mardi 8 septembre 2020

Marvels (Panini Comics - Janvier 2020)


L’histoire démarre à la fin des années ’30, alors que le monde occidental se remet à peine de la crise financière majeure et que l’Europe s’embrase dans ce qui deviendra la Seconde Guerre Mondiale. A New York on est encore loin de se douter de ce qu’il adviendra seulement quelques années plus tard, et l’insouciance de la jeunesse au travail a tôt fait de réconforter.

 

Phil Sheldon est un jeune photographe avec un œil très adroit et des rêves plein la tête. Il se voit déjà monter au sommet de sa profession, conquérir le cœur de la ville par de magnifiques photos et devenir un grand reporter de guerre, qui sait. Mais le Destin lui réserve une toute autre voie. En effet, Phil va être, par un heureux hasard, le principal témoin de l’apparition du tout premier surhumain : la première Torche Humaine. Un être synthétique capable de s’embraser au contact de l’oxygène, et qui déchaîne les passions sur son passage. Monstre, aberration d’une science profane, ou bien héros ignoré de tous ? La créature fait sensation, mais ce n’est rien encore à côté de ce qui va suivre…

 

Pendant des années, Phil Sheldon va assister avec le reste du monde commun à l’arrivée des super-héros, ces êtres absolument grandioses et hors du commun qui n’hésitent pas un seul instant à sauter dans la brèche pour protéger des vies innocentes, des vies comme la sienne. En tant que photographe freelance, Phil fait tout son possible pour se trouver au bon endroit au bon moment et immortaliser les plus grands instants de ces véritables titans des temps modernes. Des Quatre Fantastiques aux Avengers, personne ne lui échappe et il est véritablement fasciné par ses sujets.

 

Même lorsque le monde découvre avec horreur et effroi l’existence des mutants, ces créatures que l’on nomme déjà avec crainte homo superior et qui seraient destinées à remplacer l’espèce humaine telle qu’on la connaît, l’homme de bien ancré dans la conscience de Phil se refuse à prendre parti et à condamner ces infortunées créatures dont il a malgré tout lui aussi une peur viscérale.

 

Les années s’enchaînent, les héros apparaissent et disparaissent, les vilains se multiplient, le monde devient chaque jour un peu plus fou et ceux qui portaient aux nues les super-héros d’hier se prennent à les clouer au pilori le lendemain pour une raison ou une autre. Dans cette grande ville que plus rien ne semble capable d’étonner, comment résonnera l’annonce de la fin du monde ? Lorsque l’humanité est soudain confrontée à sa possible destruction imminente, à l’arrivée de cette entité cosmique appelée Galactus qui semble avoir déjà scellé le sort de notre planète, comment garder espoir ?

 

Et l’espoir, c’est justement ce que recherche Phil Sheldon au fil de sa carrière et de ses rencontres, de ses enquêtes et reportages. L’espoir qu’il puisse exister quelque part des hommes et des femmes de bien qui consacrent toujours leur vie à défendre les démunis, les simples mortels comme lui. Alors, s’il doit se confronter à la mauvaise réputation de Spider-Man pour tenter de l’innocenter d’un crime que Phil est convaincu qu’il n’a pas commis, qu’à cela ne tienne ! Mais la réalité de ce monde va rapidement se rappeler à notre pauvre reporter-photographe, une réalité bien sombre où l’on découvre que chacun peut tout à coup perdre ce qu’il y a de plus important, en une fraction de seconde, en un simple geste maladroit…

 

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Un scénario aux petits oignons de la part de Kurt Busiek, un vétéran de la continuité de chez Marvel, et surtout des peintures proprement sublimes signées d’un Alex Ross qui commence à se faire un nom, c’est ainsi que naît le projet fou appelé Marvels paru en 1994. Quatre chapitres de près de quarante-cinq pages chacun, plus un chapitre 0 qui fait office de porte d’entrée idéale pour tout nouveau lecteur comme pour les passionnés de toujours, et un épilogue sorti en 2019 qui redonne enfin un sourire et une note d’espoir grandiose à un récit qui, finalement, avait tendance à sombrer dans le pessimisme et l’amertume nés de l’impuissance d’un homme seul face à un monde partant de travers.

 

C’est une œuvre majeure des années ’90 et carrément au-delà de toute époque, qui nous raconte les apparitions des plus grands héros de l’univers Marvel depuis le point de vue très normal d’un homme normal faisant simplement son boulot de son mieux. Les super-héros deviennent alors de véritables titans, des légendes vivantes face à un objectif toujours très vif et précis, et les plus grands événements traversés depuis les années ’40 jusqu’à la fin des années ’70, vus par Phil Sheldon, simple photographe de presse, sont de véritables morceaux de l’Histoire avec un grand H.

 

C’est une lecture très fortement recommandée à tout amateur de récits poignants, sincères et singuliers, cherchant à aborder le thème des super-héros avec un œil neuf et en même temps très proche de n’importe quel lecteur. Marvels est bien davantage qu’un comic-book, c’est un témoignage du passage du Temps et des plus grandes heures de l’âge d’argent. Je conseille vivement à qui voudra, vous ne pourrez de toute façon pas lâcher des yeux le bouquin avant de l’avoir terminé. Et si tout va bien, vous verrez même certains personnages d’un autre œil, tout en complétant peut-être vos connaissances des premiers vrais comics pré-Marvel et Stan Lee.

 

Merci à Panini d’avoir sorti à nouveau ce récit dans un beau format revu pour l’occasion et complété par ce fameux épilogue où l’on se rend compte d’à quel point le style et la puissance graphique d’Alex Ross ne font que s’améliorer avec les années. Prenez-en de la graine et gavez-vous autant que possible !

 

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

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