dimanche 25 décembre 2022

Unboxing - Teletha ''Tessa'' Testarossa (Full Metal Panic! IV) Maid version by Alter


Bonjour à toutes et à tous, aujourd'hui c'est Noël ENFIN et je tenais à partager avec vous un beau cadeau que je me suis fait tout récemment pour l'occasion, il s'agit de la figurine d'un personnage que j'attendais avec ferveur depuis ma première découverte de l'anime en 2008... je ne vous fais pas mariner plus longtemps, voici Teletha Testarossa, Tessa pour les intimes, issue du manga/anime Full Metal Panic!.


C'est sans doute l'un de mes plus gros coups de cœur dans l'univers des mangas, Tessa est un personnage assez charismatique et touchante de par son intelligence hors du commun et sa détermination sans faille, associées à une gentille maladresse de temps à autre qui nous rappelle qu'elle n'est pas parfaite. Malgré son jeune âge, Tessa est capitaine de sous-marin dans la flotte Pacifique de l'organisation Mithril, sur une planète Terre dystopique où la Guerre Froide ne s'est jamais arrêtée et où l'armement militaire a connu des avancées technologiques extrêmes, entraînant nombre de conflits injustes. Mithril se pose comme un troisième camp, celui de la raison et de la fin des hostilités, et pour mettre tout le monde d'accord autour d'une table mieux vaut être très performant durant les combats et posséder un armement de pointe.


Tessa est une Whisper, comme l'héroïne de la série (Chidori Kaname), ce qui signifie qu'elle possède en elle des connaissances quasi-mystiques sur une étrange Black Technology, ce qui lui a permis entre autres de concevoir et de commander son légendaire et mythique sous-marin, le Tuatha de Danann, fleuron de la flotte de Mithril !


Je suis vraiment très content que cette figurine soit sortie, aux alentours de 2019 il me semble, chez Alter un fabriquant que je connaissais de nom et que j'imaginais davantage centré sur les postures et tenues légères et sexy. Avec cette version maid/soubrette de Tessa, Alter nous prouve qu'ils peuvent aussi produire des figurines de haute qualité, valant largement les grands noms de ce petit monde. Les détails de texture et de couleurs, les teintes, tout est vraiment saisissant et je ne peux que retomber amoureux de Tessa en la regardant. Bien qu'elle ait un air vraiment doux sur le visage et dans son merveilleux regard, elle est fournie avec un fusil mitrailleur qui nous renseigne immédiatement sur son niveau de compétence en cas de bagarre. Mieux vaut ne pas trop la chercher !


Voilà, j'espère que ce petit unboxing de fin d'année vous aura plu et que vous lui réserverez un accueil aussi bon que pour la Supergirl présentée précédemment. Encore une fois je vous souhaite un Joyeux Noël 2022 et, de façon plus générale, de très bonnes fêtes de fin d'année ! On se retrouve très bientôt !

 

samedi 24 décembre 2022

Sin City omnibus (Rackham - Octobre 2017)


Basin City. Une ville double, une simple étape sur la route de l'Ouest et des jours meilleurs. Si vous la connaissiez mieux, vous l'appelleriez simplement Sin City, sans sourciller. Là bas il se passe des choses vraiment pas nettes, des trucs à vous coller des cauchemars à vie, l'horreur d'un quotidien désespéré et aux abois. La ville est tenue par la pègre, les pourris, et écumée chaque nuit par tous les malades que l'on peut imaginer fiévreusement dans la sécurité de son petit chez-soi. Vous n'y croyez pas ? Alors embarquez pour une petite visite guidée...


Dans The Hard Goodbye, une brute épaisse du nom de Marv se change en ange vengeur quand l'amour de sa vie, une prostituée de luxe rencontrée la veille, est assassinée juste à côté de lui après leur nuit magique. Poursuivi par tous les flics de la ville, puis par des commandos spéciaux, Marv va faire remonter la merde des égouts de cet Enfer sur Terre, et mettre à jour un véritable massacre organisé servant les intérêts des plus hauts placés de l'État. Il sait qu'il ne va pas s'en tirer, cette fois ce ne sera pas simplement un tour par la case prison, il va y rester pour de bon et on va s'arranger pour le charger à bloc, mais il s'en fiche, il est prêt à tout pour venger Goldie, et faire passer un message à tous les enfoirés qui pullulent dans cette ville. Les adieux seront rapides, expédiés avec le courant à haut-voltage, et une légende vivante de Sin City s'éteindra pour toujours. Mais après son passage, rien ne sera plus jamais comme avant.


Dans J'ai tué pour elle, Dwight McCarthy se retrouve aux prises avec ses vieux démons quand une ancienne amante passionnée refait soudain surface pour le supplier de la sauver de son mari, une brute épaisse qui la tyrannise et s'apprête à la tuer froidement. Dwight avale l’appât et l'hameçon tout rond, et il faut peu de temps pour que la situation ne devienne complètement merdique autour de lui. Ballotté de mensonges en mensonges, de trahisons en déceptions, la gueule entièrement passée au verre pilé, Dwight commence à penser qu'il s'est fait sérieusement avoir. Et il n'aime vraiment pas ça. Alors, réfugié dans la vieille ville, là où la loi n'a plus son mot à dire, il va échafauder un petit plan de son crû pour faire payer Ava, cette garce qui joue avec les hommes comme avec des pions sur un échiquier des plus malsains. A la sortie, l'un des deux devra mourir, le chevalier déchu ou la belle diablesse. Une chose est sûre cependant, ce sera une vraie partie de plaisir.


Dans Le grand carnage, nous retrouvons de nouveau ce cher Dwight McCarthy alors qu'il doit affronter la plus terrible épreuve qui lui ait été réservée par cette chienne de vie : la vieille ville va brûler, tout va être à feu et à sang, car un flic a été tué et la guerre est déclarée. Les truands sont déjà sur les dents, ils n'attendent que le bon moment pour ramasser les restes fumants de la vieille ville et en devenir les nouveaux maîtres, mais les filles qui vivent là font encore la loi et ne se laisseront pas réduire en esclavage si facilement. Grâce à Dwight, elles échafaudent un plan digne des plus grands récits de guerre antiques, et éliminent méthodiquement et avec une précision cruelle le moindre des gêneurs capable de venir gâcher la fête. Le grand carnage a commencé, il finira bientôt, et tout en haut de la chaîne de commandement quelqu'un comprendra qu'il vaut mieux rester en dehors de la vieille ville et ne pas chercher des ennuis aux filles qui y font la loi et à leur bras armé.


Dans Cet enfant de salaud, l'un des seuls flics vraiment intègre de la police de Basin City fait tout son possible, à une heure de la retraite anticipée, pour coincer un tueur pédophile qui retient une petite de onze ans en otage. L'arrestation tourne mal, surtout parce que le tueur en question n'est autre que le fils chéri du tout puissant sénateur Roark, et que rien ne sera retenu contre lui. Personne ne voudra se mouiller, même pour sauver une gosse innocente. Personne sauf John Hartigan, qui passera huit ans en prison pour un crime qu'il n'a jamais commis. Quand sa petite protégée, Nancy Callahan, semble disparaître, Hartigan est enfin libéré et conduit sans le savoir les mauvaises personnes droit vers la jeune femme, maintenant âgée de dix-neuf ans et reine de saloon intouchable. Commence alors une longue course contre la montre pour Hartigan, qui doit une ultime fois sauver Nancy de la furie vengeresse d'un prédateur notoire que rien d'autre qu'une mort violente et bien méritée n'arrêtera. Mais pour Hartigan lui-même, les jeux sont faits, il n'y aura pas de happy end. Pas de repos pour les braves...


Dans Valeurs familiales, ce cher vieux Dwight McCarthy poursuit sa mission et continue de protéger les filles de la vieille ville dès que l'on fait appel à lui. En compagnie de la mortelle petite Miho, Dwight va remonter la piste d'un groupe d'assassins de la mafia qui a commis la bourde de trop au mauvais endroit au mauvais moment. Quelqu'un va devoir payer pour le sang versé, et au bout d'une longue promenade au clair de lune Dwight et Miho vont faire s'abattre la vengeance d'une femme blessée au plus profond de son être par le mal que peuvent faire les hommes aveuglés. La mafia et les truands vont se déclarer la guerre après ça, sûrement, mais ce ne sera plus le problème de la vieille ville. La loi des filles règne partout, tout le temps.


