vendredi 25 août 2023

La V.O. du vendredi n°239 : Poison Ivy tome 1 - The virtous cycle (DC Comics - Mars 2023)


Pamela Isley, alias Poison Ivy, a été beaucoup de choses au cours de sa vie et de sa carrière : une étudiante dévouée, une scientifique passionnée, un cobaye de laboratoire, une voleuse au charme fatal, une super-vilaine patentée, une écoterroriste acharnée, et même une déesse de la Nature elle-même... jusqu'à il y a peu, quand ses propres partenaires de vie ont pris à sa place la décision de lui ôter la majeure partie de ses pouvoirs. Elle qui était au sommet de l'existence, de la puissance, elle qui pouvait sentir la moindre parcelle de la Sève sur Terre, la voici désormais reléguée au rang de simple mortelle avec une résistance plus élevée que la moyenne aux divers poisons que l'on peut rencontrer. Autant dire qu'elle l'a assez mal pris.


Ayant fui Gotham et les problèmes sentimentaux que cette ville maudite lui apporte toujours, Ivy est maintenant lancée dans une toute nouvelle quête personnelle pour sauver la planète. Jusqu'ici rien qui ne change de l'ordinaire penserez-vous, connaissant le personnage... sauf que cette fois, elle est bien décidée à aller jusqu'au bout et à mourir pour sa cause au bout de la route. Mais pas tout de suite, pas encore, il lui faut déjà armer le processus. S'injectant une dose massive d'un champignon très agressif concocté comme une arme biologique par le Dr. Jason Woodrue, son ancien tuteur d'études et accessoirement créateur, Pamela devient une bombe à retardement qui infecte tout ce qu'elle touche, toutes les personnes qu'elle rencontre, en faisant ni plus ni moins que du terreau fertile pour les diverses espèces invasives qui s'épanouissent sur son passage.


Le plan est assez simple, au final : faire le plus de victimes possibles, infecter le plus de gens possible, pour qu'à leur tour ils en infectent d'autres, etc., créant ainsi une véritable pandémie végétale qui programmera l'extinction massive de toute vie humaine sur Terre après une série de réactions en cascade. Car l'idée fixe de Poison Ivy est toujours la même : Mère Nature souffre à cause de l'être humain, et le seul moyen de la délivrer de ses souffrances avant qu'il ne soit irrémédiablement trop tard est d'éradiquer l'espèce problématique, comme une mauvaise herbe dont on se débarrasse sans état d'âme. Et selon elle, il y a plus que jamais urgence à agir.


Lançant toutes ses maigres ressources et ses forces rassemblées dans la bataille qui est la sienne et qui sera sa dernière, Pamela parcourt le pays en dispersant ses spores un peu partout, mais elle est bien en peine quand ses propres émotions prennent le dessus et l'empêchent parfois d'aller jusqu'au bout avec certaines belles et bonnes personnes rencontrées en chemin. Serait-il possible que, petit à petit, la redoutable et si déterminée Poison Ivy puisse découvrir que le genre humain n'a pas que du mauvais à offrir ? Après tout, elle a connu l'amour avec Harley Quinn, à qui elle adresse encore des lettres pour la tenir informée de sa progression. Elle a vu de ses propres yeux que certains acceptent de faire des efforts pour aider, à leur maigre niveau, tout comme elle aujourd'hui si l'on peut dire. Alors pourquoi exterminer tout le monde ?


La seule chose dont elle soit réellement certaine, c'est que Jason Woodrue, alias l'Homme-Floronique, doit mourir de sa main. Il représente une menace bien plus grande à son échelle que ces humains qu'elle s'acharne à contaminer ou à épargner au dernier moment. Après tout, il l'a bien créé elle comme une arme d'un nouveau genre qu'il pourrait vendre au plus offrant, avant de s'appliquer le même principe et de devenir un monstre aussi bien dehors que dedans. Qui sait quel mal il pourrait encore faire si on le laisse libre d'agir ? C'est décidé, Ivy va confronter Woodrue dans leur ancien laboratoire, celui du temps de ses études, là où tout a commencé. De cet affrontement entre une Ivy diminuée et un Homme Vert au sommet de sa force, un seul survivra. Peut-être. Car on l'a dit, Ivy est résolue à mourir au terme de sa croisade, puisqu'elle fait partie elle aussi du genre humain et doit donc disparaître à son tour. Mais qui sait, les bons souvenirs de ses différentes vies pourraient lui donner envie de poursuivre, de se recentrer, de se fixer de nouveaux objectifs et des cibles plus précises ? Encore faudra-t-il survivre à la volonté néfaste de son créateur. Mais elle est Poison Ivy, la mauvaise graine, le lierre qui revient coûte que coûte à chaque nouvelle saison, peut-être pas aussi forte qu'avant mais toujours aussi vive et décidée. Elle ne peut abandonner aussi facilement, ne serait-ce que pour prouver au monde qu'elle est capable de reprendre le contrôle de sa vie et de son propre destin, ainsi que de son propre corps.


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De ce que j'ai compris de la préface qui ouvre ce premier tome, cette nouvelle série Poison Ivy de DC se situe juste après les événements de Fear State dans l'univers Batman, événements que je n'ai pas encore lu... mais ça ne saurait tarder ! En tout cas soyez déjà rassurés d'emblée, il n'y a pratiquement aucun spoiler à alerter et vous pouvez totalement commencer cette série, en V.O. comme en V.F. puisqu'elle vient juste de paraître chez nous chez Urban Comics, sans forcément connaître le reste de la production à la même période.


En fait, cette série est même conçue pour être un genre d’Ovni au milieu des autres titres DC. L'autrice de renom G. Willow Wilson s'associe ici avec tout un panel d'artistes divers et engagés pour nous fournir un véritable petit bijou dont on aurait vraiment tort de se priver ! Pamela Isley y est écrite comme une femme avant d'être une super-vilaine, comme une activiste convaincue avant d'être une des nombreuses ennemies du Batman, bref elle se définit enfin par elle-même et pour elle-même, sortant totalement de l'ombre où elle était entreposée comme une fragile poupée depuis bien trop longtemps. Et ça fait du bien !


Grâce autant à l'écriture très simple et vive de Willow Wilson et aux dessins impeccables des artistes tant sur les couvertures très recherchées que sur chacune des pages de ces six premiers chapitres rassemblés ici, nous avons le luxe de déguster une histoire comme on en voit bien trop rarement chez les deux grandes maisons d'édition majeures de l'industrie des comics aux USA. Une histoire engagée à bien des niveaux, et pas seulement par son thème évident de l'écologie désespérée et cette ambiance de fin du monde cataclysmique provoquée par l'humanité, sa propre chute, sa propre tombe, comme ces dernières années nous l'ont beaucoup asséné.


Non, il est aussi question plus simplement et de façon plus réaliste peut-être encore, de la condition féminine dans un monde patriarcal ainsi que de l'ivresse des sommets, dont on ne revient jamais vraiment indemne. Après avoir connu l'extase du pouvoir presque divin coulant dans ses veines, Ivy redevient simple mortelle, pratiquement comme à ses touts débuts, et cela la ronge de l'intérieur au moins autant que les spores mortelles qu'elle s'est injectée. En reprenant le contrôle de sa vie et de sa trajectoire, de ses pouvoirs aussi, Pamela Isley reprend aussi le contrôle sur sa condition de femme, sur ses sentiments, sur ses aspirations en ce bas monde, et de son propre corps tout bêtement, bien trop longtemps chosifié par les auteurs de toutes époques et hyper-sexualisé à l'envie et jusqu'à la nausée.


Pamela est une femme avant tout, une femme libre de créer, d'aimer, mais aussi de détruire et de consommer, de consumer, une femme toute en contradictions qui se lance dans une croisade désespérée pour sauver la Terre en éradiquant l'humanité toute entière, elle y compris, mais qui pourtant ne saurait toucher un cheveu d'une âme sincère qui pourrait l'émouvoir. Ses projets, vous vous en doutez bien, devront évoluer et se recentrer sur un nouvel objectif peut-être moins absolu, moins brutal, faire preuve de davantage de finesse pour atteindre ses cibles réelles et sauver tout ce qui peut l'être, à sa façon bien particulière. Le tome 2 arrive d'ici quelques semaines, patience !


Pour moi c'est un vrai coup de cœur comme j'en ai rarement eu en V.O. avec DC (il faut dire aussi que je lis beaucoup plus de Marvel comme vous l'avez vous-mêmes constaté avec les V.O. du vendredi de ces derniers mois), et je ne saurais trop vous recommander très chaudement cette lecture si vous voulez découvrir et aimer en toute sincérité le personnage magnifique à bien des égards qu'est et sera toujours Pamela Lillian Isley.


