Il s'est fait appeler Azraël, du nom de l'ange de la Mort, l'ange vengeur, le pourfendeur des traîtres et des pécheurs. Entraîné par l'Ordre de Saint-Dumas depuis son plus jeune âge pour devenir le parfait assassin, capable de rivaliser avec les plus terribles adversaires. Il a revêtu la cape du Batman après la chute de ce-dernier, et il a même vaincu son fléau en terrassant le redoutable Bane à mains nues après un combat épique dans les rues de Gotham City.
Mais Jean-Paul Valley a commis son lot d'erreurs sous le masque du Chevalier Noir. Des criminels qu'il a laissé de côté, d'autres qu'il a trop sévèrement châtié, certains enfin qui sont morts de ses mains ou par la faute de son inaction. Jean-Paul n'a pas cru longtemps en l'idéal humain et en la possibilité de rédemption pour chacun. Seule âme pieuse dans un monde de péchés et de vices, dans une ville parcourue chaque nuit par le Mal, Jean-Paul s'est muré à l'intérieur d'une armure high-tech et a fait de son combat contre le crime une véritable Croisade moderne, ne laissant rien ni personne l'arrêter ou même le ralentir.
De son côté, Bruce Wayne est de retour à Gotham depuis peu, mais son ambition de mener une vie tranquille est rapidement abandonnée quand il se rend compte de la folie de son successeur et des risques insensés qu'il fait courir à la ville et à ses habitants. Il doit reprendre la cape, le masque, la cave, les gadgets... il doit tout reprendre, redevenir le seul et unique Chevalier Noir de Gotham. Mais il n'est plus digne de la défroque de la Chauve-souris, pas tel qu'il est actuellement. Même s'il s'est totalement remis des blessures infligées par Bane, Bruce a perdu ses réflexes et son endurance durant sa convalescence, et il doit maintenant tout réapprendre au plus vite.
Une seule personne est capable selon lui de l'entraîner assez dur et assez rapidement pour que tout lui revienne. C'est donc le cœur gros qu'il se rend auprès de Lady Shiva, la plus grande combattante et assassin qui ait jamais vécu, à ce que l'on raconte. Shiva accepte de l'endurcir et de l'entraîner, en envoyant contre lui toute une horde de ninjas et de maîtres en divers styles de combats mortels. Les uns après les autres, Bruce les vaincra toutes et tous et forgera son corps et son esprit pour recevoir à nouveau le costume de sa propre création, endossant du même coup les responsabilités écrasantes qui vont avec. Batman ne tue pas... mais pour redevenir l'homme-chauve-souris, Bruce Wayne devra consentir à une entorse spéciale à cette fameuse règle.
Chaque nuit, Bruce sort sur les toits de la plus haute tour de la ville et teste son courage, se préparant pour le moment où il sautera enfin dans le vide pour une chute mortelle... ou révélatrice d'une force plus grande encore, dormant en lui et attendant le bon moment pour ressurgir. Avec l'aide de Robin et de Nightwing, il surveille son successeur désastreux, qui pour sa part cède de plus en plus à la folie, en proie aux hallucinations implantées dans son esprit par le système de l'Ordre qui l'a élevé et a fait de lui une arme vivante.
La confrontation finale se joue enfin, entre d'un côté le melting-pot de douleur et de violence qu'est Jean-Paul Valley, et de l'autre la résignation et le sens du devoir incarnés par Bruce Wayne. L'armure et les pièges, contre la ruse et l'efficacité. La fougue contre l'expérience. Au lever du soleil, Gotham fera la connaissance de son nouveau protecteur. Sera-t-il animé par une folie furieuse refusant de se taire, ou par un idéal plus grand encore que les failles de sa propre personne ?
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C'est fini, ça y est. Les auteurs des différentes séries liées à Batman dans ce milieu des années '90 font revenir pour de bon Bruce Wayne sous le masque de la Chauve-souris, après bien des combats et des épreuves pour s'en montrer digne à nouveau. La plus terrible étant cette mise à mort orchestrée par Lady Shiva pour son propre plaisir... mais ne vous fiez pas aux seules apparences, car Bruce a plus d'un tour dans son sac !
La moitié de ce cinquième et dernier tome de la saga Knightfall est ainsi consacrée à l'évolution en parallèle de Jean-Paul et de Bruce, chacun revendiquant la cape du Batman pour lui seul, avec des motivations très différentes toutefois. Ce sont deux visions de la Justice qui s'affrontent, deux conceptions parfaitement opposées et pourtant presque complémentaires par certains aspects, mais à jamais irréconciliables par les actes. On suit les progrès de Bruce et la descente aux Enfers de Jean-Paul, jusqu'au point de non-retour fatidique après lequel plus rien ne sera jamais plus comme avant.
Et dans la seconde moitié, c'est enfin l'affrontement en lui-même, le combat final tant attendu et redouté, et déjà on sent une sacrée différence qui risque de faire pencher la balance : Bruce sait compter sur ses alliés, quand Jean-Paul se méfie de tout et de tout le monde, y compris de son propre esprit tourmenté sans arrêt par les hallucinations de son système. On peut aussi faire un parallèle que je trouve personnellement assez évident entre les méthodes drastiques de Jean-Paul, très représentatives de ces années '90 où les héros se devaient de frapper fort et de marquer les esprits, cette vraie envie de violence de la part du lectorat pour envoyer balader les anciens codes du genre... et le retour en grâce de la sagesse et de l'expérience au bout du compte, prouvant ainsi à toutes et tous que même les plus forts et les plus hargneux ne sont pas forcément dignes d'être des héros.
Les dessins sont d'ailleurs plutôt classiques quand on lit les parties consacrées à Bruce et à son entraînement, là où au contraire les styles et couleurs se déchaînent autour du Batman incarné par Jean-Paul comme un tourbillon de haine, et surtout de peur, ce que ne manquera pas de remarquer le seul et unique Batman en titre. Tout ça pour dire que tout est étudié pour différencier au maximum les deux versions du Chevalier Noir de Gotham, visuellement et narrativement parlant, dans le dessin comme dans l'écriture. Une opposition permanente et apparemment sans issue pacifique, du moins dans un premier temps, car les derniers chapitres seront eux consacrés aux épilogues de la saga et nous présenterons parfois un tout nouveau visage de certains personnages, Jean-Paul le premier.
Pour son grand retour, Bruce déclare que les choses vont changer, irrémédiablement, et que les anciennes méthodes devront bien s'adapter à ce cycle infernal de violence qui gangrène sa ville. Mais jamais il ne cédera un pouce de terrain face à cette violence, ni face à la peur, car il incarne beaucoup plus que cela et qu'il a juré, tout simplement, de faire tout son possible et même davantage pour protéger les habitants de Gotham, pour que jamais plus un enfant ne doive porter le deuil de sa famille, pour que jamais personne ne se retrouve totalement seul au monde et privé de tout espoir.
Un serment qui sera, je n'en doute pas, rapidement mis à l'épreuve dans une ville qui ne fait plus vraiment confiance à son justicier attitré et qui demande encore plus d'attention qu'auparavant. Maintenant que le vrai Batman est de retour, ses ennemis de toujours seront présents eux aussi pour l'éprouver et tenter de le faire chuter comme Bane semblait avoir réussi à le faire, mais là encore méfiez-vous des apparences et des évidences ! Nous voilà sortis de Knightfall, nous sommes alors au beau milieu des années '90, et il reste encore au Batman beaucoup de chemin à parcourir pour protéger les siens le plus efficacement possible, car les plus gros périls sont encore à venir...
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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