mardi 31 octobre 2023

Chucky, la série-télé - Saison 1 (Universal - 2021)


Cette année, pour Halloween, j'ai souhaité piocher dans les vieilles licences des films slasher, et jeter un œil curieux au passage à la nouveauté de 2021, la première saison de la série télé Chucky reprenant les aventures sanguinolentes de la plus célèbre des poupées tueuses, ne vous en déplaise.


La série est l’œuvre conjointe des auteurs d'origine des films depuis 1988, Don Mancini et David Kirschner, et nous promet d'ancrer une bonne fois pour toutes ce bon vieux Charles Lee Ray dans le XXIème siècle ! Des erreurs d'antan seront-elles corrigées à l'occasion ? L'histoire canonique sera-t-elle revue et réécrite ?


Eh bien non, détrompez-vous. Il ne s'agit pas d'un remake, mais bel et bien d'une suite aux sept films de la licence au cinéma et en vidéo. A ma grande surprise, ça comprend donc effectivement les deux films des années 2010, qui étaient assez médiocres mais qui ont apparemment rendu le goût de la poupée tueuse au public, jeunes et moins jeunes.


Que penser de la série elle-même ? Elle reprend les meilleurs éléments des films, enfin de certains films au stade de la première saison, et sachez d'ailleurs que deux autres saisons sont déjà parues après celle-ci, le succès ne semblant pas démériter. C'est assez difficile d'en parler sans spoilers, donc pardonnez-moi d'avance si jamais vous en trouvez concernant les films. C'est parti !


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Jake Wheeler est un adolescent dans la quinzaine, ayant perdu sa mère dans un accident de voiture et vivant seul avec son père alcoolique ne supportant pas l'homosexualité de son fils, qu'il refoule à grands coups et par le déni le plus violent. Jake a une passion, faire de la sculpture à partir de vieilles poupées qu'il démonte et remonte sur des mannequins, une passion plutôt perchée mais dans laquelle il trouve un certain épanouissement.


Un jour, au détour d'une brocante, Jake tombe sur un exemplaire en parfait état d'une poupée Brave Gars, et il l'achète sans réfléchir, séduit par la perspective de l'ajouter à sa collection et d'en faire une partie de son chef-d’œuvre. Mais très vite, le jeune homme va découvrir que sa poupée n'est pas vraiment comme les autres. Assez rapidement le malheur va frapper la maisonnée et le père de Jake va mourir de façon atroce, apparemment un simple accident, qui va chambouler toute la vie de l'adolescent.


Parti vivre chez son oncle et sa tante, avec un cousin qui le déteste et le méprise, Jake n'est pour autant toujours pas à l'abri car Chucky le suit partout et tente d'en faire un tueur émérite à son image, n'hésitant pas à le pousser dans ses retranchements et à faire naître en lui une colère sourde, en lui proposant un exutoire tout trouvé en la personne de la fille populaire du Lycée qui s'amuse depuis longtemps à rendre sa vie impossible. Jake est même au bord de la rupture et du point de non-retour, quand une personne de confiance dans ce qui reste de son entourage va l'empêcher d'aller trop loin et lui rendre ses esprits. Dès cet instant, Chucky change de tactique et n'est plus aussi gentil qu'il le paraissait.


A Hackensack, on connaît bien le tueur en série Charles Lee Ray, puisque c'est sa ville natale et le théâtre du double-meurtre de ses parents, bien des années plus tôt. Le garçon est passé par un foyer d'accueil pour orphelins avant de partir voler de ses propres ailes, non sans laisser derrière lui une piste sanglante. Après bien des péripéties en chemin, Chucky revient dans son patelin et entend bien débuter une nouvelle ère de sang et de violence, en commençant par pervertir les esprits des jeunes qui auront le malheur de croiser sa route. Il y en aura bien un, au minimum et au bout d'un moment, qui craquera et fera une grosse bêtise, non ?


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Je ne vais pas vous dévoiler davantage de détails de l'intrigue principale, on va passer maintenant aux impressions générales et croyez-moi il y a de quoi faire ! Tout d'abord, la série sait rassembler autant les nouveaux que les anciens fans de la saga, c'est à mon sens un mix parfait de ce qui faisait le succès des tous premiers films et de ce qui a pu plaire dans les deux derniers à un public plus jeune et moins facilement impressionnable.


Rien ou presque ne sera mis de côté ou oublié, tous les détails faisant le succès des films Chucky sont là, remis au goût du jour et toujours avec cet humour très noir et grinçant absolument odieux la plupart du temps. Relativement peu de scènes vraiment gores dans cette série et pour cause puisque les auteurs tentent de séduire un plus large public que les amateurs de slashers qui allaient au cinéma découvrir chaque nouvel épisode. Mais ce qui manque en action est compensé par le drame, le cynisme et le plaisir de retrouver des têtes connues au casting !


Bien sûr, Chucky ne serait pas Chucky sans la performance vocale de Brad Dourif, mais d'autres grands noms de la licence feront plus qu'une apparition dans cette première saison, promettant ainsi beaucoup d'autres invités spéciaux pour les suivantes ! Mais l'action reste bien centrée sur le quatuor d'adolescents tourmentés par la poupée et dont les familles vont méchamment en payer le prix, jusqu'à ce que comme je le disais plus haut l'un des jeunes fasse un pas de travers et ne grille son dernier fusible. Pourquoi ? Ça je vous laisse le découvrir, mais comme vous devez vous en douter il y a encore et toujours du vaudou dans les coulisses !


Pour ma part j'avais nettement décroché après le cinquième film, Le Fils de Chucky, qui même à l'âge que j'avais en le regardant à sa sortie en DVD ne m'avait paru au mieux que médiocre. Puis il y a eu les deux films des années 2010, qui tentaient de revenir à une sauce plus horrifique et psychologique torturée, sans que ça ne prenne vraiment chez moi. On passera sous silence la tentative pitoyable de remake, aujourd'hui largement oubliée, et on arrive donc directement à cette série. Pourquoi ça marche ? Pourquoi ça me plaît ? Parce que le meilleur de l'ancien fait la rencontre du meilleur de la nouveauté, les moyens sont vraiment mis pour que la sauce monte, sans aller jusqu'à des budgets délirants ou indécents.


C'est la parfaite formule, celle qu'il me fallait pour me réconcilier avec la saga et son univers, et je crois bien que maintenant j'ai vraiment hâte de découvrir les deux saisons suivantes ! L'intrigue est intéressante, on se prend à se passionner pour les mésaventures de ces quatre ados, et on veut absolument savoir comment Chucky va bien pouvoir mener son grand projet à bien alors que de plus en plus de personnes sont au courant de son secret dans son sillage. Je le reconnais en revanche j'ai eu un peu de mal avec le jeu de certains des jeunes acteurs mais ça s'arrange nettement passés les trois premiers épisodes !


Cette première saison en compte d'ailleurs huit en tout, et on ne les voit pas vraiment passer tellement on s'amuse. C'est l'affaire de deux après-midi tout au plus, rien de bien méchant, et le plaisir est total quand quelque chose finit par faire tilt dans le cerveau et que des détails bien précis nous reviennent en mémoire pour nous permettre de faire attention à leur prochaine utilisation dans le scénario.


Vous l'aurez compris, dans l'ensemble je suis très satisfait de cette première saison et de ce que propose cette série, et je ne vous souhaite que de la découvrir et de l'apprécier à votre tour, que vous ayez grandis avec les premiers films ou que vous ne connaissiez que les deux plus récents, il y a à boire et à manger pour tout le monde !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite un bon visionnage et surtout un Joyeux Halloween 2023, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

vendredi 27 octobre 2023

La V.O. du vendredi n°246 : Vanish tome 2 (Image - Septembre 2023)


Oliver se réveille soudain dans une cellule capitonnée, quelque part dans un asile de fous où on le soigne pour schizophrénie avancée. Il apprend coup sur coup que tout ce qu'il a toujours cru était un mensonge fabriqué par son propre esprit pour lui éviter de faire face aux actes terribles de violence gratuite qu'il perpétrait durant ses crises de folie. Que tous ses récents combats n'étaient que des inventions, que son passé est ridiculement insignifiant, qu'il a choisi sciemment de quitter un cadre de soins adaptés pour se plonger dans la drogue, l'alcool et les médicaments et se laisser dériver. Qu'il est coupable de tout depuis le début. Et ça, il ne peut le supporter.


Ce n'est pas le monde qui doit être sauvé, réparé. C'est Oliver lui-même, perdu dans les méandres de son esprit malade. C'est du moins ce que lui disent ses docteurs, ses soignants, ainsi que sa propre femme quand elle lui rend visite. Mais c'est tellement plus simple, tellement plus facile, de se laisser replonger dans le délire et de reprendre cette vie fantastique de héros traqué par les forces du Mal entre deux mondes qui ont besoin de lui pour exister.


Mais même ce délire devient des plus désagréables, quand dans son rêve éveillé Oliver est poursuivi par la police pour avoir assassiné et massacré des héros adorés par toutes et tous. D'un côté il lutte pour sa survie, de l'autre il se bat pour rester conscient et sortir la tête de l'eau. Forcément, à un moment donné, ça finit par craquer et le sortilège dont il était victime s'efface, révélant la seule et unique vérité, la seule réalité : Oliver a bien fait tout ce qu'il pense avoir fait, et il est sur le point d'être arrêté pour cela. Laissant libre cours à ses nouveaux pouvoirs, Oliver parvient à s'échapper après un énième massacre et rejoint sa maison, où l'attend sa femme avec la ferme intention de le mettre en face de ses contradictions et de le sortir de sa rêverie coûte que coûte.


Seulement, Oliver a encore le plus grand mal à distinguer la réalité de la fiction, la vérité du mensonge. Ce n'est pas tout à fait vrai, en fait il préfère le mensonge à la réalité, c'est plus facile comme ça et ça lui évite de faire face justement. Chassé de chez lui, avec l'impossibilité de revenir, Oliver se retrouve traqué à nouveau par le groupe de héros qui n'en sont pas vraiment, et il faudra la perte douloureuse de ses mains pour qu'il comprenne qu'il est grand temps de se réveiller et de laisser la place à sa plus grande crainte, ainsi que celle de tout Everkeep. Vanish, en réalité, n'est pas mort : son esprit survit dans celui d'Oliver depuis le début, et se renforce à chaque fois qu'un de ses anciens adeptes meurt des mains de son réceptacle. Très bientôt, Vanish pourra lui aussi goûter à ce monde nouveau et reprendre sa longue quête...


Mais pour cela, il faut encore passer une ultime étape : vaincre Diabolus, le dernier de ses disciples, celui qui lui a jadis causé le plus grand mal et qui était son bourreau du temps de leurs études à l'académie. Vanish se rappelle, et partage ses souvenirs avec Oliver dans leur subconscient. Diabolus l'a un jour battu presque à mort, juste par plaisir, le laissant handicapé à vie, sans possibilité de remarcher un jour, même avec toute la magie disponible dans Everkeep. Vanish est devenu un exemple pour les autres élèves, un rappel constant qu'il faut toujours se montrer le plus fort possible pour éviter un tel sort. De son côté, Diabolus est devenu bien malgré lui la main exécutante du directeur, effectuant pour lui des missions dont on se refusera à parler à voix haute, et payant très cher le prix de ses échecs.


Devenu par la suite l'incarnation du Mal et entré en guerre contre Everkeep, Diabolus fut confronté par un Vanish miraculeusement revenu au top de sa forme... et fut défait aisément, acceptant le pacte qu'on lui proposait pour survivre, même misérablement. Mais il n'a jamais oublié, loin s'en faut, et aujourd'hui il peut se venger à loisir sur son ancien maître, ou plutôt sur le réceptacle de celui-lui étant donné que c'est Oliver qui encaisse tous les coups. Au bord du trépas, sans la moindre chance de l'emporter même par ruse, Oliver s'apprête à mourir... quand Elyn, sa femme, surgit armée d'une hache destructrice et abat froidement Diabolus, s'assurant qu'il ne nuira plus jamais à qui que ce soit.


Les retrouvailles sont chaleureuses, mais ce n'est que de courte durée : Diabolus mort, Vanish a récupéré l'ensemble de ses pouvoirs et peut maintenant renaître, enfin complet ! Mais pour cela, il faut qu'Oliver accepte de lui céder le pas, de s'effacer devant lui et de lui livrer le contrôle absolu. Elyn en est douloureusement consciente et s'efforce de maintenir son mari conscient, lui offrant même une porte de sortie en lui confiant un anneau magique capable de réaliser un dernier vœu qui pourrait tous les sauver... Que choisira Oliver : devenir l'égal d'un dieu à travers le retour de Vanish, ou bien accepter ses erreurs et faire face à leurs conséquences ?


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C'est le second tome de cette série brillante, géniale, incroyable, bref tous les meilleurs qualificatifs que vous pouvez imaginer, signée Donny Cates et Ryan Stegman avec toute une cohorte d'invités spéciaux pour l'occasion, comme V Ken Marion dont j'apprécie énormément le style, et bien d'autres encore !


Un second tome qui sonne plutôt comme un glas, une fin, du moins à ce qu'il semble. L'épilogue, je ne vous le dévoilerai pas car il contient un spoil majeur que je ne souhaite pas divulgâcher, mais sachez qu'à partir de là il y a selon moi deux possibilités : soit Donny Cates a terminé ce qu'il voulait raconter et ça s'arrête là... soit ce n'était encore qu'un prélude à quelque chose de beaucoup plus grand qui devrait arriver dans les mois à venir si tout se passe bien, du moins je l'espère de tout cœur !


Les plus érudits d'entre vous auront très certainement noté la forte ressemblance entre la saga Harry Potter et Vanish, ne serait-ce que dans l'utilisation des mêmes ressorts scénaristiques pour l'intrigue principale. Les Horcruxes de Lord Voldemort sont ici remplacés par les disciples malheureux de Baron Vanish, détenant chacun une part de leur maître en eux, de son pouvoir, et ne devant surtout pas être détruits sous peine de le voir revenir. Bon ça c'est le contraire de la magie employée par Voldemort, mais il faut bien qu'il y ait quelques différences subtiles n'est-ce pas ? Autrement on pourrait crier au plagiat !


En fait, la vraie grande différence entre les deux œuvres c'est que dans Vanish le héros est vraiment mis face aux terribles conséquences de ses actes passés et présents, et qu'il le vit très mal. Que se serait-il passé si Harry, après avoir vaincu Voldemort devant tout le monde dans son jeune temps, avait pu vivre une vie normale et bien rangée mais en étant tiraillé en permanence par la violence sourde tapie en lui, n'attendant que de pouvoir s'exprimer en grandissant ?


C'est un peu ça je pense qui a poussé Donny Cates à écrire cette série et à explorer ces chemins de traverse, l'envie de mettre Harry/Oliver en difficulté et face à ses propres erreurs et contradictions, faisant de son héros un lâche qui préfère s'enfuir tout au fond de son propre esprit plutôt que d'affronter la réalité telle qu'elle est. C'est pour ça que le titre de la série est le nom de son grand méchant, et pas celui du héros. Et c'est pour ça, bien sûr, que ce n'est qu'un début... il y a encore tellement à souffrir !

vendredi 20 octobre 2023

La V.O. du vendredi n°245 : Satan's Hollow (Zenescope - Janvier 2017)


Une petite ville perdue dans les bois de l'Ohio. Au tournant du millénaire, dans de sombres tunnels, un rituel profane a été perpétré par une secte de fanatiques, désirant ouvrir en grand les portes de l'Enfer et permettre l'accès à notre réalité à la Cour de Satan dans sa totalité. Fort heureusement, la secte échoua et les médias locaux n'eurent d'autre choix que de couvrir l'affaire avec un mensonge dicté par les autorités. Mais le Mal ne disparaît jamais vraiment, et ce qui a été commencé dans les profondeurs ténébreuses de ces tunnels doit encore être mené à terme.


Vingt ans plus tard, Sandra revient sur les terres de sa famille avec son mari, John, juste au moment où deux garçons disparaissent dans les tunnels abandonnés. Des recherches sont entamées et l'on retrouve rapidement l'un des deux disparus, dans un état catatonique. Peu à peu, Sandra commence à avoir des visions, de sombres pensées et souvenirs qui tentent de ressurgir dans son esprit depuis un lointain passé dont elle ignore tout. La méfiance s'installe entre elle et son mari, à mesure que ce-dernier se met à avoir un comportement suspect, surtout quand il est question des tunnels.


Même la police locale en vient à soupçonner le couple d'y être pour quelque chose dans les disparitions qui s'enchaînent. Une jeune femme est justement portée disparue à son tour, et tout porte à croire que John serait la dernière personne à l'avoir vu vivante. Et alors que Sandra tente tout son possible pour recoller les morceaux du puzzle, en dénichant notamment un vieil article de presse racontant les événements tragiques d'il y a vingt ans, c'est au tour du garçon survivant de disparaître lui aussi, probablement enlevé par John en personne d'après la mère du petit !


Le temps presse, et l'officier de police chargé de surveiller Sandra n'a d'autre choix que de la laisser l'accompagner dans les tunnels afin de tenter de raisonner John avant qu'il ne soit trop tard. Mais sur place, la vérité sera enfin révélée et le rôle de Sandra sera dévoilé au grand jour. Un mystérieux gardien veille sur ces vieux tunnels, un homme d'ombres, relié à l'Enfer et attendant depuis vingt ans déjà sa précieuse récompense. Mais pour l'obtenir, il lui faut encore ouvrir les portes infernales, avec un ultime sacrifice qui ne saurait être retardé davantage...


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Comme beaucoup d'histoires de chez Zenescope, celle-ci nous entraîne dans un récit d'horreur finalement assez commun dont on a déjà vu les ficelles de trop nombreuses fois pour qu'elles soient encore surprenantes et efficaces. Le dessin est le vrai point fort de cet album, grâce au travail d'Allan Otero tout en nuances, mais en revanche le scénario signé Joe Brusha va de cliché en cliché avec une facilité déconcertante qui frisera plus l'ennui dans les moments cruciaux que l'effroi véritable, et c'est bien dommage.


En plus, l'album est vendu sur la violence qu'il est censé contenir, ''pour un public mature'' peut-on lire sur la couverture. Ni violence à outrance, ni sexe même d'ailleurs, rien qui ne puisse justifier à mon sens cette mise en garde qui normalement est déjà une sorte de gage de qualité pour ce genre d'histoires. Le scénario est cousu de fils blancs comme on dit, tout est évident et la fin peut se deviner à des kilomètres dès les deux premiers chapitres. Il y en a six, au total. Gênant donc.


Moi qui pensait vous offrir un bon petit spectacle à vous mettre sous la dent avant Halloween à la fin de ce mois, je suis assez déçu du coup et j'ai plutôt envie de ranger ce comic-book dans la catégorie des déceptions légères, parce que le récit tient debout malgré ses défauts plus qu'évidents, c'est déjà ça. Je l'avais vraiment surestimé lorsque je me le suis procuré, j'aurais pourtant du être prudent connaissant depuis longtemps la réputation des titres Zenescope, mais que voulez-vous je suis curieux de nature, on ne se refait pas !


Si jamais ce titre vous tente, je ne vous spoilerais pas la fin ni la résolution de l'intrigue, de toute façon ça ne vaudrait pas plus de quelques lignes dans cet article. Zenescope m'a habitué à mieux parfois, mais souvent à pire aussi donc je laisse le bénéfice du doute à un prochain titre à venir qui je l'espère se montrera plus digne de figurer au tableau de cet Halloween que celui-ci. Satan's Hollow est une bonne idée de départ, qui aurait largement mérité d'être creusée davantage et un poil mieux agencée entre ses différents personnages, mais alors il aurait sans doute fallu plus de chapitres également que ce qui était possible pour les auteurs et l'éditeur. Dommage pour le potentiel pas assouvi et les dessins qui sans ça prenaient la bonne direction.

lundi 16 octobre 2023

La Prime Protectrice - La chute de la fortification magique tome 1 : Le Commencement (Éditions du Panthéon - Septembre 2023)


Il y a une vingtaine d'années environ, un terrible conflit magique menaça de ravager l'ensemble du monde connu. Pour contenir les mages noirs et leurs adeptes, une incroyable fortification fut établie, divisant le continent en deux parties. A l'Ouest, la magie noire prospère toujours mais ne peut franchir la double protection qui la sépare des innocents et des justes. Ainsi, Centre Vie perdure ainsi que la paix dont jouissent les habitants de ses nombreux royaumes. Mais cela va bientôt changer...


June Ahra est la nouvelle Prime Protectrice, détentrice d'un immense pouvoir et de la fonction de dirigeante suprême de Centre Vie depuis la mort de son père quelques mois plus tôt. Âgée de seulement vingt ans, June se retrouve face à une situation intenable : le mur de magie pure commence peu à peu à céder, la magie noire semble en train de renverser l'équilibre délicat dont il est conçu, et il n'y a apparemment aucune solution pour enrayer le processus. A moins que la Prime Protectrice ne parte elle-même en quête d'un artefact redoutable tout autant que légendaire, la Fiole Blanche, qui aurait croit-on le pouvoir suffisant pour maintenir la paix et repousser les mages noirs et leur folie vengeresse.


C'est donc décidé, à peine informée de cette catastrophe à venir June se lance dans la quête de la Fiole Blanche, située dans une Grotte Sacrée loin à l'Est de Centre Vie, dans le pays reculé de Rochana où ont élu refuge celles et ceux qui désirent vivre loin de toute civilisation. Accompagnée par son Général des Armée, Darel, et par une solide escorte, June commence le voyage qui doit la mener jusqu'à l'artefact, voyage qu'elle doit impérativement boucler avant la fin de l'Été puisque c'est le temps qu'il reste, selon les estimations les plus sérieuses, à la fortification magique avant de disparaître.


Mais en chemin, le groupe sera attaqué par une petite armée de brigands qui le décimera avant de prendre la fuite face aux deux seuls survivants, June et Darel eux-mêmes. Ce-dernier est cependant gravement blessé et nécessite des soins magiques de toute urgence, sa plaie ayant été infectée par de la magie noire. Grâce à la présence et à l'aide providentielle fournies par un certain John, rencontré dans la forêt où s'est tenue l'attaque, June parvient à retrouver la trace d'une vieille femme vivant en ermite dans les bois et qui connaîtrait un moyen de soigner Darel.


Cependant il faut faire vite car la quête doit se poursuivre et il n'y a plus le temps d'attendre que Darel se remette totalement du mal qui le ronge. Décidant de partir avec John pour seule escorte désormais, June reprend son voyage et sa mission, déterminée à sauver son peuple quoi qu'il puisse lui en coûter. Car l'utilisation de la Fiole Blanche, si elle s'avère un jour prochain nécessaire, aura peut-être de très lourdes répercussions sur la jeune Prime Protectrice.


Rapidement, un lien fort se créé entre June et John, qui en viennent finalement à partager certains de leurs secrets. Le jeune homme semble lié au destin de June d'une façon ou d'une autre, et l'adversité qu'ils rencontreront sur leur chemin ne parviendra jamais à les séparer, au contraire. Pourtant cette quête risque d'être mouvementée et ils ne sont que deux face à des ennemis invisibles et terrifiants pour certains, même si les deux jeunes gens possèdent leurs propres défenses. Et tout ceci ne fait encore que commencer...


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J'ai eu le grand plaisir de rencontrer en personne Coralie Laurent, l'autrice de ce premier tome d'une saga de light-fantasy conçue en pas mal de tomes assez courts à lire, à peine trois heures pour celui-ci par exemple me concernant. Nous avons eu une conversation passionnante et intéressante sur sa conception de la fantasy et de son monde, ainsi que sur ses influences littéraires dans ce domaine particulier. J'ai ainsi appris avec grand plaisir que Coralie Laurent est une fervente lectrice des œuvres de feu Terry Goodkind, tout comme moi, et à vrai dire la seule présentation qu'elle m'a faite de son histoire tirait complètement dans cette direction, on sent très clairement d'où viennent les détails généraux.


Toutefois l'histoire de La Prime Protectrice ne se résume pas qu'à l'influence d'un auteur aujourd'hui décédé, même s'il a durablement marqué les mondes fantastiques. Vous y trouverez surtout des personnalités assez fortes, qui s'assument clairement telles qu'elles sont, et un but très clair et précis à suivre, avec dans ce premier tome assez peu d'intrigues secondaires à vrai dire pour nous détourner de la ligne principale. J'ai apprécié ce que j'ai lu, c'est un bon début et c'est encourageant je pense, du moins à mon maigre niveau.


Cependant, ce n'est pas parfait, loin s'en faut. La construction et la disposition du récit, la part entre la narration et les dialogues par exemple, est assez inégale et même franchement difficile à suivre par moments, la faute sans doute à une mise en page calculée à la ligne près pour des raisons qui regardent l'autrice et sa maison d'édition. Ensuite, l'histoire a beau être attirante, elle est encore bien trop brute et simple d'apparence, comme une pierre qui n'aurait pas encore été complètement taillée pour en faire ressortir toute la préciosité. Un travail de relecture solide et sérieux aurait été nécessaire à mon humble avis pour éviter les nombreuses coquilles et fautes de langage, ou alors c'est que je ne parle clairement pas le même français que l'écrivaine.


Plus gênant encore, le récit se contredit lui-même à plusieurs reprises, d'un chapitre à un autre voir même encore plus dérangeant dans le cœur de sa propre philosophie, qui l'anime pourtant d'un bout à l'autre et semble primordiale pour ses personnages. Enfin, attention au vocabulaire employé, beaucoup de répétitions lourdes et inutiles auraient ainsi pu être évitées.


Ça ne me fait pas plaisir de souligner les défauts d'un premier récit, surtout en connaissant l'autrice et toute sa bonne volonté, mais j'ai l'impression qu'elle n'a pas eu beaucoup de retours sincères ou entiers sur son œuvre avant de la faire publier, et je me dis que si La chute de la fortification magique doit devenir une saga au long cours, autant que Coralie Laurent dispose d'un maximum d'informations et d'indications sur comment éviter les écueils propres à tout jeune écrivain en devenir. Comme je le mentionnais plus haut ce premier tome est encourageant, on sent qu'il y a de la matière et que ce monde est vivant, qu'il fourmille de trouvailles et de bonnes idées... ne reste qu'à le travailler un peu plus encore pour lui donner une apparence à la hauteur des attentes.


Merci en tout cas à l'autrice pour la dédicace et surtout pour le bel échange que nous avons eu lors de celle-ci, ça reste une bonne découverte pour moi et j'espère vraiment que les défauts relevés ici, qui sont loin d'être insurmontables, n'arrêteront pas la course folle vers la Fiole Blanche et l'empêchement d'une nouvelle Guerre Noire à Centre Vie, et aussi que mes conseils ne seront pas mal pris ou mal interprétés car ils sont le seul retour que je puisse faire, en plus de lui souhaiter bon courage pour la suite bien entendu !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

samedi 14 octobre 2023

E-Ratic tome 1 (Black River - Juillet 2023)


Soyez les bienvenues à Maple, une petite ville fort sympathique où il ne se passe jamais rien d'intéressant ou d'impressionnant. Oliver Leif vient d'arriver en ville, et sa première journée au Lycée se déroule exactement comme votre pire cauchemar d'adolescent timide et réservé : il se fait remarquer de la plus mauvaise des façons par les ados populaires, se prend la tête avec les professeurs, et pour couronner le tout se retrouve dans des plans foireux dont il n'a pas la moindre idée de comment ils se sont formés autour de lui.


Le Lycée, cette période magique où tout semble possible, où les horizons s'ouvrent en grand pour accueillir les jeunes espoirs de la nation... sauf à Maple, où le mot d'ordre est le bien commun avant tout et au-dessus de tout. Rien ne doit sortir du cadre, aucun clou ne doit dépasser de la planche, tout doit être parfait et rigoureusement égal, sans aucune excellence, sans aucune perspective d'avenir, juste la satisfaction de servir un idéal plus grand incarné par le charismatique nouveau proviseur de l'établissement. La masse prime sur l'individu... sauf quand l'individu est à la tête de la masse, évidemment.


Oliver a un petit secret : depuis une mystérieuse épidémie qui semble avoir frappé le monde entier, il détient des super-pouvoirs. Pour de vrai ! Il peut déployer une énergie considérable tapie au fond de son organisme et qui permet de pratiquement tout faire : vitesse, force, vol, endurance... ah, non, sur ce dernier point en revanche il y a un petit problème : les pouvoirs et leur énergie disparaissent au bout de dix minutes à peine d'utilisation, et il faut une journée complète pour les recharger. Pas cool, quand on se retrouve confronté à des menaces d'ampleur inédite et que l'on doit sauver les innocents alors même que tout ce dont on rêve c'est une journée tranquille à passer inaperçu.


Comble de malchance, Oliver a grillé dès le départ son identité secrète auprès de la seule fille du bahut qui l'intéresse depuis le premier jour... mais qui semble déterminée à le démasquer en direct-live sur sa chaîne de réseau social préféré, juste pour l'amour des like et de la popularité. Quand je vous disais que c'était pas la joie.


Si l'on ajoute à tout ça un père disparu, une mère au bord de la dépression et totalement dépassée par la situation, un grand frère hyper populaire qui n'aime pas trop le voir traîner à ses côtés devant tout le monde, et une joyeuse bande d'amis un peu loufoques, on comprend vite que la vie d'Oliver Leif est loin d'être un long fleuve tranquille. Si en plus de ça viennent se rajouter à l'équation des super-vilains et des créatures étranges qui en veulent clairement à sa peau et à celle de ses proches, là ça devient vraiment infernal.


Mais qu'il le veuille ou non, Oliver est désormais le héros de Maple et se doit de faire front pour protéger la population abrutie par une doctrine impersonnelle et des enseignants insignifiants qui ne font leur quota de boulot que pour toucher le chèque de la fin du mois. Désormais et pour longtemps, du moins tant qu'il y survivra, Oliver est E-Ratic !


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Alors là c'est vraiment la grosse surprise ! Cette série signée Kaare Andrews, j'en avais déjà vu des extraits par-ci par-là sans vraiment m'y intéresser, jusqu'à sa parution en album en V.O. que j'ai failli prendre sans toutefois aller jusqu'au bout de la démarche. Il aura fallu la V.F. pour que je m'y mette un peu par hasard, et cherchant dans ma pile de lectures une œuvre à chroniquer pour ce week-end j'ai remis la main dessus et j'ai décidé de m'installer confortablement, n'attendant pas grand chose du titre en question à part un bon divertissement.


Et j'ai été servi côté divertissement ! En fait, pour tout vous avouer, j'ai positivement adoré cette lecture, ce premier tome qui en appelle forcément au moins un second prochainement, du moins je l'espère. Le style est des plus percutants, c'est simple à suivre et vous n'avez pratiquement aucun effort à fournir pour entrer de pleine tête dans la narration et le déroulé de l'histoire, le dessin est énergique, bourré d'un mélange de photo-réalisme pour les décors et de codes que l'on retrouve plutôt dans le manga d'habitude pour ce qui est des personnages et de leurs expressions corporelles. Ça m'a fait immédiatement penser à un genre de nouveau Spider-Man en plus cool que jamais et en même temps en plus désespérant par moments.