Un immense merci à G. Willow Wilson pour son travail et son esprit si unique, et à tous les artistes qui l'accompagnent dans cette belle aventure, et merci à DC de rendre tout cela possible ! Ce nouveau souffle me sied énormément et je compte bien m'y engouffrer le plus longtemps possible tant que la qualité se maintient à ce niveau !

jeudi 24 août 2023

A Fantasy Lazy Life tome 8 (Delcourt/Tonkam - Mars 2021)


La campagne militaire contre les dragons de meute est enfin terminée, les mauvais jours semblent enfin derrière nos héros et le royaume de Capua savoure la paix ainsi retrouvée. C'est l'occasion pour Aura de faire davantage de place aux doléances de son époux, le prince consort Zenshirô, qui a effectivement pas mal de choses à redire quant à sa situation. Après tout, on lui avait promis une vie tranquille sans aucune autre responsabilité que celle que faire des enfants à une femme magnifique et puissante dans un royaume magique, et voilà qu'il se retrouve le plus souvent à guerroyer contre des monstres ou à représenter la couronne dans des échanges diplomatiques. Aura redoute que son mari n'en vienne à se sentir lésé par leur accord, mais au final c'est tout l'inverse : Zenshirô lui renouvelle son amour et lui promet de s'investir davantage dans la vie du royaume si c'est utile à sa reine ! Émue, Aura ne peut qu'applaudir un tel engagement, et les deux époux royaux auront une longue conversation sur les différents aspects de leur vie qui doivent encore être ajustés ici et là.


Pendant ce temps, un mariage se prépare pour le général Puyol Guillen, qui en fait la demande devant Aura en personne en audience privée. La reine ne peut qu'accepter, à titre exceptionnel cependant, que son général si vaillant et ancien prétendant puisse se marier avec la femme qu'il désire et non par pur intérêt politique comme la tradition l'y obligerait normalement. Les services rendus par Puyol valent bien ce geste ! Mais en revanche, Aura ne pourra assister elle-même à la cérémonie, elle devra donc s'y faire représenter par Zenshirô... que cela ne dérange absolument pas, contrairement à ce que l'on pouvait redouter.


Mais il y a tout de même un hic : le prince doit être accompagné par une femme à ce mariage, c'est la coutume et elle ne souffre aucune exception, elle. La question de lui trouver une concubine est donc remise sur la table, car à Capua il est de notoriété publique que la femme qui accompagne un homme durant un mariage se doit d'être en liaison avec lui, par le sang ou par les sentiments. C'est évidemment cette seconde option qui prévaut pour le cas de Zenshirô. Problème, l'intéressé refuse toujours catégoriquement de prendre une autre épouse qu'Aura, à qui il a juré fidélité dès le début de cette aventure.


Le choix ne sera cependant pas entre ses mains, car en apprenant la nouvelle la princesse Frea du royaume d'Uppsala, du continent du Nord, se propose d'emblée comme accompagnatrice. Quand on lui fait poliment remarquer les implications d'une telle proposition, elle persiste et signe, prouvant ainsi qu'elle a bien des vues sur Zenshirô depuis un moment ! Une fois de plus, il faudra une conversation entre quatre yeux avec Aura pour que tout se démêle et surtout faire accepter l'idée à un Zenshirô plus que réfractaire au départ. Frea saura toutefois le rassurer et prouver au couple royal de Capua qu'elle n'a aucune ambition politique concernant le royaume ou le trône, elle souhaite simplement créer un partenariat efficace entre leurs deux nations et ainsi établir des relations commerciales qui seront profitables pour tout le monde, comme un échange de bons procédés en somme.


Aura capitule, ainsi que Zenshirô, quand Frea admet avoir aussi été très touchée de découvrir qu'en raison de sa mentalité étrangère à ce monde, le prince consort considère sincèrement les femmes comme ses égales, et non comme une simple marchandise à mettre en avant ou à négocier. Zenshirô respecte trop Frea pour la brimer durant leur relation et l'empêcher de faire ce qu'elle aime, et c'est justement ce qui l'attire chez lui. Aura donnera donc son accord, rassurée elle aussi. Mais Frea est une tacticienne habile et rusée, et il se peut qu'elle dissimule encore quelques cartes dans sa manche... Et pendant ce temps, la demande publique de Frea a encouragé certaines autres prétendantes potentielles à faire entendre leur voix pour devenir, elles aussi, concubines du prince ! Décidément, Zenshirô n'aura jamais vraiment été proche de la vie tranquille et posée qu'on lui avait promis. Et dire qu'en plus, dans un royaume voisin, l'annonce du mariage du général Puyol ravive quelques tensions héritées de la guerre pas si lointaine qui déchira le continent...


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Me revoilà perdu dans les contrées magiques de A Fantasy Lazy Life, mine de rien ça faisait depuis Avril 2021 que je n'avais pas repris cette lecture, il était plus que temps de remédier à cela ! Et quel plaisir que de débuter par un nouvel arc narratif, où une fois de plus un jeu d'alliances sera à l’œuvre pour présider au destin de Capua et de Zenshirô.


Zenshirô qui prend ici toute la mesure de son rôle aux côtés de sa femme la reine Aura, mais qui en accepte pleinement les tenants et aboutissants tant qu'on lui permet de passer du temps avec elle quand il le désire. Le personnage s'étoffe ainsi davantage, ce qui n'est pas plus mal, et comme le fait si bien remarquer un autre intervenant dans les différentes négociations qui ont lieu dans ce huitième tome, le prince consort n'est pas à prendre à la légère, bien au contraire !


L'autre personnage fort de ce début d'arc c'est bien sûr la princesse Frea d'Uppsala, dont la demande d'accompagner Zenshirô en personne au mariage du général Puyol fait l'effet d'une bombe en plein repas de courtisans ! Aucun doute cette princesse sait ce qu'elle veut, et elle a aussi de grands projets pour tenter d'enrichir le lien entre son royaume et celui de Capua, même s'il reste des obstacles à surmonter encore, comme par exemple l'approbation de son père le roi d'Uppsala pour que sa fille aînée devienne ''simple'' concubine dans un pays étranger... ça ne sera pas chose facile à obtenir je pense, mais Frea a déjà prouvé qu'elle était capable de surmonter les difficultés sur son chemin, et elle a tout le soutien dont elle a besoin à sa disposition grâce à sa garde du corps la terrible Skadi, qui elle aussi n'est pas encore au bout de ses surprises.


Bref, la série rattrape presque le premier tome des romans, aux dires de l'auteur lui-même, et il va bien falloir que le scénario du manga s'adapte en conséquence si l'on veut éviter le piège de la pure invention plus si fidèle que ça au matériel d'origine, comme la série-télé Game of Thrones vis à vis de ses romans par exemple...


En tout cas j'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à retrouver cet univers de fantasy très travaillé et somme toute très bien pensé jusque dans les détails des relations diplomatiques et sentimentales contrariées entre les différents royaumes et personnages, et je vais tâcher de ne pas attendre deux années de plus avant de lire le prochain tome cette fois !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mercredi 23 août 2023

Dawn of X tome 10 (Panini Comics - Mars 2021)


Alors que les mutants pensaient enfin pouvoir vivre en paix avec l'avènement de leur nation sur Krakoa, voilà qu'ils n'ont jamais été aussi harcelés de toutes parts par les menaces venant du reste du monde et principalement de l'humanité. Les organisations criminelles, scientifiques, para-militaires et même gouvernementales de plusieurs pays semblent se lancer dans un véritable concours pour savoir qui parviendra à pourrir la vie le plus longtemps possible durant ce qui devait être le début du règne de l'Homo Superior. Heureusement, les héros ne manquent pas et tous répondent à l'appel quand il le faut pour protéger leurs frères et sœurs. Et ça, heureusement, ça n'est pas prêt de changer !

 

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X-Force : Le Fauve est mis en face de ses propres erreurs et contradictions par Jean Grey, qui a fini par avoir vent de ce qui se passait vraiment avec la nation de Terra Verde. Hors d'elle, la puissante télépathe embarque Sage et se rend sur place en personne, dans l'intention d'épauler l'effort de sauvetage mené par Black Tom avec peu de succès jusque là face à une végétation intelligente et récalcitrante. Wolverine pendant ce temps est sur le point d'être sacrifié sur un autel, sans doute à la gloire des hommes-plantes qui peuplent le temple que l'on croyait abandonné. Domino et Kid Oméga ont été capturés également, et ne vont pas tarder à servir d'engrais si personne ne fait rien pour sortir toute l'équipe de ce guêpier avant qu'il ne soit trop tard. Après cette mission, l'un des membres de X-Force décidera de quitter l'aventure, ne désirant plus faire face à tant de choix douloureux et affronter d'obscurs secrets que l'on se cache entre amis. Le Fauve devra sans doute répondre de ses décisions hasardeuses une fois de plus, mais ce sera pour plus tard. Pour le moment, la paix avec Terra Verde et ses survivants doit être la priorité, pour le bien de Krakoa.


