mercredi 24 août 2022

Fatale - L'intégrale tome 1 (Delcourt - Août 2021)


Une femme qui traverse les époques, inchangée, toujours aussi belle qu'au premier jour. Une femme qui séduit les hommes d'un simple regard, qui les pousse à tout faire pour elle, qui les hypnotise de ses charmes et prend le contrôle de leurs actes, par amour ou peu s'en faut. Une femme fatale, comme on en voit si souvent dans les polars et les comptes-rendus d'enquêtes dans les années '50.


Sauf que cette femme-ci a quelque chose que les autres n'ont pas. Elle possède autre chose, un petit plus, une malédiction qui pèse sur elle depuis de trop nombreuses années... et elle est recherchée par tous les membres d'une sectes de l'obscur, des cultistes infâmes qui n'attendent qu'une occasion pour se saisir d'elle et l'entraîner dans leurs rites impies pour les dieux seuls savent quelle raison.


Poursuivie, la femme fatale cherche un refuge entre les bras des hommes qu'elle aborde ou qui l'abordent, et malgré toutes ses protections elle ne peut s'empêcher de les séduire, de les faire siens, car tel est son don, sa malédiction. Joséphine est cette femme, et ceci est le récit de ses conquêtes sans fin dans le seul but de se protéger du Mal, de sa quête inassouvie de paix et de tranquillité au milieu d'un monde qui refuse de la laisser seule avec ses propres démons.


---

 

Dans Fatale, Ed Brubaker et Sean Phillips explorent le thème déjà maintes fois exploité de l'archétypale femme fatale des polars d'antan. Mais cette fois, le récit nous plonge directement dans le quotidien de cette femme, Jo, et nous dévoile ses pensées, ses doutes, ses terreurs aussi. Loin d'être immuable, une statue de marbre parfaite, Jo possède des défauts, elle a peur, elle recherche une certaine sécurité tout en combattant les effets qu'elle produit chez les hommes qui sont attirés par elle comme des mouches.


La grande nouveauté de cette histoire c'est donc de nous placer nous, lecteurs, du point de vue de la femme fatale et de nous la faire comprendre jusque dans son essence, dans sa substance, si bien que les hommes qui défilent à ses côtés à chaque époque ne sont plus finalement que des visages qui se succèdent et se ressemblent, tous entraînés dans la lutte contre le Mal, tous victimes des charmes de Jo sans qu'elle ne le veuille vraiment.


Jo n'est pas victime de son don, elle est simplement faite comme ça, et elle ignore pour quelle raison au juste. Ce qui constitue sa quête sans fin, sans repos, tandis que ses partenaires apprennent à la découvrir de jour en jour et que le jeu se poursuit sans trêve également. Un mari qui trompe sa femme, un jeune homme qui tombe amoureux, un flic pourri qui cherche la rédemption... et bien d'autres encore.


Delcourt nous livre ici une très belle intégrale dans un format de prestige, où l'on tâchera de ne pas faire la fine bouche et de mettre de côté les nombreuses fautes d'accords et d'orthographe dans les traductions des introductions à la série, sans doute des erreurs de transposition d'une langue à une autre. Le reste est d'une haute qualité, avec de nombreux bonus comme les couvertures sur doubles-pages ou des crayonnés, des bandes-annonces de la série et deux essais sur Lovecraft et Edgar Allan Poe qui se révéleront bourrés d'informations intéressantes et très bien écrits eux aussi.


Bref, pratiquement que du bon, et si la série principale s'arrête un peu après la moitié de ce premier tome elle est suivie par toute une série d'interludes et de petits récits complémentaires qui apportent tous une nouvelle dimension à l'histoire, déroulant le fil rouge toujours un peu plus sous nos yeux ébahis. Le style graphique de Sean Phillips colle parfaitement avec la période des romans noirs jusqu'à une ère plus contemporaine, les clés de compréhension du scénario sont pratiquement toutes à notre portée et il ne faut pas chercher bien loin les inspirations des auteurs qui sont ici très détaillées et très bien expliquées par Megan Abbott et Jess Nevins dans l'introduction de la première et les essais du second.


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mardi 23 août 2022

Non-stop Spider-Man - La fuite des cerveaux (Panini Comics - Décembre 2021)


Le temps est compté pour le Tisseur. Certains étudiants des différents campus de New York sont victimes d'étranges overdoses, causées par des produits encore inconnus qui sont vendus sous le manteau comme stimulants intellectuels. Et quand une amie de Peter Parker en consomme à son tour dans un moment de désespoir, la course contre la montre est lancée !


Attaqué de toutes parts durant son enquête, Spider-Man affronte cette fois-ci une nouvelle sorte de vilains, plus intelligents, plus compétents et réfléchis que jamais, même au niveau des rues. Quelque chose se trame dans l'ombre et Peter comprend que cela va bien plus loin que l'empoisonnement de quelques étudiants surdoués, quelqu'un tire les ficelles et concocte un plan particulièrement retors et surtout rapide à exécuter.


Quand le Baron Zémo s'en mêle, Peter n'a plus le choix et fait de son mieux pour mettre sa collaboratrice, Nora Winters, à l'abri le plus vite possible tandis qu'il subit les assauts de deux ennemis implacables. Pendant qu'il se prend des coups non-stop, Nora de son côté assiste le Docteur Strange pour tenter de comprendre ce qui se passe réellement dans cette affaire absolument pas nette.


Mais contre toute attente, Zémo lui-même ne semble pas détenir la clé du mystère et se retrouve sur le même plan que Spider-Man, parmi les individus à éliminer pour la nouvelle élite criminelle. Infecté à son tour par la drogue de synthèse, Peter n'a que très peu de temps devant lui avant de sombrer dans l'inconscience pour ne jamais s'en relever, alors que Zémo se tient à côté de lui, prêt à l'achever à tout instant. Et c'est précisément à ce moment que les choses basculent encore...


---

 

Cette mini-série est le premier volet d'une saga signée Joe Kelly, plus à l'aise d'ordinaire avec des personnages comme Deadpool et qui met ici sa conception assez personnelle de ce que doit être une intrigue de haute volée dans un comic-book. Le découpage tant de l'action que des cases elles-mêmes, dont le dessin est signé par un Chris Bachalo que j'ai connu plus en forme je dois dire, est censé nous immerger totalement dans le rythme non-stop des événements, tout s'enchaînant à toute vitesse un peu à la manière de Speed dont l'auteur revendique clairement l'héritage.


Ce serait somme toute assez sympathique s'il n'y avait ce petit défaut de rien du tout... c'est très BAVARD !! On nous promet une série d'action ininterrompue avec des rebondissements à chaque page, et on se retrouve le plus souvent avec des personnages qui ne font que parler, parler et parler encore et encore et encore pour étoffer une intrigue qui, au fond, n'est pas si brillante que ça. Ça casse complètement le rythme des combats, ça se voudrait presque méta mais sans l'intelligence ni l'auto-analyse nécessaires pour y arriver, bref c'est un peu raté si vous voulez mon humble avis.


