Holly
Gibney pensait avoir tout vu et être parvenue à survivre au pire de
ce que le monde pouvait lui offrir. Mais elle n'imaginait pas les
conséquences désastreuses qu'allait avoir un simple virus sur sa
vie autrefois si tranquille...
Sa
mère tout juste décédée d'une maladie que l'ignorance crasse de
certains dit fulgurante, Holly doit faire face aux vieux démons de
son enfance traumatisée qui refont surface et menacent de
l'engloutir totalement, juste au moment où elle croyait s'en sortir
pour de bon. Directrice associée de l'agence de détective Finders
Keepers, elle en a déjà pas mal bavé ces derniers temps et aurait
bien eu besoin d'un peu de répit.
Mais
quand une affaire se présente, même au beau milieu de circonstances
difficiles et d'un deuil des plus douloureux, hors de question de la
refuser pour autant ! Quand elle décroche son téléphone pour
s'entretenir avec sa future cliente, Holly est encore loin de se
douter qu'elle vient de mettre le doigt dans un sinistre engrenage
dont elle aura toutes les peines du monde à s'extirper intacte.
Tout
commence par une jeune femme disparue, comme il y en a tant en
Amérique de nos jours. Disparue sans témoins ni fracas, juste
évanouie dans la nature après avoir laissé derrière elle un
simple mot de ras-le-bol à l'intention de sa mère, maigre
justification qui ne calme aucunement les angoisses de cette
dernière, raison pour laquelle elle a pris sur elle de contacter
l'agence Finders Keepers et non de se fier au simple rapport de la
police locale.
En
acceptant de creuser davantage, Holly et ses partenaires d'enquête
vont réaliser petit à petit que cette jeune femme est loin d'être
la seule à être portée disparue dans les environs, et qu'en
remontant le fil des ans d'autres jeunes se sont volatilisés
mystérieusement pratiquement au même endroit sans surveillance. Que
se trame-t-il derrière les façades des belles demeures victoriennes
du quartier huppé de cette ville étudiante bien sous tous
rapports ? Holly est sur le point de le découvrir, à ses
risques et périls...
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Non,
ceci n'est pas une intégration commerciale pour une marque de
boisson énergisante désormais bien connue de la plupart des
vidéastes et podcasteurs, c'est bel et bien le dernier-né du
toujours si prolifique Stephen King, la légende vivante qui chaque
année vers le mois de Février pour la France nous offre un nouvel
aperçu de son esprit génial et torturé.
Holly
prend la suite presque immédiate
de la nouvelle Si ça saigne,
présente dans le recueil éponyme, et met en scène le personnage
désormais familier du lectorat du Maître de l'Horreur qu'est Holly
Gibney, confrontée une nouvelle fois au pire de ce que l'humanité
peut offrir d'inhumain sous des apparences bien trompeuses.
Je
n'irai volontairement pas plus loin dans mon résumé car je pense
honnêtement qu'il faut découvrir et dévorer ce roman sans chercher
à en connaître les ficelles, et sachez qu'elles sont nombreuses !
Entre l'intrigue principale et les différentes évolutions que
vivent presque chacun de son côté les divers personnages de
l'histoire, vous obtenez un mélange détonant de suspens, même si
grande nouveauté ce coup-ci nous connaissons le coupable dès les
premiers temps du récit. L'ensemble du roman est structuré entre
flashbacks quelques années plus tôt et temps présents de l'enquête
en cours, deux lignes temporelles qui ne font que se compléter l'une
l'autre en attendant de pouvoir enfin se rejoindre à un instant-clé,
que bien évidemment je ne vous dévoilerai pas.
Tout
le sel de cette histoire, c'est de savoir si Holly parviendra à
arrêter le responsable de ces enlèvements avant qu'elle ne perde
irrémédiablement le fil de son enquête, responsable que le public
connaît dès le départ et qu'il voit avec effroi évoluer de
souvenirs en souvenirs pour se rapprocher du présent et menacer
l'héroïne déjà distraite par ses propres problèmes personnels.
Mais,
chose étonnante (ou pas tant que ça si vous suivez les productions
de l'auteur ces dernières années), Stephen King ne parvient pas à
nous faire peur avec sa trame de thriller, aussi intense et bien
ficelée soit-elle. Non, la véritable angoisse ce coup-ci vient de
l'omniprésence constante et étouffante de la maladie, celle que
l'on nomme Covid-19, qui en cette année 2021 divise autant les
Américains que la dernière campagne de Donald Trump pour sa
Présidentielle ratée.
Le
fait d'avoir vécu les confinements, les débats interminables autour
du port du masque ou non, des gestes barrières, des vaccins, d'en
être finalement sortis peut-être plus forts pour certaines et
certains d'entre nous, mais généralement pas sans pertes
significatives... et d'y être replongés dès les premières pages
de ce roman et ce jusqu'à la toute fin, là est la vraie peur qui se
niche dans les esprits. Le rappel constant de ce qui a été, est et
sera sans doute encore, tel un trauma qui se refuse à disparaître,
une cicatrice qui démange en permanence, une pensée nocive logée
tout près de notre Raison faillible... et attendant le bon moment
pour frapper un grand coup. Un seul suffit.
A
travers ses nombreux propos sur Trump comme sur la Covid, Stephen
King nous donne un aperçu de ses propres angoisses, de ses propres
terreurs actuelles, concernant la société et la direction dans
laquelle elle semble se diriger inexorablement, et au final l'enquête
elle-même passe presque au second plan tant il est question à
chaque chapitre de ces préoccupations qui furent celles de nombre
d'entre nous pendant près de trois ans, avant que l'on ne pense
enfin en voir le bout.
A
mon sens, Holly n'a
besoin d'aucun élément surnaturel, d'aucune malveillance profonde
et ancienne enracinée quelque part dans l'attente de se nourrir de
nos épouvantes malsaines, d'aucun sensationnalisme dirais-je même.
Le vrai génie de Stephen King dans ce roman tout récent, c'est de
parvenir à nous étouffer et à nous faire peur avec du concret, du
bien trop réel, quelque chose que l'on a toutes et tous vécu d'une
manière ou d'une autre et qui revient nous balancer un uppercut
quand on ne s'y attend pas, une angoisse dévorante qui ne lâche
jamais vraiment prise et nous rassemble autant qu'elle nous divise.
Pas besoin d'un vrai monstre ou d'un criminel patenté, un simple
petit organisme unicellulaire suffit amplement.
A
vous de voir la dimension que vous acceptez de tolérer et d'accorder
à cette piqûre de rappel, et la place qu'elle doit légitimement ou
non prendre vis à vis de l'intrigue principale et de ses nombreux
rebondissements. Pour Holly Gibney en tout cas, c'est une question
vitale qu'elle se pose tous les jours, et à mon sens c'était
important de le mentionner comme étant une volonté implacable de
l'auteur. Le reste vous appartient. Rassurez-vous néanmoins, tous
les éléments d'un bon thriller sont bien présents et vous
tiendront en haleine jusqu'au dénouement, même si les plus évidents
sont, justement, bien trop évidents cette fois-ci, mais toujours à
dessein souvenez-vous en.
Sur
ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite
une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un
nouvel article !