Excalibur : Apocalypse a réussi à ouvrir une nouvelle brèche sur l'Outremonde, un passage à peu près sûr qui mènera les membres d'Excalibur, dirigés par Betsy en tant que Captain Britain, jusqu'à la Citadelle Étoilée, carrefour de toutes les réalités et centre administratif de l'Omnivers. Du moins c'est ce qui était prévu, mais sur place les choses se compliquent vraiment quand il apparaît que la grande prêtresse en place dans la Citadelle refuse catégoriquement de laisser les mutants y pénétrer ou prendre une once de pouvoir de quelque façon que ce soit. La guerre est pratiquement déclarée contre ceux qu'elle considère comme des envahisseurs de son territoire légitime, et le groupe composé de Malicia, Jubilé, Gambit, Rictor, Shogo et Betsy devra se défendre alors même qu'ils n'avaient aucune mauvaise intention ! Peut-être que les volontés véritables d'Apocalypse ont fini par transparaître dans l'esprit de la grande prêtresse... Pendant ce temps, les agents de Morgane sur Terre procèdent à un sacrifice rituel afin de purifier leur culte et de reprendre rapidement la main pour combattre eux aussi les mutants sur l'île de Bretagne ! Heureusement, ils sont espionnés par une personne de confiance, mais qui rechigne cependant à observer ces massacres sans rien faire.


Giant-Size X-Men – Nightcrawler : Après avoir reçu des rapports inquiétants en provenance du portail situé dans les ruines du Manoir X, à Westchester, Diablo et une petite unité de mutants triés sur le volet partent sur place en exploration. D'après les données dont ils disposent, il semblerait que de nombreuses tentatives d'incursion depuis ce portail précis aient eu lieu ces derniers temps, chaque fois repoussées par le système de Krakoa. Mais une énergie mutante se trouve à proximité malgré tout, ce qui nécessite une enquête approfondie. Grâce à la curiosité de Doug et à sa capacité à comprendre tous les types de langage, il apparaît bien vite que les Sidri sont de retour sur les anciennes terres de Xavier et qu'ils se sentent menacés par quelque chose, ou plutôt quelqu'un, qui a trouvé refuge pratiquement au cœur de leur nid. Diablo et Magik vont finalement réussir, après d'âpres combats, à élucider le mystère et à ramener avec eux sur Krakoa une nouvelle citoyenne passablement terrifiée par son expérience auprès des Sidri. Ces derniers acceptent de laisser repartir les mutants, en promettant de ne plus interférer avec le portail krakoan, à la seule condition que le Manoir X soit désormais leur propriété et que l'on ne touche plus à leur nid. Diablo, contraint, accepte ce marché, mais l'équipe n'est pas tranquille pour autant à la vue des centaines de Sidri déjà présents sur place...


Hellions : Sur Krakoa, tous les mutants sont acceptés et bienvenus, dans la mesure où ils acceptent eux-mêmes en retour de respecter les quelques lois de l'île et de son gouvernement. Mais rapidement se pose une question à laquelle on n'aurait au final pas pu échapper bien longtemps : que faire des mutants qui ne peuvent pas, ou ne veulent pas, respecter les lois ? Certains habitants de Krakoa sont connus, tristement connus même, pour être des sadiques, voir de véritables sociopathes dénués du moindre sens moral. Dès lors, comment faire en sorte qu'ils s'intègrent au sein de la Pax Krakoa sans faire de victimes malencontreuses ? Monsieur Sinistre semble ravi d'apporter une solution : rassembler ces mutants problématiques dans un groupe sous ses ordres, qu'il enverra dans le reste du monde lors de mission à hauts risques qui devront, en théorie, leur apprendre les valeurs qu'ils ont jugé bon d'oublier en grandissant avec leurs pouvoirs et leurs failles psychologiques douteuses. D'ailleurs, ça tombe bien, puisque Sinistre a justement une de ces missions sous la main : son ancien orphelinat d'état, véritable usine à clones située dans le Nebraska, est devenue le refuge de personnages très peu recommandables qui ont ouvertement refusé de rejoindre Krakoa et qui se livrent sans doute à des actes contre-natures sur des innocents. Les Hellions devront donc se rendre sur place et pacifier les lieux, menés par Psylocke qui a accepté de faire partie de l'équipe pour mieux les tenir en laisse. Et aussi pour garder un œil sur Alex Summers, alias Havok, qui souffre de quelques petits problèmes pour maîtriser sa colère ces derniers temps...


New Mutants : Maintenant que tous les mutants ayant composé l'équipe sont de retour sur Terre, tout ce petit monde a beaucoup de choses à se raconter et de temps à rattraper, mais hélas les missions n'attendent pas ! En Carnelia, une adolescente de treize ans vient de découvrir qu'elle est une mutante aux pouvoirs très particuliers qu'elle ne maîtrise pas du tout. Pour compliquer le tout, la Carnelia est une nation qui ne reconnaît pas la souveraineté de Krakoa, ni l'existence des mutants officiellement. Il est donc assez ardu d'intervenir sur place, mais les autorités locales seront plus qu'heureuses de laisser des mutants étrangers risquer leur vie pour les débarrasser d'une citoyenne devenue encombrante. Cependant, à peine arrivés dans le complexe militaire où se trouve la nouvelle mutante que les choses dérapent sérieusement pour l'équipe envoyée par Krakoa et menée par Big Bang et Mirage. Ne reste plus qu'à faire appel à un spécialiste des missions sensibles, en espérant qu'il accepte de se tenir relativement tranquille en territoire potentiellement ennemi.


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Dans ce dixième numéro de la revue mutante de Marvel/Panini, nous découvrons surtout le premier chapitre de la nouvelle série Hellions de Zeb Wells et Stephen Segovia, et je dois dire que pour le moment cette introduction est plutôt séduisante, avec beaucoup de promesses à tenir cependant donc il faudra sans doute rester méfiant le temps que les choses se mettent vraiment bien en place. Wells est d'ailleurs il me semble le nouvel auteur de la série Amazing Spider-Man actuellement aux États-Unis, il me tarde de découvrir ça sous peu en version française. J'ose espérer que ce sera au moins de la même qualité, mais attendons avant de tirer des conclusions !


Le Giant-Size sur Diablo et sa petite équipe d'investigation était bien chouette lui aussi, ça fait du bien de revoir ce personnage au cœur de l'action pour changer, j'espère que ça deviendra une habitude avec le temps, qui sait. Les autres séries maintiennent le niveau atteint depuis les premiers chapitres, et on se dirige tout droit avec Excalibur vers le premier grand event des X-Men et autres mutants affiliés, restez donc aux aguets pour la suite !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mardi 22 août 2023

Twisted Tale - Ce rêve bleu (Hachette Heroes - Mai 2019)


Ce livre a été traité et conseillé par LinksTheSun dans l'un de ses Coin Lecture sur YouTube.


Agrabah est une cité des sables, au cœur du désert, où la population se divise entre ceux qui ne manquent de rien, cloîtrés dans le palais du Sultan et les beaux quartiers, et ceux qui manquent de tout, tapis dans les ruines et zones populaires. Aladdin a été élevé dans cette partie de la ville, habitué à voler ce qu'il peut pour simplement manger et aider sa mère dans ses efforts quotidiens pour maintenir le foyer. Mais à la mort de cette dernière, Aladdin se retrouve seul, et doit alors apprendre à voler non seulement pour manger, mais surtout pour survivre.


Dans le palais surplombant toute la ville de sa majestueuse prestance, la princesse Jasmine se désespère de trouver un jour un intérêt à sa vie morne et ritualisée. Le seul but de son existence, pour le moment, c'est d'épouser un prince pas trop déplaisant et de lui faire autant d'enfants que possible avant d'y laisser la vie, comme le veut la tradition. Mais Jasmine aspire à autre chose, à une vie plus utile, plus digne, où elle se servirait de sa position et de ses connaissances pour aider son prochain et faire le Bien autour d'elle.


Ces deux trajectoires, qui n'auraient jamais du se rencontrer, vont pourtant finir par se croiser au détour d'un marché, quand une Jasmine ayant enfin échappé aux gardes du palais risque rien moins que sa vie pour offrir une pomme à un pauvre enfant des rues et qu'Aladdin vole aussitôt à son secours. Tombé immédiatement sous le charme de la princesse, le voleur au grand cœur va lui faire découvrir la cité sous tous ses aspects, y compris les moins reluisants, ceux dont elle n'avait même pas conscience, et qui la bouleverseront et la marqueront à jamais. Une belle histoire commence à poindre entre ces deux-là, ces deux rêveurs qui se rapprochent à mesure que le temps fait son œuvre...


Mais le grand vizir Jafar a d'autres projets pour chacun d'eux. Aladdin est arrêté par la garde, pour avoir enlevé la princesse, et sera jeté aux cachots les plus profonds du palais. Jasmine, quant à elle, retourne à sa vie oisive qu'elle ne supporte plus et devra faire avec le souvenir de ce garçon qu'elle commençait à sincèrement aimer. Enfermé dans les souterrains, Aladdin se languit d'elle et de sa liberté si précieuse, quand un étrange vieillard fait son apparition et lui promet monts et merveilles, fortune et gloire, ainsi que le cœur de la princesse, s'il accepte en échange de l'accompagner dans le désert et de pénétrer dans une grotte magique afin de lui en rapporter... une simple lampe, banale breloque en cuivre, perdue quelque part au sein du trésor immense qui se cache sous les sables.


