mercredi 30 mars 2022

The Batman's Grave (Urban Comics - Mai 2021)


Gotham City est en proie à une vague de crimes comme elle en a l'habitude, mais cette fois-ci aucun super-vilain en costume bariolé n'est aux commandes. Il s'agit d'une armée privée, des criminels entraînés et endurcis qui opèrent de jour comme de nuit et visent principalement tous les symboles d'autorité de la ville, sa police comme l'ensemble de son système judiciaire.


Ce qui avait commencé comme une simple enquête pour meurtre dans une résidence des bas quartiers devient rapidement pour Batman une mise à l'épreuve, comme si l'on cherchait à déterminer jusqu'où il serait capable d'aller pour protéger sa ville et les cibles de cette révolution. Parce qu'il s'agit ni plus ni moins que d'une révolution pour celui qui dirige toutes ces opérations et qui se fait appeler Scorn.


A l'aide d'une fortune dissimulée pendant des années, Scorn arme, équipe et entraîne des légions de fanatiques pour les lancer aux trousses de tous les officiels des services de sécurité et des représentants de la loi dans Gotham. Quand le commissaire Gordon est visé lui aussi et que l'asile d'Arkham devient un véritable piège à son intention, Batman est obligé d'intervenir et de se frayer un chemin à travers les hordes de combattants ayant infiltré l'endroit.


La ville saigne, ainsi que son protecteur. Scorn tape là où ça fait mal, et ne laisse que peu d'espoirs à ceux qui survivent au premier assaut. Très vite les rues sont à feu et à sang, et la pression que Batman exerce sur les citoyens terrifiés n'arrange pas vraiment les choses. Bruce s'échine à trouver le point faible de Scorn et de son armée, le moyen de les neutraliser sans aller jusqu'à les tuer, ce qui apparaît pourtant comme la seule option qui lui est laissée. C'est un véritable casse-tête et le Chevalier Noir souffre en silence de cette horrible situation.


Grâce à Alfred cependant, une idée commence à germer dans l'esprit torturé du Chevalier Noir, un plan qui lui permettra d'atteindre son adversaire au plus profond de sa personnalité... mais est-ce que cette expérience épargnera la psyché de Batman lui-même au passage ? De compromis en désillusions, Bruce a toujours tenté de faire la part des choses à Gotham entre les bons et les mauvais, mais quand il réalise soudain que tout n'est qu'affaire de nuances et que personne n'est totalement juste, ce pourrait bien être la prise de conscience de trop qui ferait vriller le justicier au cœur sombre. Dès lors, peut-il encore être Batman sans risquer de tout perdre, y compris la raison ?


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J'essaie de résumer au mieux cette histoire sans vous spoiler les éléments majeurs de l'intrigue, sachez simplement qu'il s'agit d'une grosse remise en question de tout le modèle représenté par Batman en tant que super-héros et en tant que protecteur de Gotham surtout. Alfred aura un rôle majeur à jouer en tant que conscience de Bruce, la seule personne en qui il puisse réellement avoir toute confiance, une personne qui est également là pour le pousser au-delà de ses limites quand c'est nécessaire. Mais il y aura peut-être un prix à payer...


Globalement j'ai bien aimé cette histoire du Black Label, un récit qui ne partage aucune continuité avec le reste de l'univers DC, un récit auto-contenu donc et auto-suffisant avant tout, ce qui est appréciable de nos jours où tout semble connecté. The Batman's Grave est une réflexion assez profonde sur la nature des vigilantes et des justiciers en capes, sur ce qui nourrit leur combat et sur ce qui fait d'eux des êtres différents des criminels qu'ils poursuivent. Cette fois, pas de super-vilain, pas de sourire et de rire démoniaques pour hanter les nuits de Batman, rien que l'atroce réalité de vivre dans une ville pourrie où les meilleurs efforts ne donnent pas toujours les fruits attendus.


L'histoire n'est pas non plus totalement cynique ou désabusée, il y a un vrai message positif dans tout cela, mais la fin laissera le lecteur décider seul de ce qu'il en retient au bout du compte. Le dessin de Bryan Hitch est efficace bien qu'un peu trop direct dans le premier chapitre, peut-être en rapport avec l'introduction rapide de l'élément déclencheur de toute cette affaire. Douze chapitres au total, c'est juste assez pour apprécier le style de Warren Ellis et la vision de Bryan Hitch, deux artistes britanniques qui se sont encore une fois bien trouvés sur ce projet en particulier. La lecture est rapide et facilitée par la grosse dose d'action pure et dure, ça aussi c'est appréciable. A ranger dans les désormais nombreuses bonnes propositions du Black Label pour se faire une idée plus grande de ce qu'est un super-héros dans un monde comme le nôtre.


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

mardi 29 mars 2022

Batman Beyond tome 2 - 10 000 clowns (Urban Comics - Septembre 2015)


Jusqu'à présent, les différents gangs de Jokerz disséminés à travers tout le pays se contentaient d'agresser les gens dans les rues ou les transports, de commettre quelques larcins et de détériorer le mobilier urbain, dans un esprit d'opposition à la société et surtout en hommage à celui qu'ils vénèrent tous comme une idole déchue, le Joker. Mais aucun membre des Jokerz n'a jamais tenté de rassembler tous les autres sous sa bannière, aucun jusqu'à Doug Tan, le frère de Dana !


Totalement obsédé par le Joker originel et son message chaotique adressé au reste du monde, Doug en est venu à penser qu'il était le seul digne de faire passer ce message au niveau supérieur, en unissant tous les Jokerz du pays et en les lançant dans une folle croisade kamikaze dans Néo-Gotham ! Ils sont tous drogués, tous équipés de gilets explosifs renforcés, et tous bien décidés à emporter un maximum d'innocents et de symboles avec eux lors du grand feu d'artifice final.


Terry est le seul qui puisse les arrêter, mais il doit aussi composer avec ses inquiétudes croissantes pour Bruce Wayne qui est, n'ayons pas peur de le dire, au seuil du trépas à cause des séquelles de ses trop nombreux combats sur son corps déjà affaibli par l'âge. Il lui faut une greffe de foie et au plus vite, sans quoi il risque de mourir. Et comme si ça ne suffisait pas, la grande attaque des Jokerz sur la ville se déclenche au pire moment pour Terry, quand il ne peut compter sur aucun autre de ses proches ou collègues héroïques.


Mais heureusement le hasard fait bien les choses, et de nouveaux justiciers se dressent contre les Jokerz, pas toujours des gens de bien mais armés de bonnes intentions, ce qui équilibre l'ensemble. Grâce à des actions coordonnées dans toute la ville et à l'aide de Tim Drake, la vague de terreur des Jokerz kamikazes est sur le point de s'achever en une seule nuit horrible. Mais il reste encore le plus dangereux de tous, celui qui s'est baptisé le Roi Joker et qui menace à présent directement sa propre famille : Doug Tan !


La confrontation pourrait tourner au pire et Terry manque lui aussi d'y passer, mais avec l'aide de Dick Grayson il parviendra à prendre le dessus et à sauver Dana, même si cela sonne le glas pour Doug et son ère de chaos total. La nuit des Jokerz aura fait des milliers de victimes et encore davantage de blessés, mais c'est enfin terminé. Cependant, il reste encore une conversation sérieuse que Dana veut absolument avoir avec Terry et Bruce avant de prendre une décision quant au couple qu'elle formait avec Terry. Une conversation qui pourrait bien tout changer dans leurs rapports...


Plus tard, c'est au tour de Max de faire face à une nouvelle menace imminente pour la ville : le réseau de hackers Undercloud pour qui elle travaille en secret finit par passer aux choses sérieuses et son chef mystérieux la kidnappe pour lui demander un dernier effort en faveur du collectif. Obligée de mettre ses compétences au service de celui qui se fait appeler Rebelle Un, Max va participer à la renaissance d'une véritable légende dans le monde des super-héros, ou plutôt de plusieurs légendes soudées entre elles... les Metal Men sont de retour, et ils seront aujourd'hui employés à mauvais escient comme le craignait leur créateur, pour rien moins que détruire Néo-Gotham, raser la ville jusqu'à ses fondations pour rétablir un équilibre social inexistant.