Dans Des filles et des flingues, justement, nous avons plusieurs petites occasions de constater qu'à Sin City les femmes ont souvent leur mot à dire, un mot qui peut signifier la vie ou la mort d'à peu près n'importe qui. Des prostituées de la vieille ville en passant par les tueuses apprenties ou les femmes fatales, aucune ne fait marche arrière quand il s'agit d'exécuter un contrat ou de se salir les mains. A Sin City comme dans la vieille ville, les femmes sont reines, guerrières, amantes et faucheuses tout à la fois.


Enfin, dans L'Enfer en retour, un jeune soldat revenu du front appelé Wallace tombe nez à nez avec une jeune femme suicidaire qui se jette du haut d'une falaise. Après l'avoir sauvé, Wallace se retrouve dans les ennuis jusqu'au cou quand il entre malgré lui dans une conspiration militaire de haute volée qui va chercher ses racines jusqu'au cœur même de Sin City. Rien ni personne n'est à l'abri, rien ni personne n'en sortira indemne. C'est l'heure de la vengeance pour Wallace, mais ce qu'il recherche c'est avant tout secourir cette femme, Esther, dont il ignore presque tout mais dont il est clairement tombé sous le charme. Et tandis que la ville tremble en cette nuit fatidique, les forces de police vont enfin devoir faire un choix d'ampleur et prendre position dans cette lutte sans fin contre le vice et le péché. A Sin City se trame quelque chose de vraiment moche, même au regard de toutes ces années passées à collectionner les déviances. Et il est temps d'y mettre fin.


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Voilà ce que l'on peut trouver dans cet énorme omnibus sorti chez Rackham il y a quelques années maintenant, pour le prix modique de 75€ il me semble bien. Niveau conception du bouquin, on pourrait lui reprocher d'être un peu petit question hauteur, mais sans ça c'est du haut de gamme comme on en voit rarement. Je regrette simplement que la couverture retenue pour l'album ne représente pas Nancy Callahan, personnage assez central de toutes ces aventures nocturnes qui, pour certaines, font vraiment froid dans le dos.


Avec Sin City, le légendaire Frank Miller nous plonge dans un Enfer du quotidien dont il a le secret, une lutte incessante pour la survie même au pire des prix, où se croisent les Chevaliers du temps jadis et les raclures de bas étage. Même dans la ville la plus pourrie du monde, il y a encore des âmes nobles qui font de leur mieux quand on leur en donne l'occasion, même si ça s'avère souvent fatal. La rédemption n'est pas quelque chose que l'on obtient facilement, mais on peut la croiser au détour d'une ruelle ou au bout d'une route sans fin dans le désert, si on sait prendre le bon virage.


Le dessin est simplement magique, ce n'est pratiquement que du noir et du blanc, de l'encrage blanc sur des pages noires, ou inversement comme vous préférez, c'est juste saisissant de brutalité et d'efficacité. Quelques notes de couleurs feront petit à petit leur apparition à certains moments, pour vite disparaître dans les recoins de notre mémoire, comme de petits îlots de normalité au sein d'un polar plus noir que la nuit elle-même. C'est violent, c'est brutal, c'est sexy aussi, bref c'est du grand Frank Miller qui se lâche totalement sans pour autant verser dans la déviance politique facile qu'on lui connaît un peu trop malheureusement depuis quelques décennies.


Les éditions Rackham ont fait avec cet omnibus un très beau travail, le papier est de qualité, épais et agréable au toucher, et fait parfaitement ressortir et ressentir ce contraste incroyable entre blanc et noir. Les pleines pages sont magnifiques au bas mot, et je me prends souvent à rêver posséder une planche originale de ces illustrations. Très souvent au cours de cette lecture, vous tomberez sur plusieurs pages de suite où il n'y a aucun texte, aucun ''bruit'' si l'on peut dire, que du silence et de la violence gratuite ou bien des moments forts de simple observation entre prédateurs nocturnes.


Pour celles et ceux qui connaissent Sin City avant tout grâce au légendaire film de Robert Rodriguez co-réalisé par Frank Miller lui-même, cet omnibus vous prouvera que l'on savait encore faire du très bon travail d'adaptation d'une bande-dessinée sur grand écran à l'époque, sans fioritures, sans chichis, que du bon et du fidèle. Le Hartigan incarné par Bruce Willis, le McCarthy de Clive Owen, le Marv spectaculaire de Mickey Rourke, ou encore la Nancy Callahan de Jessica Alba... autant de souvenirs impérissables qui ont porté haut et fort les couleurs si sombres de cette anthologie. Sept albums, deux films, des heures et des heures de lecture, entre polar noir et thriller franc du collier, avec un humour parfois limite mais jamais dépassé, et une telle justesse dans la caractérisation de ses personnages et de leurs démons que c'en devient criminel.


A l'image des visiteurs de passage, si vous débarquez à Sin City, si vous avez de l'argent à perdre et si vous recherchez une expérience unique en son genre, vous trouverez de quoi vous plaire. Faites un tour dans la vieille ville si vous l'osez, mais faites bien attention à vos mains baladeuses ou à vos paroles malheureuses, un rien peut vous expédier dans les marais où l'on ne risque pas de vous retrouver. Une lecture à ne pas mettre entre toutes les mains, et je conseille mon propre parcours à savoir commencer par le film (je zappe le second qui contient trop de rallonge à mon goût même si c'était sympa de retrouver certains membres du casting) puis finir de s'achever avec la bande-dessinée, merveilleusement traduite et travaillée par les équipes de Rackham chez nous. C'est mon petit conseil de fin d'année et une sorte de cadeau de Noël à mes lecteurs et auditeurs, j'espère que vous saurez retrouver votre chemin dans le noir par la suite.


Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture et un Joyeux Noël 2022 à toutes et à tous, je vous laisse vous faire votre propre avis, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

 

vendredi 23 décembre 2022

La V.O. du vendredi n°221 : She-Hulk tome 1 - Deconstructed (Marvel - Juillet 2017)


Après les événements tragiques de la seconde guerre civile entre super-héros, Jennifer Walters s'est retrouvée dans le coma, le temps que ses blessures guérissent. Elle n'a pas assisté à l'exécution sommaire de son cousin, Bruce Banner, alias Hulk, mais elle en a été grandement traumatisée et elle ne cesse de revivre la scène par procuration depuis son réveil. Tant bien que mal, Jen tâche de reprendre sa vie en main, mais chaque fois qu'elle se retrouve seule chez elle, chaque fois qu'elle ferme les yeux, elle revoit encore et encore les mêmes images terribles.


Redevenue avocate au sein d'un cabinet plutôt bienveillant qui dispose d'une branche dédiée aux êtres surhumains, Jen a comme première cliente une victime d'agression à qui l'on a donné à peine quelques jours pour rassembler ses affaires et partir de son logement. Son propriétaire ne veut rien entendre, et la pauvre femme est dans la plus grande des détresses. Pour quelque raison que ce soit, ce cas éveille quelque chose en Jen, qui accepte de défendre la malheureuse même si rien ne sera aussi simple une fois le travail commencé.


Quand, petit à petit, toutes les personnes qui gravitent dans l'entourage de sa cliente commencent à disparaître de façon violente et quand les autres locataires adoptent un comportement pour le moins étrange, c'est le signe que quelque chose de mal se trame, que quelque chose ne va pas, en profondeur. C'est un reflet de cette lutte incessante qui fait rage au cœur de Jen elle-même, une lutte contre ses pires terreurs, une lutte pour ne pas devenir elle-même le monstre que tout le monde poursuivra et reniera.


Tant de fureur, tant de colère... tant de peur, surtout. Jen va devoir y faire face malgré toutes ses bonnes intentions, et les laisser l'embrasser totalement si elle veut avoir une chance de survivre à ce qui se prépare dans cet immeuble insalubre des quartiers pauvres. Est-il possible que la rancœur et la colère de plusieurs personnes brisées par la vie puissent se mouvoir et prendre forme pour exercer une juste vengeance contre l'oppresseur ? Jen ne va pas tarder à le découvrir, ainsi que ses propres limites maintenant que le monstre est réveillé.