Marché conclu, Aladdin sera celui qui entrera dans la Caverne aux Merveilles et trouvera la lampe, en échange d'une récompense bien méritée ! Sur place, il fera la rencontre d'un tapis volant étrangement conscient qui l'aidera à atteindre la salle de la lampe, avant qu'Abu le singe de compagnie d'Aladdin ne fasse tout capoter en tentant de s'emparer d'un des joyaux interdits. La Caverne s'effondre alors sur elle-même, condamnant tous ses occupants aux ténèbres éternelles. Aladdin parvient de justesse à atteindre la sortie, il tend la lampe au vieillard, à bout de forces, il espère que son partenaire le sauvera... et ne reçoit qu'un mauvais coup qui le fait chuter dans les profondeurs obscures, accompagné de son singe et du tapis... mais sans la lampe.


De retour à Agrabah, Jafar a tôt fait de révéler enfin son vrai visage et de prendre la place du Sultan grâce au premier vœu que doit lui accorder le Génie de la lampe, comme il est dit dans les anciennes légendes. Puis, souhaitant devenir le plus grand sorcier de l'univers, Jafar fait ensuite d'Agrabah son nouveau royaume, son fief, avec comme épouse la princesse Jasmine pour consolider son pouvoir. Seul hic : le Génie ne peut forcer les gens à tomber amoureux, Jasmine ne sera donc jamais consentante pour aimer Jafar. Qu'à cela ne tienne, l'ancien vizir projette alors de récupérer de nombreux grimoires et artefacts de par le vaste monde pour tenter de briser les lois de la magie et de faire sienne la princesse récalcitrante. Pendant ce temps, le peuple d'Agrabah passera de l'émerveillement à l'horreur quand Jafar lui fera pleuvoir d'incroyables richesses venues du ciel, avant de menacer de tout reprendre s'il n'obtient pas une fidélité indéfectible.


La terreur s'installe alors, et la tyrannie du nouveau Sultan Jafar aux pouvoirs absolus ne saurait être remise en question. Chaque nuit, des gardes issus de la plus noire des magies patrouillent les rues pour assurer la paix, qu'importe le prix, et la nourriture est distribuée avec parcimonie en échange d'un serment d'allégeance. Et quand Jafar mettra enfin la main sur le livre maudit qu'il recherche avec ardeur, ce qu'il désire le plus au monde sera enfin à sa portée. Son règne sur Agrabah n'est que le début... le reste du monde suivra bientôt, et chacun sera tenu de l'aimer et de le servir, même dans la mort !


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C'est le premier roman de cette collection d'histoires alternatives lancée par Disney et distribuée par Hachette chez nous dont je fais la lecture, et je dois dire que je ne m'attendais pas à ce que j'y ai trouvé ! Le résumé que je vous en fais est volontairement arrêté à la première partie du livre, parce qu'ensuite il faut vraiment découvrir par vous-mêmes tout ce qui se produit au sein d'une histoire allègrement revisitée par l'autrice Liz Braswell.


Beaucoup de choses changent en effet par rapport au célèbre film d'animation de 1993 des studios Disney, que nous avons tous dévoré durant notre enfance et même encore maintenant avec grand plaisir. Par exemple, nous assistons à une petite partie de l'enfance d'Aladdin, ce que nous n'avions jamais vu jusque là. Il y est question de l'absence de son père, de l'amour de sa mère et de la dévotion du fils envers elle, jusqu'à la fin. Certains passages, plus tard dans le livre, sont beaucoup plus cruels et sanglants même que ce que l'on a connu dans les dessins-animés, comme si nous n'avions pas affaire à une redite littérale de ceux-ci mais bien à une version alternative, un autre récit reprenant la trame principale mais en la déformant et en la passant au prisme d'un regard d'adulte. C'est parfois assez bouleversant je dois dire, et toujours assez réaliste malgré la présence de la magie.


« Et si Aladdin n'avait jamais trouvé la lampe magique ? », nous propose la couverture du livre d'entrée de jeu. Sauf que c'est un peu plus compliqué que cela encore. Dans ce roman, Aladdin trouve bel et bien la lampe dans la Caverne aux Merveilles, tout comme de nombreux événements se passent presque de façon copiée-collée dialogues compris par rapport au film d'animation, mais le détail qui change tout c'est qu'Abu ne parvient pas à l'arracher des mains de Jafar, ce-dernier les laissant pour morts dans le désert et revenant à Agrabah en possession de la lampe. Subtile différence certes mais qui change beaucoup de chose, ce n'est pas Aladdin qui a failli, juste le hasard qui a joué d'autres cartes.


Ce rêve bleu est donc le premier roman de cette collection que je lis à ce jour, et pas le dernier car j'ai bon espoir d'en lire d'autres plus tard ! Liz Braswell a une écriture très accessible, mélange de souvenirs émus de l'enfance et d'un regard plus mûr, plus adulte, sur les rêveries d'autrefois. Pas mal de détails dits techniques sont issus de sa connaissance poussée des peuples et environnements sur lesquels elle écrit ici, et ça se ressent vraiment, comme une touche supplémentaire de sérieux et d'application.


Vous vous en doutez, Jasmine ne restera pas silencieuse bien longtemps dans l'attente que son tortionnaire ne trouve le moyen de se faire aimer d'elle ainsi que du reste de la population, elle va vite prendre la tangente et devenir un espoir pour celles et ceux qui veulent faire tomber le sorcier. Une rébellion dont beaucoup attendent des jours meilleurs, sans oser vraiment le croire au fond d'eux. La lourde tâche de la princesse déchue sera donc de conquérir le cœur d'Agrabah non pas par magie mais par les actes, au-delà des promesses et du faste. Heureusement elle recevra toute l'aide dont elle aura besoin, mais il lui faudra apprendre à ouvrir les yeux sur la réalité au sein de la cité qu'elle croyait connaître. Une belle aventure, que je conseille à celles et ceux qui auraient besoin d'une petite dose de nostalgie tout en cherchant quelque chose de frais et nouveau à se mettre sous la dent.


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

lundi 21 août 2023

Les Contes Interdits - Le Petit Chaperon rouge (ADA Éditions - Juin 2018)


Déposée encore bébé par la police et une employée des services sociaux dans les bras de sa grand-mère maternelle par une nuit glaçante, Angelika est la rescapée d'un tragique accident qui coûta la vie à sa mère, une danseuse alcoolique et dévergondée qui avait quitté le giron familial depuis deux ans déjà. La vieille Malicia devient dès lors la seule famille restante pour ce petit ange, et tâchera de l'élever de son mieux dans la tradition Tzigane dont est issue sa lignée.


Les années passent, et Angelika est maintenant une jeune fille de neuf ans, chère à sa grand-mère et connaissant les bois environnants comme sa poche. Mais Malicia lui dissimule un terrible secret... elle a fait enquêter sur la mort de sa fille, et a fini par découvrir que ça n'avait rien d'un accident, bien au contraire. Les responsables de ce meurtre déguisé sont d'ailleurs en chemin à l'instant même pour supprimer Malicia également, ainsi que toute trace de ses proches. La grand-mère résignée parvient à faire sortir sa petite-fille dans les bois et lui interdit de revenir avant la tombée de la nuit, pensant lui obtenir ainsi plusieurs heures d'avance et de répit.


Les hommes s'en viennent, assassinent Malicia d'une façon brutale et sauvage, et lâchent des chiens aux trousses d'Angelika dans la forêt, qui ne doit alors sa survie qu'à l'intervention de son loup fétiche avec lequel elle a grandi et au fruit du hasard. Recueillie plusieurs jours plus tard, anémiée et gravement affaiblie, la petite est transportée d'urgence dans un centre hospitalier pour y recouvrer des forces, avant d'entrer dans le cercle infernal des placements en famille d'accueil et toutes les maltraitances que l'on peut y imaginer, jusqu'à ses dix-huit ans.


A ce moment, Angelika est devenue une jeune femme pleine de colère et de chagrin, cachant ses émotions sous une attitude rebelle et provocatrice. Contactée dès sa sortie du refuge pour jeunes désœuvrés, elle se rend chez un avocat qui connaissait très bien sa grand-mère et lui remet quelques documents lui ayant appartenu et qui retracent toutes les étapes de l'enquête qu'elle menait contre le réseau responsable de la mort de sa fille, la mère d'Angelika. L'amnésie dont souffrait la pauvre enfant jusque là s'efface alors, lui révélant tous les détails de son sordide passé depuis cette nuit fatidique dans la forêt, et tout ce qu'elle a du faire pour y survivre.


Dès lors, Angelika disparaît totalement des radars, préparant dans le plus grand secret sa vengeance si longtemps désirée. Trois ans plus tard, une femme à la beauté ravageuse et au charme indécent fait sa place au sein d'une suite d'escort-girls qui accompagnent les déplacements de très influents hommes d'affaires de la Belle Province, chargées d'accomplir et d'assouvir le moindre de leurs désirs et fantasmes. Cette femme est aisément reconnaissable par la longue cape rouge qu'elle arbore en permanence, un détail parmi d'autres dans sa tenue savamment étudiée pour un effet ravageur chez la gente masculine. Simplement connue sous le nom de La Louve, la fille de compagnie semble prendre son mal en patience, attendant le moment propice pour abattre ses cartes et semer la mort et l'horreur dans son sillage.