L'ambiance complètement survoltée tranche complètement avec ce côté ville toute propre où il ne se passe jamais rien, les situations et péripéties s'enchaînent page après page et le scénario a même le mérite de nous faire réfléchir sur les notions d'individualité et de sincérité dans une société où le maître-mot semble bien être de se conformer le plus possible à la masse anonyme qui ploie sous le joug de son cher leader vénéré. Le côté totalement désabusé des enseignants de ce Lycée sent plutôt le vécu à mon avis, et les élèves sont donc amenés à penser par eux-mêmes, du moins quand c'est faisable. Oliver sera l'exception qui ne fera pas exception !


Je ne devrais peut-être pas vous le dire comme ça, mais... en fait, dans mon fort intérieur, j'ai rapproché cette lecture de E-Ratic avec les souvenirs de mon visionnage compulsif du dessin-animé Danny Fantôme de Butch Hartman durant mon adolescence. Il y a cette même vibe très orientée jeunesse mais en même temps avec une réflexion assez adulte et un regard en arrière parfois assez cynique, le tout enrobé dans de l'action et des rebondissements incessants et des personnages attachants ou au contraire fortement déplaisants à l'envie.


Hasard total ou recherche personnelle de votre part, je ne peux en tout cas que vous conseiller vivement cette lecture, donnez sa chance à E-Ratic et aux éditions Black River qui soutiennent ce titre de chez AWA, les éditeurs indépendants se bougent pour nous dégotter de petites pépites dans tous les genres imaginables et ce serait vraiment dommage de passer à côté, surtout que ça ne coûte pas très cher par rapport aux grosses sorties des éditeurs majeurs du marché ! Qui sait, peut-être que cet anti-héros qui ne paie pas de mine sera le futur grand de demain ?


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

 

vendredi 13 octobre 2023

La V.O. du vendredi n°244 : Eight Limbs (Humanoids - Juillet 2023)


Joanna Carr est une ancienne championne de Muay Thai, un sport de combat très dangereux mais également valorisant où le combattant peut utiliser l'ensemble de son corps pour porter des coups à l'adversaire et lui causer de sérieux dommages. Mais après une carrière brillante, Joanna a été forcée de rendre son titre de championne face à une adversaire qu'elle ne pouvait battre. Depuis, elle a fondé sa propre école de Muay Thai à New York, ainsi que sa propre famille et vit heureuse, même si le ressentiment de cette défaite injuste persiste parfois.


Mari est ce que l'on peut qualifier sans trop s'égarer d'adolescente à problèmes. Elle enchaîne les établissements scolaires, elle déclenche des bagarres sanglantes et elle refuse toute aide en bloc, n'ayant confiance qu'en elle-même pour se défendre et mener sa vie. Mari a bien des rêves, des aspirations, mais elle croit à juste titre que la vie est dure et qu'elle devra se battre continuellement pour avoir le droit d'exister, dans un monde qui ne fait que la placer d'une famille d'accueil à une autre au rythme de l'administration.


Mais la conseillère de Mari a une idée : pourquoi ne pas confier l'adolescente turbulente et désorientée à sa grande amie Joanna ? Cela ne durerait que quelques jours, le temps de finaliser la procédure pour la faire entrer dans une nouvelle famille d'accueil, et lui permettrait au moins d'avoir quelqu'un avec qui exprimer cette rage en elle sans risquer de faire du mal à autrui. Joanna accepte de relever le défi, et elle offre d'emblée à Mari d'assister à ses cours de Muay Thai pour se faire sa propre idée.


Ce que découvre alors Mari, c'est un sport certes très violent mais également très exigeant, où les coups sont mesurés et calculés, où l'on doit respecter son adversaire et surtout où l'on doit apprendre à se respecter soi-même avant de pouvoir progresser. D'abord réticente, Mari finit vite par adopter cette philosophie, et les choses se passent plutôt bien durant le temps de son séjour chez Joanna. Mais quand sa conseillère revient pour annoncer que la nouvelle famille d'accueil avait triché sur son dossier et que la procédure est annulée, c'en est trop pour l'adolescente rebelle qui entame alors une fugue nocturne dans les rues de New York.


C'est dans le métro, après un vol à l'arraché, qu'elle attire l'attention d'un vieux combattant qui souhaite l'intégrer dans son propre cercle, un milieu underground où ce qui compte le plus c'est de gagner en déchaînant toute sa fureur sur l'autre sans aucune pitié. Mari, sans toit ni ressources, accepte et commence ainsi une prodigieuse mais douloureuse ascension dans cette écurie très particulière. Lorsque Joanna parvient enfin à remettre la main sur elle, l'adolescente a changé, elle n'a que haine et mépris dans le regard, et son visage reflète toute la souffrance qu'elle contient à grand peine.


Pour son ultime match, Mari doit être opposée à une véritable machine de guerre, nulle autre que la combattante qui a jadis ravi le titre de championne à Joanna après un affrontement serré, et qui joue désormais hors des cercles légaux pour le seul plaisir de pratiquer la violence aveugle. Aucune chance que Mari ne remporte ce match, d'autant plus que tout est truqué en sa défaveur pour faire monter les paris et empocher ensuite une véritable petite fortune en retournant la cote contre elle ! Utilisée jusqu'au bout puis jetée dès qu'elle n'a plus aucun intérêt, Mari semble résignée à perdre malgré toute la fureur qui est la sienne et qui ne demande qu'à s'exprimer, ainsi qu'un talent certain dont elle fait preuve même au bord du gouffre. C'est plus que suffisant aux yeux de Joanna, qui décide de racheter l'honneur de sa jeune disciple ainsi que le sien en affrontant à nouveau la terreur de ses anciennes années de pratique, dans les règles cette fois !


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Au final, peu importe le résultat de ce dernier combat, tout ce qui compte c'est que Mari est désormais tirée d'affaire et en sécurité avec des gens qui l'aiment et acceptent de veiller sur elle le temps que les démarches administratives la concernant aboutissent enfin. Je vous conseille VIVEMENT de ne surtout pas faire comme moi et de ne pas ouvrir l'album par sa dernière page, le spoil est alors total et gâche vraiment tout le plaisir !


Cette histoire signée Stephanie Phillips et dessinée par Giulia Lalli vient de la scène indépendante, chez un éditeur dont je ne m'étais encore jamais soucié et qui pourtant semble bien offrir des récits d'envergure et des graphic novels d'exception qui marquent à plus d'un titre, comme ce fut le cas pour moi avec Eight Limbs.


Sous ses airs de récit de sport de combat et d'apprentissage de la vie via la pratique d'un art martial rigoureux mais juste, formule éculée au cinéma depuis des décennies déjà, cette histoire ne peut que vous prendre aux tripes parce qu'il n'est pas simplement question de gagner ou de remporter une victoire éclatante sur le ring, dans l'octogone ou même dans la rue, mais bel et bien dans la vie elle-même. Tout ce qui importe vraiment, c'est ce que l'on choisit de faire, et comment on le fait.


Tout cela mènera la jeune Mari dans une quête identitaire qui lui fera, malgré les épreuves traversées, le plus grand bien et lui offrira enfin une véritable opportunité de réaliser ses rêves, tandis que Joanna gagnera bien plus qu'une simple revanche sur celle qui fut son cauchemar durant tant d'années. Cette histoire, ce récit qui sent presque autant le vécu que la salle d'entraînement, est vibrant de réalisme et de bons sentiments, qui n'éclipsent toutefois en rien la cruauté de certains milieux et de certaines personnes prêtes à tout pour asseoir leur domination par pur plaisir sadique, dans un monde où ne rien posséder est une tare et où ne pas avoir d'avenir est souvent la seule voie qui s'offre à une jeunesse désœuvrée.


Il sera question d'acceptation de soi, d'apprentissage je le répète encore, de Muay Thai et de philosophie de vie, dans un album de 128 pages qui n'a absolument rien à envier à nos bandes-dessinées traditionnelles si souvent mises sur un piédestal dans la profession. Eight Limbs ferait un excellent film d'initiation et de revanche sur la vie par le sport, comme on en voit des dizaines d'autres du même genre, mais c'est avant tout et surtout un excellent comic-book qui se contient tout seul, un one-shot absolument parfait pour s'immerger et qui se laissera parcourir et lire sans la moindre difficulté, pour peu que l'on en accepte l'enseignement à la fin.


Certains pourront trouver cela mièvre, convenu, attendu voir cliché... moi j'aime, c'est tout ce qui compte. Et j'espère que vous aussi vous aimerez, car même si effectivement il y a de nombreux clichés indéboulonnables du genre sportif, il y a surtout une belle leçon de vie et d'humanité. La victoire n'est parfois pas là où l'on regarde ni où on l'attend, et bien souvent elle n'est pas récompensée, mais qu'est-ce que c'est bon malgré tout de savoir que l'on a gagné bien plus que ce que l'on pensait !


P. S. : Par pure curiosité je suis allé regarder la traduction exacte du titre, et ça veut tout simplement dire ''Huit membres''... je ne vois pas trop en quoi c'est représentatif de l'histoire, donc il doit plutôt s'agir d'un terme ou d'une expression propre à ce milieu des sports de combats extrêmes, je vous invite à faire vos propres recherches également pour en savoir plus.

jeudi 12 octobre 2023

Trap Hole tome 2 (Kana - Septembre 2023)


Chassée de chez son amant par la femme de celui-ci, Haruko a fini à la rue, totalement nue et protégée uniquement par une ridicule serviette de bain. Heureusement, dans son malheur elle croise la route de Ayumu, une jeune femme aussi guillerette que spontanée qui accepte sans l'ombre d'une hésitation de lui prêter main forte. Quelques vêtements et un peu d'argent plus tard, Haruko est maintenant capable de tenter sa chance le lendemain pour au moins récupérer ses affaires... du moins le croit-elle.


En réalité, Haruko va repousser encore et encore le moment fatidique d'aller affronter le courroux de la femme spoliée, car elle a tout simplement peur d'elle et surtout peur davantage encore de ce que cela pourrait signifier sur ses choix de vie. Alors qu'elle commence à réaliser, assez brutalement, qu'elle a une nette tendance à se jeter dans les bras des hommes qui arrivent à elle en sauveurs, Haruko est soudain rattrapée par sa biologie : ses règles apparaissent au plus mauvais moment pour elle, et la seule solution à sa portée est de composer le numéro de téléphone de la personne qui l'avait dépannée la veille, Ayumu, qui s'empresse d'accourir par solidarité toute féminine.


Mais les choses ne vont pas et ne doivent pas en rester là ! Avec l'aide de sa bande d'amis assez spéciaux dans leur genre, Ayumu met sur pieds un plan béton pour permettre à Haruko de récupérer ses affaires sans avoir à affronter la terrible épouse. C'est une aventure digne d'une quête de jeu-de-rôle, à ceci près que le danger n'est malheureusement pas évitable ad vitam. Haruko va devoir faire face et reconnaître enfin qu'elle a peut-être bien un problème, avec les hommes certes mais aussi avec sa propre image d'elle-même.


Se sentant intégrée dans la petite bande hétéroclite, Haruko finit par vivre en collocation très temporaire avec Ayumu et s'arrange pour améliorer son quotidien et le sien avec. La première chose qu'elle est certaine de pouvoir décider, c'est quoi faire de son passé et surtout de son argent mis de côté toutes ces années avec son ex pour leur mariage qui n'aura jamais lieu. Déterminée à faire table rase et à aplanir pour construire une nouvelle vie ici à Tokyo, Haruko fait la tournée des grands magasins, dépense sans compter en vêtements, sacs, chaussures, bijoux, mets délicats pour gâter ses nouveaux amis, et avant tout s'offrir ce qui compte le plus pour elle : une toute nouvelle identité.


La bande d'Ayumu est une troupe de théâtre un peu fauchée, qui profite sans méchanceté aucune de la situation tant que cela dure, mais qui accepte aussi d'apporter une aide bienvenue quand il le faut. Rapidement, Haruko découvre que l'un des garçons gravitant autour de la troupe, Maki, est fou amoureux d'Ayumu sans oser le lui avouer. Quand Ayumu est cambriolée, probablement par des voleurs ayant suivi la trace des achats de Haruko jusque chez la jeune comédienne, Maki propose d'héberger tout le monde à son travail tant que c'est possible, mais très vite la situation dérape entre lui et Ayumu qui lui exprime clairement qu'elle ne l'aime pas, pas de la façon dont il voudrait être aimé par elle. Le ton monte, et Ayumu finit par quitter l'endroit, laissant Maki en proie à la culpabilité et au ressentiment.


De son côté, Haruko fait tout le nécessaire pour retrouver la trace de ses affaires et surtout se faire rééditer une carte de crédit au plus vite, mais en l'absence de ses papiers d'identité la chose est impossible et la voilà qui finit une fois de plus à la rue sans rien d'autre que les vêtements qu'elle porte. Pas d'argent, pas d'affaires, pas de papiers, plus rien à part un pied-à-terre ambiguë chez Maki et l'envie pressante de rentrer chez elle sans demander son reste. Le soir venu, Maki se rapproche tout à coup de Haruko avec une ferveur amoureuse dans le regard, du moins à ce qu’interprète la jeune femme, consciente qu'il voit en elle une façon détournée de satisfaire son ego blessé. Mais ça tombe plutôt bien puisque sans Maki Haruko se retrouverait complètement à la rue. Encore un homme secourable, encore une main tendue pleine de promesses qu'elle s'empresse de saisir... et encore une petite voix dans sa tête qui lui claironne de se méfier des apparences.


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Que dire de plus que ce que je vous présente ici dans ce résumé ? Pas grand chose ma foi, j'ai cependant tâché de vous ménager certains détails pour que l'expérience de lecture reste agréable si vous découvrez la série ou si vous comptez la lire prochainement. Pour moi c'est un vrai coup de cœur et je n'ai maintenant qu'une hâte, lire le tome 3 dès qu'il paraîtra !


On pourrait disserter longtemps sur le message et la portée féministe de cette histoire, cette façon presque habituelle qu'a Haruko de se jeter dans les bras des hommes qui lui apportent de l'aide, comme par opportunisme pourrait-on dire, faisant de son corps et de ses charmes une arme sur laquelle elle sait pouvoir compter en cas de coup dur, comme la vie le lui a appris. Mais Haruko est aussi tellement plus que cela, sans s'en rendre forcément compte tout de suite, elle a une vraie profondeur et mérite d'être étudiée plus en détail avant de se permettre de la juger ou de poser un avis définitif sur sa condition. Quant aux hommes en questions, les sauveurs providentiels, ils arrangent toujours la vérité selon les envies du moment, et la réalité c'est que des personnes agréables et somme toute innocentes finissent par en souffrir quoi qu'il arrive.


Le fameux trou dans lequel se retrouvait piégée Haruko dans le premier tome, qui était vous l'aviez compris une métaphore de sa situation et de ses difficultés insurmontables qu'elle y accumule, devient ici le terrier du lapin dans lequel croissent des merveilles séduisantes et attirantes... mais qui cache aussi de terribles secrets et des dangers autrement plus familiers pour quiconque s'y risquerait sans réfléchir. Le parallèle entre Haruko et Alice est évidemment fait par l'autrice directement et visuellement, tandis que la troupe de théâtre devient cette joyeuse bande du Pays des Merveilles un rien délurée et dans la danse de laquelle il vaut mieux ne pas se perdre corps et âme.


Le personnage sur lequel je ne me suis pas du tout attardé dans le résumé et qui pourtant a son importance cruciale dans le développement moral de Haruko, c'est l'étudiante et salariée Kaneko, celle qui a dénoncé la liaison de Haruko et d'Asano à l'épouse de ce-dernier. Les raisons qui l'ont poussé à faire ça la regardent et je ne vais pas vous gâcher le plaisir de cette découverte, mais j'aimerai en revanche attirer votre attention sur une réplique en particulier que Kaneko sort face à une Haruko déconstruite par sa malheureuse expérience : « Vous comptez sur un homme dont vous n'êtes pas amoureuse et il vous console avec son corps. Vous ne comprenez pas que c'est immoral ? En tant que femme, j'éprouve même de la colère en vous voyant. ». Tout est dit, en quelques mots cinglants un personnage archi-secondaire parvient à cerner la personnalité problématique de l'héroïne de ce récit et lui offre une solide piste de réflexion personnelle... qui ne portera cependant pas ses fruits tout de suite, comme on le verra très vite.


Bref, excellente série traitant d'une jeune femme perdue dans une vie qu'elle ne maîtrise plus et qui voudrait plus que tout afficher fièrement son indépendance, tout en recourant à la solution de facilité dès que le besoin s'en faire sentir. Un problème vieux comme le monde pourrait-on dire en conclusion, mais qui mérite toujours d'être traité et surtout au travers du regard d'une femme, d'une autrice, d'une amie. Merci Nemu Yoko et vivement la suite !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mercredi 11 octobre 2023

Dawn of X tome 13 (Panini Comics - Mai 2021)


Cable : Le jeune Nathan Summers et Esmé font équipe pour tenter de sauver la Terre d'une assimilation causée par l'épée super cool qu'avait ramassé Nathan plus tôt. Pour gagner du temps, le jeune homme propose aux Chevaliers de l'Espace de leur fournir une machine de voyage temporel pour les renvoyer trois mille ans en arrière, du temps de leur civilisation, pour qu'ils y exercent leur juste vengeance. Séduits par cette possibilité, les cyborgs aliens acceptent et Cable doit alors se rendre jusqu'à New York pour exhumer sa propre dépouille afin d'en extraire la balise temporelle, mais ça ne se fera pas sans passer par une rencontre déplaisante avec Deadpool. Ensuite, la balise est tout bonnement sabotée par les deux jeunes mutants pour laisser place à une arme nucléaire prête à exploser, anéantissant ainsi dans le désert les Chevaliers de l'Espace. Mais ceux-ci ont eu le temps avant de disparaître d'envoyer un dernier appel de détresse... De retour sur Krakoa, Nathan doit rendre des comptes à ses parents concernant ses récentes activités. Aucun doute, ce gosse va avoir un avenir très, très compliqué à gérer.


X-Men : Alors que toute la famille Summers est partie en vacances dans l'espace Shi'ar, Gabriel se retrouve seul dans la Maison d'Été sur la Lune. Enfin, pas vraiment seul, puisqu'il est en compagnie de deux belles créatures ravies de passer plus de temps avec lui. Mais surtout, il est isolé dans un lieu qui lui sera toujours étranger et confronté à ses propres terreurs enfouies au plus profond de lui. Quand la Lune est prise par les aliens Cotati pour en faire une arme destinée à détruire la Terre, Gabriel voit cela comme une bonne occasion de se déchaîner sans crainte. Après le massacre, les Cotati repensent leurs plans d'invasion et se concentrent un peu plus sur cette île étrangement familière, Krakoa...


Empyre – X-Men : Si les mutants ont appris quelque chose depuis leur arrivée massive sur Krakoa, c'est bien que les plantes ont leur propre rythme et ne doivent surtout pas être brusquées ! Mais quand le portail de Genosha se met à dysfonctionner, Charles Xavier et Magneto dépêchent sur place une équipe spéciale menée par Magie et Angel pour enquêter et si possible réparer ce qui peut l'être. Il s'avère que l'île est en proie à une véritable petite guerre entre les aliens végétaux Cotati et des mutants zombies ramenés à la vie par la Sorcière Rouge dans un fol espoir de rédemption qui a très mal tourné. Et comme si ça ne suffisait pas, le portail de Genosha a été piraté par les membres de la Hordeculture, qui signent ici leur grand retour afin de prélever de nouveaux échantillons de cette espèce alien que l'on dit bien invasive et qui les intéresse grandement pour leurs propres études. Au bout d'un moment, comme rien n'évolue de façon positive, décision est prise de joindre les efforts pour se débarrasser à la fois des plantes et des zombies ! Mais c'est justement à cet instant que le vaisseau Cotati devient une véritable bombe à retardement, piégeant tout le monde sur place. Heureusement, Black Tom parvient à relayer un message psychique de Magie qui demande à tous les mutants psychiques disponibles de se rendre immédiatement sur Genosha pour apporter leur aide. Quel est le plan que la maîtresse des Limbes a concocté ?


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Vous le découvrirez dans le prochain numéro puisque tout s'arrête ici pour celui-ci. Pas grand chose à dire concernant la série de Cable, qui ne m'intéresse pas franchement je dois bien l'avouer, même si c'est toujours sympa de se triturer les méninges avec les problèmes causés par les voyages temporels et les actions de chacun dans le futur comme dans le passé. Peut-être qu'un beau jour tout cela sera parfaitement clair et théorisé pour que le commun des mortels puisse comprendre, mais pour l'heure ça reste du divertissement sans grande qualité d'écriture, alors que les dessins en revanche sont plutôt plaisants et bien travaillés !


Pour le reste de l'album, nous sommes confrontés ici aux conséquences de l'event Marvel Empyre sur les mutants de Krakoa. L'action est donc basée sur Terre, et il faut bien occuper tout ce petit monde tandis que l'événement principal se déroule ailleurs dans le vaste cosmos avec les autres équipes de héros. Les mutants, comme vous avez pu le constater depuis le début de ces revues, sont relativement épargnés et isolés quand il s'agit d'organiser de grands rassemblements de ce genre, mais là impossible de faire l'impasse. Ça n'est pas franchement essentiel et ça ne sera sans doute jamais marquant dans l'avenir proche ou lointain, mais au moins on peut assister aux scènes d'action les plus badass signées Magie et ça, ça vaut tout l'or du monde.


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mardi 10 octobre 2023

Immortal Hulk tome 8 - Le Gardien de la Porte (Panini Comics - Novembre 2021)


Hulk est responsable d'une terrible explosion gamma qui a ravagé toute une ville. C'est du moins ce que laissent croire les apparences, savamment manipulées par Samuel Sterns depuis l'En-dessous-de-tout, où il a trouvé refuge et d'où il contrôle plusieurs corps de mutants gamma.


Alors que les forces spéciales d'intervention de Gamma Flight se déploient sur le terrain pour tenter de mettre Hulk hors d'état de nuire, le Leader provoque la mort du Docteur Samson pour l'amener dans le monde de la Porte Verte, dont il lui interdit la possibilité de repartir tout en lui exposant certains détails croustillants de son plan final. Sterns a toujours convoité la puissance de Hulk, cachée dans les nombreuses variantes de l'esprit de Bruce Banner, et cette fois-ci il semble bien avoir trouvé un moyen de s'en emparer pour de bon en passant un marché avec l'entité qui contrôle apparemment l'En-dessous-de-tout et les Portes.


Tandis que Hulk est neutralisé de façon plus violente qu'il ne le faudrait par Gamma Flight, et ramené à bord de leur station spatiale pour le confiner définitivement, le Leader passe à l'action et sème la mort sur son passage dans la Base Ombre, tout en s'en prenant directement à Banner au cœur de son esprit fracturé, quitte à y affronter la version diabolique de Hulk qu'il avait scellé au préalable mais qui vient de se libérer quand elle a vu Bruce souffrir par la faute de son tourmenteur.


Le combat tourne court cependant, Sterns déployant des capacités jusque-là inédites pour prendre le contrôle des différents aspects de Banner qui l'intéressent, à la fois dans les mondes physiques et spirituels. Véritable parasite mental, le Leader s'empare de tous les éléments nécessaires à l'achèvement de son plan, encore nébuleux pour les pauvres victimes qui y assistent impuissantes.


Joe Fixit trouve néanmoins une solution pour permettre à Hulk de s'évader de la station Alpha Flight, même si cela risque fort de compromettre sérieusement ses chances de se faire comprendre et aider dans cette sombre affaire. Léonard Samson quant à lui parvient à regagner le monde réel par une autre Porte que la sienne, et met ses quelques souvenirs épars de sa conversation avec Sterns au service de l'équipe pour tenter d'y voir plus clair.


Le danger menace, plus terrifiant encore que tout ce que l'on pouvait imaginer, et il est à l'heure actuelle totalement impossible d'en prendre la pleine mesure. Ce qu'est devenu le Leader ne correspond à aucune donnée le concernant, il semble métamorphosé par l'utilisation à répétition des Portes Vertes et de ce monde mystérieux si proche de l'Enfer, et tout bonnement impossible à arrêter désormais.


Pendant ce temps, le corps de Hulk contrôlé par Fixit atterrit avec force dans la baie de Coney Island, juste à point pour y être réceptionné par la Chose qui a un petit compte à régler avec le Colosse de Jade, rapport à sa récente nuit de noces gâchée par son apparition. Le combat va s'engager entre les deux puissants rivaux, mais la vraie bataille n'a pas encore commencé...


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Déjà le huitième tome de cette série qui revisite drastiquement les canons de l'horreur dans les comics de super-héros. Al Ewing et Joe Bennett rivalisent d'inventivité et d'ingéniosité pour nous livrer des pages absolument cauchemardesques où tout semble permis par une réalité déformée dans laquelle le corps est bien peu de choses, surtout de la chair à maltraiter en l’occurrence.


Les séries Hulk ont toujours eu un rapport assez particulier avec les corps, avec les transformations possibles et avant tout à montrer ou non au lectorat influençable, mais là on dépasse toutes les limites et on plonge de plein pied dans les visions horrifiques se réclamant presque du cinéma de Cronenberg par moments. C'est très visuel, évidemment pour un art graphique comme les comics, mais là encore plus que d'habitude.


Les artistes jouent en permanence avec les limites de ce qui leur est autorisé et de ce qui pourrait passer pour inacceptable visuellement parlant dans une bande-dessinée destinée à un public assez varié niveau tranches d'âges. Je suppose toutefois que les inquiétudes sont bien loin puisque la série continue de paraître jusqu'au bout et que le scénariste comme le dessinateur ont pu mener la barque comme ils l'entendaient jusqu'au cinquantième chapitre, à venir prochainement dans le dernier tome.


Que retenir de ce tome 8 ? Que la situation est extrêmement tendue et défavorable à notre héros aux multiples personnalités, quand bien même certaines font tout leur possible pour tenter d'inverser la tendance. J'espère que les ennemis de Hulk/Banner sauront trouver le véritable responsable de toute cette pagaille et sauver les innocents avant qu'il ne doit bien trop tard pour toute intervention. A ma maigre connaissance, jamais le Leader n'a semblé aussi dément ni aussi puissant... et nous n'avons fait qu'effleurer la surface apparemment, accrochez-vous pour la suite qui ne manquera pas de sel c'est pratiquement garanti, tout comme les cauchemars que vous risquez fort de vous taper ensuite.


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

lundi 9 octobre 2023

Les Contes Interdits - La Petite Sirène (ADA Éditions - Février 2019)


Monstre. C'est le seul qualificatif qui vient à l'esprit d'un pauvre homme dont la femme vient de mourir en donnant naissance à un être difforme, une fille affligée du syndrome de la sirène, la sirénomélie. Le bébé vient tout juste de naître, affublée de membres postérieurs soudés l'un à l'autre en une parodie de queue de poisson, et déjà son géniteur n'a qu'une idée en tête, mettre fin à ses jours. Heureusement, une bonne âme permettra au bébé de survivre et d'être recueillie par un cirque forain qui s'engage à lui assurer une vie décente.


Malheureusement, la bonne fortune ne dure pas et l'enfant, prénommée Angela, devient rapidement une attraction comme une autre, un monstre de foire que des passants et visiteurs impudiques viennent reluquer dans son aquarium saumâtre, moyennant un prix confortable pour le gérant du cirque. Qui soit dit en passant, propose également à ses clients d'assouvir leurs vices et fantasmes à la vue de la sirène en lui passant dessus lorsque les lumières s'éteignent et que la foire redevient calme pour la nuit.


Angela n'est pas seule dans cette vie de misère. Accompagnée par son seul véritable ami, un tout jeune adulte aux mains semblables à des pinces de homard du nom de Henry, la sirène se prend parfois à rêver à une vie meilleure, loin des attractions, loin du cirque, avec la possibilité pourquoi pas de s'arracher à son fauteuil roulant et de marcher par elle-même ? Après un énième dérapage de la part du gérant du cirque, qui tourne au plus mal cette fois-ci, Angela n'a plus le choix. C'est décidé, elle quitte cette vie et va chercher par tous les moyens à concrétiser son rêve, avoir deux jambes et pouvoir s'en servir !


Rejointe dans son périple par Henry et d'autres rescapés de la foire, Angela ne s'attendait pas à ce que le monde extérieur soit si attaché à sa personne, si déterminé aussi à lui rappeler envers et contre tout qu'elle demeure un monstre, quoi qu'elle en pense et quoi qu'elle fasse. Mais il se murmure dans certains milieux qu'une opération est possible dans ce genre de cas, opération clandestine bien sûr mais le risque en vaut la chandelle apparemment. Suivant sa lubie, Angie embarque tout son petit monde à Montréal, où l'attend le légendaire Palais des Nains, lieu de magie où les miracles chirurgicaux sont possibles pour les êtres comme elle !


Cependant la réalité va s'avérer bien plus cruelle que nécessaire pour la pauvre sirène et sa triste compagnie. Tombés entre les mains de véritables fous furieux, ils nagent d'horreur en terreur dans ce sinistre Palais où le mal est roi et où tout peut arriver. Et comme si cela ne suffisait pas, Angela est poursuivie depuis son départ du cirque par un odieux trio qui fera tout pour mettre la main sur elle et la livrer à leur employeur, prêt à toutes les bassesses pour s'emparer d'une telle rareté !


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Bien plus dans l'esprit du conte original d'Andersen que du long-métrage d'animation des studios Disney, cette version de La Petite Sirène par Sylvain Johnson m'a laissé plutôt froid je dois bien l'avouer. La faute sans doute à pas de chance...


En fait, je trouve tout simplement que beaucoup d'éléments dans ce conte sont forcés, les traits sont trop grossis, et tout ce côté horreur de fête foraine a déjà été exploité en dix fois mieux par la série American Horror Story – Freakshow, donc je ne vois rien de vraiment surprenant ou inédit dans tout ce qui est raconté ici. Vous me pardonnerez au passage de ne pas supporter patiemment le passage au forceps des noms revisités de tous les auteurs gravitant autour du projet des Contes Interdits et présentés ici comme personnages à part entière de l'histoire. La démarche aurait été mieux dosée, je ne dis pas, mais là on sent qu'il y a volonté de caser tout le monde pour le plaisir du clin d’œil sans penser un seul instant à la lassitude que cela entraîne au bout d'un court moment.


J'avais bon espoir que ce conte d'horreur contemporain m'emmènerait vers des sentiers encore inexplorés, mais je me suis trompé. Toutes les péripéties sont assez prévisibles, et seul le final arrachera un haussement de sourcil appréciateur aux connaisseurs du genre. Le reste n'est pas non plus à jeter, attention, il y a des qualités malgré cet avis dans l'ensemble très mitigé que j'émets ici, mais ce n'est clairement pas suffisant. Et je ne vous ai même pas parlé des diverses incohérences qui se sont glissées ci et là au cours de l'écriture et qui auraient bien mérité une bonne relecture !


Vous l'aurez compris, rendez-vous manqué pour moi avec cette Petite Sirène version Québecoise, pourtant j'ai espéré jusqu'au bout que ce serait une réussite. Au fond, je suis un peu comme Angela elle-même, j'espère contre toute attente que ça va bien se passer... et je suis immanquablement déçu et dépité. Je ne suis tout simplement pas le bon public pour ce genre d'histoire déjà vue et revue. J'espère maintenant que les prochains contes de Sylvain Johnson seront plus réussis et qu'il y mettra davantage d'audace et de sa personne, au-delà des sympathiques mais néanmoins usants clins d’œils répétés à la profession.


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !