dimanche 31 juillet 2022

Fight Girls (Delcourt - Juillet 2022)


C'est un véritable drame qui se joue au cœur de l'empire galactique de Gilmoran. La reine, dans l'incapacité d'engendrer une descendance, a du abdiquer et une ancienne loi est sortie des oubliettes pour organiser un grand concours pour lui trouver une remplaçante ! Parmi dix femmes magnifiques mais surtout prêtes à tout, une seule se verra remettre la couronne et le titre de reine pour tenir compagnie au roi Gilmoran VIII.


Attention, il ne s'agira pas d'un concours de beauté ou d'éloquence. Ces dix femmes sont spécialement choisies et sélectionnées en premier lieu pour leurs aptitudes physiques étonnantes, des performances hors du commun qui les placent au top de la condition humaine. Qu'elles viennent de la noblesse ou qu'elles soient roturières de basse extraction, c'est à la force des poings et des muscles qu'elles parviendront à se hisser jusqu'à la première place épreuve après épreuve.


Athlétiques, sportives, endurantes, puissantes... ces dix compétitrices partagent toutes ces qualités et plus encore, mais une seule pourra vraiment remporter le concours... et surtout y survivre ! Car les épreuves, au nombre de quatre, seront hautement mortelles avec un risque de tous les instants dans des environnements extrêmement dangereux des coins les plus inhospitaliers de l'empire. Des créatures sauvages tirées de la préhistoire ou plus fantaisistes, toutes de griffes et de crocs, n'attendent que la première occasion de faire un bon repas, que les organisateurs du concours leur servent sur un plateau.


Quatre épreuves, quatre classements et une seule véritable victoire à la toute fin. Comme dans toutes les compétitions, il y a des favorites mais il y aura aussi et surtout de nombreux rebondissements et retournements de situation, et beaucoup de gens semblent s'intéresser de très près à certaines candidates en particulier. Sous le verni d'impartialité brutale du hasard, les chances sont biaisées et la bataille inégale dès le départ, mais peu s'en rendront vraiment compte. Quelque chose se trame au sein du vaste empire Gilmoran, et toutes les victoires ne sont pas forcément bonnes à prendre... Que les jeux commencent !


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On va tout de suite taper du pied dans la fourmilière, oui cette histoire est pour beaucoup inspirée assez clairement des récits à la Battle Royale ou surtout Hunger Games qui fleurissent depuis les deux dernières décennies et dont Frank Cho a sans aucun doute été nourri jusqu'au gavage, comme nous tous. L'échelle cependant est différente, ici c'est rien moins que le sort de tout un empire galactique qui se joue avec cet affrontement en quatre grandes étapes entre dix concurrentes féroces et pas toutes innocentes.


Dans Fight Girls on retrouvera donc les marqueurs les plus évidents du style de Frank Cho, à savoir de belles femmes fortes, des héroïnes puissantes et musclées mais toujours avec une grâce presque bestiale et une prestance sauvage qui vont très bien ensemble. Ces forces de la nature sont toutes bâties sur le même modèle en revanche, il faudra chercher ailleurs si vous vouliez de la vraie diversité car les physiques de ces dix athlètes sont extrêmement similaires. Une seule personne de couleur en tout et pour tout dans le groupe, des corps et musculatures standardisés, jusqu'aux visages taillées de la même façon d'une participante à une autre. C'en est au point où malgré les rares différences pourtant évidentes on a parfois du mal à reconnaître telle ou telle concurrente, et je ne parle pas de retenir leurs noms à toutes !


De toute façon vous verrez très rapidement que l'auteur a ses propres chouchoutes, qui auront droit à un traitement plus marqué que les autres et que vous regarderez grimper les marches du succès sans vraie surprise il faut bien le dire. En cela Fight Girls n'a rien de bien original, et le fan-service fonctionne certes à plein régime mais ne suffit pas à gommer les défauts de style de son auteur. Même la présence de Sabine Rich aux couleurs, pourtant une artiste très talentueuse et reconnue dans sa profession, ne parvient qu'à grand peine à nous arracher un haussement de sourcil appréciateur ci et là.