Le sergent Olivier enquête depuis des années sur un atroce réseau de pédopornographie et autres immondes supplices du même genre, sans toutefois parvenir à glaner des preuves solides pour mettre la main sur les dirigeants supposés de cette organisation aux méthodes inhumaines, malgré quelques indics bien placés à l'intérieur. Sa meilleure chance sera lors d'un petit séminaire réunissant tout ce beau monde dans une propriété isolée, dans lequel il a pu se faire engager incognito comme agent de sécurité privé. Mais alors qu'il commence doucement à enquêter sur place, les cadavres se mettent à pleuvoir et les allers et venues d'une escort-girl en particulier finissent par lourdement attirer son attention. Il ne lui faut pas bien longtemps pour faire le rapprochement avec cette autre affaire, une jeune femme de dix-huit ans disparue subitement des années plus tôt alors que le chef du cartel semblait s'intéresser de très près à ses agissements.


Olivier sait qu'il vient de mettre les pieds de plein fouet dans une sombre histoire de vengeance, dans laquelle tous les coups ou presque sont permis et où les cibles clairement identifiées auront très peu de chances de s'en sortir indemnes. Dans ce sinistre jeu du chat et des souris, ou plutôt du loup et des agneaux, il ne fait vraiment pas bon être du mauvais côté de la Justice, pas celle des hommes, mais celle réclamée par les esprits courroucés de trop nombreuses victimes sacrifiées sur l'autel de la fortune facile... Oui, les hommes vont payer en ces quelques jours impitoyables. Oui, une série de crimes odieux sera perpétrée pour venger d'autres crimes plus anciens, plus nombreux encore. A Olivier de décider de quel camp il souhaite rejoindre, en son âme et conscience, parce que les cibles, elles, n'auront pas cette chance...


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C'est je crois le second Conte Interdit que je lis qui soit écrit par une femme, et ça change pas mal de choses je trouve, à commencer par le style qui est plus posé, moins outrancièrement vulgaire, moins gratuit aussi et surtout malgré quelques scènes très osées qui peuvent choquer un public sensible. J'ai eu un peu de mal à croire que c'était écrit par une Québecoise, car il n'y avait pas ce vocabulaire propre à la Belle Province, ce mélange d'anglais et de français et ces termes religieux utilisés comme insultes ou jurons, ici les gros mots sont bien français de souche, et étrangement c'est assez dépaysant.


Le Petit Chaperon rouge a été, de ce que j'ai retenu de la préface, rédigé en deux mois à peine pour répondre à la demande du collectif des auteurs participants aux Contes Interdits chez ADA, par Sonia Alain une femme de lettres spécialisée durant une partie de sa vie dans le milieu éducatif et la gestion de l'enfance. On ressent une certaine passion à travers les pages et les scènes qu'elle décrit, une envie de rendre justice pour tous ces crimes bien trop réels dont nos quotidiens nous abreuvent jusqu'à la lie, nous rendant parfois par trop insensibles au malheur de ces pauvres victimes qui n'ont rien demandé. L'intervention d'une bonne dose de surnaturel, à travers les us et coutumes Tziganes souvent évoqués, nous permet de trouver un exutoire assez simple qui défoule bien c'est vrai et apporte sa pierre à l'édifice tout en laissant les personnages principaux mener leurs actions dans le monde tangible.


Le fait que ce roman ait été écrit en deux mois se ressent aussi, malheureusement, dans quelques fautes et erreurs de style que l'on observera ici et là, comme la répétition du terme ''inusité'' par exemple de chapitre en chapitre, ou encore quelques erreurs de frappe qui n'entament pas la qualité du récit mais auraient pu être évitées avec une solide relecture avant ou après impression. On sent une certaine précipitation à l’œuvre, il fallait sans doute que ce soit bouclé rapidement, mais l'attention et l'application portées aux détails réellement importants du récit et de son intrigue sont bien présentes et nous rassurent quant à la qualité de cette histoire.


Ça fait du bien je dois dire également d'avoir, pour une fois, un personnage féminin assez fort et solide pour encaisser tout ce qui lui arrive et faire payer au centuple les enfoirés responsables de son tourment. Les scènes où se déroulent des sévices sexuels sont rapidement transformées de sorte que la femme prédatrice en tire pleine satisfaction et que les bourreaux d'hier deviennent les victimes impuissantes d'aujourd'hui, avec la pleine approbation du lectorat. Vus les précédents Contes Interdits que j'ai pu me mettre sous la dent, j'avais assez peur que cette relecture du Petit Chaperon rouge ne tombe encore une fois bien trop gratuitement dans le voyeurisme, mais c'est tout l'inverse au final et ce n'est pas plus mal !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

dimanche 20 août 2023

Midnight Nation (Delcourt - Janvier 2014)


David Grey est un lieutenant de police, inspecteur à Los Angeles, enquêtant présentement sur un meurtre sordide, probablement un énième règlement de compte entre gangs rivaux pour le contrôle des rues et des points de deal. Tout de même, le côté assez sordide de la mise à mort attire son attention plus que d'habitude, et il commence à se poser des questions. Son chef ne veut évidemment pas en entendre parler, mais David continue à mener sa petite enquête, jusqu'à ce que l'on trouve un second corps, encore plus amoché si c'était possible. Là, la chance de David va tourner.


Violemment agressé dans l'exercice de ses fonctions, David termine sur un lit d'hôpital, dont il n'émergera finalement qu'au prix d'un immense effort. Mais personne ne daigne lui répondre quand il demande ce qui lui est arrivé. En fait, personne ne lui répond tout bonnement parce que personne ne le voit ni ne l'entend, comme s'il n'existait plus. Pourtant, il parle, il marche, il respire... il existe ! Dès lors, comment expliquer cette impression de plus en plus forte de ne plus appartenir au même monde que les autres ?


Une femme, Laurel, semblant elle aussi invisible au reste du monde, le verra et le prendra sous son aile le temps de lui expliquer les règles de cette nouvelle vie qui s'offre à lui. Elle a été envoyée auprès de lui pour le guider, après tout, et lui permettre de passer un certain nombre d'épreuves que le Destin se chargera de placer sur sa route. David apprend ainsi coup sur coup que son âme lui a été dérobée par des puissances dont il vaut mieux ne pas parler à voix haute, et qu'il ne la retrouvera qu'en se rendant à New York, de l'autre côté du continent. Pour ce fait, il a un an, pas plus.


Facile, se dit-il... mais il y a des règles à respecter : n'utiliser que ses propres moyens, et ne faire qu'avec ce qui a été abandonné par les autres, ces gens pleins de vie qui se refusent à les voir Laurel et lui, et tous les pauvres vagabonds errants dans les rues et les lieux désaffectés. Parcourir tout le pays dans le sens de la longueur, d'un bout à l'autre, pratiquement à pieds tout le temps. Soit. Et il faudra aussi faire avec la météo, les caprices de la route, et surtout les multiples attaques de sinistres créatures en chemin qui ne sont destinées qu'à les retarder le plus possible.


Au terme de cette année de voyage, si David n'atteint pas la Grande Pomme dans les temps, il perdra définitivement son âme, qui s'étiolera et disparaîtra sans doute dans le vide cosmique. Ce qui reste de lui deviendra alors en tous points similaire à ces fameuses créatures qui se nourrissent du malheur des autres, du manque de considération du genre humain pour ses propres faiblesses, et de celles et ceux que l'on abandonne trop souvent à leur propre sort sans plus se soucier d'eux. Autant dire que David a plutôt envie de récupérer son âme, si tant est qu'il puisse croire pleinement en cette histoire abracadabrante. Très vite pourtant, les doutes vont s'envoler à mesure que le duo progresse sur la longue route, et les épreuves qu'il devra relever achèveront de convaincre l'ancien inspecteur de la police criminelle de Los Angeles, pour peu qu'il suive les règles avec sérieux et attention.


Plusieurs fois la tentation sera grande de se détourner du chemin, de céder à la peur, à la colère, au déni... mais Laurel fera toujours en sorte que David sache qu'il n'est pas seul au long de ce périple. Laurel, cette femme si mystérieuse et taciturne, semblant en connaître un rayon sur ce monde et d'autres, sur ce qu'elle appelle l'Entre-deux, où gisent les épaves et les laissés pour compte. Pour elle aussi, ce parcours est une sorte d'épreuve, mais elle ne perdra pas la même chose que David si elle échoue dans sa lourde tâche de guide et de protectrice. Non, elle perdra bien plus encore. Le Temps s'écoule, et le voyage vers la Nation de Minuit vient à peine de commencer...


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Joe Michael Straczynski a un jour lui-même affirmé que Midnight Nation était le travail dont il était le plus fier dans sa carrière. Je ne sais pas si c'est toujours d'actualité, étant donné que le bonhomme est quand même sacrément productif, mais en tout cas ça se ressent pleinement dans toute l'attention qu'il a porté à l'écriture du scénario ainsi qu'au choix du dessinateur, son compère Gary Frank qui sait toujours admirablement illustrer les idées de l'auteur tourmenté.


Dans cette édition intégrale datée de 2014 chez nous, Delcourt nous permet de nous plonger dans la lutte incessante entre l'Espoir et le Renoncement, entre accepter de faire son deuil de certaines choses et s'y accrocher au contraire de toutes ses forces, pas toujours pour le mieux suivant la situation. Il y a toute une métaphore filée du début à la fin du récit, que je ne vous gâcherai pas ici en vous la racontant ou en vous l'analysant plus que de raison, sachez simplement que Straczynski a vraiment bien réfléchi à son sujet et que ça lui a pris énormément de temps de réussir à coucher tout ça sur le papier et d'en faire quelque chose au bout du compte.


Comme le précise l'auteur lui-même dans la postface, cette histoire lui est venue à l'esprit après une très mauvaise expérience personnelle, ou plutôt une suite de très mauvaises expériences personnelles, en 1978 quand il résidait à San Diego. Une ville qui était alors bien différente de ce qu'elle est de nos jours, et qui offrait au monde deux visages bien distincts, le jour ou la nuit venus. Straczynski a fait l'expérience du mauvais côté de cette ville, et s'en est remis presque miraculeusement, le poussant à réfléchir en profondeur à bien des choses et faisant doucement germer dans son esprit la graine qui donnera, presque vingt ans plus tard, l'un de ses plus grands chefs-d’œuvres. Et je pèse mes mots !


Ça n'a l'air de rien comme ça, peut-être encore un énième récit de parcours initiatique à la recherche de la connaissance de soi pour mieux vivre ou mieux apprécier la Vie dans son ensemble, etc. Mais fondamentalement Midnight Nation est bien différente du reste de la production à l'époque, cette mini-série rassemble énormément de thématiques diverses mais complémentaires qui nous offrent un récit vraiment magnifique sur la quête éternelle de l'Espoir, qui vous marquera quelle que soit votre religion ou simple courant de pensée. C'est le genre d'histoire qui finit par être terriblement intemporelle, marquant tout le monde d'une façon ou d'une autre, et traversant les générations en portant toujours le même message, que l'on doit simplement accepter d'entendre, nous autres lectrices et lecteurs du monde tangible. Comprenne qui voudra.


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

 

vendredi 18 août 2023

La V.O. du vendredi n°238 : Vanish tome 1 (Image - Avril 2023)


Il y a notre monde, cruel, sombre, froid, pratiquement sans espoir quand on sort d'un bar la nuit partiellement embourbé dans l'alcool et les médicaments antidépresseurs. Et puis il y a l'autre, celui dans lequel on peut se réfugier, celui des souvenirs, de l'enfance pour certains, bref un monde rempli de magie.


Dans cet autre monde, Oliver Harrison était un étudiant comme les autres dans une académie magique de renom qui formait ses jeunes élèves à devenir de vaillants soldats dans une guerre contre les forces des ténèbres, contre le Baron Vanish et ses suivants les Hollow. Quand Vanish posa le pied en Everkeep, il dévasta tout sur son passage, fit de bien trop nombreuses victimes, et menaça directement les élèves de l'académie s'ils refusaient de rejoindre son armée grandissante. Oliver était alors le dernier espoir, celui par qui tout devait fatalement se résoudre, et il tint ce rôle à merveille.


Mais pour cela, il du franchir deux limites interdites aux gens de son espèce : premièrement, ne jamais se rendre dans la salle scellée où se trouvent de nombreux artefacts magiques d'une grande puissance, sous peine de mort. Deuxièmement, ne jamais se rendre seul dans le monde des humains, sous peine de mort. Oliver a fait les deux, utilisant un objet extrêmement rare pour contempler l'avenir, et revenant du monde humain avec un précieux souvenir que même Vanish n'avait pas anticipé, une arme terriblement concrète et réelle dans les mains d'un enfant de quatorze ans qui mit fin à la guerre avant qu'il ne soit trop tard.


Pour cela, Oliver fut acclamé par ses camarades. Mais les Hollow étaient partis, profitant de la pagaille générée par le décès prématuré de leur chef. Disparus on ne sait où, peut-être pour toujours.

Des années plus tard, on retrouve Oliver au détour d'une sordide ruelle dans laquelle il se fait agresser, comme tout camé ivrogne peut l'être à une heure avancée de la nuit. Sauvé de justesse par un super-héros de passage, Oliver sent une brûlure familière sur son épaule, à l'endroit où le sigle de sa Maison de naissance a été gravé dans sa chair. Et il sait, aussitôt, que ce soi-disant super-héros n'est rien d'autre qu'un Hollow ayant pris une autre apparence et œuvrant incognito dans le monde des humains !


Dès lors, Oliver laisse libre cours à sa vengeance et massacre sans pitié son ennemi, sans même accorder d'attention à ses suppliques. Il l'épargne toutefois au dernier moment et en fait le porteur d'un message bien personnel adressé à tous les autres membres de sa super-équipe : désormais, ils sont démasqués et Oliver les traquera jusqu'au dernier, pour venger la destruction d'Everkeep et la mort de toute sa famille. Pour commencer.


La guerre est donc déclarée entre Oliver et les super-héros anciennement Hollow du Baron Vanish, une guerre totale qui ne pourra se solder qu'avec la destruction complète de l'un ou l'autre des belligérants. Mais on peut tout de même se poser une question essentielle à ce stade : est-ce qu'Oliver ne serait pas tout bonnement en train de péter les plombs et de foncer tête baissée dans un délire auto-destructeur dont il a le secret ? Après tout, ses médicaments à foison et sa tendance à se réfugier dans l'alcool facile ne sont pas là par hasard, comme s'il essayait de fuir quelque chose en lui, de noyer une partie de ce qu'il est, ou de ce qu'il a pu faire... Que cache-t-il au fond de lui ?


En tout cas les autres Hollow ne vont pas se laisser faire sans rien dire, et les combats risquent d'être intenses pour ne pas dire mortels. Avec autant d'ennemis à terrasser, Oliver sait qu'il peut très bien ne pas s'en sortir indemne, voir pas du tout. Mais tant que sa vengeance est consommée, il n'en a rien à faire. Même pas un égard pour sa femme, complice de toujours depuis les bancs de l'école, ni pour son meilleur ami qui tente de le détourner de cette voie sanglante et de cette spirale de violence. Malheureusement, ce sont eux qui devront payer les pots cassés...


Oliver dit agir pour empêcher le retour de Vanish, plus que tout au monde. Il aurait vu un avenir où le sombre sorcier serait ramené à la vie et ferait de nouveau trembler les différentes réalités, et il sait que ce sera l'un de ses fidèles Hollow qui le fera revenir. Cependant, la vision ne semble pas avoir été aussi claire qu'il en a le souvenir, il a pu laisser échapper quelques petits détails mine de rien assez cruciaux... et que penser de ce que lui disent chacune de ses victimes, sur le fait qu'ils étaient manipulés par leur leader, qu'ils ont le droit à la rédemption après toutes ces années à œuvrer pour le bien des humains dans leur monde, etc. etc. ? Oliver n'y croit pas. Mais le problème, c'est que lui non plus on ne le croit pas vraiment.


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Cette nouvelle série de magie horrifique signée par Donny Cates et Ryan Stegman, le duo d'artistes à qui l'on doit chez Marvel un sacré bon cycle sur Venom et le massif event King in Black, nous propose d'emblée de nous emmener du côté d'une sorte d'anti-héros de l'extrême, pour ne pas carrément dire de vilain aux pulsions homicides refoulées depuis trop longtemps.


Car qui tue des super-héros à foison en règle générale ? Les vilains qui les affrontent et qui apparaissent un peu partout sur leur chemin. Oliver Harrison semble être bien parti pour être considéré par la population comme l'un de ces nouveaux vilains en puissance puisqu'il n'a de cesse d'assassiner sauvagement les héros qu'il rencontre. Mais est-ce que toute cette histoire de monde magique parallèle et de grand seigneur du Mal à arrêter coûte que coûte est bien réelle ou bien est-ce que tout ceci n'a lieu que de la tête et l'esprit dérangé d'Oliver ?


Pour le moment après ces quatre premiers chapitres riches en action contenus dans ce premier tome, nous n'avons pas encore la réponse définitive mais l'on peut se poser la question assez légitimement, malgré la présence d'indices sérieux laissant à penser qu'Oliver est dans le vrai depuis le début. Nous ne sommes toutefois pas à l'abri dans les tomes et chapitres suivants d'un gros retournement de situation dont l'auteur a le secret et qui pourrait rebattre totalement les cartes distribuées ici.


