lundi 8 avril 2024

Fantastic Four - L'histoire d'une vie (Panini Comics - Mai 2022)


En 1961, le Président des États-Unis John Kennedy donne son accord à un scientifique prometteur, le Dr. Reed Richards, pour concevoir un vaisseau spatial de pointe capable d'envoyer l'Homme dans les étoiles, afin de faire avancer la science certes mais surtout pour devancer les Soviétiques dans la course à l'espace qui fait rage. En effet, les USA sont à la traîne et les récentes missions se sont toutes soldées par des échecs cuisants. Mais cette fois-ci, ce sera différent : Richards a semble-t-il mis au point un tout nouveau type de carburant, révolutionnaire, qui rendra tout possible... s'il est testé.


Hors, le test ne pourra pas avoir lieu avant plusieurs décennies au moins, selon les moyens de l'époque. C'est un véritable aveu d'échec supplémentaire, et un camouflet pour Reed qui voit ainsi sa place au panthéon des plus grands savants lui échapper. Mais il reste un espoir : tester lui-même le carburant lors d'un vol en conditions réelles. Mais pour cela il lui faut réunir une équipe fiable et soudée : Sue Storm, sa compagne, et son petit-frère Johnny l'accompagneront, ainsi qu'un pilote de renom chassé de l'armée, Ben Grimm.


Si le décollage se passe bien, même mieux que bien, et que les résultats dépassent les espérances de Reed sur le moment, très vite quelque chose dysfonctionne et provoque une embolie dans le réacteur. En effet, Reed n'avait pas pris en compte les radiations cosmiques et leur impact sur son carburant, et voilà tout le vaisseau expérimental projeté dans un espace-temps inaccessible au commun des mortels, avant de réussir par miracle à revenir s'écraser sur Terre. A bord, les quatre membres de l'équipage improvisé ont subi des changements drastiques et ont développé des aptitudes hors du commun, du jamais vu pour leur époque. Mais le plus important reste la vision qu'a eu Reed dans l'espace lointain : un être omnipotent dévoreur de mondes, Galactus, qui lui a retourné son regard... et se dirige désormais vers la Terre, attiré par ce premier lien établi.


Reed passera les décennies suivantes à prévenir, mettre en garde et préparer les gouvernements du monde contre la venue de ce Galactus et la destruction totale de la planète qui en résulterait, mais c'est pratiquement peine perdue, personne ne veut y croire et les dirigeants sont trop occupés par la Guerre Froide qui stagne un peu partout. Deux hommes acceptent toutefois d'accorder du crédit et du temps à Richards et sa folie : Tony Stark, milliardaire spécialiste de l'armement de pointe, et Victor Von Fatalis, scientifique de génie qui croit dur comme fer au récit de Reed et se fait un devoir de l'aider à développer une solution au plus vite.


Ce travail, cette obsession de chaque instant, coûtera à Reed son mariage et sa crédibilité, lui prendra tout ce qu'il possède ou tente de posséder, tandis que Fatalis de son côté s'en nourrit et développe sa propre obsession en réponse à celle de son confrère : unir le monde sous une seule et même bannière, par la force si nécessaire, afin d'apporter une réponse commune à Galactus. Mais la Terreur semble être le seul moyen d'y parvenir selon lui, un point qui oppose les deux comparses brutalement quand Fatalis utilise l'armure développée avec Reed pour attaquer le siège de l'ONU et tenter d'asseoir sa domination sur l'ensemble de la planète. Avec l'aide des plus grands héros de la Terre, et de la Femme trop souvent restée Invisible dans l'ombre de son ex-mari, Fatalis est rapidement défait et la crise est surmontée. Mais c'est une perte de plus pour Reed, à la fois de temps et d'espoir.


Heureusement, il reste l'appui inébranlable de Tony Stark. Grâce à ses fonds généreux et à ses relations au sein du Gouvernement des États-Unis, un programme spatial ambitieux est développé et mis en chantier le plus rapidement possible, basé sur les théories et découvertes récentes de Reed et l'apport de nouveaux systèmes informatiques. Baptisé ''Star Wars'', ce programme va cependant une nouvelle fois prendre tout espoir à ses concepteurs quand il tentera de déclencher une frappe nucléaire globale entre les USA et l'URSS. Là encore, la catastrophe sera évitée de peu, grâce au sacrifice admirable du plus cynique des membres du quatuor original.


Mais tout cela, tout ce travail depuis tant d'années pour défendre la Terre contre Galactus, sera réduit à néant en quelques secondes à peine par l'arrivée d'un nouvel intervenant cosmique, pilotant un surf d'argent et détenant le pouvoir cosmique de son maître fractionné mais suffisant pour détruire toute la flotte stellaire en un clin d'oeil. Puis, le Surfeur prononcera un discours simple mais efficace devant les Nations Unies : Galactus est bel et bien une réalité, une fatalité inévitable, et il sera là dans exactement dix ans. Que la Terre tente de s'y préparer ne changera rien. Le monde sera détruit, dévoré jusque dans son essence vitale, et retournera au néant primal.


Dix ans, c'est tout ce qu'il reste à l'humanité pour tenter de se rassembler et d'attendre sereinement la fin programmée de tout ce qu'elle connaît. Reed renonce même à ses projets, à la fois abattu par cette échéance brutale et ravi de pouvoir délaisser son fardeau pour la première fois depuis plus de trente ans. Mais de son côté, Fatalis n'a pas renoncé à son propre plan de domination, et s'il lui faut inclure Galactus dedans ainsi soit-il ! Contactant le Surfeur par ses propres moyens, Fatalis tente de s'assurer une place au sommet de toute chose, place qu'a dénié Reed Richards dans un éclair de lucidité.


Et quand enfin se présente l'heure dernière, ceux qu'il reste des Quatre Fantastiques d'antan s'unissent à nouveau pour faire face vaillamment à Galactus, contre toute probabilité de l'emporter ou de le ralentir un tant soit peu. Parfois, la science ne peut rien contre certains phénomènes. Parfois, il suffit d'espérer... et l'espoir, l'humanité en regorge si on sait où regarder.


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Vous connaissez le concept de ces scénarios Histoire d'une vie chez Marvel, inventé pour la mini-série de Chip Zdarsky sur Spider-Man précédemment et repris ici pour les Quatre Fantastiques, la toute première famille de super-héros de l'univers de la Maison des Idées. Les faisant vieillir normalement à mesure que le temps et les années passent, l'auteur nous offre un bel hommage de l'ensemble de leur carrière de ces soixante dernières années.


Déjà, premier avertissement, si vous pensiez comme moi vous retrouver dans une sorte de ligne commune avec le récit de Spider-Man, détrompez-vous. Les événements décris dans cet album-ci sont différents de ceux relatés dans le scénario de Zdarsky, et tout porte à croire que si jamais d'autres histoires de ce type sont écrites et publiées elles seront toutes uniques en leur genre et mettront en scène un monde chaque fois différent, à l'image du héros dont il sera fait mention principale.


Ensuite, ici le ton de Mark Russell est beaucoup plus cynique et désabusé que ne l'était Chip Zdarsky, ou que ne l'est Dan Slott dans sa série actuelle Fantastic Four. Sa vision du monde est volontairement pessimiste, nombriliste contre toute logique, même si l'on pourra trouver ici et là de bonnes raisons d'espérer et surtout des concepts intéressants à mettre en avant au fur et à mesure de leur développement historique réel.


Par exemple, l'émergence du féminisme plus poussé des années '70-'80, au travers du regard de Susan Storm qui hérite sans doute du pouvoir le plus utile mais le plus ingrat des quatre puisqu'elle passe toujours au dernier plan, voire est systématiquement mise en retrait pour être maman à plein temps plutôt qu'héroïne. Une situation qui va grandement s'améliorer avec le temps et amener le lecteur à porter un regard plutôt critique sur les premières années d'existence du quatuor fantastique, fantasmé plutôt, et servira d'exemple de ce qu'est réellement la morale de cette histoire : on peut changer les choses, si on le veut et si on a le courage de saisir la bonne opportunité.


Un dernier mot sur le dessin ce coup-ci car je ne veux pas m'étendre davantage sur le déroulé du scénario de peur de vous en gâcher les moments les plus mémorables et essentiels. Confiée à Sean Izaakse, la partie graphique de cette œuvre est plutôt dans la bonne moyenne de ce que l'on trouve de nos jours. Ça n'a pas vraiment la splendeur du trait de Mark Bagley mais l'artiste fait son travail efficacement tout de même, malgré une certaine exagération concernant les visages de quelques personnages devenant assez caricaturaux. Le respect du matériau de base est bien là, et c'est le plus important dans ce genre de projet anthologique.


Mais au final, j'ai été davantage intéressé et touché par Spider-Man – L'histoire d'une vie que par cette version sur les Quatre Fantastiques, non qu'elle soit moins bonne mais c'est avant tout une histoire de goûts, ça varie en fonction des gens et des humeurs surtout. Peut-être qu'en relisant ce one-shot plus tard dans d'autres circonstances, j'y décèlerais autre chose qui m'y fera repenser d'une nouvelle manière. En attendant, c'est quand même un beau travail et il faut saluer la performance, en espérant que d'autres auteurs se voient accorder l'insigne honneur de travailler sur ce genre de projet à l'avenir !


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

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