Nous sommes à présent en l'an 1462. La guerre a été ouvertement déclarée contre le vaste empire Ottoman, qui a entamé ses préparatifs pour une invasion impitoyable de l'autre rive du Danube, la frontière historique. La Valachie se dresse seule pour le moment, forte de milliers d'hommes déterminés à suivre leur prince jusqu'au bout, en attendant que la Hongrie et la Moldavie viennent à leurs côtés avec des renforts.
Si la première bataille mémorable est à l'avantage de Vlad, très vite la situation tourne à l'inverse et c'est une véritable débâcle. Quand les Valaques se rendent compte que personne ne viendra les soutenir ni les secourir, que la Hongrie les a abandonné et que la Moldavie a trahi, c'est presque le coup de grâce qui aurait pu tout anéantir. Mais heureusement, grâce à un plan solide et à une force de conviction à nulle autre pareille, les proches conseillers de Vlad maintiennent l'effort général et la cadence infernale que les troupes survivantes doivent suivre pour échapper aux Ottomans et préparer l'avenir.
La stratégie du prince est changeante, elle aussi, mais jamais son humeur ou son objectif. S'adaptant aux machinations de son ennemi si puissant, Vlad parvient à créer un contre-courant dans cette guerre d'usure. Sur son ordre, les villes et villages sont évacués, abandonnés aux Ottomans sans la moindre nourriture valable et avec des animaux et points d'eau empoisonnés, les terres brûlées, les bâtiments détruits. Qui serait assez fou pour faire cela à son propre pays ? C'est la question qui commence à tarauder les conseillers de Mehmet II, tandis que leur empereur ne semble pas prêt à rebrousser chemin. Misant tout sur la possibilité d'un ravitaillement après la prise d'un port d'importance en Mer Noire, Mehmet fait forcer l'allure de ses troupes, direction Targoviste.
Secrètement les choses sont en train d'évoluer dans le bon sens pour la Valachie, malgré les apparences. Étienne III, souverain Moldave, trouve un moyen astucieux pour venir en aide à son allié historique sans déclencher le courroux de la Pologne qui lui a interdit tout renfort à Vlad. Surprenant tout le monde, il déclare la guerre à la Valachie, une excuse toute prête pour envoyer des troupes à marche forcée sur le port de Kilia et défendre la ville contre les Ottomans, qui ne s'attendent absolument pas à cette nouvelle résistance. Vlad accueille ce bon augure avec un certain soulagement, même si le plus difficile reste encore à venir.
Maintenant que la grande armée Ottomane est affaiblie et affamée, le désordre commence à s'installer et la peur semble poindre parmi certains corps. Le moment est idéal pour frapper au cœur, d'autant plus que l'envahisseur n'est plus qu'à quelques dizaines de lieues de Targoviste. C'est maintenant ou jamais, et Vlad le sait très bien. Offrant une dernière nuit de liesse à ses troupes, le prince se prépare de son côté pour son plan le plus audacieux à ce jour : s'infiltrer dans le campement Ottoman principal et atteindre directement Mehmet pour décapiter l'ennemi et ne pas lui laisser le temps de se ressaisir ! Un plan très risqué, qui ne pourra réussir que si toutes les conditions sont remplies. Les Valaques doivent maintenir l'illusion qu'ils peuvent se battre jusqu'au dernier, tandis que leur leader sera au beau milieu de la base adverse à risquer sa propre vie sur un coup du sort. De cette stratégie qui semble désespérée dépend pourtant l'avenir immédiat de toute la principauté, et au-delà celui de l'Europe Chrétienne dans son ensemble. Car Mehmet II ne se contentera pas d'écraser la Valachie, il profitera immanquablement de l'occasion qui lui est donnée pour se lancer à l'assaut des grands royaumes divisés. Une nuit fatidique où les destins de deux hommes aux convictions inébranlables vont s'affronter, et dont un seul pourra s'en sortir vivant.
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Quatrième et pour le moment dernier tome de la série de reconstitution historique de la vie de Vlad III, l'inspiration derrière le célèbre Comte Dracula de Bram Stoker. Le personnage est une légende à lui tout seul, et il le prouve encore en se montrant prêt à sacrifier son propre pays et la prospérité de son peuple plutôt que de les céder à l'ennemi. C'est une vraie guerre d'usure comme je le disais plus haut, où tous les coups ou presque sont permis et où chacun rivalise d'ingéniosité... et de cruauté.
Comment une petite principauté alignant à peine 20 000 hommes, pas tous soldats de métier, peut-elle tenir tête à une armée de plus de 60 000 guerriers menés par celui qui a conquis Constantinople ? Inférieurs en nombre, dépassés en armement, abandonnés par leurs alliés ou seigneurs tutélaires, les Valaques vont pourtant prouver qu'ils sont capables d'inverser la tendance et de remporter des victoires certes minimes mais qui impressionnent énormément l'ennemi. Tout cela en grande partie grâce au génie mais également au pragmatisme à toute épreuve d'un jeune prince risquant le tout pour le tout.
Si ça, ça n'est pas une leçon d'Histoire avec un grand H comme on aimerait en voir plus souvent dans les amphithéâtres et salles de classe, j'en perds mon latin ! Blague à part, l'image est évidemment grossie autour de la personnalité de Vlad III, qui a su tout comme son adversaire bénéficier de conseils attentifs et avisés de la part de ses proches, même s'ils sont rares il est vrai. Ce que l'on attribue à un seul homme est sans doute l'oeuvre collective de plusieurs stratèges, d'ailleurs je ne peux passer sous silence le rôle d'Étienne III de Moldavie qui a pris le risque insensé de passer pour un traître infâme dans l'unique but d'apporter une aide déguisée à un allié dans la tourmente. C'est plutôt culotté il faut bien le reconnaître !
J'ai vraiment hâte de lire le prochain tome, car évidemment celui-ci s'arrête pile au moment où Vlad s'apprête à infiltrer le campement de Mehmet, au cœur de la nuit la plus intense qui soit. De quoi faire monter la sauce et grandir l'intérêt croissant que je porte à cette série et à son auteur, Akiyo Ohkubo, qui semble à chaque fois on ne peut plus renseigné sur son sujet et c'est vraiment louable à mon humble avis. Un manga de qualité donc, qui me redonne le goût et l'envie de suivre des séries pseudo-biographiques de grands personnages de l'Histoire, certes avec une bonne dose de romance et d'interprétations personnelles, alors que je pensais justement m'en être lassé. Ce sera sûrement l'occasion parfaite pour vous remettre dans le bain d'autres mangas de ce type, comme Reine d'Égypte que j'ai laissé de côté depuis trop longtemps !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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