Max parvient cependant à envoyer un signal discret à Terry pour lui révéler toute l'affaire, et les combats qui s'en suivent mettent à mal l'intégrité de plusieurs immeubles de la ville mais sans faire de victimes supplémentaires fort heureusement. Les plans de Rebelle Un sont stoppés au bon moment, mais il reste toujours son réseau Undercloud qui pourrait mal tourner sans sa tête pensante. Max se propose pour en prendre les commandes et diriger leurs actions vers des buts louables, ce que Bruce valide.


Ces derniers temps, l'entourage des deux bat-justiciers a eu tendance à s'étoffer, et il faudra bien prendre une décision un jour ou l'autre concernant les personnes à faire entrer dans le secret ou non. Peut-être est-il temps désormais d'agrandir la famille et de songer à coopérer avec d'autres bienfaiteurs de Néo-Gotham. Pour le moment, Terry est officiellement en congés pour prendre une décision sur sa vie en tant que Batman, s'il souhaite poursuivre ou non cette activité maintenant que Dana est revenue et que les choses semblent enfin s'arranger un peu en ville.


De son côté, Barbara Gordon découvre qu'une nouvelle Batgirl fait des siennes dans un quartier chaud de la gigantesque mégalopole, et elle décide d'unir ses forces aux siennes pour stopper un dangereux complot d'industriels véreux visant à supprimer toute une partie de la population en droguant les gens avec une sorte de super-stéroïde rendant fou quiconque s'y expose. La commissaire de Néo-Gotham semble satisfaite des agissements de la nouvelle Batgirl, assez pour lui permettre de continuer et de conserver son costume, mais elle n'en prend pas moins la peine de connaître sa véritable identité et de lui faire savoir qu'elle est surveillée dorénavant, juste au cas où.


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Voilà un second tome bien riche une fois de plus, la série Batman Beyond connaît une nouvelle mutation pour devenir Batman Beyond Unlimited et nous présenter une nouvelle nouvelle ère pour les justiciers de Néo-Gotham, durant laquelle la menace latente représentée par les Jokerz devient bien réelle et terriblement présente !


Ce coup-ci, on aura eu peur pour Bruce autant que pour Terry, les deux manquant d'y rester pratiquement en même temps et faisant face aux dramatiques conséquences de leur vie secrète. Fort heureusement ils peuvent maintenant compter sur des alliés de poids, même quand la Ligue de Justice n'est pas présente pour les épauler. D'ailleurs ces derniers semblent vivre leurs propres aventures bien loin de la Terre, si on en juge par les couvertures des épisodes présents ici qui les représentent dans diverses situations épiques sans aucun lien avec ce qui se passe pour Batman.


Adam Beechen et Scott Peterson nous entraînent donc toujours plus loin dans l'avenir de DC, on apprend d'ailleurs que Terry n'a pas encore dix-neuf ans et cela nous permet de nous situer à peu près dans la chronologie indiquée en début d'album par le service éditorial d'Urban tout en restant juste assez vague pour maintenir le mystère sur la date exacte des événements racontés ici. Tout ce que l'on sait avec certitude, c'est que ça se passe après les trois saisons de la série animée Batman – La relève et son film.


Globalement le dessin est bon sur l'ensemble des chapitres de ce tome 2, même s'il y a tout de même quelques faiblesses par endroits suivant les artistes, notamment en fin d'intrigue quand vient le moment de la résolution. Rien de vraiment embêtant toutefois et le plaisir de se replonger dans l'ère DC Beyond demeure intact pour le fan de la série que je suis ! Il ne reste maintenant qu'un seul tome à lire et à découvrir pour savoir ce que ce futur deviendra, je sais juste que la grosse intrigue de Futures End doit prendre place quelque part dans l'entre-deux et je ne pense pas que j'irais jusqu'à lire cette histoire, je préfère quand Terry est contenu dans son petit univers bien à lui.


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

lundi 28 mars 2022

Avengers - A la recherche de Miss Hulk (Panini Comics - Août 2012)


Jennifer Walters n'est plus vraiment la même. Le Valet de Cœur, un autre membre des Vengeurs, a sans le faire exprès absorbé les radiations gamma du corps de Jen, l'empêchant ainsi de se transformer en Miss Hulk. Privée de son refuge, Jen erre de villes en villes jusqu'en Idaho, pour retrouver la trace de la seule personne selon elle capable de l'aider et de résoudre son problème : son cousin Bruce Banner, alias Hulk.


Mais Hulk est un sujet dangereux et recherché dans tout le pays, et la moindre de ses apparitions sous n'importe quelle forme est scrutée par les autorités, enjoignant la population à le dénoncer d'office pour lui envoyer toute la force de frappe de l'escouade Hulkbuster. Jen n'a que peu d'espoirs de tomber sur son cousin, mais elle poursuit son périple malgré tout, davantage pour s'échapper à elle-même que pour toute autre raison.


Alors qu'elle a trouvé un endroit accueillant où se poser, au moins temporairement, Jennifer est retrouvée par ses anciens collègues des Vengeurs : Captain America, Iron Man et la Sorcière Rouge viennent eux aussi d'arriver dans la petite ville de Bone, déterminés à faire tout leur possible pour ramener leur amie à New York et l'aider à affronter ses problèmes et démons intérieurs, quels qu'ils soient.


Mais la confrontation amicale tourne au cauchemar quand la peur prend le dessus dans l'esprit de Jen, déclenchant alors sa transformation en une version de Miss Hulk ultra violente et sans aucun contrôle. Même à eux trois, les Vengeurs sur place ont bien du mal à contenir l'affrontement et la ville subit toute la fureur intérieure trop longtemps réprouvée de cette nouvelle Miss Hulk. Œil-de-Faucon, arrivé sur place à son tour, tente le tout pour le tout et entraîne la furie à sa poursuite, dans les bois enneigés, là où elle ne blessera plus personne. Sonné et à deux doigts d'y laisser sa peau, Clint est sauvé à son tour par Banner qui se cachait effectivement dans les environs et apparaît au meilleur moment pour tenter de calmer sa cousine.


Au moment où l'on pensait que les choses se tassaient, et que les efforts de Bruce pour apaiser Jennifer semblent payer, l'unité d'assaut Hulkbuster fait elle aussi son apparition au-dessus de Bone et ravive la terreur et la rage dans le cœur de Miss Hulk, poussant Clint à prendre une nouvelle décision désespérée : il provoque la transformation de Bruce en Hulk, pensant ainsi que les deux monstres seront trop occupés à se battre l'un contre l'autre pour songer à s'en prendre aux soldats et aux habitants de la petite ville.


Mais même ainsi la situation devient rapidement intenable et il faut employer les grands moyens. Iron Man ordonne la libération du Valet de Cœur et son envoi immédiat à Bone pour les épauler avant qu'il ne soit trop tard. Si le Valet parvient à déclencher une explosion suffisamment puissante pour sonner les deux colosses de jade, et s'il réussit pendant ce temps à absorber à nouveau les radiations gamma qui s'en échappent, alors peut-être y'a-t-il un espoir de leur rendre forme humaine et d'éviter le massacre qui se présage.


Poussant ses pouvoirs jusqu'à ses toutes dernières limites, le Valet de Cœur accomplit le plan tel que prévu, mais avant de s'évanouir à bout de forces il transfère une énergie gamma positive dans le corps de Jennifer, lui permettant de redevenir la véritable Miss Hulk ayant tout contrôle sur elle-même et sa force. La crise est passée, mais Bone est dévastée et sa reconstruction prendra des années, encore davantage pour traiter tous les traumatismes des locaux. Les autorités et les médias mettent toute l'affaire sur le dos de Hulk, tandis que Banner justement s'échappe seul sur la route.


