Après une première série en vingt-cinq épisodes et un arrêt assez brutal, puis des aventures au sein des Avengers et des Quatre Fantastiques qui marquèrent durablement les esprits, et enfin un graphic-novel qui lui offrit une nouvelle stature, voici Miss Hulk dans ses nouvelles aventures avec enfin sa propre série attitrée, passant de sauvage à sensationnelle entre les mains expertes de John Byrne et sa clique ! Et puisque la belle menace dès la couverture du premier numéro de venir chez moi déchirer tous mes X-Men, et vue la place qu'ils ont dans ma collection, je préfère la chroniquer le plus vite possible pour ensuite me mettre à l'abri !
Tout commence par une belle journée à New York, durant laquelle Jennifer Walters, alias Miss Hulk, s'installe dans un magnifique appartement offert sur un plateau par sa bonne amie et collègue chez les Vengeurs Janet Van Dyne. La situation serait des plus idylliques si Jen avait quelqu'un pour la partager, malheureusement son cœur est aussi libre que son CV. Et tandis qu'elle se promet de chercher du travail au plus vite histoire de ne pas finir par défoncer son canapé, Miss Hulk est soudainement attaquée par rien moins que toute une armada extraterrestre ! C'est évidemment un canular orchestré de main de maître par un vieil ennemi de Spider-Man qui remplit ici un contrat juteux, apporter la Géante Verte à un groupe de scientifiques peu orthodoxes contre trois millions de dollars.
Avec l'aide inattendue mais vraiment bienvenue de l'homme-araignée préféré du voisinage, Shulkie parvient à se défaire de ces sinistres individus, mais son auteur lui réserve encore une nouvelle galère en la projetant dans une virée complètement loufoque dans l'espace intersidéral, à la recherche d'un camionneur cosmique et d'un garage un peu spécial lui aussi, attaqué par le terrible titan Xemnu toujours à la recherche de quelqu'un pour l'aider à repeupler son monde natal ! Remarquez, affronter une peluche géante change un peu Jen de ses ennemis récents, comme l'étrange Docteur Bong par exemple...
Une fois rentrée sur Terre, Miss Hulk va faire équipe avec nul autre qu'un étrange petit homme à la barbe blanche bien fournie qui semble en connaître un rayon sur les habitudes de chacun. Pourquoi, me direz-vous ? Parce que ce petit bonhomme est la seule personne qui puisse permettre à Jen de remporter sa première affaire au sein du cabinet du procureur de New York. Elle va donc devoir suivre malgré ses doutes légitimes, car quitte à ne pas comprendre ce qui lui arrive autant qu'elle en fasse partie de l'action malgré tout !
Après une pause d'une grosse vingtaine de numéros, la série revient dans le giron protecteur de John Byrne qui réserve bien d'autres surprises à notre héroïne presque malgré elle ! Pour commencer, une confrontation avec un dangereux sorcier vaudou qui tente de se constituer sa propre équipe de zombies mutants, tandis que Byrne installe deux nouvelles intrigues parallèles qui trouveront sans doute leur résolution plus tard, si tant est que le temps ne vienne à lui manquer ! La colline vivante Spragg toutefois saura occuper l'espace restant, ainsi que l'Homme-Taupe et son nouveau plan déjanté pour rompre sa solitude souterraine...
Un petit séjour dans l'Ouest Américain et un combat titanesque dans les rues de Manhattan plus tard, Jen est tour à tour envoyée dans une autre dimension puis dans un futur alternatif afin de servir, dans les deux cas, d'épouse dévouée à une ribambelle de rustres machistes plus bornés l'un que l'autre. A croire que Byrne a un petit quelque chose à régler avec la gente féminine... en tout cas, grâce à l'aide de la Chose et de Wyatt Wingfoot, rien qui ne puisse se régler en deux temps trois mouvements pour reprendre l'histoire normale, si je puis dire.
S'en suivent de nouvelles aventures dans l'espace et à travers la mythologie Marvel de l'Âge d'Or, et... je sens que je vous perds. On ne va pas se mentir plus longtemps : pourquoi le public lit-il du Miss Hulk à cette époque ? Pour l'humour, certes... mais aussi et surtout pour la bonne dose de fan-service qui aide bien l'auteur à remplir ses vingt-deux pages mensuelles dans les temps ! Oui, désolé de vous le faire descendre de son piédestal, mais John Byrne au-delà d'être un grand artiste qui se révèle à travers cette série notamment, est avant tout un grand taquin paresseux. Il ne perd pas une seule occasion de faire tourner en bourrique son personnage central, et d'amuser la galerie de ses lecteurs, que l'on espère nombreux à chaque nouveau numéro.
La vérité, c'est que la Sensationnelle Miss Hulk est un immense prétexte pour admirer Jennifer Walters sous sa forme super-héroïque et dans des poses et tenues toujours plus sensuelles et imaginatives, à tel point que la couverture qui parodie à la base un célèbre magazine de mode en deviendrait presque un portrait criant de l'ensemble des épisodes signés par Byrne. Et au fond, de quoi se plaindre ? Les lecteurs ET les lectrices de l'époque sont contents, tout le monde y trouve son compte et le scénariste/dessinateur parvient même à caser quelques commentaires assez acerbes et non moins perchés sur l'état de l'industrie Marvel en ce début des années '90.
La vérité, c'est que Miss Hulk est tout simplement un personnage bien trop parfait pour exister telle quelle dans sa propre série, du moins pas longtemps. Tôt ou tard, il faudra bien que le point final vienne clôturer une bonne grosse poilade, mais on aura eu du bon temps et vécu de sacrés moments de gloire je peux vous l'affirmer ! La lecture de cet omnibus aujourd'hui en est un parfait exemple, car elle prouve qu'au-delà des générations ce genre d'humour méta fonctionne encore et toujours, et que le public répond toujours présent même trente ans après, j'en veux pour preuve les chiffres de vente de Marvel comme de Panini pour ce seul titre.
Le nom de John Byrne s'achète presque autant que celui de son héroïne, et ce quel que soit l'éditeur. Nous parlerons d'autres runs célèbres de l'auteur dans les V.O. du vendredi sur le blog dans quelques temps, mais sachez qu'il semble avoir une nette prédilection pour les femmes fortes et athlétiques. Ça me rappelle quelqu'un...
Blague à part, je ne tiens absolument pas à vous gâcher le grand arc final et la petite conclusion qui va avec, parce que je pense que ça doit se vivre pleinement pour que la surprise fonctionne bien en accord avec l'émotion voulue. Sachez juste que nombreux seront les hommages à cette performance artistique, venant de grands noms comme de petits nouveaux qui deviendront eux-mêmes de grands noms plus tard. Ainsi va la roue de la vie éditoriale, Miss Hulk reviendra quoi qu'il advienne !
J'ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture, assez rapide en plus et ce grâce à la paresse et au don pour la facilité de l'auteur, merci pour ça d'ailleurs. Si on retire les passages de résumés des épisodes précédents et les explications narratives, on se retrouve avec une série remplie de gags méta et d'une bonne dose d'auto-critique de la part tant de l'artiste que des éditeurs, qui acceptent de jouer le jeu. Ce n'est pas la formule qui fera le succès de Deadpool un peu plus tard, mais ça fonctionne du tonnerre et on en redemande constamment, chaque fin de numéro appelant encore davantage l'envie de parcourir le prochain et ainsi de suite.
Pour vous dire la vérité, une fois de plus, je m'attendais à ce que cette série que je jugeais un rien vieillotte par avance ne me fasse passer qu'un relatif bon moment... et j'ai vraiment été ravi d'avoir tort, parce que ce moment fut excellent et m'a donné quantité de sourires malicieux. On sent que Byrne aime jouer avec son personnage emblématique mais aussi la choyer et lui offrir tout le luxe d'un espace dédié pour son expression personnelle et quelques réflexions sur le monde des comics et ce que le public veut vraiment. J'étais dubitatif quant au choix éditorial de ne centrer cet omnibus que sur les épisodes signés John Byrne, mais maintenant que je referme l'album je constate avec plaisir que je n'aurais rien voulu lire d'autre ni d'autrui !
Toute cette irrévérence, toute cette autodérision, ça m'a fait un bien fou et je suis on ne peut plus fier de posséder cet omnibus de taille raisonnable et de pouvoir l'insérer dans ma collection. Je ne regrette rien, je n'ai fait que passer du bon temps et prendre mon pied tout du long, j'espère que vous en ferez autant de votre côté. Le dessin est magnifique, les dialogues savoureux surtout entre Jen et John par petites cases interposées, et les intrigues sont assez classiques sans devenir barbantes pour autant, grâce justement à cette bonne dose d'humour acerbe et réellement bienvenu au fond. Que vous dire de plus ? Je ne regrette même plus tant que ça que le graphic-novel de 1985 ne figure pas au sommaire, je crois comprendre la logique de Panini et leur conception de ce qui aurait été une sorte de hors-sujet dans leur volonté de ne publier que l'esprit pur d'un John Byrne sans filet ni parachute. C'est vraiment très réussi !
C'est donc avec nostalgie mais aussi beaucoup de plaisir que je referme cet omnibus consacré à la si Sensationnelle Miss Hulk, qui mérite vraiment son nouvel adjectif. Avoir la chance de vivre cette expérience de nos jours et en grand format, c'est quelque chose d'exceptionnel, notre génération ne peut pas vraiment s'en rendre compte sans les souvenirs des anciens et des magazines d'époque, alors ne boudons pas notre chance ni notre plaisir et laissons les bonnes ondes nous envahir ! Même le Comic-Code-Authority, d'ordinaire si tatillon, n'a rien trouvé à redire, c'est bien la preuve que l'humour bien manié et bien dosé peut sauver n'importe quelle œuvre !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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