Ce n'est pas la présence du Baron Zémo qui changera la donne, au contraire même. Pour la première fois depuis que je connais ce personnage je me prends à penser à lui comme à une sorte de boulet, uniquement présent pour rattacher davantage cette histoire à la mythologie Marvel mais sans une once de cohérence. Lui ou un autre, ç'aurait été pareil ! Je passe sur la dimension hautement problématique de certains dialogues qui frôlent l'échange gratuit de blagues pas très inspirées avec un jargon scientifique de base pour faire comme si, ou sur le caractère éminemment inutile de Nora Winters dont je ne comprends pas trop la position au final.


Non-stop Spider-Man était une promesse faite au lectorat, celle d'une série bourrée d'adrénaline et sans temps-mort, mais le résultat est vraiment décevant au bas mot. C'est peut-être l'humour lui-même qui ne passe pas, je ne suis pas très fan de Joe Kelly si ça se trouve, et il faut bien avouer qu'il y a quelques incohérences assez gênantes par endroits, tant dans le scénario que dans le graphisme. On a voulu aller trop vite justement, là où il aurait peut-être mieux valu prendre son temps et soigner le produit pour obtenir une certaine qualité qui fait défaut ici. Tant pis, essai manqué !


Alors, on nous promet par la suite un second volet intitulé Savage Spider-Man qui semble effectivement aller de soi quand on découvre le final de celui-ci, mais est-ce que l'envie sera toujours présente au moment de sa parution ? J'en doute pour ma part. Après, avis aux amateurs, il faut de tout et il y a sûrement un public en émoi pour ce genre pas très équilibré, et j'achèterai sans doute la suite comme un bon mouton qui veut savoir comment l'histoire va se terminer, mais je pense que ce sera avec un œil assez distrait et lointain. Ah oui, et on soulignera l'idée de génie d'utiliser une police toute petite pour le texte, comme si le reste ne faisait déjà pas assez mal aux yeux ! Sans doute le meilleur moyen de caser toute cette verve dans si peu d'espace...


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

lundi 22 août 2022

The Resistance - Bienvenue dans la Résistance (Panini Comics - Mars 2021)


Une catastrophe d'ampleur planétaire, sans commune mesure, du jamais vu depuis les grandes pestes du passé. Une pandémie mondiale qui, en quelques mois de terreur absolue, fera 400 millions de morts et traumatisera toute l'espèce humaine durablement, avant de soudainement cesser sans autre explication.


Plusieurs réactions seront observées : les gouvernements, tout d'abord, tireront chacun avantage de la situation et tenteront de se maintenir coûte que coûte au pouvoir en exploitant au mieux les rares informations disponibles sur le mystérieux virus. Certains chefs d'états changeront radicalement la façon dont fonctionne leur pays, ou au contraire appelleront de leurs vœux un statu-quo presque impossible. Ce qui est sûr, en revanche, c'est que personne ne s'attendait à la suite.


Plus de 400 millions de morts de part le monde, à peine vingt millions de rescapés... et parmi eux, la moitié se met à développer d'étranges pouvoirs et capacités surhumaines. Toutes les tentatives pour expliquer et, mieux, contrôler ce phénomène ne sont pas des succès, et très vite un nouveau pouvoir émerge sur Terre, un pouvoir que rien ni personne ne semble en mesure de contrer ou de prévoir, un pouvoir fondamental qui prône la liberté et la Vie avant toutes autres considérations. Ce pouvoir, ou plutôt contre-pouvoir, c'est la Résistance !


Si vous êtes dotés d'une capacité incroyable, si vous avez survécu à la grande hécatombe, si vous cherchez un sens à votre nouvelle vie, la Résistance vous contactera. Si vous vous demandiez quelle pourrait être votre utilité dans ce nouveau monde, la Résistance vous donnera un but, un idéal à défendre. Mais si vous n'êtes pas prêt à accepter le changement, la Résistance vous écrasera. Pour le meilleur et pour le pire, un monde nouveau se relève des cendres de l'ancien, un monde au sein duquel il faudra lutter pour assurer ses droits et combattre les totalitarismes de tous horizons.


Ce monde nouveau, c'est le vôtre, c'est le nôtre. Faîtes qu'il soit beau, qu'il en vaille la peine, que toutes ces morts n'aient pas été inutiles, ne laissez pas une poignée d'individus faire oublier le sacrifice d'une multitude. Bienvenue dans la Résistance !


---

 

C'est par un tragique coup du sort que cette série du nouvel éditeur indépendant AWA est parue en pleine véritable pandémie mondiale de COVID-19, il n'y a pas si longtemps déjà. Aux commandes, un Joe Michael Straczynski que je ne pourrais que qualifier de visionnaire et de très inspiré, aidé pour la mise en images par un Mike Deodato Jr. au sommet de son art. Le tout supervisé par la nouvelle vague réunissant de nombreux artistes du monde des comics, anciens comme nouveaux, sous la bannière de l'indépendance et de la volonté commune d'un profond changement.


The Resistance est un titre assez polémique si l'on prend en compte l'époque dans laquelle il paraît, mais à mon humble avis il vaut mieux laisser les coïncidences être ce qu'elles sont et ne pas chercher plus loin ou prêter de mauvaises intentions à des personnes dont, au fond, nous ne connaissons que le travail public. Et pour parler de l’œuvre elle-même justement, basons-nous sur ce travail.


On sent très clairement une sorte d'héritage de Rising Stars, une autre œuvre majeure de Straczynski qui m'a beaucoup marqué quand j'ai eu la chance de dévorer l'édition intégrale chez Delcourt. Mais ici le concept est poussé à l'extrême : ce ne sont plus quelques dizaines, voir centaines de personnes qui développent soudain des pouvoirs extraordinaires, mais bien plusieurs millions à une échelle encore jamais vue. Toutes ces personnes ne seront pas intéressantes pour l'intrigue principale, tous les pouvoirs ne seront pas impressionnants, mais ils existent, chacun et chacune d'entre eux, et votre mission de lecteurs sera de comprendre le pourquoi et le comment, de développer vos propres théories à mesure que le récit vous en propose, et surtout de ne porter aucun jugement concernant le monde réel car ce sont bien deux choses très différentes.


La portée de ce début d'histoire, de cette naissance d'univers créatif, ne saurait pour le moment être mesurée avec précision. Tout ce que je peux dire après lecture de ce premier tome, contenant les six premiers chapitres, c'est que j'espère de tout cœur que ça ira plus loin et plus fort encore, et que le public sera au rendez-vous. Je ne peux pas vous affirmer que j'ai adoré lire The Resistance, ni que vous y trouverez nécessairement ce que vous vouliez y trouver, mais je pense sincèrement que c'est une histoire qui sera amenée à faire réfléchir et à, peut-être, changer les choses si tout va bien.