Rentrés à New York, les Vengeurs au grand complet doivent prendre une décision en ce qui concerne la présence de Miss Hulk et du Valet de Cœur dans leurs rangs. En raison de leurs pouvoirs les deux ne peuvent cohabiter de façon stable et sûre pour tout le monde, il faut donc que l'un d'entre eux soit retiré de l'équipe avant une nouvelle catastrophe. Le Valet se désigne comme seul responsable et accepte de s'éloigner, mais pas avant d'avoir aidé l'Homme-Fourmi à régler une dernière affaire personnelle. Décollant dans l'espace lointain, le Valet laisse son pouvoir le consumer et disparaît pour de bon, après avoir prouvé qu'il était lui aussi un vrai héros. Quant à Miss Hulk, redevenue elle-même, il lui reste encore bien des aventures à vivre, et bien des épreuves à traverser...


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Voilà l'histoire dont il est souvent fait mention dans la série de Dan Slott sur le personnage de Miss Hulk, et que je vous ai déjà présentée dans l'omnibus qui lui est dédié en V.O. il y a à peine quelques semaines de cela. Geoff Johns signe ses adieux aux Avengers dont il aura écrit quelques chapitres mémorables au début des années 2000 avec cette courte saga explorant la psyché changeante et douloureuse de Jennifer Walters. Les événements décrits ici auront un impact également sur les Vengeurs eux-mêmes dans le début de run de Brian M. Bendis, quelques mois plus tard dans Avengers – La séparation.


Quelques remarques me viennent à l'esprit après cette lecture, comme par exemple que la lingerie fine de Miss Hulk doit certainement être faite de molécules instables pour résister ainsi à sa transformation si brutale et aux affrontements qui en résultent ! Blague à part, c'est plutôt le style de dessin de Scott Kolins qui m'interpelle assez, dans sa façon de représenter les décors comme les personnages, un style assez dégueu si je puis me permettre. Non que ce soit vraiment moche, mais juste disgracieux et assez en dessous de ce que j'ai pu lire à la même époque sur d'autres séries, on dirait un graphisme pas encore tout à fait maîtrisé ou trop rapidement mis sur le papier, qui aurait mérité plus de travail à mon sens.


Même les couleurs sont assez bizarres, très appuyées au point de parfois prendre le pas sur les traits des personnages, surtout Miss Hulk et son cousin Hulk quand ils sont sous cette forme, on dirait une bouillie de couleurs et de teintes sans formes vraiment définies. Je pense sincèrement que l'histoire aurait été bien mieux servie et bien plus marquante avec un autre dessinateur, désolé pour M. Kolins qui a sûrement fait de son mieux et qui livre sûrement par la suite un meilleur aperçu de son travail.


Quoi qu'il en soit, A la recherche de Miss Hulk est une lecture importante pour bien comprendre plus tard ce que Dan Slott essaie de faire passer aux lecteurs dans ses séries sur le personnage. Pas vraiment un passage obligé ni essentiel, mais tout de même fortement suggéré si vous souhaitez approfondir la psychologie de Jennifer Walters et connaître les divers traumas qui font d'elle une personnalité brisée qui cherche désespérément refuge derrière un avatar plus puissant et mieux à même de supporter son quotidien. Les chiens ne font pas des chats, et Jen est finalement aussi morcelée au fond d'elle que son pauvre cousin...


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

Batman Death Metal tome 4 (Urban Comics - Mai 2021)


C'est la veille du grand combat final. Tous les héros et vilains qui ont été conviés sur les restes de Themyscira prennent un moment pour se regrouper, entre vieilles connaissances ou nouvelles amitiés. L'essentiel est de partager cette dernière soirée, cette dernière nuit, avec celles et ceux aux côtés desquels ils combattront tous dès le lendemain, lors du dernier lever de soleil sur cette Terre maudite.


Dans l'espace lointain, à une échelle cosmique jamais atteinte, le Darkest Knight achève son propre combat face à Perpetua, la créatrice du Multivers, et exécute cette dernière après une ultime bravade sadique. Désormais, le sort de la Création repose entre les mains tordues d'un esprit encore plus tordu, et le Multivers Noir s'apprête à gangrener toute chose irrémédiablement. Mais les restes brisés de l'ancien Multivers ne disparaîtront pas sans combattre !


Alors que tous les personnages, secondaires comme principaux, bons ou mauvais, se préparent pour la dernière bataille qui scellera à jamais le destin de tous les univers connus, Wonder Woman poursuit sa propre mission vers la Forge des Mondes, où elle espère trouver assez de puissance pour forger une machine conçue par Luthor à partir du Death Metal, un engin qui sera capable de rappeler toutes les histoires passées dans une grande et omnipotente continuité éternelle, générant ainsi assez d'énergie pour détruire le Darkest Knight une fois pour toutes.


Mais Diana va changer ses plans au dernier moment, convaincue d'avoir trouvé une autre solution pour faire apparaître la Vérité universelle dont elle est la défenderesse. Devenue à son tour une entité cosmique parée d'or, Wonder Woman est prête à affronter le Darkest Knight pour lui arracher le contrôle du Multivers et ramener les choses à la normale pour tout le monde, quel qu'en soit le prix.


Sur Terre, la guerre a commencé sur les chapeaux de roues avec l'apparition d'une multitude de versions dévoyées des plus grands héros de l'univers, à mesure que le Darkest Knight use de son nouveau pouvoir pour générer des mondes obscurs où l'espoir a disparu depuis longtemps. L'assaut final est lancé, tout le monde se rue sur l'adversaire avec comme consigne de ne pas céder un pouce de terrain et de tout faire pour saper les forces de l'autre camp, quitte à en mourir, pourvu que cela ait un sens.


Certains agissements seront des plus héroïques, et de nombreux héros comme vilains d'antan devront se résoudre à un ultime sacrifice pour emporter une victoire plus qu'éphémère sur le cauchemar qui s'abat sur eux. Certains resteront à jamais dans l'ombre, quand d'autres se battront sous les regards de chacun. Et là-haut, dans les cieux sans limites, Diana affronte le Darkest Knight à travers l'espace et le Temps, jusqu'aux confins de l'Histoire du Multivers, au-delà des Crises, au-dessus de toutes les réalités qui s'entrechoquent.


La néfaste entité n'aura de cesse de provoquer Diana pour lui faire perdre espoir et courage, en lui montrant les réalités ténébreuses qui attaquent les autres sur le terrain, ou en lui révélant un avenir des plus effrayants quand les grands juges de tout ce qui est rendront enfin leur verdict sur le Multivers empoisonné. Mais qu'importent les voix qu'emprunte le Mal pour lui parvenir, Diana ne se laisse pas atteindre et refuse de ployer sous la menace de cet avenir incertain et cruel. Allant puiser tout au fond d'elle-même et de ses nouvelles forces, la déesse dorée parvient à renverser la situation et à insuffler la peur dans le cœur du Darkest Knight. L'équilibre des forces se disloque, et l'abomination finit par céder devant tant de pureté. Mais à présent, pour Diana, l'heure est venue de livrer le plus difficile de tous les combats, un combat sans la moindre violence, un combat pour défendre la survie de son Multivers et de toutes les existences face à des juges très déçus de ce qu'ils ont observé durant tout ce temps. Mais s'il reste quelque part une once d'espoir, aussi infime soit-elle, alors personne d'autre que Wonder Woman ne saurait mieux la trouver et la protéger.


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Les conséquences de la fin de la guerre multiverselle, vous les découvrirez dans les pages du nouvel univers DC, un Multivers aux frontières infinies, pour reprendre l'expression des rares personnages à se rendre vraiment compte de la portée de la chose. Death Metal c'est enfin terminé, place à une toute nouvelle ère, celle de DC Infinite !


Que retenir de cette saga qui marque ainsi la fin de DC Rebirth et, plus largement, de la vision de Scott Snyder et Greg Capullo ? Au fond, je ne sais pas moi-même si j'ai bien tout compris ou tout bien assimilé, il faudra sans doute plusieurs relectures dans quelques temps, quand j'aurais commencé à prendre connaissance des séries Infinite ou que j'aurais lu les anciennes Crises de DC, celles de l'univers dit Classique.


Quoi qu'il en soit, c'est un gros morceau d'Histoire des comics DC qui se clôt ici, une page immense qui se tourne, et le principal changement c'est que désormais toutes les continuités parallèles sont rétablies dans toute leur grandeur. Le Multivers Noir existe toujours, quelque part, mais semble scellé et incapable de faire davantage de mal aux autres réalités. L'omnivers a rendu son jugement, et les personnages comme les lecteurs se dirigent maintenant vers un futur totalement inconnu où tout est vraiment possible.


Est-ce que la promesse sera tenue ? Il ne reste qu'à lire les nouvelles parutions de DC pour s'en rendre compte, et à continuer d'espérer que cette nouvelle ère tant attendue soit réellement pleine de merveilles et de visions nouvelles et inédites de nos séries préférées. Je reste un peu sceptique par nature, car on commence à se rendre compte que tout a pratiquement déjà été fait ou raconté, et je vois mal pour l'instant comment les auteurs parviendront à se renouveler, peut-être tout simplement parce que je ne dispose pas de la vision d'ensemble.


Et puis au fond, Death Metal n'aura peut-être pas tant de répercussions que cela sur les séries solo des personnages DC, du moins pas tout de suite. Encore une fois, tout reste possible et la fin très très ouverte de cette ultime saga signée Scott Snyder nous invite à laisser parler notre imagination, en attendant que les artistes aux manettes puissent faire de même.


Niveau dessins, pour conclure, globalement rien à redire tout le monde fait très attention pour respecter les cohérences du scénario à plusieurs mains, le style général est très bon et même dans les toutes petites histoires qui servent régulièrement d'interludes on note un souci constant du détail qui fait vraiment plaisir à voir.


C'est la fin d'une grande aventure, et le début d'une autre comme de juste. Assurez-vous de n'avoir rien manqué, surtout pour celles et ceux qui auraient choisi de ne lire que les chapitres de Death Metal et aucun des à-côtés, et faites en sorte de clarifier vos propres pensées et impressions après cette lecture qui les aura bien mise à mal.


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

 

jeudi 24 mars 2022

Black Lagoon tome 12 (Kazé - Mars 2022)


La ville de Roanapur est de nouveau secouée par une vague d'assassinats, qu'aucun des grands groupes criminels ne revendique. Lors de la réunion de liaison, les têtes pensantes des différentes mafias tenant la ville échangent des informations capitales sur cette situation qui devient rapidement gênante, car les cibles sont pour la plupart des hommes de main ou des seconds couteaux qui viennent à manquer dans les rangs.


Une chose finit par remonter : toutes les cibles sont des hommes, noirs, de grande taille. Si le motif du meurtre raciste est un temps évoqué, il apparaît très vite qu'il y a d'autres motivations bien plus profondes derrière ce qui semble de plus en plus être une nouvelle vendetta. On sait grâce à un survivant qu'il s'agit d'un groupe de cinq jeunes femmes, parlant en français entre elles, et posant toujours les mêmes questions à leurs victimes au sujet d'une date en particulier, le 18 Septembre 1989. Cette obsession va finir par poser de graves problèmes aux réseaux criminels qui décident de confier l'affaire à Rock, qui de son côté s'inquiète fortement du fait que Dutch puisse être lui aussi ciblé par les assassins étrangères.


De son côté, Dutch justement fait étrangement profil bas et multiplie les transactions louches de son propre fait, sans en référer aux autres membres du Lagoon, ce qui accentue les inquiétudes à son sujet de la part de Rock et maintenant de Revy et Benny. Tandis que ce dernier accepte de garder un œil sur Dutch, Revy accompagne Rock dans sa tournée des autres cibles potentielles du quintet, sans se douter qu'ils font très vite finir par tomber sur elles et que les échanges de tirs seront nourris.


Ayant réussi de justesse à capturer l'une des membres du groupe d'assassins, Rock et Revy se mettent à l'interroger et lui proposent même un marché équitable si elle accepte de leur révéler la nature de sa mission à Roanapur. Il semblerait que Dutch cache encore bien des choses dans son mystérieux et laconique passé, et même si Rock veut en savoir davantage pour le moment il est surtout question de tendre un piège aux autres assassins avant qu'elles ne parviennent à tuer les derniers suspects sur leur liste.


Avec l'aide de l'Hôtel Moskva, notre petit groupe organise un guet-apens des plus efficace mais qui tourne rapidement au carnage général. Dutch s'évapore durant la fusillade et il apparaît très vite qu'il existe certaines dissensions et rancœurs entre les jeunes femmes du commando lancé à sa poursuite, des failles que Rock compte bien exploiter afin d'empêcher un nouveau bain de sang dont la ville se passerait bien elle aussi.


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Enfin le nouveau tome de Black Lagoon, qui célèbre à cette occasion dans sa version originale les vingt ans de la publication de la série ! Un nouvel arc est donc amorcé dans ce douzième volume, un arc qui mettra en scène les milices Françaises présentes sur le continent Africain à l'époque et qui nous dévoilera, peut-être, un peu du sombre passé que l'on soupçonne Dutch de dissimuler au reste de son groupe.


Ça sent aussi un peu la fin sur les bords, dans le sens où l'auteur lui-même admet qu'aujourd'hui il se prépare à mettre un terme à cette série à un moment pour se concentrer sur d'autres projets. Vous retrouverez d'ailleurs à la fin du tome toute une interview entre le mangaka et son responsable éditorial qui parleront de tous les arcs passés depuis le début et le fameux Chapitre 0, jusqu'à celui en cours actuellement donc. Il y aura de nombreuses références citées dans cette conversation, des références que heureusement vous retrouverez toutes dans un index à la toute fin pour mieux comprendre ce dont il s'agit.


Kazé a bien fait les choses une fois encore, et on ne peut que saluer la parution de ce tome 12 de Black Lagoon tant attendu. Les raisons de ces délais à rallonge du côté de la V.O. sont expliquées par l'auteur et son éditeur, et sont au final assez justifiables et compréhensibles. Je vous passe les détails, sachez seulement qu'il y a de bonnes explications et de bonnes raisons à cette situation, et que ce n'est apparemment pas prêt de s'arranger, il faudra donc prendre encore son mal en patience avant le prochain tome relié !


Sinon, toujours un plaisir que de retrouver l'équipe du Lagoon embarquée dans une nouvelle enquête dans ce milieu si délicieusement pourri de la ville de Roanapur, de nouveaux personnages apparaissent et deviennent vite attachantes à leur manière, et que dire de plus à part qu'on a déjà bien hâte en refermant ce tome de pouvoir lire le suivant ! Les mystères de Dutch s'épaississent, pourtant nous sommes proches de la révélation et c'est encore plus frustrant !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

Spawn tome 3 - Réflexion (Delcourt - Septembre 2007)


Alors que Terry enquête avec sa femme Wanda sur les récents événements qui ont poussé les plus grandes agences de renseignements du pays à le menacer pour des crimes qu'il n'avait pas commis, Spawn commence à découvrir de son côté les terribles implications de sa nature démoniaque. Aidé par un mentor ne rechignant pas à lui enseigner quelques ficelles, Al découvre des vérités à son sujet qu'il aurait, au final, préféré continuer d'ignorer.


En tout cas, rien qui ne puisse le préparer à sa prochaine rencontre avec les autorités célestes, quand Gabrielle le fait enlever pour lui parler de sa récente altercation avec Angela. Plus tard, c'est au tour de Raphaëlle, nouvelle tête pensante à New York, de déclencher à nouveau une chasse au Hellspawn à travers les bas-fonds de la ville en ramenant le projet Rédempteur au goût du jour.


Comme si cela ne suffisait pas, Spawn est aussi pourchassé par un nouveau cyborg, un maniaque de la religion cette fois-ci, qui entreprend de convertir les clochards à sa portée pour les pousser à trahir leur protecteur issu des ténèbres. Si le Diable est connu pour son sens de l'humour, Al aurait quant à lui bien besoin qu'on lui explique la chute de cette vaste blague qu'est devenue sa non-vie.


