Jeune informaticien de Montréal travaillant cinq jours par semaine dans une entreprise sans âme comme il en existe tant dans ce domaine, Clément ne trouve son plaisir que durant le week-end, quand il peut enfin s'adonner à sa grande passion : les parties de jeux-vidéo en ligne, avec quelques autres solitaires de son espèce pour qui ces moments sont pratiquement les seuls qui leur permettent de fréquenter d'autres individus en dehors du travail.
Clément fantasme aussi sur sa si jolie et si intrigante voisine, qui ne sort qu'à la nuit tombée et ne lui adresse la parole que pour les habituelles salutations, avant de se placarder chez elle toute la journée. Étant lui-même un grand timide avec la gente féminine, Clément a du mal à se lancer et ne fait que s'imaginer ce que serait sa relation avec Isabella, si jamais il osait un jour... mais, comble de malchance, la belle semble déjà en couple, et avec un homme dont le charisme incroyable et sidérant ne laisse aucune chance à un autre étalon.
Cependant, cet homme mystérieux accepte d'adresser la parole à Clément. Mieux, il sympathise franchement avec lui, et lui offre une carte de visite sur laquelle on peut lire l'adresse d'un night-club très sélect, très probablement clandestin aussi, en l'enjoignant à les y rejoindre Isabella et lui le soir venu. La nuit avançant et la solitude lui pesant, Clément finit par accepter. Son sort venait d'être scellé.
Coup sur coup, Clément va se retrouver au cœur d'une tanière d'êtres de la nuit que rien n'arrête, et envoûté par son hôte il va devenir à son tour l'une de ces infortunées créatures, un vampire ! Subissant une terrible épreuve d'initiation, Clément renaît dans la mort sous le nom de Clay, fils de Démon, qui confie alors sa formation de jeune buveur de sang à Isabella, elle aussi vampire de son état.
Et tandis que Clay apprend petit à petit les ficelles du métier, si l'on peut dire, il comprend également bien des choses concernant son ancienne voisine. Amenés à chasser en binôme, les deux vampires vont très vite nouer un certain lien et échanger des confidences, même si la distance semble toujours le maître-mot dans leur relation. Clay découvre ses instincts de chasseur, de séducteur, et développe bien vite ses propres tactiques pour appâter ses proies et s'en délecter à sa façon. Tout côté humain dans son esprit a basculé depuis un bon moment maintenant, il est entièrement dévoué à la cause vampirique et il ne lui viendrait jamais à l'idée de transgresser les lois édictées par Démon au sein du clan. Du reste, il se trouve bien plus heureux comme ça, n'eût été cette sensation de froid permanente qu'il ressent entre chaque repas.
Mais tout aussi rapidement, le nouveau vampire apprend qu'il y a également des dangers à prendre en compte et d'autres à fuir comme la peste quand on est comme lui. Les vampires ne sont pas éternels, ni divins ni invincibles, et il existe des chasseurs spécialisés dans leur traque et leur exécution brutale et définitive. Ceux-ci sont très organisés et très bien entraînés, et Clay vient malheureusement d'attirer leur attention...
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Christian Boivin est-il un vampire ? Si oui cela ne m'étonne guère, et si non la question mérite amplement d'être posée. En tout cas, il sait diablement y faire pour nous raconter dans le détail les différents moments forts du passage d'un état de vie à celui de non-mort, ainsi que toutes les étapes qui font d'un aspirant le vampire qu'il deviendra par la suite.
Toutes les descriptions sonnent terriblement justes et bien pensées en fait, on sent que l'auteur connaît son sujet sur le bout des doigts et qu'il s'est embarqué dans ce nouveau Conte Interdit avec une idée bien précise en tête, bien que casse-gueule : adapter le conte du Vilain petit canard à la sauce moderne ET au public adepte du vampirisme, un genre très codé et dont il convient de respecter toutes les règles. Et c'est plutôt une réussite selon moi !
Pour ne rien vous cacher, j'avais de sévères appréhensions quant à la qualité de ce nouveau conte revisité, ayant accumulé dernièrement les déceptions dans cette collection. Mais là je dois dire, honnêtement, que je suis satisfait de ma lecture et que je trouve le récit comme son style vraiment bien pensés, c'est bien écrit, tout est bien articulé et l'état d'esprit du vampire selon Christian Boivin est clairement défini et respecté là aussi jusqu'au bout.
Si je devais chercher des défauts pour rester parfaitement juste, je ferais remarquer que l'on n'échappera pas à certaines expressions ou tournures de phrases typiquement Québecoises, mais qu'elles sont néanmoins fort peu nombreuses et donc très peu déroutantes pour le coup cette fois-ci. L'autre vrai gros défaut cependant, c'est la fin, les deux derniers chapitres sont réellement beaucoup trop rapides et j'ai le sentiment en tant que lecteur et aspirant auteur que Christian Boivin a du rusher et qu'il aurait en revanche totalement pu étaler son intrigue sur davantage de pages et de chapitres si le format lui en avait laissé l'occasion. Peut-être que l'on retrouvera le personnage de Clay dans d'autres contes par la suite, j'espère en tout cas que l'on n'en restera pas là car ça serait terriblement décevant !
Christian Boivin est-il un vampire ? Peut-être pas, mais il les connaît bien et si je devais hasarder une explication je dirais qu'il a étudié à fond les écrits de feu Anne Rice, en en retirant toutefois tout le côté mélancolique propre à cette autrice. Et sexuel aussi, au passage, ce qui en y repensant apparaît comme une vraie surprise : des vampires qui ne seraient pas vraiment attirés par le sexe ? Il faut croire qu'on apprend à tout âge et que les codes du genre sont appelés à changer eux aussi avec l'évolution de la société. Un conte très réussi à mon humble avis, et je voudrais vraiment que les suivants soient de cette trempe !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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