A une époque où l'industrie des comics est surchargée de titres et d'éditeurs, la naissance d'un petit nouveau est une aventure périlleuse, et sans les solides épaules d'Axel Alonso je ne sais pas si AWA aurait été viable dès les premiers jours. Le fait est que l'ancien patron de chez Marvel a su fédérer autour de lui toute une clique composée d'artistes confirmés comme novices, et qu'ils démarrent très fort avec ce titre que rien ne prédisposait à frapper si précisément les consciences.


J'espère de tout mon être que Straczynski ne s'arrêtera pas en si bon chemin et que les artistes qui suivront son élan sauront se montrer dignes d'une telle échelle et d'une telle volonté de bousculer les codes établis depuis si longtemps, en tout cas je suis sûr d'une chose c'est que je garderai un œil sur AWA et ses parutions aussi souvent que possible. Et j'espère que vous en ferez de même. L'aventure ne fait que commencer, raison pour laquelle je ne me montre pas plus précis que cela dans mon résumé ou ma présentation, mon avis est globalement positif mais il est trop tôt pour juger correctement de la portée de cette histoire et de ce nouvel univers. Croisons les doigts et souhaitons-leur bon courage !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

dimanche 21 août 2022

La Sensationnelle She-Hulk, par John Byrne omnibus (Panini Comics - Avril 2022)


Après une première série en vingt-cinq épisodes et un arrêt assez brutal, puis des aventures au sein des Avengers et des Quatre Fantastiques qui marquèrent durablement les esprits, et enfin un graphic-novel qui lui offrit une nouvelle stature, voici Miss Hulk dans ses nouvelles aventures avec enfin sa propre série attitrée, passant de sauvage à sensationnelle entre les mains expertes de John Byrne et sa clique ! Et puisque la belle menace dès la couverture du premier numéro de venir chez moi déchirer tous mes X-Men, et vue la place qu'ils ont dans ma collection, je préfère la chroniquer le plus vite possible pour ensuite me mettre à l'abri !


Tout commence par une belle journée à New York, durant laquelle Jennifer Walters, alias Miss Hulk, s'installe dans un magnifique appartement offert sur un plateau par sa bonne amie et collègue chez les Vengeurs Janet Van Dyne. La situation serait des plus idylliques si Jen avait quelqu'un pour la partager, malheureusement son cœur est aussi libre que son CV. Et tandis qu'elle se promet de chercher du travail au plus vite histoire de ne pas finir par défoncer son canapé, Miss Hulk est soudainement attaquée par rien moins que toute une armada extraterrestre ! C'est évidemment un canular orchestré de main de maître par un vieil ennemi de Spider-Man qui remplit ici un contrat juteux, apporter la Géante Verte à un groupe de scientifiques peu orthodoxes contre trois millions de dollars.


Avec l'aide inattendue mais vraiment bienvenue de l'homme-araignée préféré du voisinage, Shulkie parvient à se défaire de ces sinistres individus, mais son auteur lui réserve encore une nouvelle galère en la projetant dans une virée complètement loufoque dans l'espace intersidéral, à la recherche d'un camionneur cosmique et d'un garage un peu spécial lui aussi, attaqué par le terrible titan Xemnu toujours à la recherche de quelqu'un pour l'aider à repeupler son monde natal ! Remarquez, affronter une peluche géante change un peu Jen de ses ennemis récents, comme l'étrange Docteur Bong par exemple...


Une fois rentrée sur Terre, Miss Hulk va faire équipe avec nul autre qu'un étrange petit homme à la barbe blanche bien fournie qui semble en connaître un rayon sur les habitudes de chacun. Pourquoi, me direz-vous ? Parce que ce petit bonhomme est la seule personne qui puisse permettre à Jen de remporter sa première affaire au sein du cabinet du procureur de New York. Elle va donc devoir suivre malgré ses doutes légitimes, car quitte à ne pas comprendre ce qui lui arrive autant qu'elle en fasse partie de l'action malgré tout !


Après une pause d'une grosse vingtaine de numéros, la série revient dans le giron protecteur de John Byrne qui réserve bien d'autres surprises à notre héroïne presque malgré elle ! Pour commencer, une confrontation avec un dangereux sorcier vaudou qui tente de se constituer sa propre équipe de zombies mutants, tandis que Byrne installe deux nouvelles intrigues parallèles qui trouveront sans doute leur résolution plus tard, si tant est que le temps ne vienne à lui manquer ! La colline vivante Spragg toutefois saura occuper l'espace restant, ainsi que l'Homme-Taupe et son nouveau plan déjanté pour rompre sa solitude souterraine...


Un petit séjour dans l'Ouest Américain et un combat titanesque dans les rues de Manhattan plus tard, Jen est tour à tour envoyée dans une autre dimension puis dans un futur alternatif afin de servir, dans les deux cas, d'épouse dévouée à une ribambelle de rustres machistes plus bornés l'un que l'autre. A croire que Byrne a un petit quelque chose à régler avec la gente féminine... en tout cas, grâce à l'aide de la Chose et de Wyatt Wingfoot, rien qui ne puisse se régler en deux temps trois mouvements pour reprendre l'histoire normale, si je puis dire.


S'en suivent de nouvelles aventures dans l'espace et à travers la mythologie Marvel de l'Âge d'Or, et... je sens que je vous perds. On ne va pas se mentir plus longtemps : pourquoi le public lit-il du Miss Hulk à cette époque ? Pour l'humour, certes... mais aussi et surtout pour la bonne dose de fan-service qui aide bien l'auteur à remplir ses vingt-deux pages mensuelles dans les temps ! Oui, désolé de vous le faire descendre de son piédestal, mais John Byrne au-delà d'être un grand artiste qui se révèle à travers cette série notamment, est avant tout un grand taquin paresseux. Il ne perd pas une seule occasion de faire tourner en bourrique son personnage central, et d'amuser la galerie de ses lecteurs, que l'on espère nombreux à chaque nouveau numéro.


La vérité, c'est que la Sensationnelle Miss Hulk est un immense prétexte pour admirer Jennifer Walters sous sa forme super-héroïque et dans des poses et tenues toujours plus sensuelles et imaginatives, à tel point que la couverture qui parodie à la base un célèbre magazine de mode en deviendrait presque un portrait criant de l'ensemble des épisodes signés par Byrne. Et au fond, de quoi se plaindre ? Les lecteurs ET les lectrices de l'époque sont contents, tout le monde y trouve son compte et le scénariste/dessinateur parvient même à caser quelques commentaires assez acerbes et non moins perchés sur l'état de l'industrie Marvel en ce début des années '90.


La vérité, c'est que Miss Hulk est tout simplement un personnage bien trop parfait pour exister telle quelle dans sa propre série, du moins pas longtemps. Tôt ou tard, il faudra bien que le point final vienne clôturer une bonne grosse poilade, mais on aura eu du bon temps et vécu de sacrés moments de gloire je peux vous l'affirmer ! La lecture de cet omnibus aujourd'hui en est un parfait exemple, car elle prouve qu'au-delà des générations ce genre d'humour méta fonctionne encore et toujours, et que le public répond toujours présent même trente ans après, j'en veux pour preuve les chiffres de vente de Marvel comme de Panini pour ce seul titre.


Le nom de John Byrne s'achète presque autant que celui de son héroïne, et ce quel que soit l'éditeur. Nous parlerons d'autres runs célèbres de l'auteur dans les V.O. du vendredi sur le blog dans quelques temps, mais sachez qu'il semble avoir une nette prédilection pour les femmes fortes et athlétiques. Ça me rappelle quelqu'un...


Blague à part, je ne tiens absolument pas à vous gâcher le grand arc final et la petite conclusion qui va avec, parce que je pense que ça doit se vivre pleinement pour que la surprise fonctionne bien en accord avec l'émotion voulue. Sachez juste que nombreux seront les hommages à cette performance artistique, venant de grands noms comme de petits nouveaux qui deviendront eux-mêmes de grands noms plus tard. Ainsi va la roue de la vie éditoriale, Miss Hulk reviendra quoi qu'il advienne !


J'ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture, assez rapide en plus et ce grâce à la paresse et au don pour la facilité de l'auteur, merci pour ça d'ailleurs. Si on retire les passages de résumés des épisodes précédents et les explications narratives, on se retrouve avec une série remplie de gags méta et d'une bonne dose d'auto-critique de la part tant de l'artiste que des éditeurs, qui acceptent de jouer le jeu. Ce n'est pas la formule qui fera le succès de Deadpool un peu plus tard, mais ça fonctionne du tonnerre et on en redemande constamment, chaque fin de numéro appelant encore davantage l'envie de parcourir le prochain et ainsi de suite.


Pour vous dire la vérité, une fois de plus, je m'attendais à ce que cette série que je jugeais un rien vieillotte par avance ne me fasse passer qu'un relatif bon moment... et j'ai vraiment été ravi d'avoir tort, parce que ce moment fut excellent et m'a donné quantité de sourires malicieux. On sent que Byrne aime jouer avec son personnage emblématique mais aussi la choyer et lui offrir tout le luxe d'un espace dédié pour son expression personnelle et quelques réflexions sur le monde des comics et ce que le public veut vraiment. J'étais dubitatif quant au choix éditorial de ne centrer cet omnibus que sur les épisodes signés John Byrne, mais maintenant que je referme l'album je constate avec plaisir que je n'aurais rien voulu lire d'autre ni d'autrui !


Toute cette irrévérence, toute cette autodérision, ça m'a fait un bien fou et je suis on ne peut plus fier de posséder cet omnibus de taille raisonnable et de pouvoir l'insérer dans ma collection. Je ne regrette rien, je n'ai fait que passer du bon temps et prendre mon pied tout du long, j'espère que vous en ferez autant de votre côté. Le dessin est magnifique, les dialogues savoureux surtout entre Jen et John par petites cases interposées, et les intrigues sont assez classiques sans devenir barbantes pour autant, grâce justement à cette bonne dose d'humour acerbe et réellement bienvenu au fond. Que vous dire de plus ? Je ne regrette même plus tant que ça que le graphic-novel de 1985 ne figure pas au sommaire, je crois comprendre la logique de Panini et leur conception de ce qui aurait été une sorte de hors-sujet dans leur volonté de ne publier que l'esprit pur d'un John Byrne sans filet ni parachute. C'est vraiment très réussi !


C'est donc avec nostalgie mais aussi beaucoup de plaisir que je referme cet omnibus consacré à la si Sensationnelle Miss Hulk, qui mérite vraiment son nouvel adjectif. Avoir la chance de vivre cette expérience de nos jours et en grand format, c'est quelque chose d'exceptionnel, notre génération ne peut pas vraiment s'en rendre compte sans les souvenirs des anciens et des magazines d'époque, alors ne boudons pas notre chance ni notre plaisir et laissons les bonnes ondes nous envahir ! Même le Comic-Code-Authority, d'ordinaire si tatillon, n'a rien trouvé à redire, c'est bien la preuve que l'humour bien manié et bien dosé peut sauver n'importe quelle œuvre !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

 

vendredi 19 août 2022

La V.O. du vendredi n°213 : The Sensational She-Hulk by John Byrne omnibus (Marvel - Juin 2020)


Cet article ne traitera que du graphic novel paru en 1985 et qui préfigure la série initiée par John Byrne. Ce graphic novel n'est présent que dans la Version Originale de cet omnibus, pour la suite et l'ensemble de la série veuillez attendre la sortie prochaine de l'article dédié à la Version Française toute récente.


Désormais, tout le monde ou presque connaît l'autrefois sauvage Miss Hulk. Depuis ses débuts elle a fait du chemin, devenue membre des Avengers et des Quatre Fantastiques, elle a voyagé dans les confins de l'espace, vécu d'étranges et remarquables aventures... et pourtant, les autorités ne lui font toujours pas confiance !


Alors que Jen et son chéri Wyatt Wingfoot se préparent pour une virée à New York, histoire de se changer les idées et d'éviter de sombres ruminations, Nick Fury reçoit l'ordre express d'interpeller Miss Hulk et de la mettre aux arrêts. Refusant d'exécuter cet ordre qu'il juge stupide et infondé, Fury laisse temporairement sa place à Dugan, son homme de confiance. Malheureusement, une fois sur le terrain et revêtus de leurs armures Hulkbuster, les hommes du S.H.I.E.L.D. ont la main lourde et sèment une sacrée pagaille en voulant arrêter l'Amazone Verte, qui résiste sans forcer.


Décision est donc prise de la téléporter directement à bord de l'Héliporteur de l'agence, où elle sera coincée ainsi que quelques civils pris dans le faisceau. Ces derniers sont reconduits et débriefés, tandis que Miss Hulk et Wyatt sont emmenés dans les quartiers de détention. Séparés à ce moment, Miss Hulk se retrouve entre les sales pattes de l'agent Dooley, qui fait preuve d'un zèle totalement déplacé lors des analyses ordonnées par les directeurs de l'agence, au grand dam de son ex-patron. Violée de toutes les façons possibles durant ces monstrueux examens, Miss Hulk est ramenée pratiquement inconsciente dans sa cage, mais elle élabore déjà un plan pour se libérer et surtout se déchaîner contre ses ravisseurs, avec l'aide de son amant.


Mais dans le même temps, quelque chose d'autre a été téléporté dans le vaisseau, quelque chose qui attendait tranquillement son heure et passe maintenant à l'action en détruisant deux des quatre turbines qui maintiennent l'appareil en vol. L'Héliporteur gigantesque menace de s'écraser à tout instant malgré les manœuvres de redressement, et tout le personnel reçoit alors l'ordre d'abandonner le navire avec les nacelles de survie. Miss Hulk, Wyatt et l'agent Dooley se retrouvent presque seuls à bord, avec un compte à régler et une mort certaine dans l'horizon immédiat.


