L'impensable s'est produit. Le Joker a attaqué l'asile d'Arkham avec une toute nouvelle version de sa toxine, seulement quelques semaines après la grande guerre qui a failli emporter Gotham dans les tréfonds de la folie. Beaucoup de patients sont morts, tués par le gaz mortel, ainsi que des médecins, du personnel de soins et des gardiens. Bane est au nombre des victimes. Quant à Batman, il a pu arriver juste à temps pour sauver quelques rescapés, mais trop tard pour tous les autres. Cet attentat sera désormais connu comme le Jour A, et il marque le début d'une nouvelle ère.
A Gotham City, Batman a toujours incarné l'ultime barrière se dressant entre les honnêtes gens et les pires criminels qui tentent de détruire la ville et de faire un maximum de dégâts. Il y a eu Bane, puis le Joker... c'est beaucoup trop, la ville et ses habitants ne sont pas prêts à aller de l'avant comme si de rien n'était ou comme si l'on pouvait toujours compter sur les justiciers masqués pour protéger tout et tout le monde en permanence. Le Jour A l'a prouvé.
Alors, le nouveau maire Christopher Nakano commence à réfléchir à une solution plus durable, quelque chose qui permettrait de rassurer la population tout en prenant de la distance vis à vis des masques. Et c'est justement ce moment que choisit l'industriel Simon Saint, spécialisé dans la très haute technologie, pour proposer un programme inédit de maintient de l'ordre et de lutte contre la super-criminalité : le Magistrat.
Tout d'abord réticent devant ce qui ressemble clairement à un pas vers le totalitarisme policier, Nakano finit par donner le feu vert quand un autre super-vilain fait son come-back : l'Épouvantail. Jonathan Crane était censé être mort durant l'attentat à Arkham, mais il en a apparemment réchappé et il veut remonter au score en menaçant tout Gotham d'une vague de terreur sans précédent. Les citoyens apeurés à cette seule perspective prennent d'assaut les commerces et les denrées de vitale importance, et une panique profonde se met rapidement en place dans tous les esprits. La peur d'un nouveau confinement généralisé de la population, la peur d'une nouvelle guerre entre héros et vilains, la peur d'une nouvelle série noire...
C'est pour répondre à cette peur galopante que Nakano accepte de financer et d'autoriser le programme Magistrat, dont les premiers membres sont déjà prêts à agir sur le terrain. Batman aura fort à faire pour sauver les innocents manipulés dans cette guerre ouverte, tandis que les médias relaient sans discontinuer sur toutes les chaînes d'infos le même message angoissant, la même litanie que l'on entend d'ordinaire en temps de guerre.
Très vite, il apparaît au Détective et à ses alliés que Simon Saint et l'Épouvantail sont liés dans cette sombre histoire, et que les agissements supposés de l'un servent l'ambition de l'autre. A mesure que des hommes de paille sont retrouvés dans des lieux hautement symboliques de la ville, comme des menaces adressées au maire, et alors que la mairie elle-même vient d'être la cible d'un attentat à la bombe, tout repose sur Batman et son nouvel allié le Ghost-Maker. Les forces de police ordinaires ont reçu l'ordre formel d'épauler le Magistrat dans sa tentative d'intercepter et de neutraliser définitivement les masques, quel que soit leur camp, et l'arrestation de l'Épouvantail en direct doit marquer le point final de l'ascension du programme.
Sauf que les choses ne se passent pas du tout comme prévu, et que Jonathan Crane a d'autres projets pour la ville et ses millions d'habitants terrorisés à la simple idée qu'il puisse réellement leur tomber dessus. Trahissant son accord avec Saint et se débarrassant du Magistrat sans le moindre mal, Crane parvient à capturer Batman et le soumet alors à ses nouvelles drogues phobogènes, dans le but de lui enseigner ce qu'est vraiment la Peur à son paroxysme...
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Ce scénario ne vous sera peut-être pas totalement inédit, puisque si vous vous en rappelez nous avions déjà vu durant la lecture de Future State Batman que le Magistrat régnait sur une Gotham soumise et dépourvue de héros, où une maigre résistance tentait d'inverser les choses et où Batman avait totalement disparu. Et bien le scénario de ce futur possible est repris intégralement par James Tynion IV dans ce premier tome de la série Batman Infinite, ni plus ni moins que la suite de ce qui se passait dans les pages de Joker War précédemment.
Vous l'aurez compris, Future State n'était pas vraiment un simple et fugace aperçu d'un avenir éventuel, mais bel et bien dans le cas de Gotham et de ses héros et vilains une vision du futur tel qu'il allait advenir. Nous assistons ici à la naissance du programme Magistrat, une sorte de version DC et actualisée de ce que pouvait être le célèbre RoboCop de l'OCP dans le film de Paul Verhoeven. Et ça fonctionne !
Rappelons pour mémoire que Bruce Wayne ne possède plus qu'une fraction de son immense fortune, que ses alliés sont dispersés un peu partout, que Batman doit agir avec la plus grande discrétion car les autorités l'ont à l’œil, et que lesdites autorités sont prêtes à pactiser avec le Diable pour rétablir un semblant d'ordre après le chaos déclenché par le Joker. Diable qui en l’occurrence ici aura deux visages, celui de Simon Saint d'un côté pour la main secourable, et de l'Épouvantail de l'autre pour la menace la plus évidente.
Mais le bon Dr. Crane est loin d'être le seul danger immédiat dans cette Gotham littéralement au bord du gouffre, que les dessins de Jorge Jimenez parviennent sans aucun mal à nous représenter à la fois en terme d'actions comme d'émotions. Poison Ivy elle aussi se terre quelque part sous la cité et fomente quelque chose, sa propre version d'une fin du monde qu'elle anticipe avec ses nouveaux pouvoirs, et seule Harley Quinn semble en mesure de l'atteindre pour tenter de la raisonner avant qu'il ne soit trop tard. Qui remportera l'âme de Gotham au final ? L'Épouvantail ou l'Empoisonneuse ?
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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