Pour une fois je suis assez content parce que cette série semble vraiment taillée pour un nouveau lectorat avide de sensations fortes et en ayant sa claque des super-héros traditionnels des deux grandes maisons d'édition des comics. Image nous propose avec Vanish de dynamiter les codes du genre super-héroïque, avec ceux de la dark-fantasy au passage, et de mixer les restes pour voir ce qui apparaîtra. C'est vachement agréable mine de rien et ça faisait longtemps que je n'avais pas à ce point accroché à une lecture de V.O. indépendante, je tire donc mon chapeau à Donny Cates pour cela !


Concernant le dessin il est vraiment très bon, assez facile à suivre même au cœur de l'action la plus débridée et sanglante qui soit, les planches sont très souvent teintées d'obscur mais paradoxalement claires à comprendre malgré cela, tout est vraiment fait pour qu'un lecteur novice puisse se plonger sans le moindre problème dans ces premiers chapitres sans se taper des heures de révisions auparavant. C'est du très bon niveau à mon sens et j'aimerai vraiment en voire davantage des comme ça !


Petit bonus qui rend la chose encore plus appréciable à mes yeux : le lettrage n'a pas l'air d'être prévu pour des gnomes, pour une fois, et la lecture n'en est que plus aisée et confortable, donc merci beaucoup à toute l'équipe créative qui a semble-t-il pensé à tout ! Vanish a apparemment tout pour plaire, et son adaptation toute prochaine en Version Française chez Urban nous prouve que le public est demandeur d’œuvres dans ce genre pour renouveler les habitudes, comme Saga peut le faire pour le space-opera depuis le début de sa parution. Tiens, c'était chez Image aussi non ? Pas de hasard.


Pour ma part je continuerai à suivre la série en V.O. ne vous en déplaise, je trouve que le format est très bon comme ça déjà et le vocabulaire est vraiment facile à comprendre et à traduire mentalement au cours de la lecture, ça vient presque tout seul. Encore une preuve s'il en était besoin que quand on a des auteurs déterminés et qui se bougent pour livrer une belle création bien pensée jusqu'au bout, ça fait souvent des merveilles !

jeudi 17 août 2023

Sakamoto Days tome 1 - L'assassin légendaire (Glénat - Avril 2022)


Taro Sakamoto n'a l'air de rien comme ça, avec son corps en très net surpoids à à peine la trentaine, sa petite supérette de quartier bien rangée, sa famille proprette et gentille... mais en réalité, il s'agit sans doute de l'un des plus grands assassins ayant jamais foulé cette terre !


Pour preuve, Shin, son ancien coéquipier, est chargé par leur organisation criminelle de le mettre à mort pour avoir quitté les rangs voilà cinq ans sans plus d'explications. Mais même en faisant de son mieux sur place, Shin est très loin du niveau de Sakamoto, qui malgré les années et le poids a conservé toute sa puissance et ses sens en alerte ! D'ailleurs, la supérette n'est qu'une sorte de refuge, de camouflage bien pratique, et est en réalité bourrée d'armes mortelles du sol au plafond quand on sait où regarder ! Mais il suffit d'une simple petite boulette de viande ou d'un bonbon bien placé, et Sakamoto peut aisément remporter n'importe quel affrontement.


La preuve en sera faite lorsque Shin, revenu auprès de son boss après avoir échoué dans sa mission, sera lui aussi menacé d'être exécuté purement et simplement. Sakamoto viendra alors à son secours, prouvant si besoin était qu'il n'a absolument rien perdu de sa fougue et de sa maîtrise des arts assassins. Acceptant de prendre Shin sous son épaule et de l'engager à la supérette pour lui offrir une nouvelle vie, le sympathique gérant pose néanmoins une condition non-négociable : interdiction formelle de tuer... ou sa femme demandera le divorce !


En revanche, une bonne baston de temps à autre aide à maintenir le niveau et à garder la forme, et c'est ce qui se passera assez souvent sur leur parcours dans cette ville finalement très mouvementée. Des mafieux Chinois aux pires psychopathes tueurs en série lancés à leurs trousses, aucun ne reviendra indemne pour se vanter d'avoir vaincu le grand Sakamoto ! Et dès que sa famille est menacée, même d'un chouia, c'est le branle-bas de combat général et gare à celui qui s'opposerait au père lésé !


Mais forcément, à se faire remarquer ici et là, Sakamoto finit par attirer l'attention de l'ordre des assassins, dont il était l'un des membres les plus méritants par le passé, et qui cherche aujourd'hui à se débarrasser de lui rapidement pour laver l'affront de sa retraite. Dès lors, une simple visite dans un parc d'attractions peut devenir le repaire de tueurs aguerris et une occasion en or pour faire disparaître l'ex-assassin et sa petite famille ! Fort heureusement, Sakamoto peut maintenant compter sur Shin et leur nouvelle recrue Shao-Tan pour couvrir ses arrières et le prévenir en cas de danger immédiat. De quoi profiter plus ou moins sereinement des attractions et de la sortie familiale, même s'il faut faire un peu de ménage par-ci par-là...


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Sur conseil d'une personne de confiance j'ai accepté de lire le tout premier chapitre dans un catalogue de prépublication de Glénat il y a quelques temps... et je n'ai pas pu en décrocher. Voici maintenant l'occasion que j'attendais de pouvoir lire tout le premier tome, et évidemment j'ai beaucoup aimé cette introduction vraiment pas comme les autres dans un univers déjanté où je reconnais quelques codes qui ont fait le succès de séries que j'adore personnellement comme Full Metal Panic! par exemple.


Je m'explique. Le personnage de Taro Sakamoto, notamment, me fait beaucoup penser à un Sôsuke Sagara qui aurait grandi et aurait fini par trouver l'amour et une vie bien rangée, tranquille, sans pour autant se départir de son amour des armes, de la baston et des choses plus ou moins para-militaires et à la limite de la légalité sur certains territoires. Le fait que la supérette soit totalement truffée d'armes en cachette ça ressemble totalement à ce que l'on pourrait trouver dans la série dont je vous parlais plus haut, et même si je suis conscient que c'est un gag assez récurrent de nos jours, ça n'en résonne pas moins dans mon esprit comme un doux écho de lectures passées, de même que la capacité proprement incroyable du personnage principal à défoncer tous ses ennemis avec une maîtrise de soi inégalée et inégalable !


Si je devais chercher du côté des points négatifs, je ne trouverais guère que le graphisme, pour le moment un rien maladroit par endroits ou brouillon si vous préférez, mais ça ne gâche en rien les scènes d'action qui sont vraiment très bien menées et où l'on comprend tout ce qui se passe. Les personnages ont beau enchaîner les mouvements stylés, le cœur de l'action en lui-même est clair et compréhensible à chaque case, ce qui est mine de rien un sacré bon point.


L'histoire ne paie pas de mine pour l'instant à la sortie de ce premier tome, mais il y a déjà des pistes lancées pour le suivant et une belle promesse de combat épique comme cliffhanger, des personnages attachants et maladroits qui apprennent à se comporter relativement normalement en société ainsi qu'une belle petite histoire d'amour, mine de rien tous ces éléments font de Sakamoto Days une série qui a l'air de sortir de nulle part et qui pourtant déplace déjà des montagnes ! A suivre donc avec grand plaisir !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mercredi 16 août 2023

Dawn of X tome 9 (Panini Comics - Février 2021)


Dans les épisodes précédents, nous avons vu les mutants de Krakoas et leurs différentes équipes d'intervention aux prises avec de nouvelles menaces et mettant en lumière de nouveaux ennemis, à commencer par certaines nations peu enclines à laisser les mutants vivre paisiblement sur leur île en commerçant avec le reste du monde. Si Wolverine a fait un travail remarquable une fois de plus, il n'a cependant pas pu venir à bout de son adversaire du jour, toujours en fuite. Quant aux membres de XENO, ils vont peut-être aller jusqu'à déclarer ouvertement la guerre à Krakoa ne serait-ce que pour laver l'insulte de leur récente défaite...

 

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New Mutants : La Forêt Amazonienne regorge de dangers, particulièrement ces derniers temps pour les jeunes mutants qui tentent de rejoindre les portails menant à Krakoa et qui sont systématiquement interceptés et traqués dans la jungle par des créatures abominables que personne n'a jamais vu auparavant. Dépêchées sur place, Armor, Magma et Big Bang se rendent à Nova Roma où les attend un survivant d'une de ces bestioles. Après l'avoir écouté, les trois mutantes prennent le chemin menant au portail où a eu lieu l'attaque, et tombent après plusieurs heures sur les fameuses créatures qui les attaquent aussitôt à vue. Ces chasseurs de mutants d'un nouveau genre semblent dans un premier temps immunisés aux pouvoirs, mais quelques coups bien placés en viennent finalement à bout sans qu'il y ait de blessés. Les filles décident de rentrer à Krakoa et de ramener quelques échantillons pour le Fauve et ses recherches, car il sera peut-être en mesure d'en apprendre davantage sur ces féroces animaux. De son côté, Sebastian Shaw vient en personne nettoyer derrière les Nouveaux Mutants après la débâcle catastrophique au Nebraska, et d'un trait de plume suivi d'une poignée de main il parvient à détruire tout un cartel de trafiquants de médicaments mutants en concluant un deal avec leurs principaux opposants sur la scène. Comme quoi, la diplomatie est un art qui peut toujours servir !