Parvenant à triompher du cyborg sans grande difficulté mais ayant perdu une bonne partie de la confiance que lui accordaient ses ouailles jusque là, notre Spawn se replie dans ses ruelles crasseuses et se prépare pour les affrontements à venir, qui il n'en doute pas seront légions. Mais rien n'aurait pu le préparer à son prochain voyage dans le Sud du pays, cette Amérique profonde et emplie de haine raciale et de violence quotidienne, des maux que Al Simmons ne connaît que trop bien de sa vie précédente et auxquels il va s'attaquer sans délais tout le long de la route qui le conduira jusqu'à New York, son foyer.


Par la suite, c'est une confrontation directe avec les agents célestes pour sauver l'un de ses rares amis qui poussera Spawn à affronter à nouveau le Rédempteur, cette fois avec succès, tandis qu'un nouvel observateur se joint à l'aventure pour étudier le comportement et les motivations d'Al de plus près, histoire de bien peser le rôle qu'il aura à jouer plus tard, quand la grande guerre éclatera.


Mais tout ce que Spawn a pu obtenir jusque là peut encore lui être arraché, comme va s'empresser de le lui démontrer un nouveau venu à New York City, impitoyable chasseur de monstres qui va très rapidement réussir à monter toute la ville et toutes les autorités officielles contre le pauvre anti-héros, accusé de tous les maux et d'affreux massacres sanglants chaque nouvelle nuit qui passe. En plus de devoir se méfier de tout le monde, y compris des clochards qui jusque là profitaient de sa protection, Al va aussi devoir combattre son propre costume symbiotique qui selon lui le pousse à commettre des atrocités sans nom. Il est donc grand temps de s'en débarrasser, même si cela doit l'affaiblir considérablement alors que son nouvel adversaire est sur le point de l'atteindre gravement.


Après plusieurs combats terribles et apparemment perdus d'avance, Spawn finit par comprendre que son costume est la clé qui lui permettra de reprendre en mains le peu de vie qui lui reste encore. Faisant face à son assaillant une dernière fois pour protéger les flics qu'il menaçait, le Hellspawn parvient, grâce aux conseils d'un allié inattendu, à arracher une bien maigre victoire. Mais dorénavant rien ne sera plus pareil, les gens se méfient tous de lui, les rares policiers qui le respectaient le voient maintenant comme un criminel sauvage, et même les rues les plus mal famées ne sont plus un repaire sécurisant pour lui. Abandonnant dès lors tout ce qu'il possédait, y compris la confiance et la présence de ses anciens amis, Spawn décide de mener une toute nouvelle vie dans les ténèbres les plus profondes. Peut-être les choses s'arrangeront-elles en laissant le temps faire son œuvre... mais il en doute fortement.


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Je n'ai pas été très convaincu par les chapitres de McFarlane contenus dans ce troisième tome de l'édition de Delcourt, principalement parce que la plupart des événements dont on nous parle se sont déroulés dans d'autres séries ou mini-séries, exactement comme avec le cas du Violator dans le tome précédent, le lecteur qui ne suivrait que la parution principale Spawn n'a pas toutes les cartes en mains pour comprendre les références et l'intrigue en cours. C'est bien dommage que tous ces récits et à-côtés ne soient pas disponibles, ou du moins pas aussi facilement...


En revanche, les chapitres signés par Alan Moore m'ont agréablement surpris, je m'attendais à quelque chose d'imbitable comme une sorte de délire pseudo-mystique dont on a l'habitude avec cet auteur sur ce genre de parutions, mais étonnamment j'ai trouvé dans Blood Feud des qualités que je ne m'attendais pas à y déceler, notamment en ce qui concerne le dessin, grandement amélioré pour l'occasion.


J'espère donc que la suite, le quatrième tome pour nous, contiendra des chapitres mieux écrits et surtout plus logiques et auto-contenus entre eux, recentrés sur les événements de la série principale plutôt que sur une nuée de références obscures et inaccessibles. McFarlane je l'espère se sera inspiré pour la suite du très bon exemple d'Alan Moore et des apports considérables que cet auteur décrié mais toujours génial a pu faire à ce petit univers qui en avait bien besoin ! On sent qu'un tournant majeur est déjà présent à ce stade de la série, et je croise les doigts pour que les bonnes leçons en soient tirées.


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

 

mardi 22 mars 2022

Batman Beyond tome 1 - Le retour de Silence (Urban Comics - Mai 2015)


Aux environs de l'an 2060, Gotham City s'est trouvée un nouveau protecteur en la personne du jeune Terry McGinnis, devenu à son tour Batman dans un costume high-tech conçu par un Bruce Wayne vieillissant. Et si le Chevalier Noir est de retour, le crime lui aussi n'a pas vraiment pris de congés pendant ces longues années. Néo-Gotham est une ville dangereuse, où tout peut arriver, et qui nécessite une attention de chaque instant.


Quand Terry à bout de forces doit enquêter sans relâche sur un mystérieux Fantôme qui fait littéralement disparaître les criminels, en même temps qu’apparaît sur le marché une nouvelle drogue de synthèse contenant de la kryptonite, c'est presque la proverbiale goutte d'eau faisant déborder le vase. Terry n'en peut plus, et son voyage jusqu'à Metropolis pour arrêter les manigances de Lex Luthor aux côtés de Superman manque de l'achever. Il a bien besoin de repos et surtout de reprendre en mains sa vie privée, qui lui échappe totalement.


Mais ces écarts provoquent une méfiance accrue de Bruce envers son jeune apprenti, une méfiance qui va leur coûter cher quand un vieil ennemi refait soudain surface en s'échappant des laboratoires Cadmus : Silence est de retour ! Mais est-ce bien Tommy Elliot qui se lance à corps perdu dans une série de meurtres d'anciens super-vilains ? Silence devrait être normalement presque aussi vieux que Bruce lui-même, et pourtant ça ne l'empêche pas de tenir tête au nouveau Batman sans grande difficulté lors de leurs rencontres. Exploitant au maximum la crise de confiance entre les deux partenaires, ce Silence d'un nouveau genre attend le bon moment pour révéler son véritable projet pour Néo-Gotham... un projet qui nécessitera pour le stopper la réapparition d'une autre légende de la ville : Dick Grayson rempile pour un dernier baroud !


Par la suite, c'est cette fois-ci un vieil ennemi de Terry qui refait à son tour une apparition remarquée, quand les industries Wayne-Powers commencent à chuter en bourse et qu'une révolte syndicale gronde, alors même que Paxton Powers est soudain libéré de prison sans plus d'explication. Quelqu'un tire les ficelles dans l'ombre et attend impatiemment son heure de gloire, quelqu'un qui en a gros sur la patate et qui tient personnellement à s'assurer que ni Batman ni Bruce Wayne ne viendront déranger ses plans et sa nouvelle ascension. Derek Powers, alias le Fléau, est bel et bien de retour et il a soif de sang !


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Alors là je suis comme un gosse en vous parlant de cette série, car j'ai eu la chance de la suivre chaque semaine durant mon enfance lors de sa diffusion à la télévision. C'était en 1999, et le moins que je puisse dire c'est que Batman – La relève a su me séduire illico ainsi qu'un public toujours plus grandissant à chaque épisode. Même si les trois saisons étaient assez inégales et de qualité variable (je retiens surtout la première, pour tout vous dire), c'est LA série qui a ensuite rendu possible le projet d'animation de La Ligue des Justiciers et qui a donné un futur tangible à l'univers DC. Il était donc normal de voir cette époque adaptée elle aussi en comics, et ce dès les premiers temps, avec plus ou moins de succès.