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C'est le premier tome de la -déjà- quatrième série titrée She-Hulk chez Marvel ! Cette fois-ci c'est une femme qui s'y colle, Mariko Tamaki, qui nous offre un scénario plutôt intimiste et nous plonge dans les tourments d'une femme blessée et encore fragile qui cherche à échapper à ce qu'elle ressent de pire au fond d'elle-même depuis un traumatisme violent. D'avocate, Jen Walters est désormais devenue victime elle aussi, et elle aurait bien besoin que quelqu'un accepte de l'aider à son tour, malheureusement la vie semble cruelle et personne n'en a cure, en tout cas personne qu'elle n'ait envie de voir puisqu'elle repousse tous les appels de sa meilleure amie s'inquiétant sincèrement pour elle.


Le dessin est l’œuvre de Nico Leon, dans un style qui rappelle beaucoup les gimmicks du manga il me semble (ou peut-être que je fais cette association simplement parce que l'autrice est asiatique, qui sait ?), mais tout en restant compréhensible et lisible assez facilement. En fait on se trouve devant des planches assez claires et nettes, un design plutôt basique mais efficace de bout en bout et surtout bourré d'énergie et/ou d'expressivité quand il le faut. Que demander de plus ? Laissons le temps faire son œuvre et voyons jusqu'où cette courte série nous mènera, je suis plutôt partant pour lui laisser sa chance et je dois dire que ça fait beaucoup de bien de sentir cette voix féminine dans la tête de Jen pour une fois, une voix qui la comprend et la représente vraiment bien dans sa force mais aussi ses faiblesses intimes. La série semble partie pour être un genre de drame psychologique, même si quelques surprises seront au rendez-vous bien entendu !

jeudi 22 décembre 2022

& - And tome 8 (Kana - Mai 2022)


Dernier tome de la série.


C'est enfin l'heure de la grande discussion entre Kaoru et le Docteur Yagai, celle qui devra supprimer tous les malentendus entre eux et faire en sorte d'arranger une situation très problématique. Pour rappel, Kaoru a été surprise dans l'appartement de son amant par une autre femme, plus mûre, qui semble lui avoir révélé qu'elle a elle aussi une liaison avec Yagai !


De plus, cette autre femme, du nom de Shimizu, serait liée à Yagai d'une autre façon : ce n'est autre de la sœur de son ex-compagne, celle dont il n'ose prononcer le nom ou aller la voir à l'hôpital où elle est en stade de survie. Yagai et Shimizu, rapprochés par la douleur et cette sorte de deuil, ont entamé une relation plus par défaut qu'autre chose, mais les faits sont là. Shimizu affirme être enceinte, et ne pas savoir si le bébé est de son propre mari ou de Yagai lui-même. Une révélation de trop pour Kaoru, qui pensait avoir enfin trouvé une personne capable d'être pleinement honnête avec elle, au point qu'elle puisse le toucher en retour et lui offrir son cœur.


Blessée, la jeune femme s'enfuit de l'appartement, laissant Yagai régler ses comptes avec Shimizu, qui lui avoue que la grossesse n'était qu'un subterfuge pour faire du mal à sa rivale. Mettant les choses au clair tout de suite, Yagai s'empresse de rattraper Kaoru pour tenter de s'expliquer et lui révéler cette partie si sombre et douloureuse de sa vie, ce qu'il n'a jamais oser verbaliser avant... mais même comme ça, le mal est fait. Après avoir rendu ses hommages à l'ex-femme de Yagai sur son lit d'hôpital, Kaoru décide de rompre avec lui, et ils se séparent bons amis mais amers tout de même.


Deux ans plus tard, Yagai est de retour à Tokyo pour quelques jours et rencontre presque par hasard Shiro, qui continue de sous-louer le rez-de-chaussée de son local à Kaoru pour son salon de manucure artisanale. Visiblement gêné, Shiro ne sait pas trop quoi lui répondre quand son aîné lui demande des nouvelles de Kaoru, si bien que Yagai s'amuse rapidement à l'asticoter au sujet de ses propres sentiments refoulés pour la jeune femme. Après lui avoir donné un dernier conseil, Yagai passe son chemin, revenant à sa nouvelle vie loin de la ville. Shiro de son côté retourne travailler et tombe sur Kaoru, mais malgré les paroles encourageantes de Yagai il ne parvient toujours pas à se dévoiler à elle, laissant la situation entre eux ne pas évoluer.


Quant à Kaoru, elle travaille désormais dans un autre hôpital, toujours en tant qu'assistante médicale, et cumule toujours cela avec son petit salon esthétique qui commence à bien lui rapporter maintenant. Elle n'est pas parvenue à résoudre son problème l'empêchant de se laisser toucher par autrui, mais elle travaille dur pour que ses deux vies se rapprochent le plus possible et que plus personne ne puisse la blesser aussi durement que par le passé. Si elle pense toujours au Docteur Yagai de temps à autre, elle n'en laisse rien paraître et a semble-t-il décidé de mener sa vie comme elle l'entend désormais, se débrouillant seule et faisant de son mieux.


En bonus, nous avons droit à un dernier regard sur les deux autres personnages féminins de la série, la collègue infirmière de Kaoru qui sort toujours avec l'ami du Docteur Yagai et qui ose enfin lui avouer qu'elle est déjà divorcée une fois, ce qui la complexait énormément vis à vis de lui et de ce que pourrait en penser sa famille assez traditionnelle. Ensuite, c'est Mlle Kono que nous retrouvons dans le salon de Kaoru où elle fait la rencontre totalement hasardeuse de l'un des employés de Shiro, qui l'invite assez maladroitement à sortir avec lui un jour prochain. Du tac au tac, le rendez-vous est pris, d'abord un tour chez un coiffeur en vue puis une virée dans les boutiques de mode pour rendre à ce geek un peu trop franc une apparence décente. Mais en définitive, ne serait-ce pas pour Kono une façon de se protéger à nouveau et de pas dévoiler ses failles ? Son rendez-vous se passant plutôt bien, elle accepte de faire quelques concessions de son côté et de s'ouvrir un peu. Peut-être est-ce enfin le bon moment pour elle, peut-être est-ce enfin le temps de changer de vie et de balayer les restes de ses traumas passés...


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Vous l'aurez donc compris, ce huitième et dernier tome est assez amer en fin de compte. Non seulement Kaoru et Yagai rompent, mais en plus ils ne trouvent personne chacun de son côté par la suite, même deux ans plus tard ! Deux âmes en peine qui étaient faites l'une pour l'autre mais qui, à cause d'un mensonge de trop, ne peuvent plus se faire confiance comme avant. Chacun souffre donc dans son coin, mais les histoires d'amour c'est aussi ça que voulez-vous, tout n'est pas toujours rose ! Pour ma part, même si je suis triste pour Kaoru, je ne peux m'empêcher de trouver ça très original qu'un shojo de type tranche-de-vie ose nous présenter une relation dysfonctionnelle jusqu'au bout et ne pas proposer un happy-end qui serait forcé. Les choses sont comme elles sont, c'est triste mais c'est ainsi et il faut l'accepter pour aller de l'avant, tout comme les personnages eux-mêmes.


Ensuite je suis très content de voir que les autres femmes de l'histoire n'ont pas été oubliées et ne sont pas passées à la trappe à la fin de la série, la preuve deux chapitres leur sont exclusivement consacrés, peut-être l'occasion de développer des spin-off un beau jour ? Je n'y crois pas trop, mais sait-on jamais. Le cas de Mlle Kono surtout est très intéressant d'un point de vue clinique et psychologique, et j'aurais bien voulu en savoir un peu plus sur le développement de cette nouvelle vie sentimentale qu'elle semble s'accorder. Le mystère restera donc entier, et je décide que les choses se passeront bien pour chacune des protagonistes, même Kaoru. A vous de faire votre propre conclusion !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mercredi 21 décembre 2022

Spider-Man - Naviguer à vue (Panini Comics - Février 2022)


La vie ordinaire reprend son cours, après les événements de Spider-Island et la dispersion de la toxine spéciale créée par le Chacal. Au programme, Spidey doit absolument se trouver un nouvel allié au sein de la police de New York, sans quoi certaines de ses enquêtes risquent de ne pas trouver de conclusion satisfaisante. Pendant ce temps, Peter Parker continue de travailler à son rythme aux Laboratoires Horizon, où son intellect lui permet de concevoir de nouveaux gadgets pour sa vie super-héroïque.


Quand il devient évident que certains quartiers de la ville sont soumis à une nouvelle bande de cambrioleurs qui ne reculent devant rien, y compris sacrifier ses propres membres au besoin, Peter et Carlie vont devoir faire équipe à nouveau, cette fois-ci en connaissant chacun les secrets de l'autre. Et ça fonctionne plutôt bien, puisque ce duo improvisé permet de mettre la main sur les voleurs et leur commanditaire et armateur, le Vautour en personne !


Puis, une nouvelle menace arrive inexorablement dans la vie de notre Homme-Araignée préféré. Horizon semble abriter un scientifique d'un genre très particulier, que personne n'est autorisé à voir ni à déranger sous quelque prétexte que ce soit. Évidemment Peter et le jeune Uatu vont s'empresser d'enquêter, d'autant plus que le sens du danger de Peter l'agace fortement quand il passe près du labo numéro six. Après avoir réveillé par accident la soif de sang de Morbius et l'avoir empêché de justesse de s'en prendre à des innocents, Spider-Man est déclaré personæ-non-gratta chez Horizon et Peter va devoir répondre de ses actes auprès de son patron. Morbius, revenu à lui, poursuit ses propres expériences et il vient juste de se trouver un nouveau cobaye...


Entre-temps, Spidey a pu faire équipe avec Daredevil pour innocenter la Chatte Noire d'un crime qu'elle n'avait pas commis, pour une fois. Mais ce n'est pas la reconnaissance qui l'étouffe, et nos deux héros vont avoir du mal à lui faire totalement confiance même quand il s'agit de la sortir des ennuis. Convaincue pour sa part que c'est Spider-Man qui l'a dénoncée aux flics, Felicia entend bien le lui faire payer à sa façon !


Autre journée et autre duo, Peter doit absolument convaincre Johnny Storm de l'aider à partir dans l'espace, pour venir en aide à John Jameson coincé dans une station en orbite expérimentale remplie d'Octobots et de zombies ! Rassurez-vous la situation n'est pas aussi grave qu'elle n'y paraît, et tout sera rapidement remis en ordre... sauf que la station doit exploser et que nos héros sont en route pour la Terre à vitesse maximale, avec une entrée dans l'atmosphère qui risque de ne rien pardonner.


Et pendant tout ce temps, le cerveau derrière ces opérations n'était autre que celui du Docteur Octopus, mourant à petit feu et scindé dans une armure spéciale qui maintient ses fonctions vitales, sans lui épargner la souffrance de cette lente agonie. Son plan magistral, qu'il met en place depuis des mois maintenant avec l'aide de ses Sinister Six rassemblés autour de lui, s'apprête à être activé. Quel sort ce génie criminel aux abois réserve-t-il à cette planète qui l'a si souvent condamné ?


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Réponse dans le prochain Marvel Deluxe (déjà sorti à cette heure) que je vais m'empresser de dévorer aussi vite et bien que celui-ci ! Tout d'abord je suis très content de retrouver un Peter Parker/Spider-Man moins isolé que dans les premiers temps de cette longue intrigue, c'est un plaisir de le voir faire équipe de nouveau et mener ses enquêtes avec l'aide d'alliés de circonstances, même si ce n'est pas toujours de tout repos pour lui comme pour eux.


Dan Slott, en grand architecte qu'il était déjà à cette époque, met en place les toutes dernières pièces d'un grand puzzle dont le Docteur Octopus est l'élément central. Aucun indice superflu n'est laissé aux lecteurs, rien qui viendrait trahir le point d'orgue à venir tout prochainement, et comme je n'ai pas lu ce récit en kiosque au début des années 2010 ce sera donc une vraie découverte pour moi comme pour le jeune public qui prend ces histoires en cours de route.


Au niveau des dessins, rien à signaler tout est maîtrisé de bout en bout, on a droit à quelques couvertures en bonus à la fin de l'album et on peut même profiter du style de quelques artistes invités, notamment pour la partie avec Daredevil et la Chatte Noire, du plus bel effet !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mardi 20 décembre 2022

Charlie (Le Livre de Poche - Juillet 2020)


Tout commence dans les années '70, au sein d'une petite faculté des États-Unis. Un petit groupe d'étudiants accepte de participer à une expérience organisée par le département de Psychologie, contre l'assurance de toucher deux cent dollars rien que pour se faire injecter un peu d'eau dans les veines. Certains chanceux, toutefois, hériteront peut-être du lot spécial, le Lot Six, un produit aux vertus hallucinogènes légères mais très agréables dit-on.


Andy McGee rencontra sa future femme durant cette expérience. Ils eurent des visions, ça oui, et furent tous les deux parmi les élus de la formule miracle. C'est seulement après quelques temps que les véritables effets se firent sentir. Andy est maintenant capable de convaincre très facilement les gens de faire tout ce qui lui passe par la tête, et il sait que ce n'est pas grâce à son charisme naturel. Le Lot Six contenait quelque chose de très spécial, quelque chose qui a changé une partie de sa chimie biologique, quelque chose que sa femme possède aussi dans une autre version et dont leur unique enfant, Charlie, a hérité.


Mais chez Charlie, les choses sont beaucoup plus compliquées. Ses pouvoirs, puisqu'il faut bien les appeler ainsi, se déclenchent à l'improviste ou sous le coup de la colère ou de la tristesse. Elle peut mettre le feu à pratiquement n'importe quoi, si bien que ses parents lui installent des barrières mentales pour empêcher qu'une catastrophe ne se produise. Malheureusement, les choses tourneront mal quand même. Quand une agence top-secrète du Gouvernement Américain parvient à remonter la piste des McGee et découvre l'existence de leur précieuse progéniture, les ordres sont donnés.


La mère de Charlie est assassinée après avoir été torturée, et Charlie elle-même est enlevée par des agents inconnus à la sortie d'un goûter entre amies. Charlie n'a que sept ans environ, et elle vient de devenir l'une des fugitives les plus recherchées d'Amérique, ainsi que son père, qui réussit tant bien que mal à la tirer des griffes des agents de la Boîte. Maintenant pour eux commence une longue cavale à travers le pays, cherchant refuge ou la paix et ne perdant jamais de vue qu'ils sont poursuivis et qu'on veut leur arracher leur liberté, leur lien, et peut-être même leur être.


Traqués comme des animaux, harcelés et poussés dans leurs retranchements, Charlie et son père finiront par être capturés et emmenés au centre d'expérimentations de la Boîte. Ce sera le début de longs mois de calvaire, soumis aux caprices de hauts-gradés ineptes et de psys gonflés d'orgueil, passant d'une expérience à une autre. Mais tôt ou tard, les gentils cobayes réussiront à échapper au système, à se libérer de leurs entraves, et alors... le monde saura, et tremblera.


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J'ai acheté Charlie assez récemment en fait, après avoir lu L'Institut et la petite recommandation sur la quatrième de couverture qui évoquait clairement les mésaventures des McGee comme point de comparaison dans la bibliographie de Stephen King. Je m'attendais à trouver quelque chose de pas franchement terrible à vrai dire, peut-être que j'étais influencé sans le réaliser pleinement par les critiques mitigées de l'adaptation cinéma récente elle aussi.


Au final, c'est effectivement un très bon Stephen King de sa période classique si je puis dire. On constate déjà que l'auteur n'avait pas toujours le paranormal et le surnaturel au bout des doigts et qu'il s'en sortait vraiment bien en racontant une histoire que tout lecteur de Marvel prendrait pour un scénario tragique des X-Men de Stan Lee ou Chris Claremont.


Le style est parfois un peu difficile à maintenir, ça fait vieillot par moments, et évidemment l'histoire souffre du fossé technologique entre son époque d'origine et notre présent. Beaucoup de choses se seraient sans doute déroulées différemment dans l'esprit de l'auteur s'il avait pu prévoir l'évolution de notre société... mais attendez, c'est peut-être ce qu'il a fait avec L'Institut en fait ? Corriger le tir, offrir une nouvelle version, tout ça.


Mon impression à la sortie de cette lecture est de m'être retrouvé face à une sorte de version boostée et plus profonde et travaillée de Carrie, et tous les éléments qui ont fait le succès de Stephen King sont déjà bien présents et solidement ancrés. La parution initiale est datée de 1980 il me semble, et pourtant tellement de détails paraissent avant-gardistes pour l’œil d'aujourd'hui... quand d'autres en revanche tirent vraiment vers le bas.


C'était une bonne lecture, mais je n'ai pas eu autant de plaisir ou de passion ressentie qu'avec ses romans les plus récents par exemple. Peut-être que c'est simplement le fait de se replonger dans un style plus ancien qui perturbe un peu quand on vient de prendre l'habitude de la nouveauté, peut-être aussi que c'était un poil trop long par rapport à ce que j'en attendais ou à ce que j'avais l'impression que le récit pouvait chercher à raconter. Impression mitigée au final mais lecture agréable tout de même, où c'est notre société qui fait peur, et non les monstres qu'elle produit.


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

lundi 12 décembre 2022

Billy Summers (Albin Michel - Septembre 2022)


Billy Summers n'est pas vraiment un assassin, à proprement parler. Un tueur à gages, certes oui, mais il n'accepte que les contrats fixés sur des méchants, des gens aux comportements et aux actes réellement répréhensibles. Cela fait de lui, à ses yeux du moins même s'il ne s'abuse jamais, une sorte de justicier qui débarrasse ce monde déjà bien sombre d'une partie de ses ordures.


Quand Billy est contacté par son commanditaire habituel pour un nouveau contrat, il sait que ce sera très certainement le dernier de sa carrière. Il a envie de passer à autre chose, de tirer sa révérence et de faire amende honorable, peut-être, si on le lui permet. Et puis, même s'il est d'abord hésitant, deux millions de dollars ça ne se refuse pas pour projeter une belle retraite. Surtout que le travail en lui-même est on ne peut plus simple pour quelqu'un comme lui : attendre sagement dans un logement vide qu'une fenêtre de tir idéale se présente, presser la détente, éliminer la cible, et au-revoir tout le monde.


Ce que Billy n'avait pas prévu, mais qu'il redoutait secrètement dès les premiers instants de préparation pour cette dernière mission, c'est qu'il allait finir par s'attacher aux gens du cru que sa fausse identité l'obligeait à fréquenter. Devenir un bon voisin, un ami, un amant même... nouer des liens. Tout ce qu'il ne faut pas faire, se répète-t-il, mais il ne peut s'en empêcher, les gens sont attirés vers lui comme des papillons par une lumière intense. Il a la sympathie dans le sang, que voulez-vous.


Mais quand vient enfin l'heure fatidique, Billy est parcouru de nombreux doutes. Plus il y pense, et plus cette affaire sent le pourri à plein nez. Trop facile, trop encadrée aussi, et trop de personnes étrangères qu'il ne connaît pas et qu'il ne contrôle pas. Il tire finalement, la cible est éliminée comme prévu, et il s'échappe par son propre plan personnel, loin des ficelles qui devaient lui indiquer la voie de repli idéale selon les employeurs. C'est là que les ennuis commencent vraiment.


Sous une toute autre identité, Billy se fait très discret et attend que l'orage passe, que les autorités cessent de bloquer les routes à la recherche d'un criminel notoire et que ses commanditaires aillent le chercher ailleurs. Tout ce qui lui importe, c'est de recevoir son fric bien mérité et de se mettre au vert le reste de sa vie. Ça, et aussi son petit projet parallèle, auquel il a rapidement pris goût : écrire un roman racontant sa vie décousue, de son enfance à cette dernière mission si étrange, comme une sorte de confession adressée à personne d'autre que lui-même, pour le plaisir, pour l'exercice, pour savoir s'il a au fond de lui l'étoffe d'un auteur qui s'ignore. Et c'est plutôt bon, il doit bien le reconnaître.


Quand Alice, une jeune femme violée et abandonnée dans la ruelle sordide non loin du repaire de Billy, fait cette entrée fracassante dans sa vie, le tueur à gages vigilante décide qu'il va non seulement lui porter secours, mais également la venger en traquant ses violeurs et en leur faisant chèrement payer les horreurs qu'ils lui ont fait subir. Alice, quant à elle, s'attache également à son Samaritain, peut-être prise dans les premières bouffées d'un sévère syndrome de Stockholm, mais elle n'en a rapidement plus rien à faire et veut simplement accompagner Billy dans sa nouvelle croisade.


Parce que Billy a un plan bien ficelé en tête, désormais. Il va remonter la chaîne de commandement, maillon par maillon, jusqu'aux décisionnaires, pour exiger son fric, sa récompense, et surtout comprendre pourquoi il a cette si sale impression au sujet de ce contrat depuis le début. Le sentiment de s'être fait manipuler et que dans cette histoire, il n'était destiné qu'à être un outil jetable bien pratique. Évidemment, avec Alice à ses côtés, les choses vont être plus délicates à mettre en place, même si la jeune femme fait montre d'un précieux enthousiasme. Un attachement des plus sincères va alors se mettre en place entre eux, entre ces deux épaves que la vie a bien abîmé et qui cherchent Justice dans un monde où les gentils et les méchants s'affrontent dans une immense zone de grisaille.


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C'est l'histoire de Billy Summers, c'est l'histoire d'un tueur, c'est l'histoire d'un auteur. Beaucoup de thèmes chers à Stephen King depuis quelques années, une mise en abîme sur plusieurs niveaux qui fonctionne du tonnerre et qui démontre si besoin était que le Maître de l'Horreur est également des plus adroits quand il s'agit de dérouler le fil d'un bon thriller pas trop sombre mais vraiment passionnant. Rien de surnaturel en plus, l'exercice est donc appréciable et change de ce à quoi on avait l'habitude la plupart du temps chez King... quoique ? Vous verrez bien.


Le plus grand intérêt dans ce roman c'est qu'il est double, on suit à la fois la progression de Billy le tueur et également celle du récit qu'il raconte sur son ordinateur personnel quand il n'a rien d'autre à faire ou que le feu dévorant de l'inspiration le consume. C'est un moyen très malin d'exposer la jeunesse du personnage tout en décrivant son évolution présente dans l'intrigue générale, et King s'efforce même de prendre plusieurs styles de voix pour cela, comme si l'écriture de son personnage était elle-même en train d'évoluer à mesure qu'il se dévoile.


Billy Summers est un auteur qui s'ignore, torturé par ses vieux démons, très vite obsédé à l'idée de laisser derrière lui un vibrant témoignage de son passage sur Terre, de ce qui l'animait au temps jadis, de ce qui le pousse à faire ce qu'il fait. Pas pour se défendre devant la morale, non, simplement pour lui-même, et éventuellement Alice puisqu'elle est partie intégrante de l'histoire au bout d'un moment. On retrouve chez Billy énormément d'interrogations et de complexes que peuvent avoir les auteurs en devenir, en gestation, avant de se lancer corps et âme dans ce pari risqué qu'est l'écriture. Le présent et le passé s'entremêlent donc régulièrement au cœur de ce double roman, où le lecteur devra parfois prendre son mal en patience pour poursuivre l'intrigue principale après une salve de souvenirs. Je n'en dévoile volontairement pas davantage pour ne pas vous gâcher la nature et les sujets de ces deux récits liés à plus d'un titre.


Autre élément important, le dédain et le dégoût profonds que Stephen King ressent pour les Donald Trump & Cie qui dirigent cette Amérique de 2019, et qui en prennent très souvent pour leur grade à grand renfort de petites piques et remarques blessantes mais tellement justes au fond. Ah oui, et à ma grande surprise teintée de crainte, un ''personnage'' emblématique de l'auteur fait sa réapparition dans ce roman, prouvant ainsi qu'il se déroule dans un univers partagé avec certaines œuvres précédentes et que rien n'est jamais laissé totalement au hasard ni en friche bien longtemps...


Billy Summers, c'est je pense une lettre d'amour de Stephen King à la carrière d'écrivain qu'il a embrassé il y a bien longtemps, une confession aussi par l'intermédiaire de son personnage éponyme. Et, qui sait, peut-être aussi le début d'une nouvelle piste à explorer pour celui dont le surnaturel horrifique a guidé la vie pendant des décennies et qui cherche depuis quelques années à ancrer davantage ses pensées dans le réel et le concret d'un monde qui en manque cruellement.


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

dimanche 4 décembre 2022

La Constance du Prédateur (Albin Michel - Novembre 2022)


Quelques mois après avoir affronté sa dernière grande enquête, la gendarme on ne peut plus méritante Ludivine Vancker est promue au sein du département des sciences du comportement, domaine où elle a toute l'expérience requise depuis le temps. Malgré ses doutes personnels sur ses compétences, Ludivine va très vite comprendre que sa promotion cache en réalité un besoin très concret : dans l'Est de la France, au cœur d'une mine désaffectée depuis les années '70, un civil en exploration vient de faire la tragique découverte de plusieurs cadavres enfermés là.


Très vite, le doute n'est plus permis : il s'agit bien du tableau de chasse morbide d'un tueur en série. L'individu a abandonné ses victimes dans cette mine, son sanctuaire, et ne semble plus avoir donné signe de vie depuis lors. Toute l'équipe est dépêchée sur place, un véritable poste de commandement mobile est installé, et le long travail d'identification est lancé pour que toutes les familles de ces victimes malchanceuses puissent enfin faire leur deuil, parfois après plus de trente ans d'espoirs brisés.


Mais soudain, un coup de tonnerre ! Le tueur frappe encore, est encore en activité, non loin de Bordeaux, dans le Sud-Ouest. Impossible, à moins qu'il ne s'agisse d'un homme d'une soixantaine d'années environ et très bien conservé, un homme qui s'est bâti tout entier autour d'une seule et unique fonction, tuer, encore et encore. Hypothèse probable, mais loin d'être la seule sur le moment. Pourtant, une donnée entre toutes va venir chambouler l'équipe d'enquêteurs chevronnés : l'ADN retrouvé sur les deux victimes les plus récentes est le même que celui présent dans les corps meurtris d'il y a trente ans... et au moment où les premières constatations tombent, un autre séisme fait trembler la gendarmerie : un autre charnier est découvert, plus au Nord, toujours dans une mine abandonnée depuis bien longtemps, et sans commune mesure avec le précédent.


La vérité, aussi incroyable qu'elle puisse être, s'étale sous les yeux de Ludivine et de sa nouvelle patronne. Un tueur sévit depuis les années '30 jusqu'à nos jours, dans plusieurs régions du pays, avec pratiquement le même mode opératoire après des dizaines d'années d'intervalle. Un homme dont la conviction est si forte qu'il semble bien avoir réussi à transcender la Mort elle-même...


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Au cours de cette enquête de longue haleine, nouvelle épreuve infligée par Maxime Chattam à sa gendarme préférée, le lecteur va être amené à remettre en question beaucoup d'éléments qui paraissent pourtant évidents à plus d'un titre. Comme toujours, la vérité est différente de ce que la réalité nous montre, il faut savoir faire la différence et aussi écouter son instinct car il trompe rarement, même dans des circonstances aussi étranges.


Dire que cette nouvelle affaire est plus terrible que les précédentes serait m'avancer un peu trop je pense, au contraire je dirais plutôt qu'elle s'intègre fort logiquement dans les théories et pensées de l'auteur depuis ses premières œuvres, c'est la somme d'un travail colossal et de réflexions douloureuses sur l'état de notre société contemporaine, mais aussi un retour aux sources pour cette saga comptant donc maintenant quatre tomes. On aura attendu La Constance du Prédateur pendant longtemps, et ça en valait la peine c'est rien de le dire !


Bien sûr, certaines libertés sont prises par rapport aux procédures légales et réelles dans ce genre d'enquêtes, comme l'écrit Chattam lui-même dans ses notes de fin, c'est l'exceptionnel qui fait vendre, non le quotidien. Si l'on parvient à apaiser les quelques idées préconçues qui nous viennent à l'esprit par endroits, cette nouvelle histoire paraît étrangement plausible et assez terrifiante, de fait. Comme tout bon thriller en somme. Celui-là représente tout de même l'aboutissement de deux décennies passées à écrire et à coucher sur papier les démons de l'humanité. C'est pas rien !


Ne croyez pas le vieil adage qui veut que si l'on écarte toute rationalité, alors l'irrationnel devient forcément la seule piste envisageable. Ici les apparences sont trompeuses oui, mais pas tant que ça au fond, réfléchissez bien et vous devriez réussir vous aussi à assembler les pièces du puzzle, peut-être même avant Ludivine et ses collègues. Méfiez-vous des raccourcis cependant, à aller trop vite en conclusion on se prend souvent les pieds dans le tapis, et parfois ça peut être mortel...


Pour ce qui est de mon avis personnel, ce quatrième tome n'est pas mon préféré de la saga consacrée à la gendarmerie Française et sa section de recherche ou son département des sciences du comportement. J'espère toujours que l'auteur nous offrira un beau jour ce dont je rêve le plus, à savoir un cross-over avec son héros de La Trilogie du Mal, comme on a pu en savourer les prémices au tout début de ce cycle-ci. C'est la rareté qui fait la valeur dit-on, mais je reprendrai bien un peu de rab' à cette sauce !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

vendredi 2 décembre 2022

Soutenons Peter David !

Bonsoir tout le monde.

Aujourd'hui le ton sera plus grave que d'ordinaire. Je ne prends pas souvent, pour ne pas dire jamais, la peine de vous informer sur l'actualité des auteurs et artistes du monde des comics, des personnes au demeurant formidables qui connaissent malheureusement leurs propres difficultés à surmonter.

Aujourd'hui c'est le cas pour Peter David. Ce nom ne dira sans doute rien à la plupart d'entre vous, mais c'est un auteur immense et reconnu, en particulier chez Marvel dont il a fait les belles années durant trois décennies. Il écrit Incredible Hulk à une période où personne ne voulait s'y risquer, et son run durera plus de 12 ans avec des histoires mémorables dont on s'inspire encore ! Suivrons She-Hulk, Spider-Man 2099, et plus récemment Symbiote Spider-Man. Des séries que je compte vous chroniquer ou que j'ai déjà chroniqué sur le blog, des séries qui me donnent envie de les partager et qui font vivre des heures de plaisir dans les mondes imaginaires que l'on préfère.

Peter David souffre actuellement de graves problèmes de santé, notamment ses reins et un empoisonnement du sang. Je n'entrerai pas dans les détails intimes ou privés, sachez simplement que cette année 2022 nous a déjà fait perdre plusieurs grands artistes des comics et qu'il est impensable de perdre un aussi grand nom à cause d'un défaut de paiement de factures médicales ! Le système de santé Américain est ce qu'il est, imparfait comparé à ce que l'on trouve chez nous et en Europe, je ne vous l'apprends pas je pense. Chacun est laissé seul ou presque face à des dépenses qui décollent très vite et très haut au moindre problème. Mais heureusement grâce aux amis, aux proches, aux campagnes de dons comme celle-ci, il est possible d'aider à notre manière et dans la mesure de nos moyens.

Je prends donc le temps de vous partager le lien de cette campagne de soutien et de dons, en espérant que ma petite communauté saura y répondre favorablement, d'autant plus en ces périodes de fêtes qui s'annoncent. L'occasion de rendre un peu de ce que ces artistes hors normes nous offrent, ou vendent si vous préférez, et de faire une bonne action qui ne restera certainement pas sans effet.

Merci d'avance de votre attention, personne ne vous oblige à donner, vous pouvez participer en partageant simplement le lien sur vos propres réseaux par exemple, c'est déjà beaucoup. Voilà, c'était mon premier appel à la générosité de chacun sur ce blog, j'espère qu'il sera entendu, pour la bonne cause, pour se sentir humains tous ensemble.

Soutenez la famille de Peter David ! 

La V.O. du vendredi n°220 : Red She-Hulk tome 2 - Route 616 (Marvel - Septembre 2013)


Nous retrouvons Betty Ross et X-51 alors qu'ils sont toujours en fuite face aux autorités militaires représentées par le Général Fortean et le programme Echelon. Les deux fugitifs recherchent un nouveau point d'accès au super-ordinateur de capacité mondiale dont ils n'ont eu pour l'instant qu'un bref aperçu, et sont également à la recherche de la petite Ellie, la seule capable d'interagir avec ledit ordinateur, qui a mystérieusement disparu après l'incendie de la maison où elle était gardée.