Ce n'est toutefois pas le pire. Après le crash, la nouvelle menace vient du réacteur atomique du vaisseau, qui a été gravement endommagé et s'apprête à exploser d'un moment à l'autre. D'après les analyses du seul agent scientifique sur place, seule Miss Hulk possède la résistance aux radiations nécessaire pour pénétrer dans le cœur du réacteur et couper l'alimentation avant qu'il ne soit trop tard. Cette nouvelle prouesse prouve à tous, si besoin était, que la Géante de Jade est dans le bon camp et qu'il faudrait penser à lui lâcher la grappe.


Après une batterie d'examens menés par Reed Richards en personne, Miss Hulk apprend que les radiations ont tout de même eu un effet sur son organisme... elle est désormais coincée sous cette forme et incapable de redevenir Jennifer Walters ! Une annonce qui aurait du la choquer mais qui la ravit au contraire, elle qui préférait et de loin sa vie en tant que super-héroïne à la peau verte. Mais quelles seront les conséquences directes sur le reste de sa vie ?


---

 

En premier lieu j'aimerai vous dire à quel point j'ai adoré ce graphic novel et surtout à quel point je trouve dommage qu'il ne fasse pas partie du sommaire de la Version Française de cet omnibus chez Panini ! Vous y trouverez certes une histoire bourrée d'action et de rebondissements comme souvent chez les super-héros, mais surtout un style et un talent uniques en leur genre, qui fleure bon les meilleures années de certaines de nos bandes-dessinées favorites.


Le dessin de John Byrne pour cette histoire datée de 1985, soit quatre ans avant sa première prestation sur la nouvelle série consacrée à Miss Hulk, est tout simplement incroyable. Je jurerai y retrouver du Blueberry de Jean Giraud grâce à l'encrage exceptionnel de Kim DeMulder et aux couleurs de Petra Scotese, c'est vraiment du grand art et j'ai admiré chaque planche, chaque case avec un air semi-béat je dois bien l'avouer. Les pleines pages sont absolument magnifiques, les détails incroyables également pour l'époque, bref ce graphic novel est une très belle production du milieu des années '80 qui dénote complètement par rapport au reste de ce que l'on pouvait trouver à l'époque.


Rien à redire sur l'histoire elle-même, signée aussi John Byrne du coup, si ce n'est que tout comme son personnage l'auteur fait ses preuves et obtiendra un peu plus tard les commandes de sa propre série où il aura le champ libre. Mais ça, ce sera pour un autre article ! En bonus cet omnibus vous propose une série d'interviews de John Byrne et des équipes éditoriales de chez Marvel via leur propre magazine, ainsi bien sûr que de belles couvertures et des explications sur les éventuelles ressemblances entre certaines planches de la série avec celles venant d'autres productions de l'éditeur, ressemblances absolument pas fortuites vous le constaterez.


Il faudra donc attendre quatre années de plus avant que Byrne ne puisse avoir les coudées franches et se lancer dans sa vraie version personnelle et aboutie du personnage de Miss Hulk, la faisant passer du qualificatif de sauvage qui lui collait un peu trop à la peau à celui de sensationnelle, ce qui n'est pas plus mal et ne déplaira sans doute à personne ! Rendez-vous tout prochainement pour découvrir cette série emblématique qui a su réinventer pour le mieux une licence qui perdurera malgré les nombreuses pauses jusqu'à nos jours. Et bien sûr, ne ratez pas le lancement de la série-live sur Disney+ !

jeudi 18 août 2022

& - And tome 5 (Kana - Novembre 2021)


Shiro tente tant bien que mal d'avouer ses sentiments profonds pour Kaoru, mais l'intéressée comprend la situation de travers et fond en larmes, persuadée qu'il va mettre fin à leur accord de location pour son salon de manucure... Réalisant ce qu'il vient de faire, Shiro s'enfuit en mettant fin à la conversation et en se flagellant pour son comportement égoïste. Qui est-il donc pour faire tant de remontrances à une fille dont il se dit amoureux et qui compte à un tel point pour lui ?


Kaoru de son côté jongle avec sa reprise de poste au sein du bureau des médecins, à l'hôpital. Elle devrait passer de simple secrétaire à assistante médicale, mais pour cela il lui faut encore compiler des dizaines d'ouvrages sur le métier et sur les assurances maladie, en plus de maintenir son poste à flots tout comme son salon de manucure qui lui procure malgré tout un certain réconfort, surtout depuis qu'elle commence à être vraiment reconnue pour ce qu'elle fait.


Reconnue au point où un magazine semble s'intéresser à elle et lui demande carrément une interview, à paraître plus tard. Kaoru semble vraiment ravie de cette nouvelle opportunité, qui résonne comme une récompense pour ses efforts, mais son esprit est presque entièrement tourné vers le Docteur Yagai, dont elle ne peut toujours pas soulager les souffrances psychologiques ni le poids qui pèse si lourd sur sa conscience. Leur relation vient de démarrer, il est vrai, mais pour la jeune femme c'est quelque chose de très précieux auquel elle ose croire de tout son cœur, tandis que pour l'homme mûr c'est davantage un dernier baroud avant de baisser le rideau sur sa triste vie.


Petit à petit cependant, les choses vont s'améliorer pour le couple nouvellement formé. Kaoru réussit plutôt bien dans ce qu'elle entreprend et s'y attelle avec sérieux et ambition, faisant d'énormes efforts au quotidien pour que tout se passe bien autour d'elle et pour garantir à Yagai sa présence à ses côtés. Décidé lui aussi à aller plus loin sur cette route, le docteur invite Kaoru à le rejoindre pour un week-end dans une auberge de sources chaudes. Mais en chemin le devoir se rappelle à lui quand, dans le train qu'ils empruntent, un jeune homme fait un malaise et que l'expertise d'un médecin compétent est réclamée. Kaoru saisit au vol cette occasion de prouver par les actes à son amant qu'elle saura être disponible et compétente elle aussi pour l'épauler, chose qui devrait se reproduire souvent à l'avenir si elle obtient son nouveau poste.


---

 

Enfin, nous en apprenons davantage sur le passif entre Kaoru et Shiro, qui se connaissent depuis l'université et dont les vies se sont croisées sans jamais se rejoindre tout à fait. Le jeune homme taciturne et renfermé nous révèle le secret de son attirance pour Kaoru, et pourquoi rien n'a pu se faire avec elle jusqu'au début de la série. Une histoire un rien tragique comme d'habitude, des vies parallèles et des embûches répétées qui éloignent mais savent également rapprocher dans de très rares occasions.


Le Docteur Yagai aussi s'approfondit de plus en plus à mesure que le temps passe, et s'il ne parle toujours pas clairement à son amante de ce qu'il ressent ses pensées en revanche sont bien plus accessibles au lecteur maintenant que la relation naissante bat son plein. On en découvre donc un peu plus à chaque chapitre le concernant, et l'on se prend aussi à espérer qu'il saura voir ses propres qualités grâce à la présence de Kaoru à ses côtés.


Tout n'est pas joué cependant, car la petite-amie de Shiro semble poursuivre dans son coin ses manœuvres pour isoler l'informaticien et surtout l'éloigner de Kaoru, source de tant de troubles et qu'elle a bien entendu remarqué immédiatement. Jusqu'où iront les manigances et quels seront les prochains obstacles ?


Avec un rythme qui s'accélère légèrement et un ton double dans la narration entre les paroles et les pensées plus profondes des personnages, Mari Okazaki nous entraîne dans le tourbillon d'émotions de son triangle amoureux malheureux, où chacun espère que l'autre verra ses propres qualités tout en négligeant les siennes au passage. Fatalement il faudra une issue à ce problème tenace, et pour l'heure je suis bien en peine de prévoir laquelle.


En revanche il y a tout de même une nette évolution dans le développement des personnages, ils deviennent bien plus concrets à mesure que le temps passe et surtout que l'on se fait à eux, à leurs propres fonctionnements et à leurs attitudes, leur psychologie biaisée également, résultat de nombreux traumas passés. On a évidemment envie que tout le monde soit heureux et que tout finisse bien, mais j'ai la nette impression que ce ne sera pas vraiment le cas dans le dernier tome... j'espère me tromper ! Kaoru notamment, que je me souviens avoir jugé trop rapidement insupportable par sa distance avec les autres et surtout son indécision chronique, prend une toute nouvelle dimension maintenant qu'elle vit pleinement sa relation presque officielle avec Yagai. Saura-t-elle toutefois mettre en avant ses propres qualités un jour futur et commencer à vivre pour elle avant de vivre pour les autres ?


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mercredi 17 août 2022

Immortal Hulk tome 7 - Hulk est Hulk (Panini Comics - Août 2021)


L'extraterrestre Xemnu est de nouveau libre et son accord secret passé avec Dario Agger, le PDG Minotaure de la Roxxon, lui permet de rapidement prendre les commandes des opérations sur le terrain. A Phoenix, par exemple, son pouvoir mental lui permet de retourner les esprits et de modifier les souvenirs de toutes les personnes en contact avec lui de près comme de loin, à travers les écrans et les ondes. Réécrivant les souvenirs collectifs de toute la population, Xemnu fait de sa propre personne le Hulk originel que tout le monde aime, quand Robert Banner devient l'ennemi public numéro un qu'il faut absolument arrêter.


Bien sûr, quelqu'un échappe à cette manipulation générale, quelqu'un faisant partie des différentes personnalités de Bruce : le Hulk d'origine. Mais, trop limité pour se faire clairement comprendre, il ne peut qu'exploser de rage à la pensée que Xemnu puisse avoir gagné. Toutefois, avec l'aide d'une autre personnalité de Banner restée jusque là bien enfouie dans son subconscient, Hulk va réussir là où tout le monde pensait qu'il échouerait : il va reprendre l'avantage et attaquer Roxxon directement sur leur propre terrain, en plein New York, dans le building de l'entreprise. Xemnu l'y attend avec une petite armée de créatures autrefois humaines et désormais réécrites à sa convenance et à son image, petit aperçu du sort qu'il réserve au reste de l'humanité.


L'affrontement est rapide mais pas du tout indolore, surtout pour Agger qui a vu son allié providentiel se retourner contre lui de façon brutale, le laissant amorphe et incapable de la moindre action pour se sauver. C'en est fini du terrible Minotaure, à moins qu'une bonne âme n'accepte de l'épargner ce coup-ci ? Un nouveau joueur entre dans la partie, quelqu'un qui manipule tous les autres pions depuis le début avec la maestria d'un véritable génie monomaniaque, quelqu'un qui est lui aussi connecté à la mystérieuse Porte Verte et qui n'a qu'un seul désir, découvrir les secrets de l'existence de cette chose irréelle échappant à toute logique. Quel sera le prix d'une telle quête ?


De son côté, maintenant que les choses sont rétablies, Banner tente de passer plus de temps à sympathiser avec Hulk, dans son esprit, et leurs efforts leur permettront peut-être de gagner en puissance dans un avenir pas si lointain, à condition bien sûr que le grand manipulateur ne se dévoile pas avant. Betty quant à elle décide de quitter la Base Ombre, se sentant enfermée dans ce complexe souterrain et ayant besoin de sa propre liberté, ce que Bruce ne peut lui offrir. Leur séparation prive la Base d'une alliée de poids mais peut-être pas de façon définitive. Cependant, quand Hulk se rend à une conférence de presse pour redorer son image, quelque chose se dérègle soudain et une terrible explosion se produit...


---

 

Voilà ce sur quoi nous laisse Al Ewing pour le moment, avec un chapitre double particulièrement savoureux sur la façon dont serait organisé le chaos intérieur de Bruce Banner et des différents Hulks qui gravitent autour de lui. Une plongée dans l'horreur de plus en plus intense à mesure que l'on reconnaît certains éléments du passé qui ressurgissent pour notre plus grand plaisir.


Je laisse volontairement planer le mystère sur l'identité de la personne qui orchestre toute cette histoire depuis le début, mais ce ne sera pas vraiment une surprise pour les connaisseurs des différents runs d'auteurs de renom sur les aventures du Géant de Jade. Le prochain tome risque de prendre une tournure encore plus horrible, si c'est possible, et de nous présenter une situation encore plus intenable pour Banner et ses derniers alliés fiables. Un traître se dissimule dans les rangs, et il n'a pas encore dit son dernier mot...


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mardi 16 août 2022

Batman Arkham - Poison Ivy (Urban Comics - Avril 2021)


Au sein de la grande galerie des adversaires du Batman depuis 1939, il en est certains sur lesquels il est toujours intéressant de s'attarder davantage afin de faire le point. Parmi eux, il y a quelques figures emblématiques féminines, comme Catwoman, qui dispose d'un statut très particulier grâce à sa relation souvent trouble avec la Loi et son défenseur iconique à Gotham. Mais si l'on creuse un peu plus, on en revient toujours à la même personne, la femme fatale parfaite, tour à tour cliché d'une époque ou refuge intemporel de valeurs inavouées et de rage inassouvie.


Ce second tome de la collection Batman Arkham nous entraîne donc à la poursuite d'un rêve interdit, inaccessible et pourtant si proche, une personnalité trouble et tourmentée, éternelle insatisfaite qui convoite tout ce qu'elle pourrait posséder, en oubliant tout ce qu'elle pourrait accomplir. Aujourd'hui, plongeons notre regard dans le dossier de Pamela Lillian Isley, alias Poison Ivy, l'Empoisonneuse de Gotham City.


Jeune femme fragile mais ô combien brillante dans son domaine d'expertise, la botanique, Pamela est approchée durant la fin de ses études par un chercheur renommé, le Dr. Jason Woodrue, qui se servira de sa passion pour le monde des plantes afin de la transformer en cobaye idéal pour ses propres expériences, la laissant pour morte dans son sillage. Mais Pamela va renaître en autre chose, mi-humaine mi-plante, une mutation unique qui la connecte au monde végétal et lui permet d'en comprendre les secrets, poisons et remèdes, ainsi que le potentiel de ces organismes qui occupent une grande partie de notre planète.


Planète dont la flore est sans cesse menacée par l'activité humaine, principalement représentée par des entrepreneurs masculins tirant de ces désastres écologiques une véritable fortune personnelle. De là, Pamela Isley va trouver sa grande cause à défendre, l'écologie, d'une façon toute particulière qui frôlera bien souvent le terrorisme fanatique. Poison Ivy était née.


Ça, ce sont les origines que l'on a retenu durant l'ère Classique avec laquelle beaucoup d'entre nous ont grandi, dans les années '80-'90. Avant cela, pendant l'âge de Bronze ou l'âge d'Argent de l'univers DC, Ivy était une voleuse de génie qui utilisait les plantes comme gimmick puis comme armes, faisant tout son possible pour faire tomber le redoutable Chevalier Noir entre ses épines acérées, sans jamais y parvenir vraiment.


Voleuse obsédée par la richesse et par les hommes puissants, militante extrême de l'écologie ou criminelle vengeresse, Poison Ivy a eu de nombreux visages et de nombreuses occupations depuis sa création au cœur des années 1960, en pleine folie de la série-télévisée Batman avec Adam West dans le rôle principal. Si elle n'y fait aucune apparition, son arrivée dans les comics flirte assez souvent avec le mélodrame d'une femme fatale tentant de trouver un étalon à sa juste mesure. Ce n'est que bien plus tard, quand les heures sombres reviendront frapper Gotham et sa ribambelle de personnages hauts en couleurs, que son vrai potentiel explosera et nous permettra de faire connaissance avec l'une des femmes les plus attirantes mais également les plus mortelles que l'on puisse imaginer.


Ivy n'a pourtant pas toujours été la méchante de l'histoire, loin de là. A diverses reprises elle a simplement tenté de se créer un petit paradis avec ses pouvoirs et ses connaissances sur la végétation et l'hybridation animale, sans faire de mal à personne, du moins jusqu'à ce que ses tentatives soient ruinées par l'exploitation humaine. Comme Dame Nature, sans cesse harcelée par le cycle de consommation effréné des hommes, Ivy finit toujours par en perdre la tête et par chercher quelqu'un à qui faire payer toute cette injustice. Ramenée presque malgré elle dans le giron de Batman, elle est immanquablement arrêtée et conduite à l'asile d'Arkham, après avoir semé quelques victimes derrière elle.


Avec le temps, Ivy est même devenue, à l'instar de la Créature du Marais, une sorte d'avatar de la Sève, cette force primale qui régente la végétation terrestre. Mais cette relativement nouvelle facette du personnage n'a pas encore atteint son plein potentiel, du moins jusqu'à très récemment. Impossible aujourd'hui de prévoir ce que Poison Ivy deviendra et fera, mais une chose est sûre néanmoins, c'est que ce ne sera pas sans douleur !


Pamela représente on l'a dit la femme fatale, telle qu'imaginée et idéalisée par l'homme. Incarnation des fantasmes de femme forte mais fragile tout en même temps, elle est aussi devenue un vibrant plaidoyer de la cause LGBT grâce à sa relation avec l'autre personnage ayant pris son envol dans les années '90, Harley Quinn, dans la série animée de Paul Dini et Bruce Timm. Donnant alors dans le comique sentimental, Harley et Ivy deviendront un couple culte que l'on s'arrachera pendant de longues années, avant qu'un nouveau drame ne vienne les séparer. Du reste, elles ne sont pas exclusives l'une envers l'autre, mais adorent toujours se retrouver de temps en temps. Liberté et sexualité, féminisme et écologie, amour et folie.


Si je devais ne retenir qu'une ou deux histoires dans cet album, je vous conseillerais sûrement les prestations remarquées de Stjepan Sejic dans La justicière verte et de Guillem March et J. T. Krul dans Déflorée, un court récit de la mini-série Joker's Asylum. Deux versions complémentaires d'un même personnage et d'un même idéalisme poussé jusque dans ses côtés les plus sombres ou manipulateurs pour parvenir à ses fins. Méfiez-vous toujours de l'Empoisonneuse, car vous ne saurez jamais exactement ce qu'elle prépare pour vous : sucre et miel, ou venin mortel ?


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

lundi 8 août 2022

Docteur Fatalis - Serment de loyauté (Panini Comics - Juin 2021)


Victor Von Fatalis n'est plus le souverain de Latvérie. En fait, ces derniers temps il n'est plus grand chose, à part un vagabond lancé sur les routes du Sud des États-Unis en compagnie d'un Kang le Conquérant plutôt taquin, à la recherche du moyen de regagner et son trône et son innocence. Pour ce faire, l'ancien tyran doit acquérir une arme tellement redoutable que personne n'osera le menacer par la suite, une arme cosmique pour laquelle rien n'est impossible. Une arme dont Kang lui-même aimerait bien s'emparer dès que possible dans le dos de son potentiel ancêtre...


Une fois cette étape achevée, Fatalis prend contact avec Reed Richards et lui expose sobrement un plan minutieusement pensé et calculé afin de résoudre pour de bon la crise lunaire et faire disparaître le trou noir qui menace la planète toute entière. Avant cela toutefois, le monarque déchu doit rentrer au pays et reprendre la place qui lui revient de droit, tout en se lançant dans une vaste campagne d'épuration au sein de son propre parti de fidèles et loyaux sujets. Car il en est certain à présent, la Symkarie n'a pas agit seule et quelqu'un parmi ses proches conseillers a trahi. Le coupable sera débusqué et puni à la hauteur de son crime, un châtiment exemplaire qui attend aussi les Symkariens qui subiront une guerre totale menée par Fatalis pour annexer le pays et soumettre sa population, avec la bénédiction du reste du monde.


Quand vient enfin le temps de l'apaisement et de mettre en application le plan de Victor pour résorber le trou noir lunaire, le Docteur Fatalis se lance seul en compagnie d'une cohorte de Fatalibots à l'assaut du problème, sûr de lui et de ses calculs. Cette fois, les choses ne peuvent que fonctionner à la perfection, tout a été vu et revu et rerevu des dizaines de fois si ce n'est davantage, aucun grain de sable ni aucune place au hasard même le plus ténu. Mais, sans le vouloir, Richards va instiller le doute dans l'esprit de son grand rival de toujours, qui commettra ainsi l'erreur fatidique tant redoutée et se retrouvera aspiré dans un monde alternatif où son alter-ego est devenu le garant suprême d'une paix universelle entre tous les peuples et tous les mondes.


Ayant du mal à en croire ses yeux, le Fatalis-616 est amené à visiter cette réalité parallèle, et surtout à prendre une leçon de vie et d'humilité de la part de son double local. Une leçon qui, malheureusement, ne portera pas vraiment ses fruits et causera plus de mal que de bien dans l'esprit du tyran, qui rejette finalement en bloc toutes les possibilités d'un tel avenir et le fait clairement savoir à son retour sur la Terre-616. Ainsi, Fatalis aurait pu devenir un être de bonté et un fervent défenseur de la paix, mais il a préféré sciemment se poser comme le champion du Mal et guerrier insatiable, tout cela à cause d'une trop vieille rancœur...


---

 

Je ne sais pas si je vous l'ai déjà dit, mais j'adore le personnage du Docteur Fatalis chez Marvel, c'est un méchant tellement important et surtout avec une profondeur de caractère et de psychologie que j'ai rarement vue ailleurs. Ici, sous la plume de Christopher Cantwell, on découvre tout le potentiel inexploité du tyran de Latvérie, tout ce qu'il serait capable d'accomplir s'il s'en donnait vraiment les moyens et surtout s'il se faisait davantage confiance.


Car la grande tragédie de ce personnage torturé, c'est qu'il doute en permanence, de tout, y compris de lui-même ce qui est le plus grave et inadmissible à ses yeux. Il rejette d'ailleurs très souvent la faute sur les épaules de Reed Richards, en faisant ainsi l'incarnation de toutes ses rancunes et ses erreurs, refusant jusqu'au bout de reconnaître qu'il a peut-être lui-même eu tort en certaines occasions. Chose qui arrive ici d'ailleurs, une première à mon sens et c'était un vrai plaisir de le voir enfin admettre une réalité évidente qu'il s'efforçait de nier depuis trop longtemps. Mais bon, au final il redevient bien vite ce qu'il a toujours été, un être d'une telle insécurité pour lui-même qu'il en devient dangereux pour le reste du monde. Plutôt que de faire face à ses tourments ou, pire, de demander de l'aide, Victor Von Fatalis préfère sombrer avec dignité et emporter le reste de l'humanité avec lui s'il le faut, car il est le Docteur Fatalis.


La mini-série est donc achevée en ce qui concerne l'édition française de Panini, mais il me semble qu'en V.O. il y a encore quelques suppléments, je vous invite à vous renseigner là-dessus car peut-être pourrions-nous avoir un troisième tome un beau jour si l'on fait suffisamment attention à ce genre de choses. Le dessin de Salvador Larroca est brillant et totalement à la hauteur du scénario, j'ai envie de dire que les artistes se sont bien trouvés et c'est vraiment très agréable à constater au milieu d'une surproduction qui laisse trop souvent à désirer de nos jours. Des histoires comme celle-là, j'en veux à la pelle !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

vendredi 5 août 2022

La V.O. du vendredi n°212 : Swing tome 5 (Top Cow/Image - Juin 2022)


Dernier tome de cette première histoire.


A présent que Cathy et Dan assument pleinement leur style de vie, les choses continuent d'évoluer pour le mieux. Ils font de nouvelles rencontres lors de sorties en couple, se font de nouveaux contacts et amis qui les accompagneront dans leurs différentes expériences, tout en poursuivant l'éducation de leurs enfants et leurs carrières respectives.


Quand ils pensent à ce qu'ils étaient quelques années plus tôt, lors de leurs débuts dans le monde de l'échangisme, Cathy et Dan se revoient comme anxieux, peu sûrs d'eux, en tout cas pas du tout au même niveau d'acceptation que maintenant. Aujourd'hui ils peuvent même devenir mentors d'autres couples débutants pour leur éviter les écueils qu'ils ont pu rencontrer auparavant, et cette nouvelle position leur plaît beaucoup.


Bien sûr tout n'est pas rose, il faut toujours se battre pour faire accepter les différences et comprendre ce choix de vie, surtout envers ses enfants quand Ashley, leur fille aînée, découvre le secret de ses parents et pense immédiatement au pire. Avec le temps, toutefois, et une bonne explication claire et ouverte, les choses finissent par reprendre leur cours sans problèmes majeurs.


Des années plus tard, Dan est maintenant un auteur à succès et sa femme une directrice d'agence toute aussi talentueuse. Mais lors d'une séance de dédicaces à New York, Dan est pris à parti par l'une de ses fans hardcore qui est convaincue qu'il est l'homme de sa vie depuis des décennies, au travers de ses histoires. Faisant tout son possible pour la calmer et, par la suite, la bloquer, Dan finit par être agressé lors d'un dîner au restaurant avec Cathy, qui le sauve de justesse. Mais les médias sont attirés par l'histoire saugrenue de cette agression et très vite les secrets de ce couple à qui tout réussissait sont dévoilés et exposés à la vue de tous, leur créant bien des ennuis.


Cathy est renvoyée de son entreprise à cause de son style de vie, sans pouvoir se défendre ou faire appel. Dan lui permet aussitôt d'écrire son propre livre, racontant sa version des faits et surtout son propre point de vue sur les expériences de leur passé et ô combien ce fut formateur pour eux en tant que couple épanoui. Petit à petit l'affaire se tasse, mais cette sur-exposition aura fait beaucoup de mal au moral de Cathy et à sa réputation.


Malgré tout, près de trente ans après, devenus désormais un vieux couple d'heureux grands-parents, nos échangistes réformés vivent pleinement leur retraite et profitent à fond de leur famille qui ne cesse de s'agrandir. Et au final, le vrai bonheur qu'ils ont recherché toute leur vie durant est peut-être là, enfin, à leur portée. Après tous ces efforts et après avoir traversé bien des tempêtes, les voilà enfin arrivés à bon port, savourant de douces retrouvailles en solitaires.


---

 

C'est donc la fin des aventures de Cathy et Dan, on termine sur un magnifique happy-end même si tout n'a pas été de tout repos dans ce cinquième et dernier tome les concernant. Matt Hawkins, l'auteur, nous confie quelques craintes et surtout le projet d'une suite de la série, centrée sur d'autres personnages et peut-être une nouvelle thématique à venir, dont il est rapidement question ici lors d'un dialogue savoureux entre nos deux amants transgressifs.


J'ai vraiment adoré cette histoire en cinq tomes, et même si cette fin est difficile à écrire et à bien comprendre, ça reste un bel exploit en soi. La shitstorm à travers laquelle notre couple est passée aura des conséquences mais pas forcément celles que l'on craignait, bien au contraire même. A l'heure actuelle, où la législation américaine se fait de plus en plus stricte et conservatrice, cela fait du bien de se plonger un moment dans une belle histoire, simple et sans enjeux, mais avec de vraies convictions et messages à faire passer au public curieux.


En 2023 nous nous retrouverons à nouveau, si tout va bien et que tous les artistes répondent présent, autour de ce titre pour une toute nouvelle histoire qui promet déjà beaucoup alors qu'aucune vraie preview n'a été produite pour le moment, c'est dire à quel point j'attends ça avec impatience ! J'espère que vous avez franchi le pas de votre côté également et que Swing aura su convaincre certaines et certains d'entre vous, comme le succès de Sunstone le prouve il reste encore des esprits ouverts et sains dans ce bas monde !