Marauders : Pyro vient de débarquer sur Krakoa... avec un invité indésirable dans son organisme, un espion de Verendi : le Frelon. Celui-ci a immédiatement été identifié et ses pensées détournées par Emma Frost, mais la Reine Blanche est déjà bien fatiguée et ses pouvoirs ne sont pas au mieux de leur puissance. Avec les idées de Bishop et l'aide des sœurs Cuckoos, Emma monte un petit spectacle télépathique pour manipuler le Frelon et que Magneto puisse l'extraire du corps de Pyro sans qu'il ne se doute de rien, puis le renvoyer illico sur Madripoor à toute vitesse. Emma tient aussi à adresser un petit message aux dirigeants de Verendi, ces enfants qui s'amusent à rejouer les grandes années du Club des Damnés. Elle laisse ainsi Pyro leur exprimer tout son mécontentement d'avoir été utilisé comme mule, puis coupe la liaison télépathique alors qu'ils souffrent le martyr, en proie à des flammes imaginaires. La Reine Blanche espère que le message est bien passé, et que Verendi y songera à deux fois quand ils voudront s'en prendre à nouveau aux mutants de Krakoa. Reste le problème de Madripoor, toujours aux mains de l'organisation et fermement devenue terre anti-mutants.


Cable : Après avoir triomphé de Wolverine en combat singulier dans l'arène, devant toute la jeunesse de Krakoa semble-t-il, le nouveau Cable se préparait à fêter l'événement mais se retrouve plutôt obligé de crapahuter à travers la forêt pour retrouver un enfant mutant égaré et pourchassé par un monstre venu de la seconde île absorbée récemment par Krakoa. Avec l'aide d'Armor, Cable parvient à faire fuir le monstre en réalisant une petite réinterprétation d'un conte populaire bien connu, puis récupère au passage une belle épée faite d'un métal inconnu sur Terre. Cette épée appartenait apparemment à un Chevalier de l'Espace il y a bien longtemps, et c'est désormais Cable son nouveau propriétaire... ce qui n'a pas vraiment l'air de faire plaisir aux autres Chevaliers restés en stase loin dans le cosmos, se réactivant aussitôt et se mettant en route pour la Terre ! A une autre époque, passée ou à venir, un Cable plus vieux pourchasse des démons dans une version cauchemardesque de la réalité, mais on ignore encore dans quel but. Il semble qu'il soit question d'empêcher le retour d'un ancien sortilège infernal visant à détruire le monde, mais il se peut que l'affaire soit plus complexe que ça encore. Quand les voyages dans le Temps sont invoqués, on peut être sûr que tout se complique !


X-Men : L'empire Shi'ar est immense, même en comparaison d'autres empires cosmiques. Ses frontières ne sont pas toujours clairement définies, et il arrive parfois que l'on fasse encore des découvertes sur certaines zones... comme par exemple, une faille vers un autre univers, mort, d'où proviennent les Broods, ces prédateurs redoutables que rien ne semble vraiment en mesure d'arrêter. Les X-Men de Charles Xavier ont déjà eu affaire aux Broods par le passé, lors de leurs premiers voyages dans l'espace lointain, et en ont chaque fois réchappé de justesse après de véritables bains de sang. Ce coup-ci toutefois, l'échelle est autrement plus démesurée. Cette fois, tous les Broods, de toutes les ruches connues et inconnues, toutes les reines, se sont alliés en une vague incommensurable pour retrouver un seul et même objet qui les menace toutes et tous : un œuf Roi. Cette création Kree, des milliers d'années plus tôt, a pour objectif de générer un pouvoir de contrôle centralisé plus puissant encore que celui des reines chez les Broods, de façon à diriger leurs faits et gestes pour les envoyer ensuite en arme d'extinction massive sur les empires voisins. Les Kree n'ont pas eu le loisir d'utiliser cette arme, mais aujourd'hui elle serait arrivée à maturation et les Broods peuvent le sentir, le suivre à la trace pour le retrouver où qu'il soit. Un vaisseau-mort s'est déjà écrasé sur Krakoa, poussant les X-Men menés par les frères Summers à partir aussitôt dans l'espace pour remonter jusqu'à la source de l'invasion et tenter d'y mettre fin. Avec l'aide de la garde impériale Shi'ar, nos héros parviennent à résister aux assauts désespérés des Broods, mais pour combien de temps encore ? Si personne ne parvient à détruire l’œuf Roi, ce pourrait être le début d'une guerre totale dont nul ne sortira vainqueur. A moins qu'un petit malin n'ait une autre solution de dernière minute ?


X-Force : C'est jour de fête sur Krakoa, et chacun essaie d'en profiter un maximum, y compris les ennemis d'autrefois, y compris celles et ceux qui maintiennent l'île aux aguets le reste du temps. Même les plus gros cerveaux ont besoin d'une pause de temps à autre ! Mais pas le Fauve, puisqu'il surveille avec insistance le problème posé par la nation de Terra Verde. En effet, subitement et sans aucun signe précurseur, tout le pays semble s'être totalement coupé de toute forme de communication avec le reste du monde. Après les récents événements qui ont failli coûter la vie au président local sur fond de partenariat problématique avec la nation mutante, il serait bon d'y envoyer une équipe tactique pour voir ce qui cloche. Le portail étant dans un premier temps inaccessible de l'autre côté, on peut tout de suite partir du principe que quelqu'un ou quelque chose à Terra Verde ne veut pas d'incursion mutante sur son territoire. Peine perdue, puisque Wolverine, Domino et Kid Oméga parviennent sans mal à rouvrir le portail et commencent leur enquête, qui les mènera du palais présidentiel dévasté jusqu'au cœur de la jungle dans un temple apparemment abandonné. Le Fauve redoute, quelque part dans son esprit, d'être la cause d'un changement brutal en Terra Verde, mais il refuse de l'admettre ou plus simplement d'en parler à quelqu'un d'autre autour de lui. Quand le signal de son équipe cesse d'émettre, il décide d'envoyer sur place un mutant supplémentaire, Black Tom, qui sur Krakoa sert à communiquer avec l'île en permanence grâce à ses pouvoirs sur le monde végétal. Mais Black Tom est justement au bord de la rupture nerveuse, sollicité en permanence par Krakoa et son lien symbiotique avec l'île, il est au bout du rouleau et aurait bien besoin d'une pause. Est-ce que l'envoyer en Terra Verde dans ces conditions est vraiment la meilleure solution ? En tout cas, aucun mutant ne semble plus approprié que lui pour combattre des plantes malfaisantes dotées d'un esprit sanguinaire, et peut-être parvenir à sauver ce qui reste de X-Force au passage. Le Fauve aurait-il fait une bévue ?


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Voilà que ce je peux vous dire de ces lectures mutantes pour le moment, autant dire que les choses commencent à sérieusement bouger et que là où les X-Men et affiliés semblent marquer des points face à leurs nouveaux ennemis, comme Verendi, d'autres fronts en revanche nécessite une approche différente et risquent de poser de gros problèmes dans l'immédiat si rien n'est fait pour les juguler.


Doit-on en venir à se méfier du Fauve ? Il n'a pas rechigné, par le passé, à dissimuler des informations capitales au reste du groupe y compris à Xavier, et à commettre des actes répréhensibles qui lui ont même valu un procès ! Mais avec la nouvelle ère offerte par Krakoa et ses multiples possibilités, il semblait s'être assagi et avoir appris la leçon de ses erreurs. Aujourd'hui cependant on a surtout l'impression que, tout comme Black Tom qui pète les plombs à surveiller tout le système de Krakoa presque à lui seul, le Fauve semble surchargé de travail et de soucis quotidiens à gérer les uns après les autres, quand ce n'est pas carrément tous en même temps. Lui confier les rennes de X-Force dans ces circonstances n'était donc peut-être pas une si bonne idée en fin de compte, mais il fallait bien que quelqu'un s'en charge... advienne que pourra !


Sinon on notera l'arrivée au sommaire des séries mutantes de celle sur les aventures solo du jeune Cable, fils de Scott Summers et Madelyne Pryor, présenté ici dans une version revisitée et adolescente avide de baston et de faire ses preuves sur le terrain. Pour ce premier chapitre les choses sont plutôt bien ancrées, pas trop de projections futures à anticiper, mais tout de même un lien avec un Cable adulte de nouveau qui nous enverra sans doute dans l'avenir en parallèle des trouvailles du jeune ? A voir, ce n'est pas forcément un personnage qui m'a toujours attiré dans les comics et au sein des différentes équipes mutantes de Marvel, mais il n'est pas inintéressant non plus. En tout cas Jonathan Hickman, en grand architecte qu'il est, a déjà sûrement prévu de quoi occuper cette nouvelle version du personnage, à suivre dans les prochains chapitres donc !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !