lundi 25 mars 2024

Holly (Albin Michel - Mars 2024)


Holly Gibney pensait avoir tout vu et être parvenue à survivre au pire de ce que le monde pouvait lui offrir. Mais elle n'imaginait pas les conséquences désastreuses qu'allait avoir un simple virus sur sa vie autrefois si tranquille...


Sa mère tout juste décédée d'une maladie que l'ignorance crasse de certains dit fulgurante, Holly doit faire face aux vieux démons de son enfance traumatisée qui refont surface et menacent de l'engloutir totalement, juste au moment où elle croyait s'en sortir pour de bon. Directrice associée de l'agence de détective Finders Keepers, elle en a déjà pas mal bavé ces derniers temps et aurait bien eu besoin d'un peu de répit.


Mais quand une affaire se présente, même au beau milieu de circonstances difficiles et d'un deuil des plus douloureux, hors de question de la refuser pour autant ! Quand elle décroche son téléphone pour s'entretenir avec sa future cliente, Holly est encore loin de se douter qu'elle vient de mettre le doigt dans un sinistre engrenage dont elle aura toutes les peines du monde à s'extirper intacte.


Tout commence par une jeune femme disparue, comme il y en a tant en Amérique de nos jours. Disparue sans témoins ni fracas, juste évanouie dans la nature après avoir laissé derrière elle un simple mot de ras-le-bol à l'intention de sa mère, maigre justification qui ne calme aucunement les angoisses de cette dernière, raison pour laquelle elle a pris sur elle de contacter l'agence Finders Keepers et non de se fier au simple rapport de la police locale.


En acceptant de creuser davantage, Holly et ses partenaires d'enquête vont réaliser petit à petit que cette jeune femme est loin d'être la seule à être portée disparue dans les environs, et qu'en remontant le fil des ans d'autres jeunes se sont volatilisés mystérieusement pratiquement au même endroit sans surveillance. Que se trame-t-il derrière les façades des belles demeures victoriennes du quartier huppé de cette ville étudiante bien sous tous rapports ? Holly est sur le point de le découvrir, à ses risques et périls...


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Non, ceci n'est pas une intégration commerciale pour une marque de boisson énergisante désormais bien connue de la plupart des vidéastes et podcasteurs, c'est bel et bien le dernier-né du toujours si prolifique Stephen King, la légende vivante qui chaque année vers le mois de Février pour la France nous offre un nouvel aperçu de son esprit génial et torturé.


Holly prend la suite presque immédiate de la nouvelle Si ça saigne, présente dans le recueil éponyme, et met en scène le personnage désormais familier du lectorat du Maître de l'Horreur qu'est Holly Gibney, confrontée une nouvelle fois au pire de ce que l'humanité peut offrir d'inhumain sous des apparences bien trompeuses.


Je n'irai volontairement pas plus loin dans mon résumé car je pense honnêtement qu'il faut découvrir et dévorer ce roman sans chercher à en connaître les ficelles, et sachez qu'elles sont nombreuses ! Entre l'intrigue principale et les différentes évolutions que vivent presque chacun de son côté les divers personnages de l'histoire, vous obtenez un mélange détonant de suspens, même si grande nouveauté ce coup-ci nous connaissons le coupable dès les premiers temps du récit. L'ensemble du roman est structuré entre flashbacks quelques années plus tôt et temps présents de l'enquête en cours, deux lignes temporelles qui ne font que se compléter l'une l'autre en attendant de pouvoir enfin se rejoindre à un instant-clé, que bien évidemment je ne vous dévoilerai pas.


Tout le sel de cette histoire, c'est de savoir si Holly parviendra à arrêter le responsable de ces enlèvements avant qu'elle ne perde irrémédiablement le fil de son enquête, responsable que le public connaît dès le départ et qu'il voit avec effroi évoluer de souvenirs en souvenirs pour se rapprocher du présent et menacer l'héroïne déjà distraite par ses propres problèmes personnels.


Mais, chose étonnante (ou pas tant que ça si vous suivez les productions de l'auteur ces dernières années), Stephen King ne parvient pas à nous faire peur avec sa trame de thriller, aussi intense et bien ficelée soit-elle. Non, la véritable angoisse ce coup-ci vient de l'omniprésence constante et étouffante de la maladie, celle que l'on nomme Covid-19, qui en cette année 2021 divise autant les Américains que la dernière campagne de Donald Trump pour sa Présidentielle ratée.


Le fait d'avoir vécu les confinements, les débats interminables autour du port du masque ou non, des gestes barrières, des vaccins, d'en être finalement sortis peut-être plus forts pour certaines et certains d'entre nous, mais généralement pas sans pertes significatives... et d'y être replongés dès les premières pages de ce roman et ce jusqu'à la toute fin, là est la vraie peur qui se niche dans les esprits. Le rappel constant de ce qui a été, est et sera sans doute encore, tel un trauma qui se refuse à disparaître, une cicatrice qui démange en permanence, une pensée nocive logée tout près de notre Raison faillible... et attendant le bon moment pour frapper un grand coup. Un seul suffit.


A travers ses nombreux propos sur Trump comme sur la Covid, Stephen King nous donne un aperçu de ses propres angoisses, de ses propres terreurs actuelles, concernant la société et la direction dans laquelle elle semble se diriger inexorablement, et au final l'enquête elle-même passe presque au second plan tant il est question à chaque chapitre de ces préoccupations qui furent celles de nombre d'entre nous pendant près de trois ans, avant que l'on ne pense enfin en voir le bout.


A mon sens, Holly n'a besoin d'aucun élément surnaturel, d'aucune malveillance profonde et ancienne enracinée quelque part dans l'attente de se nourrir de nos épouvantes malsaines, d'aucun sensationnalisme dirais-je même. Le vrai génie de Stephen King dans ce roman tout récent, c'est de parvenir à nous étouffer et à nous faire peur avec du concret, du bien trop réel, quelque chose que l'on a toutes et tous vécu d'une manière ou d'une autre et qui revient nous balancer un uppercut quand on ne s'y attend pas, une angoisse dévorante qui ne lâche jamais vraiment prise et nous rassemble autant qu'elle nous divise. Pas besoin d'un vrai monstre ou d'un criminel patenté, un simple petit organisme unicellulaire suffit amplement.


A vous de voir la dimension que vous acceptez de tolérer et d'accorder à cette piqûre de rappel, et la place qu'elle doit légitimement ou non prendre vis à vis de l'intrigue principale et de ses nombreux rebondissements. Pour Holly Gibney en tout cas, c'est une question vitale qu'elle se pose tous les jours, et à mon sens c'était important de le mentionner comme étant une volonté implacable de l'auteur. Le reste vous appartient. Rassurez-vous néanmoins, tous les éléments d'un bon thriller sont bien présents et vous tiendront en haleine jusqu'au dénouement, même si les plus évidents sont, justement, bien trop évidents cette fois-ci, mais toujours à dessein souvenez-vous en.


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

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