Mais alors, qu'est-ce qui fait tout le charme et toute la beauté de Fight Girls ? En grande partie le fan-service on l'a dit plus haut, mais surtout, SURTOUT, le scénario. Eh oui, je ne m'y attendais pas moi-même pour tout vous dire ! Je ne veux rien vous spoiler mais les références à de grandes œuvres de la science-fiction sont nombreuses et variées au sein de cette histoire, certaines très évidentes comme des films de monstres si chers à Frank Cho ou bien plus recherchées comme pour Dune, monument du genre s'il en est. La quatrième et ultime épreuve à elle seule suffit à expliquer le titre et à nous démontrer tout le talent de l'auteur/dessinateur, en utilisant très peu de variations de cadres ou de décorum, simplement en se basant sur de l'action extrêmement bien décrite tant visuellement que narrativement par les commentateurs invisibles et omniprésents. Et ce n'est qu'un avant-goût de ce que cache réellement ce comic-book indépendant qui en a clairement sous le pied et le fait savoir !


Une très bonne surprise donc, c'était pas gagné et il faut vraiment un petit moment pour surmonter les défauts ou clichés de genre qui pèsent sur le récit, mais après ce n'est que du bonheur et on se prend même à espérer des déclinaisons dans d'autres styles si possible. Venue de la scène très indépendante de l'industrie des comics Américaine, Fight Girls se lit très facilement, se dévore même, à l'instar de certaines candidates, de bien des façons. Un conseil, préservez-vous des spoilers trop détaillés que vous pourriez retrouver en ligne, il faut vivre l'expérience à fond comme si vous faisiez partie d'une portion très privilégiée du public dans cette compétition de tous les instants. Longue vie à la reine !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

 

vendredi 29 juillet 2022

La V.O. du vendredi n°211 : The Savage She-Hulk omnibus (Marvel - Avril 2022)


Jennifer Walters, avocate brillante exerçant seule dans son cabinet privé de Los Angeles, n'a pas toujours eu la vie facile. Étudiante très sérieuse et impliquée, elle n'a pratiquement pas de vie privée et a perdu sa mère assez jeune, tandis que son père, le shérif de la ville, s'est de plus en plus consacré à son travail en délaissant sa fille. Du reste, Jennifer n'a pas ce que l'on pourrait appeler une personnalité marquante : toujours à l'écart, jamais vraiment reconnue pour son talent par sa profession, elle passe le plus clair de son temps à se battre pour obtenir les mêmes droits que ses homologues masculins qui ne se privent pas de la rabaisser à la moindre occasion.


Tout change quand elle doit plaider durant une sombre affaire de trahison mafieuse. Des gangsters armés l'attendent devant chez elle et font feu à son arrivée, lui logeant une balle dans le dos qui la condamne irrémédiablement. Du moins en temps normal, car Jennifer a quelque chose que les autres n'ont pas : un cousin super-héros ! Ou peu s'en faut, puisqu'il s'agit de Bruce Banner, alias l'incroyable Hulk ! Ce-dernier était présent auprès d'elle lors de la fusillade et décide sans plus tarder de lui transfuser son propre sang pour la sauver, en attendant les secours et une vraie hospitalisation. Une décision qui aura rapidement de très lourdes répercussions...


Si Bruce disparaît juste après cet événement, Jennifer, elle, reprend conscience tout en sentant que quelque chose en elle n'est plus tout à fait comme avant. Elle ressent une sorte de force primale en elle, dans son corps comme dans son esprit, un aspect de sa personne qui ne demande qu'à éclater au grand jour. Quand les gangsters reviennent pour l'achever sur son lit d'hôpital, c'est le drame : la petite Jenny se transforme soudain en une puissante et redoutable femme à la peau verte iconique, et leur colle une dérouillée dont ils se souviendront longtemps ! La sauvageonne s'évanouit dans la nature tandis que Jen est retrouvée pantelante non loin de là. Miss Hulk était née !


A la différence de son cousin caractériel, Jen garde le contrôle de ses actes et de ses pensées, d'elle-même, quand elle se transforme. Elle devient simplement plus ''sauvage'', ce qui lui vaudra son premier surnom officiel. Il faut entendre par là qu'elle est davantage sûre d'elle, extravertie, forte au-delà de toute mesure et surtout fière et indépendante. Une vraie femme libérée, le cauchemar de toute bonne société patriarcale qui se respecte. Bien vite, Jen prend une décision radicale : ce qu'elle ne peut résoudre dans un tribunal, Miss Hulk le réglera avec ses poings !


C'est le début d'une longue carrière de super-héroïne non reconnue par les forces de l'ordre, dont son père est à la tête, et qui se mettent dès lors à sa poursuivre à la moindre de ses apparitions. Très vite suspectée de meurtre après un tragique accident qui la prive de sa meilleure amie, Jen commence à douter du bien fondé de ses actions en tant que Miss Hulk, un doute qui disparaît toutefois bien vite quand elle redevient la géante de jade avec toute son assurance. Traquant les criminels et les gangsters à travers toute la ville, Miss Hulk devient rapidement le fléau de la pègre locale et se fait un tas d'ennemis aussi divers qu'imprévisibles.


En parallèle, il y a ce triangle amoureux entre Jen et son ancien protégé et voisin, Zapper, qui n'ose avouer ses sentiments à sa baby-sitter d'autrefois maintenant qu'il est devenu homme. Zapper est le seul qui connaisse la vérité au sujet de Jennifer et de Miss Hulk, ce qui en fait un allié providentiel mais également un ami par défaut, inapte à toute autre relation. D'un autre côté, quand Jennifer croise la route de Richard Rory, un malchanceux devenu subitement riche et voulant faire le bien autour de lui, elle est séduite intellectuellement par cette âme charitable et accepte de nouer une certaine romance avec lui, au grand dam de Zapper qui se met à ruminer dans son coin.


Il faut aussi compter sur la constante opposition des actes de Miss Hulk avec la loi et l'ordre voulus par le shérif, le propre père de Jennifer, qui verrait bien cette criminelle en puissance sur la chaise électrique le plus tôt possible ! Plus Miss Hulk devient célèbre, plus elle fait parler d'elle, et plus le shérif Walters le vit mal et se plonge à corps perdu dans son travail, oubliant cette fois-ci totalement sa fille déjà fortement négligée par le passé, alors même que celle-ci voudrait lui avouer son secret pour qu'ils puissent mieux se comprendre.


Miss Hulk peine à trouver un véritable équilibre dans ses deux vies et surtout dans l'enchaînement de ses adversaires, aucun ne se montrant vraiment à la hauteur. Quand il s'avère soudain que sa transfusion sanguine lui a aussi provoqué une maladie génétique gravissime, elle ne peut se tourner que vers le premier expert sanguin à sa portée, nul autre que le Dr. Michael Morbius, meurtrier de masse tentant de se soigner lui-même et purgeant déjà une peine exemplaire. Grâce à son aide et à celle de Zapper, Miss Hulk sera bien vite rétablie et capable désormais de se changer à volonté en l'une ou l'autre de ses identités, pourvu qu'elle soit prête à encaisser la douleur en retour. Morbius quant à lui se condamne par cette bonne action à poursuivre sa quête vaine de remède à sa propre condition, tout en étant plus ou moins sorti du couloir de la mort grâce à la plaidoirie de Jennifer en sa faveur, sa peine étant commuée en prison à vie. Un autre petit détail qui fera s'éloigner encore davantage le père et la fille, déjà en froid, quand ils réaliseront qu'ils n'ont pas tout à fait la même conception de la Justice.


Par la suite, les aventures se succèdent, se suivent et se ressemblent un peu toutes, jusqu'à l'arrivée d'un super-vilain véritable qui menace très sérieusement les deux vies de Jennifer Walters et Miss Hulk. Ayant enfin son propre ennemi juré à combattre, l'Amazone verte se lance à corps perdu dans la bataille, essuyant trahisons et déconvenues les unes après les autres, tandis que ses deux compagnons font tout leur possible pour tenter de la raisonner et, en désespoir de cause, décident de révéler son secret au shérif Walters pour lui sauver la vie. L'ultime chapitre de cette saga finale marquera un tournant dans la vie de cette héroïne d'un genre nouveau, car Jennifer Walters décidera en son âme et conscience de rester Miss Hulk pour de bon cette fois-ci, estimant qu'elle est ainsi davantage libre et épanouie tout en continuant de servir la loi d'une certaine façon.


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Au départ, tout part d'un simple constat purement commercial : la série-télé de L'incroyable Hulk bat tous les records de popularité, et au début des années 1980 Marvel réalise que certains concurrents pourraient être tentés de créer leur propre version alternative du personnage, si ce n'est les showrunners de la série elle-même qui l'envisagent sérieusement. Stan Lee revient alors en urgence pour pondre un scénario iconique, inventant une cousine à Bruce Banner et la transformant en un seul et même chapitre en l'alter-ego du Hulk si populaire. Et PAF, voilà comment on verrouille un copyright ! Maintenant que Miss Hulk existe sur papier, personne n'a plus le droit de l'inventer ailleurs ou de la copier sans l'expresse autorisation de Marvel, pas très enclins à partager.


Stan the Man ayant fait son office, il repart à la vie civile l'esprit bien tranquille. Mais du coup la Maison des Idées se retrouve avec un petit problème : maintenant qu'un nouveau personnage existe, il faut lancer sa propre série et le faire vivre un minimum pour maintenir les droits ! On fait alors appel à un autre vétéran de la grande époque, David Anthony Kraft, pour accomplir cette tâche avec l'aide de l'artiste Mike Vosburg et de plusieurs petites mains. Ainsi naît véritablement la série The Savage She-Hulk, qui se poursuivra durant vingt-cinq numéros avant des adieux déchirants au bout de deux ans de parution environ. Durant cette période, Kraft et Vosburg auront développé Miss Hulk au-delà des attentes de l'éditeur, en en faisant une véritable icône du féminisme brutal post-révolution des mœurs, et en y ajoutant déjà beaucoup d'humour et parfois de cruelle ironie. La sauce Marvel prend toujours, du moins un certain temps, et dans le courrier des lecteurs les fans s'écharpent régulièrement autour de la question de la légitimité d'un titre She-Hulk et de ses qualités ou défauts les plus évidents. Les artistes en prennent très souvent pour leur grade, mais dans l'ensemble ça reste bon enfant et l'aventure se terminera certes par manque de lectorat mais en grande pompe s'il vous plaît !


L'esprit classique est toujours là, bien présent quelque part sous une belle couche de modernité et de pensée inclusive, et ça se ressent sans doute un peu trop au bout d'un moment pour un public qui recherche avant tout de la nouveauté et de la fraîcheur. L'effet ''Wahou !'' est passé et quand la routine s'installe, c'est qu'il est temps de changer. Miss Hulk fera une dernière apparition en Juin 1982 dans les pages de la série Marvel Two-in-One qui lui fera faire équipe avec la Chose des Quatre Fantastiques, et comme on l'a vu dans un précédent article V.O. en règle général quand un personnage Marvel secondaire fait équipe avec Ben Grimm c'est que sa propre série s'apprête à disparaître purement et simplement, ce qui sera le cas ici aussi. Il faudra attendre l'arrivée d'un certain John Byrne sur les aventures des Quatre Fantastiques pour que Miss Hulk revienne sur le devant de la scène et obtienne, enfin, son statut de personnage culte pour toute une génération. Mais ça, c'est une autre histoire que l'on parcourra très prochainement...


Est-ce que cette première série est foncièrement mauvaise, has-been et dépassée ? Un peu oui, il faut bien l'admettre, mais pas totalement non plus. Le drama, le soap-opera si cher à l'héritage de Stan Lee, est bien là presque vingt ans après le lancement de la première famille super-héroïque, mais le lectorat en a un peu marre, et se lasse aussi rapidement des traits assez massifs et très classiques à la Jack Kirby. Miss Hulk apporte une touche de sensualité sauvage à l'industrie des comics Marvel en ce début des années '80, mais ne parvient pas à séduire suffisamment longtemps le public, la faute sans doute à des histoires un peu poussives par moment et surtout jugées trop classiques justement. C'était toutefois un vrai plaisir de parcourir cet omnibus de 600 pages environ, avec ce charme désuet malgré tout efficace à sa manière des décennies plus tard, qui nous présente les origines de Miss Hulk sans fards ni tabous, de façon théâtrale certes mais avec talent et application, trop peut-être.


