Gotham City est en proie à une vague de crimes comme elle en a l'habitude, mais cette fois-ci aucun super-vilain en costume bariolé n'est aux commandes. Il s'agit d'une armée privée, des criminels entraînés et endurcis qui opèrent de jour comme de nuit et visent principalement tous les symboles d'autorité de la ville, sa police comme l'ensemble de son système judiciaire.
Ce qui avait commencé comme une simple enquête pour meurtre dans une résidence des bas quartiers devient rapidement pour Batman une mise à l'épreuve, comme si l'on cherchait à déterminer jusqu'où il serait capable d'aller pour protéger sa ville et les cibles de cette révolution. Parce qu'il s'agit ni plus ni moins que d'une révolution pour celui qui dirige toutes ces opérations et qui se fait appeler Scorn.
A l'aide d'une fortune dissimulée pendant des années, Scorn arme, équipe et entraîne des légions de fanatiques pour les lancer aux trousses de tous les officiels des services de sécurité et des représentants de la loi dans Gotham. Quand le commissaire Gordon est visé lui aussi et que l'asile d'Arkham devient un véritable piège à son intention, Batman est obligé d'intervenir et de se frayer un chemin à travers les hordes de combattants ayant infiltré l'endroit.
La ville saigne, ainsi que son protecteur. Scorn tape là où ça fait mal, et ne laisse que peu d'espoirs à ceux qui survivent au premier assaut. Très vite les rues sont à feu et à sang, et la pression que Batman exerce sur les citoyens terrifiés n'arrange pas vraiment les choses. Bruce s'échine à trouver le point faible de Scorn et de son armée, le moyen de les neutraliser sans aller jusqu'à les tuer, ce qui apparaît pourtant comme la seule option qui lui est laissée. C'est un véritable casse-tête et le Chevalier Noir souffre en silence de cette horrible situation.
Grâce à Alfred cependant, une idée commence à germer dans l'esprit torturé du Chevalier Noir, un plan qui lui permettra d'atteindre son adversaire au plus profond de sa personnalité... mais est-ce que cette expérience épargnera la psyché de Batman lui-même au passage ? De compromis en désillusions, Bruce a toujours tenté de faire la part des choses à Gotham entre les bons et les mauvais, mais quand il réalise soudain que tout n'est qu'affaire de nuances et que personne n'est totalement juste, ce pourrait bien être la prise de conscience de trop qui ferait vriller le justicier au cœur sombre. Dès lors, peut-il encore être Batman sans risquer de tout perdre, y compris la raison ?
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J'essaie de résumer au mieux cette histoire sans vous spoiler les éléments majeurs de l'intrigue, sachez simplement qu'il s'agit d'une grosse remise en question de tout le modèle représenté par Batman en tant que super-héros et en tant que protecteur de Gotham surtout. Alfred aura un rôle majeur à jouer en tant que conscience de Bruce, la seule personne en qui il puisse réellement avoir toute confiance, une personne qui est également là pour le pousser au-delà de ses limites quand c'est nécessaire. Mais il y aura peut-être un prix à payer...
Globalement j'ai bien aimé cette histoire du Black Label, un récit qui ne partage aucune continuité avec le reste de l'univers DC, un récit auto-contenu donc et auto-suffisant avant tout, ce qui est appréciable de nos jours où tout semble connecté. The Batman's Grave est une réflexion assez profonde sur la nature des vigilantes et des justiciers en capes, sur ce qui nourrit leur combat et sur ce qui fait d'eux des êtres différents des criminels qu'ils poursuivent. Cette fois, pas de super-vilain, pas de sourire et de rire démoniaques pour hanter les nuits de Batman, rien que l'atroce réalité de vivre dans une ville pourrie où les meilleurs efforts ne donnent pas toujours les fruits attendus.
L'histoire n'est pas non plus totalement cynique ou désabusée, il y a un vrai message positif dans tout cela, mais la fin laissera le lecteur décider seul de ce qu'il en retient au bout du compte. Le dessin de Bryan Hitch est efficace bien qu'un peu trop direct dans le premier chapitre, peut-être en rapport avec l'introduction rapide de l'élément déclencheur de toute cette affaire. Douze chapitres au total, c'est juste assez pour apprécier le style de Warren Ellis et la vision de Bryan Hitch, deux artistes britanniques qui se sont encore une fois bien trouvés sur ce projet en particulier. La lecture est rapide et facilitée par la grosse dose d'action pure et dure, ça aussi c'est appréciable. A ranger dans les désormais nombreuses bonnes propositions du Black Label pour se faire une idée plus grande de ce qu'est un super-héros dans un monde comme le nôtre.
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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