Ce premier tome contient les épisodes de la troisième et de la quatrième série Batman Beyond, datées du début des années 2010 et se voulant comme une plongée dans l'avenir de l'avenir, entendez par-là que ces histoires sur papier prennent la suite directe de la série d'animation et surtout du film Le retour du Joker, dont certains éléments sont repris comme la noirceur ambiante et le ton plus adulte ainsi que les conséquences immédiates pour les personnages. C'est un vrai bonheur pour moi que de retomber en enfance à cette occasion, lisant chaque dialogue avec les voix de la série animée bien ancrées en tête, la musique techno en fond.


Je n'ai pas trouvé de défauts majeurs à ce premier tome, honnêtement, même si je ne suis évidemment pas très objectif sur ce coup. Tous les éléments que j'aimais étant gosse sont présents et ont évolué avec l'âge, le tout a grandement gagné en maturité et en complexité et c'est très agréable à suivre, les dessins sont efficaces sans pour autant être excellents et rappellent par moments la patte si soignée de Bruce Timm et Glen Murakami. En plus, j'ai la confirmation que Derek Powers est bien vivant et ça, pour l'enfant en moi qui redoutait tellement ce méchant si charismatique et ses sauts d'humeur colériques, ça vaut tout l'or du monde.


Sincèrement, je ressens cette série comme une sorte de cadeau qui nous est fait par DC, même si c'est en partie une opération purement commerciale et qu'il y a toujours une logique de marché derrière, jouer sur la nostalgie de toute une génération qui possède maintenant un pouvoir d'achat significatif, etc. C'est une très bonne lecture à conseiller, mais à réserver toutefois à des personnes qui auront connu la série d'animation ou qui auront le temps et les moyens de se la procurer de nos jours pour se faire à cette ambiance et à ce contexte très particuliers. Niveau comics en tout cas, pas de grosses connaissances préalables à posséder, vous pouvez vous jeter dans Batman Beyond sans appréhension et le travail éditorial de l'équipe d'Urban vous permettra de vous situer très exactement sans vous perdre dans la chronologie. J'ai hâte de vous présenter la suite si elle reste à ce niveau !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

lundi 21 mars 2022

Batman Arkham - Double-Face (Urban Comics - Février 2021)


Dans la longue et prolifique carrière du Batman, il y a une grande quantité de personnages devenus cultes et indéboulonnables de son univers. Le commissaire James Gordon, ou bien les différents Robin, Alfred bien entendu... mais aussi et surtout les super-vilains qu'il affronte à chaque nouvelle aventure.


Dans cette collection Batman Arkham, DC nous propose tout simplement des anthologies sur les principaux méchants qui s'opposent à Batman, les plus intéressants et charismatiques en tout cas. Cette collection s'inaugure donc en V.F. par celui qui représente peut-être le mieux la nature changeante et cruelle de la vie à Gotham City, l'ancien procureur Harvey Dent, devenu le terrible Double-Face.


Tout le monde ou presque connaît cette histoire devenue intemporelle désormais : Harvey Dent est un procureur à qui tout semble réussir, et sur le point de faire coffrer l'un des plus redoutables barons de la pègre de Gotham, grâce à l'aide de Batman. Lors du procès très médiatisé cependant, les choses tournent mal et Dent est aspergé d'acide par son ennemi, le laissant avec une horrible déformation du visage et, plus profonde encore, de son esprit.


Devenu un criminel par la voie du hasard, Double-Face représente à bien des égards l'un des pires échecs de Batman, mais aussi l'un de ses plus fervents espoirs. Le Chevalier Noir ne peut en effet se résoudre à perdre définitivement l'un de ses meilleurs amis et partenaires dans sa lutte acharnée contre le crime, et espère encore et toujours contre toute attente que Harvey Dent refera surface un jour, ce qui arrivera à plusieurs reprises d'ailleurs. Mais le Mal est chevillé au corps et à l'âme de Harvey, et le Destin semble le ramener inlassablement entre les griffes de Double-Face et de sa fameuse pièce truquée.


Dans cette anthologie des apparitions les plus marquantes et/ou significatives du vilain le plus divisé qui soit, vous découvrirez le triste passé de Harvey Dent, enfant battu ayant développé très tôt une seconde personnalité plus dure, plus à même de supporter l'injustice de la vie, et surtout de rendre les coups. C'est cette personnalité qui prend l'ascendant après l'accident au tribunal, et la séparation physique visible sur le visage du personnage reflète complètement celle de son esprit torturé en permanence par nul autre que lui-même.


Loin de la folie purement chaotique du Joker, Double-Face est un criminel ambigu qui, dans ses premières heures, aura surtout fait montre d'un sens inné de l'à-propos et du jeu du chat et de la souris avec Batman et Robin, au fil d'aventures plus malicieuses que vraiment dangereuses. Mais, tout comme Batman lui-même, Harvey deviendra avec les décennies beaucoup plus tortueux, beaucoup plus sombre aussi, ajoutant à la longue liste de ses forfaits le meurtre et parfois les tueries de masse. A chaque fois rattrapé au bord de l’abîme par un Batman qui continue d'y croire contre toute logique, Harvey aura à plusieurs reprises tenté de se suicider pour mettre fin à son horrible dualité, sans jamais y parvenir tout à fait.


Ses séjours dans le célèbre asile d'Arkham ne feront que le chambouler davantage encore, et empirer un mal qui se faisait déjà très pressant à la base. Toute la question est de savoir si, au fond, Harvey Dent est véritablement malfaisant par nature ou bien s'il ne s'agit que d'une monstrueuse anomalie qui n'aurait jamais du se produire, un accident tragique qui aurait peut-être pu être évité si le hasard en avait décidé autrement. Dent est, au final, sa propre victime, son premier souffre-douleur et son pire ennemi tout à la fois.


Je retiendrai de cet album la prestation toute particulière de Bruce Timm, dans un style cartoonesque aisément reconnaissable pour les fans de la série d'animation Batman des années '90, entièrement en noir et blanc et nous présentant une possible rédemption durable pour Harvey, une parmi d'autres pourrait-on dire. Cette histoire assez courte et surtout très crue et cruelle nous illustre avec brio la profonde division qui règne dans l'esprit de Double-Face, et à quel point sa vie sera toujours marquée par la tragédie, quoi qu'il fasse, comme si le hasard s'acharnait véritablement sur lui.


Bien sûr il y a beaucoup d'autres choses à retenir de cette compilation d'histoires à travers les époques, des charmantes années '40-'50 jusqu'aux ténèbres des années '70-'80 pré-Crisis, mais je vous laisse seuls juges de ce qui attirera ou non votre attention. Sachez que la collection Batman Arkham est déjà terminée à l'heure actuelle et comporte donc six tomes au total, chacun consacré à un méchant différent. La prochaine étape de notre voyage au cœur des folies de Gotham sera des plus... piquantes, à n'en pas douter.


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

dimanche 20 mars 2022

Heroes Reborn omnibus (Panini Comics - Février 2022)


Il est des légendes qui durent éternellement et qui se reproduisent de façon cyclique, sans jamais s'interrompre. Ainsi en est-il de l'univers Marvel et de ses plus grands héros !


Tout commence par une assemblée d'étudiants en sciences de l'avenir, se baptisant eux-mêmes les Chevaliers Atomiques de la Table Ronde. Bruce Banner, Tony Stark, Reed Richards, Victor Von Fatalis... autant de génies rassemblés autour d'une même idée, concevoir une technologie capable de changer le monde à tout jamais. Leurs chemins se sont éloignés avec le temps, certains ont fait l'amère expérience de la défaite et de la désillusion, les rendant plus froids, cyniques... ou tyranniques.


Bien des années plus tard, les choses se bousculent quand une anomalie cosmique détectée non loin de la Terre pousse quatre aventuriers de l'impossible à s'embarquer à bord d'un vaisseau expérimental pour tenter d'en apprendre davantage. Reed Richards, Susan et Johnny Storm ainsi que Benjamin Grimm reviendront sur Terre en catastrophe, dotés de pouvoirs hors du commun qui feront bientôt d'eux les Quatre Fantastiques, explorateurs de l'inconnu et héros de la science.


Tony Stark et Bruce Banner connaîtront un sort commun eux aussi. Pris au piège dans un dramatique accident de laboratoire, ils changeront à jamais pour le meilleur et pour le pire. L'un deviendra un chevalier de métal, dévoué à racheter ses fautes passées, tandis que l'autre succombera à ses pires aspects et incarnera un fléau pratiquement inarrêtable.


Le tableau ne serait pas complet sans le plus grand héros qu'ai jamais connu l'Amérique, Steve Rogers, alias Captain America, reprenant du service bien longtemps après la fin de sa guerre contre le totalitarisme. Sous la supervision du S.H.I.E.L.D. de Nick Fury, Rogers va prendre la tête d'une nouvelle équipe de super-héros, les plus grands du monde, les Avengers ! Unis face à l'adversité et contre tout ennemi de la paix et de la liberté, ces personnages inimitables se dresseront toujours face au danger et défendront la population du monde tout entier contre les extrêmes, d'où qu'ils viennent.


Ces histoires, vous les connaissez peut-être déjà. Ces noms, peut-êtres vous sont-ils familiers. Et pourtant ils ne sont pas tout à fait celles et ceux que vous imaginez. Les Quatre Fantastiques et les Avengers ont, par le passé, unis leurs forces dans un autre monde, dans un autre temps, pour détruire la plus grande menace que leur univers ait jamais connu. Dans cette nouvelle version de la Terre, les héros sacrifiés connaissent une nouvelle vie, toujours dédiée au Bien et menée de façon exemplaire. Mais est-ce pour autant leur seule raison d'être ?


Parmi tous ces personnages iconiques, il en est un qui fera bientôt parler de lui également. Le Docteur Victor Von Fatalis va lui aussi faire l'expérience de cette nouvelle vie, mais quelque chose le poussera très vite à repenser sa propre existence ainsi que celle de son monde tout entier. Et quand, après bien des aventures et des affrontements, le plus grand prédateur cosmique en vient à s'intéresser à cette nouvelle Terre, tous les espoirs de victoire finale seront entre les mains du terrible dictateur de Latvérie. Fatalis accomplira-t-il l'impossible à son tour, et gagnera-t-il sa rédemption au bout du parcours ?


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A ce stade, vous vous demandez sûrement pourquoi je ne vous livre pas un résumé complet de cet omnibus comme j'en ai pourtant l'habitude. La réponse est toute simple : parce que Heroes Reborn est déjà une sorte de résumé en soi. Cette seule année de parution, quatre séries de chacune douze chapitres évoluant en parallèle les unes des autres, est tout bêtement un condensé de tout ce que l'univers Marvel et ses auteurs ont pu concevoir et raconter depuis les années '60, dans une forme retravaillée et modernisée pour l'occasion.


En 1996, la saga Onslaught s'achève avec le sacrifice terrible des plus grands héros de la Terre. Mais ils ne sont pas morts pour autant, simplement disparus dans un autre univers, une autre réalité, où chacun va revivre sa propre vie et ses origines d'une façon réactualisée. Pourquoi ? Parce que leurs séries sont en chute libre depuis des mois, si ce n'est des années. Les ventes sont catastrophiques, l'éditeur Marvel ne fait plus recette et doit même sérieusement envisager de mettre la clé sous la porte. Mais il reste un espoir : le projet Heroes Reborn. Quatre titres emblématiques de Marvel sont relancés dans ce nouvel univers, tandis que l'ancien poursuit son existence en croisant les doigts.


Le résultat ne se fait pas attendre, les lecteurs sont au rendez-vous et les ventes décollent à nouveau, sauvant Marvel de la banqueroute et leur permettant même d'être rachetés par plusieurs sociétés et investisseurs pour donner un nouveau souffle à la Maison des Idées. On notera d'ailleurs le petit clin d’œil dans les pages de Fantastic Four à la compagnie Toy Biz, carrément un appel du pied envers cet acheteur potentiel, ou une sorte d'hommage après sauvetage. Le fait est que rien de tout cela n'aurait été possible sans les grands noms qui œuvrent durant toute l'année 1996-1997 à ce travail de titan : Rob Liefield, Jeph Loeb, Scott Lobdell, Jim Valentino, Jim Lee, Brandon Choi, Peter David, Walter Simonson, James Robinson et Chuck Dixon pour les scénarios. Mais la grande équipe ne serait pas complète sans les dessinateurs, véritables vedettes de toute l'opération, que sont Chap Yaep, Whilce Portacio, Mike Deodato Jr., Ryan Benjamin, Ian Churchill, Brett Booth, Michael Ryan, Terry Shoemaker, Joe Bennett, Ron Lim, Ed Benes, Dan Fraga, Robert Teranishi, Carlos Pacheco, Joe Philipps, Homage Studios, Al Rio, Anthony Winn et Mike S. Miller.


Certains reviennent de loin, d'autres se font connaître à cette occasion, et les plus grands noms sont certainement ceux des enfants terribles des années '90 qui avaient claqué la porte de Marvel en 1992 pour fonder Image Comics et qui font leur grand retour durant cette année de l'incroyable, aidés par un gros chèque évidemment. De quoi doper les ventes comme rarement, d'où très certainement le succès de l'opération et de cette parenthèse enchantée de l'histoire Marvel.


Tout n'est cependant pas bon à prendre ni à retenir pour l'avenir. Entre désaccords artistiques et ruptures de contrats, les séries concernées pâtissent parfois sérieusement des circonstances difficiles qui les ont vu naître et grandir : des personnages vont changer de cap ou même parfois de design, des détails seront modifiés en cours de route, et on ne comptera pas vraiment les incohérences tant graphiques que narratives, de quoi décourager certains des plus fidèles lecteurs de l'époque et encore de nos jours faire le jeu de la critique. Beaucoup resteront marqués par cette période d'un an très particulière, beaucoup en garderont un mauvais souvenir aussi... mais le fait est que sans Heroes Reborn et les efforts colossaux demandés et fournis par chacun, en dépit de toutes les difficultés rencontrées, il n'y aurait peut-être bien plus eu de Marvel à lire à l'aube des années 2000.


Un grand merci à Panini de nous avoir édité cet imposant omnibus de 1300 pages donc, un vrai morceau d'histoire pas totalement auto-contenu toutefois puisque pour avoir la véritable fin de cet univers de poche il faudra attendre la mini-série Heroes Reborn – The Return, pour l'instant inédite chez nous mais présente en V.O. au début d'un second omnibus qui lui est tout dédié et que je me ferai un plaisir de vous chroniquer dans les articles V.O. du vendredi sur le blog, en attendant une possible parution chez nous un beau jour qui sait ?


Retenez enfin que tout imposant qu'il soit, cet omnibus se lit en fait relativement facilement et rapidement malgré sa taille et son contenu. En effet, les histoires étant des réécritures de ce que l'on connaît déjà dans l'univers classique, les scénarios sont assez simplistes et le dessin bourré de raccourcis, permettant ainsi de lire tout cela sans difficulté majeure. C'est parfois un peu frustrant parce que l'on aimerait que certains détails soient approfondis ou travaillés autrement, mais il faut garder à l'esprit qu'il ne s'agissait que d'une opération temporaire d'un an seulement, avec comme seul objectif assumé et avoué de faire ensuite rebasculer tout le monde dans la Terre-616 que l'on connaît bien.


Certains vous vendront Heroes Reborn avec comme argument principal qu'il s'agit de l'univers Ultimate avant l'heure (pour rappel, la Terre Ultimate existera quelques années plus tard et durera près de quinze ans). Ce n'est pas totalement exact, certes on retrouvera dans les séries Ultimate des versions encore retravaillées et réactualisées des héros et vilains de chez Marvel, et certes les quatre séries Heroes Reborn auront donné des idées novatrices à certains tout en essuyant les plâtres pour un avenir meilleur, mais les deux univers sont relativement différents et avec chacun un but et une finalité bien distincts. Il faudra que vous fassiez la part des choses et que vous décidiez vous-mêmes ce que Heroes Reborn représente selon vous, et ce que cet univers de poche pourra vous apporter, au-delà d'une belle petite crise de nostalgie. Succès éphémère mais bien ancré dans les mémoires, pour le meilleur comme pour le pire, étape nécessaire d'un changement des mentalités et transformation obligatoire de la maison d'édition comme de son lectorat, Heroes Reborn peut aujourd'hui connaître un nouveau public et enchanter de nouveaux esprits malléables, aidant ainsi à développer notre imaginaire vers de plus hauts sommets. Et ça, c'est vraiment cool.


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

 

vendredi 18 mars 2022

La V.O. du vendredi n°203 : She-Hulk by Dan Slott omnibus (Marvel - Octobre 2020)


Jennifer Walters est sans doute l'une des personnalités les plus effacées de l'univers Marvel. Pourtant cette avocate chevronnée ne dissimule pas vraiment son grand secret, à savoir qu'elle est en réalité Miss Hulk, membre des Avengers et super-héroïne pratiquement à plein temps ! Mais quel impact sa vie de combattante peut-elle avoir sur sa carrière d'avocate ? Ultimement, pas que du bon. Quand les bureaux du procureur de New York la licencient car il devient impossible pour eux d'assurer la bonne tenue d'un procès équitable à cause de ses agissements héroïques, Jen se voit obligée de repenser sa vie, d'autant plus quand les Avengers la mettent gentiment à la porte de leur manoir parce que ses activités nocturnes avec différents partenaires ne font pas très bien dans le tableau...


Au comble du désespoir, Jennifer va trouver la solution idéale quand un célèbre et très influent cabinet d'avocats l'engage pour ouvrir une nouvelle section dédiée aux droits des surhumains. Son expertise autrefois gênante devient tout à coup un outil de poids et toutes les portes s'ouvrent à nouveau devant elle, même si elle se fera quelques mauvais contacts au passage. La seule condition à cette embauche ? Qu'elle soit Jennifer Walters, et non Miss Hulk, car c'est avant tout de l'avocate dont on a besoin. Mais évidemment, les deux facettes de sa vie ne sont pas séparables si facilement, et parfois il vaut bien mieux avoir des super-pouvoirs pour affronter certaines situations problématiques.


Vous êtes-vous déjà demandés si l'on pouvait poursuivre un fantôme en justice ? Si le voyage dans le Temps pouvait être un argument de défense ? Si un dieu peut être poursuivi pour viols ? Ou encore, si les comics avaient un quelconque poids juridique dans un procès ? Bienvenus dans la nouvelle vie de Miss Hulk, avocate des droits surhumains !


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C'est ce bon vieux Dan Slott qui scénarise ces deux séries complètes contenues dans cet omnibus, soit un peu moins de 35 chapitres qui vous emmèneront des confins de l'espace jusqu'au beau milieu d'affaires sensationnelles, et vous permettront de découvrir la vie mouvementée mais pleinement assumée de Miss Hulk. On connaît le bonhomme aujourd'hui pour sa longue prestation sur les titres Spider-Man ou encore de nos jours avec Fantastic Four, tous des personnages que vous retrouverez d'ailleurs fréquemment dans cet album avant même qu'ils ne fassent vraiment partie de sa prolifique carrière.


Miss Hulk est une super-héroïne qui m'a toujours intrigué, et attiré aussi je n'ai pas honte de le dire. Slott la présente ici sous un nouveau jour, probablement hérité des deux anciennes séries des années '80 bien sûr : une femme accomplie professionnellement et physiquement parlant, qui surfe sur certaines facilités qui lui sont offertes par sa condition très particulière. Jen passe le plus clair de son temps en tant que Miss Hulk car c'est ce qu'il y a de plus confortable à vivre pour elle, mais au cours de cette trentaine d'épisodes elle va apprendre et découvrir en même temps que le lecteur que la vie de Jennifer Walters vaut aussi la peine d'être vécue, et présente même parfois certains avantages non négligeables.


D'un humour décapant et prenant toujours le contre-pied de ce que l'on attend d'ordinaire, la série selon Dan Slott vous entraînera dans les recoins les plus méconnus de l'univers Marvel, où tout peut arriver et où chaque élément nouveau, chaque action ou décision, aura immanquablement une conséquence tôt ou tard. Beaucoup de thèmes assez matures sont traités dans ces deux séries, à commencer par le fait d'être une femme libérée et à la sexualité débridée mais totalement assumée, dans un monde encore trop majoritairement masculin où nombreux sont les préjugés qui dominent.


Slott balaye tout ça et nous offre une vraie plongée dans la vraie vie de Miss Hulk, faite de hauts et de bas, avec une profondeur que je n'avais jamais vu encore pour un personnage somme toute secondaire de l'écurie Marvel. J'ai positivement adoré cette vision, ce personnage, ces aventures étranges mais toutes logiques à la fois, où le genre super-héroïque le dispute à Ally McBeal ou même Sex and the city. La fin est très surprenante et surtout des plus émouvantes, comme l'auteur en a le secret, et l'ensemble de son run prouve déjà dès 2004 sa parfaite connaissance de la Maison des Idées et à quel point on avait besoin de sa vision si particulière des choses pour renouveler le genre et apporter un second souffle à des séries qui en avaient bien besoin.


Maintenant, je suis obligé de vous parler de ma petite réserve sur cet album et cette double-série. Le dessinateur Juan Bobillo, qu'on voit le plus au début de l'album, n'est pas vraiment ce que je peux qualifier de talentueux à mon humble avis. Ses représentations ne sont pas vraiment héroïques au sens canon du terme, voir même pas charismatiques, au mieux je peux dire que je trouve ce style mignon mais sans plus. Heureusement il est vite secondé puis remplacé par d'autres dessinateurs bien plus à-même de représenter Miss Hulk dans toute sa gloire et son sex-appeal, ainsi que les autres personnages bien sûr. Je cite et retiens surtout Paul Pelletier et Paul Smith dont les prestations sont sans aucun doute les meilleures de ce recueil, et aussi Will Conrad qui livre un travail remarquable pour un arc assez court mais très intense.


Avez-vous déjà eu envie de voir Spider-Man poursuivre le Daily Bugle pour diffamation ? D'assister à un procès avec l'au-delà ? Ou encore de découvrir comment on livre justice sur d'autres planètes de notre vaste univers ? Ou bien qu'on vous fasse réaliser, via une série de témoignages poignants, à quel point Miss Hulk est devenue en peu de temps un personnage incontournable et essentiel du Marvel Universe ? Vous trouverez tout cela et bien plus encore dans ces chapitres totalement immanquables et qui n'ont pas pris une ride. Vous traverserez aussi de grands événements Marvel comme Civil War ou encore World War Hulk, et assisterez à des combats mémorables à plus d'un titre !


Ma crainte aujourd'hui ? Lire les autres runs légendaires sur le personnage de Miss Hulk et avoir la nostalgie de la façon dont Dan Slott la représente si bien, si crûment et si humainement. Je ne doute pas de la qualité des écrits de John Byrne ou Peter David, deux légendes des séries Hulk, mais j'ai peur d'avoir trop pris goût au style si particulier et inimitable de Dan Slott dans sa jeunesse. Je vais quand même me jeter sur les autres séries et autres omnibus disponibles et à venir, bien entendu, mais avec une petite crainte tapie dans mon esprit de fan ayant eu sa première vraie expérience avec ce beau run de 2004 à 2007 (il me semble, corrigez-moi pour les dates si je me trompe).


Petite mise au point sur les parutions à venir : cet omnibus en V.O. date de 2020 et sera réédité à la fin de l'année apparemment avec une nouvelle couverture alternative. En V.F., nous aurons dès le mois prochain chez Panini un ''Marvel Deluxe'' qui reprendra je pense la première série présentée dans cet album, en douze chapitres donc. Idéal pour se faire une idée et surtout rentrer directement dans le délire des auteurs !


Une dernière question, votre Honneur ? D'accord : Miss Hulk a-t-elle oui ou non couché avec le Fléau ? Réponse enfin apportée dans ces pages, et bien plus encore !