Traversant les limites souterraines des nations de la surface, Betty et Aaron arrivent au royaume de Subterranea, où les accueille le fils de l'Homme-Taupe en personne ! Régnant lui aussi sur une partie de ce gigantesque empire, le Monstre-Taupe accepte de les emmener jusqu'au terminal de l'ordinateur planétaire, après une démonstration de force et de bonne volonté des deux camps. Mais même arrivés à destination, les choses ne seront pas simples et la conscience virtuelle de Tesla les obligera à repousser chemin en les transportant dans une autre réalité...


Ou du moins ce qui semble être une autre réalité, où le Mont Rushmore est devenu l'avatar des quatre plus ignobles vilains de tous les temps : Loki, Crâne Rouge, Ultron et le Docteur Fatalis, en lieux et places des anciens présidents Américains. Évidemment il s'agit d'une ruse de l'ordinateur et de Tesla pour protéger leurs secrets, mais ces adversaires virtuels n'en demeurent pas moins dangereux que les originaux, surtout quand leurs consciences viennent à fusionner pour ne former plus qu'une seule entité mégalomane cherchant à tout prix à se libérer de son propre programme.


Après un bref affrontement, Betty et Aaron reprennent leur route direction les Everglades, en Floride, où se trouve le Nexus des Réalités, l'endroit au monde où les différentes alternatives de l'existence se rencontrent et fluctuent le plus, sous la garde de l'Homme-Chose. Franchissant un nouveau portail, Betty et son allié se retrouvent une fois de plus embarqués dans une autre réalité, un monde où elle aurait empêché Bruce Banner, son grand amour, de devenir Hulk et où c'est elle-même, Betty Ross, qui serait devenue la créature ivre de rage. Dans cet autre monde, les choses tournent très mal et Banner rejoint par colère et jalousie un programme secret de conception d'androïdes capables de détruire les surhumains quels qu'ils soient, programme qui donna naissance à un autre Machine-Man obligé de suivre les ordres et son programme sans pouvoir riposter.


C'est à ce moment que débarquent le Général Fortean et la Miss Hulk d'origine, Jen Walters, venus récupérer Betty avant qu'il ne soit trop tard, chacun pour ses propres raisons opposées. Alors que tout semble perdu au sein d'un immense combat sans merci entre robots et héros, c'est finalement grâce au mélange d'influences de l'Homme-Chose et de Miss Hulk que Betty retrouvera la mémoire et sa véritable identité, avant de commettre l'irréparable. Revenant avec Fortean dans la bonne réalité, la Terre-616, Betty parvient à remettre les choses en ordre, mais cet avenir possible qu'ils ont tous entrevu a de quoi faire longuement réfléchir, car il reste toujours probable quelque part si rien n'est fait pour stopper l'escalade.


Laissant Fortean derrière eux, le groupe se rend dans le sanctuaire où ils retrouvent Ellie et les Grands Anciens qui la gardent. Tesla se portant garant, Betty peut obtenir l'adoubement de l'ancien ordre secret et récupérer au passage son épée chérie, avant de promettre qu'elle fera tout désormais pour protéger sa réalité et empêcher que n'advienne cet autre monde terrifiant dont elle pourrait être à l'origine de bien d'autres façons. Unissant ses alliés autour d'elle, la Miss Hulk Rouge fonde son propre nouvel ordre, à qui l'avenir réserve sans doute bien des surprises et des aventures...


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Ou pas. En effet la série s'arrête sur cette ouverture mais l'album contient un petit texte de l'auteur qui admet que l'histoire n'ira pas plus loin en ce qui le concerne, peut-être une consigne d'abandon venant directement de Marvel en plus haut lieu. En tout cas, ces deux tomes sont tout ce qu'il y a à se mettre sous la dent pour les aventures pas si solo de la Miss Hulk Rouge revenue dans le camp des gentils, et une bien maigre apparition de la Miss Hulk d'origine ne sauvera pas la série de sa fin programmée en avance.


C'était sympathique au demeurant, mais trop peu ambitieux pour retenir l'attention du lectorat en cette première moitié des années 2010 très mouvementée. Au final, les clins d’œil appuyés à d'autres grands arcs du passé ne permettront pas d'explorer plus de pistes et l'aventure s'arrête ici, à moins qu'il y ait eu une autre série dont je n'ai tout simplement pas connaissance pour prendre la suite. Je dois dire qu'au fond je ne m'y intéresse pas tant que ça, c'était juste une parenthèse pour moi et une façon de vous présenter l'autre Miss Hulk en titre avec sa propre série, bien trop courte vous l'aurez compris, mais servie par des dessins de qualité il faut tout de même le reconnaître.


Que retenir ? Eh bien au moins le Général Fortean, que l'on retrouve par la suite dans l'excellente série Immortal Hulk où il continue de trafiquer l'ADN humain avec des outils et des pouvoirs que la science mortelle ne devrait jamais avoir à sa portée. Quant à Jen Walters, nous la reverrons très bientôt dans une nouvelle itération de sa propre série, en trois tomes seulement, sous un tout nouveau jour plus sauvage et déchaînée que jamais.


Que devient Betty Ross dans tout ça ? Aucune idée. Sincèrement, ce n'est pas faute de m'en soucier, mais à part son apparition elle aussi dans les pages de Immortal Hulk je ne sais pas du tout ce que le personnage a pu faire entre les dernières cases de cet album et la grande histoire imaginée par Al Ewing. Il me semble qu'à un moment elle a fait partie des Défenseurs, mais je n'ai aucune idée de si c'était avant, pendant ou après les événements décrits ici. Si d'aventure quelqu'un se sent d'aller explorer cette branche de Marvel et d'en donner quelques nouvelles, libre à vous...


Rendez-vous prochainement pour un retour au vert et des retrouvailles tonitruantes avec la seule véritable Miss Hulk dans nos cœurs, pour le meilleur et pour le pire !

jeudi 1 décembre 2022

Vlad Draculea tome 4 (Soleil Manga - Septembre 2022)


Nous sommes à présent en l'an 1462. La guerre a été ouvertement déclarée contre le vaste empire Ottoman, qui a entamé ses préparatifs pour une invasion impitoyable de l'autre rive du Danube, la frontière historique. La Valachie se dresse seule pour le moment, forte de milliers d'hommes déterminés à suivre leur prince jusqu'au bout, en attendant que la Hongrie et la Moldavie viennent à leurs côtés avec des renforts.


Si la première bataille mémorable est à l'avantage de Vlad, très vite la situation tourne à l'inverse et c'est une véritable débâcle. Quand les Valaques se rendent compte que personne ne viendra les soutenir ni les secourir, que la Hongrie les a abandonné et que la Moldavie a trahi, c'est presque le coup de grâce qui aurait pu tout anéantir. Mais heureusement, grâce à un plan solide et à une force de conviction à nulle autre pareille, les proches conseillers de Vlad maintiennent l'effort général et la cadence infernale que les troupes survivantes doivent suivre pour échapper aux Ottomans et préparer l'avenir.


La stratégie du prince est changeante, elle aussi, mais jamais son humeur ou son objectif. S'adaptant aux machinations de son ennemi si puissant, Vlad parvient à créer un contre-courant dans cette guerre d'usure. Sur son ordre, les villes et villages sont évacués, abandonnés aux Ottomans sans la moindre nourriture valable et avec des animaux et points d'eau empoisonnés, les terres brûlées, les bâtiments détruits. Qui serait assez fou pour faire cela à son propre pays ? C'est la question qui commence à tarauder les conseillers de Mehmet II, tandis que leur empereur ne semble pas prêt à rebrousser chemin. Misant tout sur la possibilité d'un ravitaillement après la prise d'un port d'importance en Mer Noire, Mehmet fait forcer l'allure de ses troupes, direction Targoviste.


Secrètement les choses sont en train d'évoluer dans le bon sens pour la Valachie, malgré les apparences. Étienne III, souverain Moldave, trouve un moyen astucieux pour venir en aide à son allié historique sans déclencher le courroux de la Pologne qui lui a interdit tout renfort à Vlad. Surprenant tout le monde, il déclare la guerre à la Valachie, une excuse toute prête pour envoyer des troupes à marche forcée sur le port de Kilia et défendre la ville contre les Ottomans, qui ne s'attendent absolument pas à cette nouvelle résistance. Vlad accueille ce bon augure avec un certain soulagement, même si le plus difficile reste encore à venir.


