samedi 16 septembre 2023

Batman - Knightfall tome 4 : La Quête (Urban Comics - Septembre 2013)


Les nuits se suivent et se ressemblent à Gotham City, une ville prisonnière de sa propre légende noire et où le crime frappe partout et tout le temps. Cette cité maudite a toujours eu besoin d'un protecteur, et aujourd'hui elle en a un nouveau en la personne de Jean-Paul Valley, le dernier Batman en date.


Mais Jean-Paul est lui-même assailli de doutes et d'hallucinations provoquées par le fameux système programmé dans son esprit par son propre père, pendant sa période de formation auprès de la secte d'assassins de l'Ordre de Saint Dumas. Il voit régulièrement les spectres de son père et de son saint patron l'invectiver et lui donner des ordres contradictoires, entre préserver la vie ou bien mettre fin à celle-ci quand cela concerne les criminels qui se multiplient et se déchaînent en ville.


Jusqu'à il y a peu, Jean-Paul parvenait à juguler ces visions et à contrôler les effets néfastes du système en lui. Mais devant tant de violence, chaque nuit sous ses yeux, devant tant d'extrêmes à combattre, même son esprit finit par lâcher, et le système reprend le dessus. Se privant de sommeil pour s'entraîner sans relâche, concevoir une nouvelle armure et de nouvelles armes à y incorporer, Jean-Paul est lui-même devenu une machine à tuer potentielle, et il ne faudrait pas grand chose de plus pour le pousser à commettre l'irréparable.


Quand le tueur en série Abattoir refait surface et menace à nouveau les membres de sa propre famille, suivant sa psychose jusqu'au bout, c'est la goutte de trop pour le nouveau Batman qui décide d'en finir pour de bon avec ce genre d'individus. La traque d'Abattoir ne se fera pas sans mal, et de nombreux innocents seront placés sciemment sur sa route pour tenter de ralentir ou d'arrêter le justicier qui poursuit sa proie, implacable, remontant lentement la piste et se préparant à rendre la justice à sa façon.


D'autres vilains et voyous de tous horizons pointent le bout de leur nez à Gotham durant cette sombre période, mais ils sont tous mis hors d'état de nuire par un Batman aux méthodes expéditives qui n'a pas de temps à perdre en prenant des gants avec eux. Ayant finalement retrouvé Abattoir, Batman le confronte dans une fonderie en activité et se retrouve devant une situation complexe où il doit impérativement faire un choix, entre laisser le criminel mourir ou lui sauver la vie. Et, devant témoins, Jean-Paul décide de laisser le destin s'accomplir.


Désormais, le mot est passé, chez tous les criminels, chez tous les malfrats et même dans les rangs de la police : le Batman ne plaisante plus, et malheur à qui se trouvera face à lui. Même Gordon, pourtant soutien de longue date du justicier masqué, ne sait plus à qui il a affaire exactement, et manque de faire une chute mortelle quand il confronte ce terrible Batman d'un nouveau genre pour lui exprimer sa façon de penser. Intérieurement, Jean-Paul est en pleine descente morale, et il ne se rend pas compte qu'il perd soudain pieds avec son idéal et le cœur de sa Croisade sacrée.


Pendant ce temps, Bruce Wayne poursuit sa propre quête pour sauver le père de Tim Drake, avec l'aide d'un Alfred de plus en plus réticent à l'idée de laisser son employeur risquer sa santé déclinante pour une mission suicide. Remettant sa démission après que Bruce ait à nouveau refusé de prendre le temps de soigner son dos meurtri, le majordome contacte Jean-Paul à son retour à Gotham et le met sur la piste de Bruce pour le sauver avant qu'il ne soit trop tard, mais Batman tombe dans un piège qui l'éloigne de cette piste et permet aux ravisseurs d'emmener leur proie jusqu'à Santa Prisca pour un ultime règlement de compte.


Bruce n'est cependant pas sans ressources pour cet affrontement, et parvient contre toute attente à l'emporter et à sauver la femme qu'il aime, le Dr. Shondra Kinsolving, de son tourmenteur et bourreau. Mais Shondra n'est plus que l'ombre d'elle-même, l'esprit brisé par cette expérience traumatisante, et elle s'effondre après avoir usé une toute dernière fois de son pouvoir régénérant pour soigner Bruce.


Maintenant qu'il a récupéré sa motricité et que le père de Tim est sain et sauf, de retour chez lui, Bruce n'a plus qu'à décider s'il veut reprendre la cape de Batman ou bien s'il laisse son successeur poursuivre son travail. L'ancien détective se verrait bien prendre sa retraite et goûter enfin aux plaisirs d'une vie humaine, mais les révélations de Tim concernant la situation réelle dans Gotham vont convaincre Bruce d'aller confronter Jean-Paul dans la Bat-cave, sur son propre terrain, pour constater de ses propres yeux l'existence du monstre qu'il a grandement contribué à créer.


Désormais il ne reste plus qu'une seule option envisageable : Bruce Wayne doit redevenir Batman, le seul et l'unique, pour le bien de Gotham et de tous ses habitants, avant que Jean-Paul ne franchisse une nouvelle étape dans sa guerre auto-destructrice contre le Mal. Mais même s'il est physiquement remis des blessures infligées par Bane et qu'il n'en garde aucune séquelle, Bruce n'a plus les réflexes qu'il faut pour tenir tête à son successeur, bardé d'armes et doté d'une puissance folle par son armure dernier-cri. Il ne reste qu'une seule solution, aller demander de l'aide à une personne que Bruce redoute par-dessus tout mais qui serait en mesure de l'entraîner suffisamment rapidement pour atteindre son meilleur niveau, quel qu'en soit le prix.


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Dans ce quatrième tome de la saga Knightfall, nous assistons donc à la chute morale de Jean-Paul Valley, qui ne faisait plus aucun doute depuis un petit moment déjà. Le système implanté de force dans son esprit le taraude et le pousse dans ses retranchements jusqu'à faire de lui l'inverse de ce qu'il s'était juré de devenir en reprenant la cape du Batman à son compte, et c'est même un miracle qu'il n'y ait pas eu de mort plus tôt que ça sur son parcours.


Le temps de la Croisade est donc terminé, ainsi et surtout que celui de la Quête, cette mission de sauvetage désespérée menée par un Bruce affaibli mais aussi déterminé que jamais pour sauver des innocents. En parallèle l'un de l'autre, Bruce et Jean-Paul suivent chacun une route qui les mènera immanquablement à un affrontement titanesque très bientôt, car il ne peut exister qu'un seul Batman à Gotham City. Tandis que l'un s'épuise psychologiquement à devenir le bras armé idéal d'une guerre sans fin contre le crime, l'autre bousille son corps à chaque nouvelle intervention et se met en danger chaque jour davantage alors qu'il aspire plus que tout au repos.


Miraculeusement guéri, Bruce va apparemment devoir passer un marché avec une personne redoutable pour redevenir le Batman ultime, avant d'aller combattre Jean-Paul pour tenter de le déposséder de l'identité de la Chauve-souris. Une bataille qui, à n'en pas douter là aussi, s'annonce épique à plus d'un titre et sera relatée dans le cinquième et dernier tome de la saga, sobrement intitulé La Fin. On ne peut pas faire plus simple comme message !


Les auteurs des différentes séries liées à Gotham et son univers redoublent d'inventivité pour donner des adversaires adaptés au niveau de violence de Jean-Paul et qui puissent lui tenir tête au moins quelques chapitres avant de disparaître tout aussi rapidement qu'ils sont venus. On assiste bel et bien à une violence extrême qui se déchaîne autour du justicier, une violence propre à ce milieu des années '90 où il fallait choquer et mettre la barre très haut pour attirer et maintenir le lectorat. Une violence débridée et même décomplexée, quand on voit certains personnages comme le fana d'armes à feu Gunhawk ou le sanguinaire Abattoir, et à laquelle le petit monde de Gotham répond de façon assez mauvaise il faut bien le dire.


La police est dépassée par le degré de violence insoutenable dans les rues, les gangs de voyous et de motards avides de coups faciles se multiplient et les super-criminels habituels restent absents le temps que l'orage passe et que le vrai Batman ne se montre à nouveau pour calmer les choses. Même Gordon est au pied du mur et ne sait plus à quel saint se vouer pour protéger les citoyens de sa ville.


Esthétiquement parlant, les adversaires du Batman version Jean-Paul Valley sont assez représentatifs de cette période créative : on retrouve des codes vestimentaires et anatomiques propres aux récits développés par Image depuis 1992, comme Spawn et autres. Des muscles ostentatoires, des armes qui le sont tout autant, de grands mouvements de cape dans les ténèbres, et des scénarios plus simples à suivre mais pas moins riches en action pour autant, au contraire même. Ces personnages aussitôt créés aussitôt jetés dans l'arène sont tout bonnement destinés à la poubelle par la suite, leur seule utilité concrète étant de pousser le personnage principal à emprunter un chemin extrême qui le transformera à jamais. La violence n'engendre que davantage de violence dans son sillage, et il est grand temps que cette période assez particulière se referme avec le retour du héros véritable sous le masque, même si cela ne se fera pas sans mal évidemment.


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

 

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