dimanche 31 août 2014

Wika et la fureur d'Obéron (Thomas Day & Olivier Ledroit - Glénat - Mai 2014)


On change de registre le temps d'un article pour que je puisse vous parler d'un petit coup de coeur récent, une bande-dessinée écrite par Thomas Day et dessinée par Olivier Ledroit, parue chez Glénat il y a quelques mois à peine. Premier tome d'une série de quatre, Wika et la fureur d'Obéron s'annonce comme une oeuvre assez atypique tout en faisant preuve d'un certain classicisme. Pour plus d'informations sur les auteurs je vous renvoie directement à leurs bibliographies respectives, qui sont aisément trouvables, ici je ne vais m'intéresser qu'à l'oeuvre elle-même.

C'est une histoire teintée de magie, prenant place dans le monde féerique de Pan, un monde étrange, où magie ancienne et technologie steampunk se mêlent étroitement, dans lequel évoluent des créatures mythologiques aussi bien que folkloriques (l'on retrouve énormément de références aux contes et légendes de Bretagne, Nordiques, celtiques, antiques, etc.). Dans ce vaste royaume, une guerre fait rage. La guerre du prince Obéron, adeptes de ces nouvelles technologies mécaniques, contre les plus grands représentants de la magie classique et naturelle, l'essence-même de ce monde. Titania, reine des fées, a décidé de fuir Obéron son promis et de se marier au duc Claymore Grimm, maître d'arme historique de la famille royale, d'une honnêteté et d'une bonté sans réserve pour son entourage et défendant des valeurs plus traditionnelles que le Prince Blanc. Obéron décide alors de se venger et d'assiéger Castlegrimm, le château du duc, afin de réduire son armée et son fief à néant et de l'effacer totalement de l'Histoire. Titania se sait condamnée à endurer l'implacable vengeance d'Obéron et de sa maîtresse Rowena la Louve, et c'est la mort dans l'âme qu'elle décide de rester aux côtés de son époux jusqu'à la fin, en confiant son tout jeune enfant, la petite Wika, à son serviteur le plus dévoué afin qu'il l'emporte loin du conflit et qu'il la confie à des gens qui sauront lui fournir un abri et une vie en sécurité. Nul ne doit jamais savoir que Wika est la fille de Titania, l'enfant ''volée'' d'Obéron, aussi le bébé est-il privé de ses ailes pour que son secret demeure. Et tandis que le futur roi laisse libre court à sa fureur, Wika grandit dans une petite ferme d'Elfes, jusqu'à ce que l'âge de femme arrive et la pousse à partir à l'aventure, visitée dans ses songes par l'esprit de sa mère qui lui révèle sa véritable nature. C'est ainsi que Wika se rend à Avalon, la capitale, afin d'en apprendre plus sur les circonstances de sa naissance et de la mort de ses parents. Elle y fait la rencontre de Bran, jeune contrebandier des faubourgs, qui se prend d'affection pour cette jeune voleuse au caractère bien trempé. Ensemble, durant deux ans, ils vivent de presque rien, quelques rapines ici et là, et se laissent petit à petit porter par leurs sentiments l'un pour l'autre, d'abord amis, puis tels un frère et une soeur, et finalement plus que cela. Mais Obéron le cruel, Obéron le froid, sait que celle qui aurait du être son héritière a survécu et se trouve non loin de lui. Il envoie dès lors ses sept enfants illégitimes, les fils et les filles de Rowena la Louve, traquer Wika où qu'elle puisse se dissimuler, mettant ainsi fin à son bonheur et à son insouciance et poussant la jeune femme à fuir, perdant une nouvelle fois tout ce qui lui est le plus cher. Le sang appelle le sang, et la vengeance ne se fera pas attendre. La fureur d'Obéron fera face au chagrin de Wika, que les Fées Noires, grandes ennemies d'Obéron, désirent former et entraîner afin qu'elle puisse devenir une menace de poids pour le souverain...

Le plus gros atout de cette bd, outre son histoire qui fait appel à de nombreuses connaissances et références sur les mondes féeriques et légendes de tous horizons, c'est son graphisme. Pour celles et ceux qui connaissent Les Chroniques de la Lune Noire ou encore Les Arcanes de la Lune Noire, vous savez de quoi je parle. Les autres, imaginez simplement un décors enchanteur où les détails fourmillent dans tous les sens, où les structures mêlant magie, fantaisie et steampunk industriel fusionnent parfaitement et où le soin apporté à l'image est renversant.
Et là je parle des décors, mais ça vaut aussi pour les tenues extrêmement détaillées et élaborées des personnages (cf. la couverture) ! Partout ce ne sont que beauté, émerveillement et magnifique complexité. Vous passerez comme moi de longues minutes à scruter chaque case, chaque planche, simple ou double, à la recherche du moindre petit détail dans ces décors hallucinant de travail et de minutie. Sans pour autant perdre le fil du récit ! Et puisque je parle maintenant du récit (je vous laisse apprécier de vous-mêmes le dessin, je préciserai simplement que l'on peut déjà se faire une idée du niveau de recherche et d'étude dessus rien qu'en voyant la carte du monde de Pan au tout début de l'album, c'est bluffant), j'en viens au seul point faible selon moi de cette oeuvre : elle souffre de quelques facilités dans son écriture, et de quelques transitions malheureuses par moments qu'il aurait mieux valu approfondir davantage. Cela dit, une fois que l'on s'y est habitué ça passe finalement tout seul et on apprécie l'histoire autant que le dessin. Si vous connaissez un peu les écrits d'Edouard Brasey sur tout ce qui touche aux peuples magiques (fées, elfes, sorciers, lutins, démons, anges, etc.) vous ne serez pas dépaysés par cette bd, dont la préface est d'ailleurs signée par Pierre Dubois, un ''Elficologue'' très réputé lui aussi. Pour les autres, eh bien c'est l'occasion de vous plonger de plein pied dans ces mondes et légendes d'autrefois, remaniés à la sauce steampunk/dark fantasy. Vivement les trois autres tomes, que le voyage puisse perdurer le plus possible dans ce sens ! Glénat fournit un travail d'édition remarquable, et ce tome est un vrai bel objet à posséder dans sa collection, une certaine fierté je dois dire.

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

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