Les nombreux bonus présents dans cet album sont assez sympathiques, on y retrouvera des crayonnés et des pages de scénario ainsi que de véritables anecdotes racontées en 2018 par David A. Kraft lui-même, exposant parfois sa façon bien à lui de penser son personnage et ses aventures, dans des directions pas toujours voulues par ses supérieurs ou du moins assumées par la suite. Une façon comme une autre de découvrir l'envers du décor, ce qui n'est jamais un voyage inutile !


La couverture que j'ai choisi est signée Frank Cho et représente Miss Hulk triomphante se tenant au-dessus de certains de ses ennemis les plus reconnaissables, comme l'Homme-Éléphant, tout un concept à lui-seul vous verrez. L'autre couverture disponible pour ce même omnibus reprend tout bonnement le dessin de couverture du tout premier chapitre de la série, celui de Stan Lee et John Buscema (pas forcément le meilleur d'ailleurs, là aussi vous verrez bien).


J'espère que cette petite escapade dans le passé vous aura plu, ç'aura été un vrai plaisir pour moi en tout cas de me plonger dans cette période que je connais assez peu et surtout de lire enfin les vraies origines de Miss Hulk, un personnage qui me fascine totalement depuis que j'ai lu le run de Dan Slott durant les années 2000 (cf. article V.O.dédié sur le blog). Je ne pense pas que tout sera repris à la lettre dans la série-télé She-Hulk – Avocate à paraître bientôt sur Disney+, mais les bases devraient y être. On se retrouve prochainement pour parler de l'ère John Byrne !

jeudi 7 juillet 2022

Kazuki Takahashi n'est plus.


C'est avec le cœur serré que je reviens sur le blog aujourd'hui pour vous annoncer le décès d'un nouvel artiste. J'avais décidé, après Stan Lee il y a quelques années maintenant, de ne plus faire de nécrologie ou d'article commémoratif, afin de ne pas plomber l'ambiance au milieu des autres articles.


Mais aujourd'hui c'est un auteur dont l’œuvre m'a tout particulièrement touché au cœur dont je dois vous parler. Nous avons appris le décès de Monsieur Kazuki Takahashi hier, à 61 ans il me semble, des suites d'un accident de plongée sous-marine.


Si ce nom japonais ne vous dit rien à première lecture, sachez simplement qu'il fût l'auteur et créateur du manga Yu-Gi-Oh! et que sa série tout comme le jeu de cartes très célèbre qui en découle ont énormément compté pour moi à l'adolescence. Je me souviens que mon premier contact avec la série fût lors de la diffusion de l'épisode animé sur M6 où Yami Yugi affronte Panik l'Exterminateur et lui apprend une grande leçon de vie, comme à chaque fois. Ça m'avait beaucoup marqué, et j'ai alors décidé de suivre le plus possible ce dessin-animé qui changea ma vie par la suite.


Le tout premier manga que j'ai osé m'acheter, avec mon propre argent, ce fût le 38ème tome de Yu-Gi-Oh! justement, le dernier de la série à vrai dire, mais ça je ne le savais pas encore. Le spoil fût total pour moi à la lecture de ces quelques chapitres qui m'ont tiré plusieurs larmes en comprenant que c'était là la fin des aventures de mes héros préférés. J'ai longtemps admiré ce style si torturé dans un premier temps avant de devenir plus lisse et ''industriel'' si je puis dire.


Entre-temps, je m'étais mis avec assiduité et passion à la collection des cartes de Duels de Monstres, issues du manga et de l'animé surtout, en version Européenne. Passion et collection qui m'accompagne toujours en 2022, peut-être moins intensément mais le cœur y est. Du tout premier Deck de Démarrage Kaiba jusqu'aux prochaines Bêtes Cristallines en Deck de Structure à venir, je n'ai jamais lâché l'affaire et depuis quelques mois j'ai même atteint un nouveau degré de pratique en jouant en ligne via le système Master Duel disponible sur Steam notamment. Une excellente expérience que je recommande vivement à toutes les personnes qui, comme moi, sont en manque d'adversaires et de challenge dans leur pratique de ce jeu de cartes si particulier.