Maintenant que la grande armée Ottomane est affaiblie et affamée, le désordre commence à s'installer et la peur semble poindre parmi certains corps. Le moment est idéal pour frapper au cœur, d'autant plus que l'envahisseur n'est plus qu'à quelques dizaines de lieues de Targoviste. C'est maintenant ou jamais, et Vlad le sait très bien. Offrant une dernière nuit de liesse à ses troupes, le prince se prépare de son côté pour son plan le plus audacieux à ce jour : s'infiltrer dans le campement Ottoman principal et atteindre directement Mehmet pour décapiter l'ennemi et ne pas lui laisser le temps de se ressaisir ! Un plan très risqué, qui ne pourra réussir que si toutes les conditions sont remplies. Les Valaques doivent maintenir l'illusion qu'ils peuvent se battre jusqu'au dernier, tandis que leur leader sera au beau milieu de la base adverse à risquer sa propre vie sur un coup du sort. De cette stratégie qui semble désespérée dépend pourtant l'avenir immédiat de toute la principauté, et au-delà celui de l'Europe Chrétienne dans son ensemble. Car Mehmet II ne se contentera pas d'écraser la Valachie, il profitera immanquablement de l'occasion qui lui est donnée pour se lancer à l'assaut des grands royaumes divisés. Une nuit fatidique où les destins de deux hommes aux convictions inébranlables vont s'affronter, et dont un seul pourra s'en sortir vivant.


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Quatrième et pour le moment dernier tome de la série de reconstitution historique de la vie de Vlad III, l'inspiration derrière le célèbre Comte Dracula de Bram Stoker. Le personnage est une légende à lui tout seul, et il le prouve encore en se montrant prêt à sacrifier son propre pays et la prospérité de son peuple plutôt que de les céder à l'ennemi. C'est une vraie guerre d'usure comme je le disais plus haut, où tous les coups ou presque sont permis et où chacun rivalise d'ingéniosité... et de cruauté.


Comment une petite principauté alignant à peine 20 000 hommes, pas tous soldats de métier, peut-elle tenir tête à une armée de plus de 60 000 guerriers menés par celui qui a conquis Constantinople ? Inférieurs en nombre, dépassés en armement, abandonnés par leurs alliés ou seigneurs tutélaires, les Valaques vont pourtant prouver qu'ils sont capables d'inverser la tendance et de remporter des victoires certes minimes mais qui impressionnent énormément l'ennemi. Tout cela en grande partie grâce au génie mais également au pragmatisme à toute épreuve d'un jeune prince risquant le tout pour le tout.


Si ça, ça n'est pas une leçon d'Histoire avec un grand H comme on aimerait en voir plus souvent dans les amphithéâtres et salles de classe, j'en perds mon latin ! Blague à part, l'image est évidemment grossie autour de la personnalité de Vlad III, qui a su tout comme son adversaire bénéficier de conseils attentifs et avisés de la part de ses proches, même s'ils sont rares il est vrai. Ce que l'on attribue à un seul homme est sans doute l'oeuvre collective de plusieurs stratèges, d'ailleurs je ne peux passer sous silence le rôle d'Étienne III de Moldavie qui a pris le risque insensé de passer pour un traître infâme dans l'unique but d'apporter une aide déguisée à un allié dans la tourmente. C'est plutôt culotté il faut bien le reconnaître !


J'ai vraiment hâte de lire le prochain tome, car évidemment celui-ci s'arrête pile au moment où Vlad s'apprête à infiltrer le campement de Mehmet, au cœur de la nuit la plus intense qui soit. De quoi faire monter la sauce et grandir l'intérêt croissant que je porte à cette série et à son auteur, Akiyo Ohkubo, qui semble à chaque fois on ne peut plus renseigné sur son sujet et c'est vraiment louable à mon humble avis. Un manga de qualité donc, qui me redonne le goût et l'envie de suivre des séries pseudo-biographiques de grands personnages de l'Histoire, certes avec une bonne dose de romance et d'interprétations personnelles, alors que je pensais justement m'en être lassé. Ce sera sûrement l'occasion parfaite pour vous remettre dans le bain d'autres mangas de ce type, comme Reine d'Égypte que j'ai laissé de côté depuis trop longtemps !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mercredi 30 novembre 2022

Fatale - L'intégrale tome 2 (Delcourt - Février 2022)


Les années passent et la malédiction de Joséphine se poursuit sans relâche, ensorcelant chaque homme dont elle croise le chemin, ces pauvres malheureux prêts à sacrifier leur vie pour elle sans en comprendre le pourquoi ou le comment. Toujours traquée par les prêtres d'un culte honni, la femme fatale par excellence va finir par trouver refuge une fois de plus dans les bras d'un jeune homme des idées plein la tête, qui tentera de se convaincre qu'il l'aime de lui-même.


Même frappée d'amnésie suite à une mauvaise rencontre, Jo reste dangereuse pour ceux qui l'entourent, comme vont rapidement en faire l'expérience les membres d'un groupe de musique grunge qui la recueillent alors qu'ils sont eux-mêmes au plus mal artistiquement et financièrement parlant. Ce qui suivra sera un véritable massacre, qui rendra la mémoire à la beauté mais qui permettra également à ses poursuivants de retrouver sa trace.


Il est alors grand temps de mettre fin à la traque et à cette religion de souffrances et d'horreurs. Mais pour cela, Jo va avoir besoin d'une dernière victime, d'un dernier homme à égarer dans ses propres filets. A celui-ci, elle offrira le savoir, la compréhension d'un tout plus grand que la somme de ses parties, et un rôle déterminant dans la grande messe qui doit se dérouler sitôt qu'elle sera capturée. Car elle le sait, cette fois c'est pour de bon, le tout ou rien, le pari le plus risqué de sa longue vie. Peut-être gagnera-t-elle, ou sera-t-elle mise en charpie par des dieux atroces dans un vide sidéral lointain... mais dans tous les cas, son existence s'achèvera enfin, ainsi que les souffrances des hommes qui la croisèrent.


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En ce second et dernier tome de la réédition au format intégrale de la série Fatale, Delcourt nous offre comme toujours un luxe de détails et de bonus dont on aurait grand peine à se passer maintenant que l'habitude est prise ! Ed Brubaker et Sean Phillips terminent avec brio cette histoire très clairement inspirée des mythes légués par Lovecraft & Cie, avec exactement ce qu'ils voulaient en faire et avec la juste durée adaptée.


Je ne connais pas beaucoup le travail de ces deux artistes en dehors de leurs fréquentes collaborations, mais je dois dire que pour le coup Fatale restera une expérience de lecture mémorable à plus d'un titre. Au fil de ce récit qui traverse tout le XXème siècle on retrouve tous les bons éléments des récits d'horreur et de science-fiction sombres de la grande période des magazines pulps, peuplés de cauchemars sans commune mesure. Ainsi en est-il pour cette série, et c'était vraiment très sympa !


Je ne vois pas grand chose d'autre à ajouter à cette chronique, si ce n'est que le second tome paraît encore meilleur que le premier et que je suis bien content d'avoir insisté auprès de ma personne pour lire la série jusqu'au bout parce que ça en valait clairement la peine. Delcourt nous gâte comme à chaque fois avec ces belles éditions intégrales que l'on prendra toujours plaisir à intégrer et exposer fièrement dans nos bibliothèques, et si l'envie vous en prend la liste complète des autres histoires du tandem est disponible au besoin à la fin de l'album, après une belle collection de bonus et de couvertures.


Comme pour le tome précédent, deux essais sont joints dans ces fameux bonus, deux essais sur la littérature et l'occultisme signés par l'historien spécialiste Jess Nevins qui se consacre ici une nouvelle fois à l'héritage de Lovecraft mais également à la vie mouvementée et teintée de mystère du -trop- célèbre Aleister Crowley, qui inspira lui aussi nombre d'esprits enfiévrés par la suite. Deux lectures très utiles pour comprendre les sources de Fatale et pour mieux situer les origines de ce style unique en son genre et pourtant tellement copié au fil des générations. Quand loisirs et études se rejoignent, c'est gagnant pour tout le monde !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !