Namor, le célèbre Prince des Mers et souverain Atlante, qui ne recule devant rien pour s'emparer du cœur de Sue... et bien entendu, quand on parle des Quatre Fantastiques il n'est jamais bien loin, celui par qui de nombreuses péripéties voient le jour : le Docteur Fatalis en personne. Si j'insiste sur ce dernier plutôt que sur les autres adversaires du quatuor comme Miracle Man ou encore le Maître des Maléfices, c'est parce que son histoire, son destin et son existence toute entière sont extrêmement liés à ceux des Fantastiques. Sans le Docteur Fatalis et ses plans toujours plus déments et complexes pour s'emparer du monde ou détruire tout bonnement tout ce qui lui résiste, il n'y aurait peut-être jamais eu un tel succès autour des aventures de nos héros et ce dès les premiers numéros de leur toute jeune série. Un bon ennemi, c'est essentiel, et les Quatre Fantastiques en obtiennent ainsi un parfait qui ne les lâchera pas de sitôt, devenant même plus tard une menace pour l'ensemble de l'univers Marvel.

Le génie de Stan Lee et de Jack Kirby réside en grande partie dans les dialogues, spécialité de Stan the Man comme on l'appelle alors, et dans ce design si énergique et carré que Kirby, le King, maîtrise à merveille. C'est à l'époque totalement révolutionnaire, à tel point que les créateurs de la série eux-mêmes ne croyaient pas vraiment en leur succès premier avant de constater que leurs numéros s'arrachaient et se vendaient comme des petits pains au sein de la communauté de lecteurs assidus ou novices. Faire du super-héros un genre à part entière, ou du moins le faire renaître de ses cendres après presque une décennie d'errance, telle fut la tâche pas si simple de notre duo d'auteurs à la vision prolifique et à l'imagination fertile. Le vrai secret comme je l'ai dis plus haut, c'est de faire des super-héros dont le public pourra se sentir proche en tous points ou presque. Les problèmes du quotidien n'épargnent pas nos fantastiques explorateurs de l'inconnu, au point que l'on verra même Reed se demander comment diable s'en sortent les autres héros ayant de l'argent à ne plus savoir qu'en faire, petit clin d’œil à la concurrence qui ne s'était jamais souciée de tels détails.

Les Quatre Fantastiques sont une famille, mais aussi des explorateurs avant d'être des héros. Ils repoussent toujours plus loin les limites de la connaissance et du possible, la science, l'inconnu, rien ne les effraie. C'est donc tout naturel qu'ils soient les précurseurs de l'arrivée des autres super-héros de la firme Marvel encore toute jeune, qui inonde alors le marché de ses créations si humaines. Héros comme vilains sont développés avec une véritable histoire, une vraie personnalité parfois attachante, parfois détestable, mais toujours si proche du réel que c'en devient troublant. Le soap-opéra réussi très bien à Stan Lee qui en tire presque toute sa gloire : situations amoureuses compliquées, problèmes d'argent, secrets à garder, etc. Bref il y a alors, comme on le dirait aujourd'hui, du drama à revendre dans les aventures de nos héros. Il peut bien sûr arriver que des situations totalement fantasmées ou farfelues apparaissent, mais les Quatre Fantastiques ne reculent devant rien pour rétablir l'ordre et la justice pour tous et alors même ces gigantesques problèmes et intrigues deviennent presque ridicules face à leur bon sens et à leur volonté à toute épreuve. Pourtant le groupe lui-même connaît des problèmes internes, des relations tendues, mais tout cela est toujours oublié le temps de passer à l'action car, au final, ils ont foncièrement bon fond. C'est cela je crois qui est à retenir, davantage encore que le reste : les Quatre Fantastiques sont profondément humanistes et, comme un certain Homme d'Acier bien plus tôt, ils incarnent et font croître une sorte d'espoir universel que tout peut toujours être amélioré, repensé, ajusté. Quelle ironie donc que leur principal ennemi soit nommé d'après le concept même de fatalité, du destin inéluctable auquel on ne peut échapper, mais que nos héros toisent et dont ils triomphent bien des fois.

En conclusion j'aimerai souligner la qualité de l'édition de Panini pour ces neuf premiers chapitres des aventures des Quatre Fantastiques, dans cette belle collection Marvel Classic des intégrales annuelles qui réussissent si bien pour les X-Men ou Spider-Man. Cette présente édition est un vrai bijou, hommage à nos plus belles heures de lecture, sur du papier impeccable et avec une jaquette au dessin tout en relief doré du plus bel effet. Merci donc Panini, de nous prouver que vous pouvez être capable du meilleur même si on vous accuse souvent du pire. J'espère maintenant que d'autres volumes de cette intégrale sont à venir et à attendre, je serai au rendez-vous et vous aussi je l'espère chers lecteurs ! L'aventure ne fait que commencer, et comme on dit : Vivent les Fantastiques !

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !


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