Alors bien sûr, Kazuki Takahashi n'est pas connu uniquement pour Yu-Gi-Oh! et sa passion pour l'Égypte Antique, il a créé d'autres séries, d'autres univers, et c'était aussi un grand amateur d'horreur au cinéma comme en lectures (Yugi devait au départ évoluer dans une série horrifique, avant que le Duel de Monstres ne prenne le dessus dans le cœur des fans et de l'éditeur). Il laisse derrière lui, à 61 ans, une véritable nuée de goodies, de cartes, d'histoires et d'heures de plaisir pour tous ses fans à travers le monde. J'ai grandi avec Yugi, avec mes cartes, avec le dessin-animé puis le manga, et maintenant je prends le temps de remercier ce grand auteur qui m'inspire le respect le plus total.


Adieu Monsieur Takahashi, et bonne route vers un monde meilleur je l'espère, comme le Pharaon d'autrefois.

vendredi 1 juillet 2022

La V.O. du vendredi n°210 : Fathom tome 3 - Worlds at war (Aspen Comics - Avril 2010)


L'heure est grave. Les Sombres, venus des profondeurs insondables de l'océan, font surface pour infliger le juste châtiment aux humains, leur courroux et leur fureur ne connaissant aucune limite. Bien vite, de formidables masses d'eau se forment au-dessus de certaines grandes villes côtières, comme à Rio de Janeiro, où les habitants terrifiés par ce phénomène pratiquement divin ne peuvent fuir la fatalité.


En parallèle de ces atrocités, Killian a rassemblé autour de lui une véritable armée. Ce qui était autrefois un petit groupe de Dissidents Bleus est devenu un contre-pouvoir et une force révolutionnaire en puissance, qui ne se prive pas de lancer des attaques sur les bases militaires de la surface au nom du Peuple Bleu. Ainsi, Pearl Harbor est à nouveau touchée par la tragédie quand les troupes de Killian frappent sans discernement et ne laissent que cadavres et décombres dans leur sillage.


Devenu Haut Conseiller des Bleus à Muria, capitale du peuple sous-marin, Siphon sait qu'il doit s'empresser d'agir et de contrer l'immobilisme flagrant dont fait preuve le Conseil. La guerre déclenchée par Killian il y a bien des années risque de tout anéantir aujourd'hui, et il est de son devoir de faire en sorte que la paix revienne enfin. Avec l'aide de Cannon, qui connaît le monde de la surface comme personne pour l'avoir déjà infiltré par le passé, Siphon va entreprendre de convaincre le reste du Conseil que les Bleus doivent agir et combattre les révolutionnaires de Killian avant qu'il ne soit trop tard.


De son côté, Aspen passe son temps avec Chance au bord de la plage dans un paradis idyllique, mais même loin de tout ils seront bien vite rattrapés par l'actualité pressante. Se rendant à Muria, Aspen découvre qu'un prisonnier humain détiendrait l'information qui lui manque depuis longtemps, à savoir la localisation de son frère Finn aux mains des forces armées Américaines et subissant des expériences inhumaines depuis sa capture. Refusant d'agir de concert avec les Bleus, Aspen suit son propre chemin et n'écoute que son propre instinct en libérant le prisonnier et en le forçant à la conduire au laboratoire où se trouve Finn.


Sur place, Aspen et Chance découvriront toute l'horreur que l'humanité prépare pour les Bleus, de nouvelles armes perfectionnées par des heures de souffrances infligées aux cobayes, et surtout que l'homme à la tête de ce département de recherches militaires n'est autre que Chris, le frère de Chance ! Parvenant à libérer Finn malgré une farouche opposition des humains, Aspen et Chance prennent le large en laissant derrière eux une nouvelle situation catastrophique.


Il devient maintenant évident pour tout le monde que le conflit est allé trop loin, surtout depuis que Killian a pu faire exploser une bombe dévastatrice dans la base militaire de San Diego en Californie. Il est grand temps de faire retomber la pression, d'autant que les USA font de nouveau appel aux services de l'amiral Maylander pour orchestrer leur défense en lui donnant des moyens pratiquement illimités ! Sur l'impulsion de Siphon, l'armée régulière des Bleus se met en mouvement pour sauver les côtes de Floride de la fureur des Sombres avant qu'il ne soit trop tard. Grâce au courage de Cannon, un pont peut désormais être bâti entre les deux peuples, celui de la surface et celui d'en-dessous, mais il faudra encore du temps pour que chacun accepte l'autre.


