Chassée de chez son amant par la femme de celui-ci, Haruko a fini à la rue, totalement nue et protégée uniquement par une ridicule serviette de bain. Heureusement, dans son malheur elle croise la route de Ayumu, une jeune femme aussi guillerette que spontanée qui accepte sans l'ombre d'une hésitation de lui prêter main forte. Quelques vêtements et un peu d'argent plus tard, Haruko est maintenant capable de tenter sa chance le lendemain pour au moins récupérer ses affaires... du moins le croit-elle.
En réalité, Haruko va repousser encore et encore le moment fatidique d'aller affronter le courroux de la femme spoliée, car elle a tout simplement peur d'elle et surtout peur davantage encore de ce que cela pourrait signifier sur ses choix de vie. Alors qu'elle commence à réaliser, assez brutalement, qu'elle a une nette tendance à se jeter dans les bras des hommes qui arrivent à elle en sauveurs, Haruko est soudain rattrapée par sa biologie : ses règles apparaissent au plus mauvais moment pour elle, et la seule solution à sa portée est de composer le numéro de téléphone de la personne qui l'avait dépannée la veille, Ayumu, qui s'empresse d'accourir par solidarité toute féminine.
Mais les choses ne vont pas et ne doivent pas en rester là ! Avec l'aide de sa bande d'amis assez spéciaux dans leur genre, Ayumu met sur pieds un plan béton pour permettre à Haruko de récupérer ses affaires sans avoir à affronter la terrible épouse. C'est une aventure digne d'une quête de jeu-de-rôle, à ceci près que le danger n'est malheureusement pas évitable ad vitam. Haruko va devoir faire face et reconnaître enfin qu'elle a peut-être bien un problème, avec les hommes certes mais aussi avec sa propre image d'elle-même.
Se sentant intégrée dans la petite bande hétéroclite, Haruko finit par vivre en collocation très temporaire avec Ayumu et s'arrange pour améliorer son quotidien et le sien avec. La première chose qu'elle est certaine de pouvoir décider, c'est quoi faire de son passé et surtout de son argent mis de côté toutes ces années avec son ex pour leur mariage qui n'aura jamais lieu. Déterminée à faire table rase et à aplanir pour construire une nouvelle vie ici à Tokyo, Haruko fait la tournée des grands magasins, dépense sans compter en vêtements, sacs, chaussures, bijoux, mets délicats pour gâter ses nouveaux amis, et avant tout s'offrir ce qui compte le plus pour elle : une toute nouvelle identité.
La bande d'Ayumu est une troupe de théâtre un peu fauchée, qui profite sans méchanceté aucune de la situation tant que cela dure, mais qui accepte aussi d'apporter une aide bienvenue quand il le faut. Rapidement, Haruko découvre que l'un des garçons gravitant autour de la troupe, Maki, est fou amoureux d'Ayumu sans oser le lui avouer. Quand Ayumu est cambriolée, probablement par des voleurs ayant suivi la trace des achats de Haruko jusque chez la jeune comédienne, Maki propose d'héberger tout le monde à son travail tant que c'est possible, mais très vite la situation dérape entre lui et Ayumu qui lui exprime clairement qu'elle ne l'aime pas, pas de la façon dont il voudrait être aimé par elle. Le ton monte, et Ayumu finit par quitter l'endroit, laissant Maki en proie à la culpabilité et au ressentiment.
De son côté, Haruko fait tout le nécessaire pour retrouver la trace de ses affaires et surtout se faire rééditer une carte de crédit au plus vite, mais en l'absence de ses papiers d'identité la chose est impossible et la voilà qui finit une fois de plus à la rue sans rien d'autre que les vêtements qu'elle porte. Pas d'argent, pas d'affaires, pas de papiers, plus rien à part un pied-à-terre ambiguë chez Maki et l'envie pressante de rentrer chez elle sans demander son reste. Le soir venu, Maki se rapproche tout à coup de Haruko avec une ferveur amoureuse dans le regard, du moins à ce qu’interprète la jeune femme, consciente qu'il voit en elle une façon détournée de satisfaire son ego blessé. Mais ça tombe plutôt bien puisque sans Maki Haruko se retrouverait complètement à la rue. Encore un homme secourable, encore une main tendue pleine de promesses qu'elle s'empresse de saisir... et encore une petite voix dans sa tête qui lui claironne de se méfier des apparences.
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Que dire de plus que ce que je vous présente ici dans ce résumé ? Pas grand chose ma foi, j'ai cependant tâché de vous ménager certains détails pour que l'expérience de lecture reste agréable si vous découvrez la série ou si vous comptez la lire prochainement. Pour moi c'est un vrai coup de cœur et je n'ai maintenant qu'une hâte, lire le tome 3 dès qu'il paraîtra !
On pourrait disserter longtemps sur le message et la portée féministe de cette histoire, cette façon presque habituelle qu'a Haruko de se jeter dans les bras des hommes qui lui apportent de l'aide, comme par opportunisme pourrait-on dire, faisant de son corps et de ses charmes une arme sur laquelle elle sait pouvoir compter en cas de coup dur, comme la vie le lui a appris. Mais Haruko est aussi tellement plus que cela, sans s'en rendre forcément compte tout de suite, elle a une vraie profondeur et mérite d'être étudiée plus en détail avant de se permettre de la juger ou de poser un avis définitif sur sa condition. Quant aux hommes en questions, les sauveurs providentiels, ils arrangent toujours la vérité selon les envies du moment, et la réalité c'est que des personnes agréables et somme toute innocentes finissent par en souffrir quoi qu'il arrive.
Le fameux trou dans lequel se retrouvait piégée Haruko dans le premier tome, qui était vous l'aviez compris une métaphore de sa situation et de ses difficultés insurmontables qu'elle y accumule, devient ici le terrier du lapin dans lequel croissent des merveilles séduisantes et attirantes... mais qui cache aussi de terribles secrets et des dangers autrement plus familiers pour quiconque s'y risquerait sans réfléchir. Le parallèle entre Haruko et Alice est évidemment fait par l'autrice directement et visuellement, tandis que la troupe de théâtre devient cette joyeuse bande du Pays des Merveilles un rien délurée et dans la danse de laquelle il vaut mieux ne pas se perdre corps et âme.
Le personnage sur lequel je ne me suis pas du tout attardé dans le résumé et qui pourtant a son importance cruciale dans le développement moral de Haruko, c'est l'étudiante et salariée Kaneko, celle qui a dénoncé la liaison de Haruko et d'Asano à l'épouse de ce-dernier. Les raisons qui l'ont poussé à faire ça la regardent et je ne vais pas vous gâcher le plaisir de cette découverte, mais j'aimerai en revanche attirer votre attention sur une réplique en particulier que Kaneko sort face à une Haruko déconstruite par sa malheureuse expérience : « Vous comptez sur un homme dont vous n'êtes pas amoureuse et il vous console avec son corps. Vous ne comprenez pas que c'est immoral ? En tant que femme, j'éprouve même de la colère en vous voyant. ». Tout est dit, en quelques mots cinglants un personnage archi-secondaire parvient à cerner la personnalité problématique de l'héroïne de ce récit et lui offre une solide piste de réflexion personnelle... qui ne portera cependant pas ses fruits tout de suite, comme on le verra très vite.
Bref, excellente série traitant d'une jeune femme perdue dans une vie qu'elle ne maîtrise plus et qui voudrait plus que tout afficher fièrement son indépendance, tout en recourant à la solution de facilité dès que le besoin s'en faire sentir. Un problème vieux comme le monde pourrait-on dire en conclusion, mais qui mérite toujours d'être traité et surtout au travers du regard d'une femme, d'une autrice, d'une amie. Merci Nemu Yoko et vivement la suite !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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