vendredi 29 septembre 2023

La V.O. du vendredi n°243 : The Theater (Zenescope - Juillet 2012)


Il existe, quelque part dans le monde, des endroits très particuliers d'où rien ne semble ressortir indemne. Des endroits ressemblant à n'importe quel autre du même genre, mais où la vie elle-même semble aspirée, où les gens les plus normaux se mettent à agir de façon totalement anormale et où même les plus vertueux découvrent l'horreur qui guide la raison vers les profondeurs.


Parmi ces endroits, il y en a un vraiment très spécial. Un cinéma de quartier tout ce qu'il y a de plus normal, de plus authentique, une véritable relique des années fastes où les films étaient projetés à la journée et où l'on pouvait s'acheter une séance pour trois fois rien. Aujourd'hui, c'est surtout son âme que l'on risque en s'installant confortablement dans les sièges usés.


Au travers de cinq histoires, cinq récits sur pellicule qui seront projetés aux spectateurs avides de frissons, ce sont cinq façons de sombrer dans l'horreur et le néant qui seront présentées et abordées, avec une morale douteuse à la fin et surtout un petit dénouement rien moins que personnel pour les pauvres malheureux qui se seraient risqués à rester jusqu'au bout du générique.


Qu'il s'agisse d'une pandémie zombie, d'une affaire de serial-killer d'auteurs à succès, d'un trou béant qui aspire tous vos sales petits secrets dans une banlieue chic, d'un voisin qui cache un lourd passif en essayant de se racheter une nouvelle vie, ou bien encore d'un homme bien sous tous rapports qui du jour au lendemain disparaît de la mémoire de tout le monde... voici le genre de programmes que l'on projette dans ce petit cinéma anonyme tenu par une famille pas vraiment comme les autres.


Vous aurez bien du mal à rencontrer le patron, le patriarche qui a tout bâti de ses mains : on dit qu'il ne quitte plus beaucoup son bureau ces temps-ci. Sa fille s'occupe de toute la partie administrative et également de l'événementiel, tandis que les rares employés également membre de la famille s'affairent à faire tourner la boutique. Mais vous seriez bien mal avisés d'aller jeter un œil en coulisses... mieux vaut éviter en effet la salle de projection, et gardez-vous de prendre un supplément spécial avec votre seau de pop-corn. Enfin, ne restez jamais jusqu'à la fin du générique... ça pourrait surtout être la vôtre.


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Je n'attendais pas grand chose de cette parution Zenescope, il faut dire que ça remonte à loin maintenant la dernière fois que j'ai lu et chroniqué quelque chose venant de chez eux, à mon grand regret d'ailleurs. On va tâcher d'améliorer cela, mais tout d'abord le sujet présent, cet étrange cinéma dont peu de clients ressortent après une bonne séance de frissons.


Si les deux premières histoires étaient vraiment sympas, celle sur la pandémie de zombies étant traitée sur un plan particulièrement intimiste a tout pour vous toucher exactement là où il faut, faisait résonner la corde sensible et abordant le sujet des zombies sous un angle très personnel. La seconde histoire, racontant la progression d'un auteur en devenir en parallèle d'une série de meurtres d'écrivains de best-seller, est franchement bien scénarisée là encore mais déjà un peu plus spectaculaire et bourrée de clins d’œils pas vraiment finaux aux grands noms du genre horrifique aux États-Unis, en comics comme en romans. On se régalera de certaines scènes vraiment bien trouvées, mais on commence déjà à entrer dans le passable.


Les récits suivants tendront malheureusement à approfondir cette impression, allant de simplicité brute en clichés et déjà-vus assez évidents par moments, bref ça ne renouvelle pas le genre, au contraire la série participe même à enraciner davantage des poncifs déjà là depuis un bon moment. La toute dernière histoire, toutefois, sur cet homme qui semble disparaître de la mémoire de tout son entourage d'un seul coup, était une bonne surprise mais arrivant cependant trop tard pour sauver cette mini-série.


Les dessins des couvertures sont très bien travaillés, comme toujours chez Zenescope, et c'est comme toujours l'intérieur qui pèche par trop de simplicité. J'aime beaucoup le format consistant à raconter une seule et même histoire par chapitre, et chaque chapitre racontant donc une histoire différente autour d'un axe commun, ici le cinéma d'horreur. C'est un format que l'on connaît bien depuis des décennies déjà, avec les Contes de la Crypte ou les magazines Creepy et Eerie par exemple, dont Zenescope s'est faite l'héritière moderne avec ses Tales of Terror que je compte bien lire un jour également.


Bref vous l'aurez compris c'est toujours sympa quand il s'agit de passer le temps et de s'occuper pour préparer Halloween ou bien juste entre deux autres lectures, mais malgré des qualités certaines à plusieurs endroits ça reste quand même un comic-book passable qui ne fera pas date dans le genre de l'horrifique, c'est plutôt comme une sorte de petite halte histoire de réviser ses bases avant d'oser emprunter un chemin disons... plus pernicieux.

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