Dans la longue et prolifique carrière du Batman, il y a une grande quantité de personnages devenus cultes et indéboulonnables de son univers. Le commissaire James Gordon, ou bien les différents Robin, Alfred bien entendu... mais aussi et surtout les super-vilains qu'il affronte à chaque nouvelle aventure.
Dans cette collection Batman Arkham, DC nous propose tout simplement des anthologies sur les principaux méchants qui s'opposent à Batman, les plus intéressants et charismatiques en tout cas. Cette collection s'inaugure donc en V.F. par celui qui représente peut-être le mieux la nature changeante et cruelle de la vie à Gotham City, l'ancien procureur Harvey Dent, devenu le terrible Double-Face.
Tout le monde ou presque connaît cette histoire devenue intemporelle désormais : Harvey Dent est un procureur à qui tout semble réussir, et sur le point de faire coffrer l'un des plus redoutables barons de la pègre de Gotham, grâce à l'aide de Batman. Lors du procès très médiatisé cependant, les choses tournent mal et Dent est aspergé d'acide par son ennemi, le laissant avec une horrible déformation du visage et, plus profonde encore, de son esprit.
Devenu un criminel par la voie du hasard, Double-Face représente à bien des égards l'un des pires échecs de Batman, mais aussi l'un de ses plus fervents espoirs. Le Chevalier Noir ne peut en effet se résoudre à perdre définitivement l'un de ses meilleurs amis et partenaires dans sa lutte acharnée contre le crime, et espère encore et toujours contre toute attente que Harvey Dent refera surface un jour, ce qui arrivera à plusieurs reprises d'ailleurs. Mais le Mal est chevillé au corps et à l'âme de Harvey, et le Destin semble le ramener inlassablement entre les griffes de Double-Face et de sa fameuse pièce truquée.
Dans cette anthologie des apparitions les plus marquantes et/ou significatives du vilain le plus divisé qui soit, vous découvrirez le triste passé de Harvey Dent, enfant battu ayant développé très tôt une seconde personnalité plus dure, plus à même de supporter l'injustice de la vie, et surtout de rendre les coups. C'est cette personnalité qui prend l'ascendant après l'accident au tribunal, et la séparation physique visible sur le visage du personnage reflète complètement celle de son esprit torturé en permanence par nul autre que lui-même.
Loin de la folie purement chaotique du Joker, Double-Face est un criminel ambigu qui, dans ses premières heures, aura surtout fait montre d'un sens inné de l'à-propos et du jeu du chat et de la souris avec Batman et Robin, au fil d'aventures plus malicieuses que vraiment dangereuses. Mais, tout comme Batman lui-même, Harvey deviendra avec les décennies beaucoup plus tortueux, beaucoup plus sombre aussi, ajoutant à la longue liste de ses forfaits le meurtre et parfois les tueries de masse. A chaque fois rattrapé au bord de l’abîme par un Batman qui continue d'y croire contre toute logique, Harvey aura à plusieurs reprises tenté de se suicider pour mettre fin à son horrible dualité, sans jamais y parvenir tout à fait.
Ses séjours dans le célèbre asile d'Arkham ne feront que le chambouler davantage encore, et empirer un mal qui se faisait déjà très pressant à la base. Toute la question est de savoir si, au fond, Harvey Dent est véritablement malfaisant par nature ou bien s'il ne s'agit que d'une monstrueuse anomalie qui n'aurait jamais du se produire, un accident tragique qui aurait peut-être pu être évité si le hasard en avait décidé autrement. Dent est, au final, sa propre victime, son premier souffre-douleur et son pire ennemi tout à la fois.
Je retiendrai de cet album la prestation toute particulière de Bruce Timm, dans un style cartoonesque aisément reconnaissable pour les fans de la série d'animation Batman des années '90, entièrement en noir et blanc et nous présentant une possible rédemption durable pour Harvey, une parmi d'autres pourrait-on dire. Cette histoire assez courte et surtout très crue et cruelle nous illustre avec brio la profonde division qui règne dans l'esprit de Double-Face, et à quel point sa vie sera toujours marquée par la tragédie, quoi qu'il fasse, comme si le hasard s'acharnait véritablement sur lui.
Bien sûr il y a beaucoup d'autres choses à retenir de cette compilation d'histoires à travers les époques, des charmantes années '40-'50 jusqu'aux ténèbres des années '70-'80 pré-Crisis, mais je vous laisse seuls juges de ce qui attirera ou non votre attention. Sachez que la collection Batman Arkham est déjà terminée à l'heure actuelle et comporte donc six tomes au total, chacun consacré à un méchant différent. La prochaine étape de notre voyage au cœur des folies de Gotham sera des plus... piquantes, à n'en pas douter.
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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