Des tractations sont en cours, Siphon ayant décidé contre l'avis du Conseil de révéler au reste du monde l'existence des Bleus et d'offrir leur aide contre les Sombres. Le choc est sans commune mesure et nombreux sont ceux qui appellent à la guerre totale pour venger les dizaines de milliers de morts depuis le début du conflit un peu partout sur la planète. Mais la Raison finira par l'emporter, et les chefs d'états les plus puissants et influents finiront par répondre à l'appel de Siphon, organisant un sommet pour la paix à Istanbul, en Turquie, tout en se préparant au cas où les choses tourneraient mal.


De son côté, Killian essuie une cuisante défaite quand la jeune garde de ses troupes se rebelle contre lui et le chasse de son propre mouvement. Le Dissident a en effet pu se rendre compte que les Bleus sont maintenant prêts à faire partie intégrante du monde, sur un pied d'égalité avec les humains, chose qu'il a au final toujours poursuivi toute sa vie durant à travers ses actions. Son but étant atteint par d'autres, Killian ne voit plus de raison de poursuivre le combat, mais les jeunes menés par sa propre fille Kiani ne l'entendent pas ainsi et comptent bien continuer cette guerre de vengeance jusqu'à éradiquer totalement l'humanité !


A Istanbul, Aspen et Killian accompagnent donc Siphon et Cannon pour le grand sommet pour la Paix, étroitement surveillés. La méfiance est de mise mais une certaine bonne volonté est à l’œuvre, le monde étant touché par la sollicitude sincère de Siphon et par la reddition de Killian. Mais alors que les choses sont enfin sur le point de s'arranger, les Sombres refont surface et apportent avec eux la pire des catastrophes qu'ils puissent provoquer. Une masse proprement titanesque d'eau s'apprête à s'abattre sur la ville et tous ses habitants, un tel déchaînement de puissance que personne ne pourra arrêter.


Se lançant à corps perdu dans la bataille qui fait rage, Aspen affronte son propre père biologique, Rahger, leader des Sombres dans ce conflit. Leurs pouvoirs sont équivalents mais l'expérience est du côté de Rahger, qui met sérieusement en difficulté la jeune femme. Les forces armées de Maylander sont balayées par les autres Sombres présents et se montrent incapables de contrer l'assaut. Tandis que la panique gagne et que les différents leaders mondiaux font tout leur possible pour évacuer, Siphon se lance lui aussi au combat pour leur prouver sa bonne volonté et celle de tout son peuple.


Mais au pire moment possible, Kiani et ses troupes font aussi leur apparition et s'occupent avec plaisir de décimer les fuyards. Cannon intervient alors en personne et affronte son ancienne élève, au prix de sa propre vie semble-t-il. Rien ne peut raisonner la rage de Kiani, qui commettra un acte irréparable et inqualifiable à cette occasion. Rendue folle par le chagrin et la fureur, Aspen se jette de tout son être et de toute sa puissance dans le combat et parvient finalement à l'emporter, dévoilant toute l'ampleur de ses pouvoirs même devant les Sombres réunis pour la faire tomber. Quand elle dissipe finalement la menace qui pesait sur Istanbul, c'est pour voir Kiani assassiner Cannon au terme de leur duel, ce qui met la jeune femme dans une colère noire. Les deux femmes que tout oppose vont se livrer à un affrontement aussi cruel que violent, au terme duquel Aspen fera subir à son adversaire le même sort qu'à Killian quelques temps auparavant, un sort peu enviable qui fait froid dans le dos pour tout le monde.


Les Sombres, leur leader étant vaincu, regagnent les profondeurs abyssales en abandonnant le conflit, tandis que Bleus et humains de la surface s'entendent pour réparer les dégâts et œuvrer ensemble pour un monde meilleur. Il reste toujours des menaces à combattre, comme les troupes de Kiani qui n'ont pas dit leur dernier mot ou certains humains comme Maylander et Chris qui n'attendent qu'une occasion pour agir. Mais derrière la méfiance, un certain soulagement gagne progressivement les populations.


Aspen, appartenant aux mondes sous-marins par sa naissance et à la surface par son éducation, se rend compte qu'au final elle n'appartient vraiment à aucun d'entre eux et décide de s'exiler loin de tout le reste, pour en apprendre davantage sur elle-même et sur ses propres capacités, avant de peut-être revenir un jour choisir son camp. Elle fait donc ses adieux à Chance, et au reste du monde par la même occasion, puis disparaît dans l'élément qu'elle affectionne tant.


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La guerre semble enfin terminée ! Amorcé par le mouvement des Dissidents de Killian puis aggravée par les troupes de Maylander, ce conflit sanglant aura fini par offrir au monde entier l'occasion de se retrouver et de s'entendre enfin sur la meilleure façon de vivre ensemble. Tout n'est pas pardonné, au contraire même, mais la hache de guerre semble bel et bien enterrée pour l'instant. Qui sait en revanche quels seront les prochains mouvements des rebelles de Kiani ou des Sombres repartis dans les ténèbres des profondeurs océaniques ? Si tous comptent sur Aspen Matthews pour les défendre quand viendra le temps, pas sûr que la jeune femme réponde de sitôt à leur appel...


Voilà comment se termine le troisième grand chapitre de la saga Fathom créée et initiée par Michael Turner et ses compagnons de chez Top Cow tout d'abord puis d'Aspen Comics par la suite. J'ai positivement adoré cette lecture, j'ai dévoré l'album en une soirée et je ne peux que vous recommander ce comic-book et cette série. Mon premier commentaire, ma première impression au sortir de cette lecture, c'est de me demander pourquoi personne n'a eu l'idée de créer une série animée sur Fathom ?!! Tous les ingrédients du succès planétaire sont présents dans ces quelques pages et quelques albums, il y a assez de matière pour plusieurs saisons et de quoi régaler tout le monde question intrigues et actions. Avec le succès de séries animées comme Invincible, peut-être n'est-ce qu'une question de temps ? J'essaie d'y croire !


Ce troisième volume est dessiné par Alé Garza dans un style assez proche de l'esprit Turner et Aspen studio mais sans réellement parvenir à l'imiter, ce qui n'est pas plus mal au final je pense. Garza parvient à nous offrir le meilleur de son propre talent, même si son goût manifeste pour les fortes poitrines dénature un peu les personnages féminins athlétiques que sont Aspen ou Kiani selon leur créateur. Qu'importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse !


Michael Turner n'ayant jamais eu l'occasion de connaître la sortie et la finalisation de ce volume, décédé trop tôt de son cancer en 2007, c'est le scénariste J. T. Krul qui prend la relève et permet à l'histoire de connaître une première fin. Déjà à l'oeuvre sur Soulfire il me semble, Krul connaît sur le bout des doigts les mondes imaginés par Turner et met tout son génie au cœur de sa création/hommage au maître disparu.


Worlds at war est une très belle performance de toute l'équipe artistique, qu'il convient de saluer comme il se doit. Même aujourd'hui et même chez les grands éditeurs endémiques du marché, on ne retrouve pas toujours ce niveau de qualité et d'attention portée aux détails, personnages et intrigues. C'est une vraie leçon d'écriture façon comics, et un très bon exemple de ce que les indépendants ont à offrir à cette industrie au lectorat si exigeant. Je garde une place spéciale dans mon cœur pour Fathom et ses protagonistes et concepteurs, et j'ai vraiment hâte de connaître la suite !


Si vous comptez vous procurer la collection, essayez de le faire via le site de l'éditeur directement (AspenStore), ou en format digital si vous préférez, mais ne dépensez pas une fortune chez les grosses compagnies comme Amazon qui profitent pleinement de la rareté et de la spéculation autour de ces titres. Ou au pire, attendez et espérez une édition Française de qualité chez Delcourt si tout va bien et si la série fonctionne toujours !


Voici mon récit et mes impressions d'une lecture intense et animée comme peu le sont vraiment, qui aura su me faire vibrer au rythme du récit et de l'évolution des personnages et des situations, m'attacher à certains, en détester d'autres, m'émouvoir et m'émerveiller comme m'effrayer aussi par moments. Je vous souhaite la même expérience de votre côté si possible !