mardi 16 août 2022

Batman Arkham - Poison Ivy (Urban Comics - Avril 2021)


Au sein de la grande galerie des adversaires du Batman depuis 1939, il en est certains sur lesquels il est toujours intéressant de s'attarder davantage afin de faire le point. Parmi eux, il y a quelques figures emblématiques féminines, comme Catwoman, qui dispose d'un statut très particulier grâce à sa relation souvent trouble avec la Loi et son défenseur iconique à Gotham. Mais si l'on creuse un peu plus, on en revient toujours à la même personne, la femme fatale parfaite, tour à tour cliché d'une époque ou refuge intemporel de valeurs inavouées et de rage inassouvie.


Ce second tome de la collection Batman Arkham nous entraîne donc à la poursuite d'un rêve interdit, inaccessible et pourtant si proche, une personnalité trouble et tourmentée, éternelle insatisfaite qui convoite tout ce qu'elle pourrait posséder, en oubliant tout ce qu'elle pourrait accomplir. Aujourd'hui, plongeons notre regard dans le dossier de Pamela Lillian Isley, alias Poison Ivy, l'Empoisonneuse de Gotham City.


Jeune femme fragile mais ô combien brillante dans son domaine d'expertise, la botanique, Pamela est approchée durant la fin de ses études par un chercheur renommé, le Dr. Jason Woodrue, qui se servira de sa passion pour le monde des plantes afin de la transformer en cobaye idéal pour ses propres expériences, la laissant pour morte dans son sillage. Mais Pamela va renaître en autre chose, mi-humaine mi-plante, une mutation unique qui la connecte au monde végétal et lui permet d'en comprendre les secrets, poisons et remèdes, ainsi que le potentiel de ces organismes qui occupent une grande partie de notre planète.


Planète dont la flore est sans cesse menacée par l'activité humaine, principalement représentée par des entrepreneurs masculins tirant de ces désastres écologiques une véritable fortune personnelle. De là, Pamela Isley va trouver sa grande cause à défendre, l'écologie, d'une façon toute particulière qui frôlera bien souvent le terrorisme fanatique. Poison Ivy était née.


Ça, ce sont les origines que l'on a retenu durant l'ère Classique avec laquelle beaucoup d'entre nous ont grandi, dans les années '80-'90. Avant cela, pendant l'âge de Bronze ou l'âge d'Argent de l'univers DC, Ivy était une voleuse de génie qui utilisait les plantes comme gimmick puis comme armes, faisant tout son possible pour faire tomber le redoutable Chevalier Noir entre ses épines acérées, sans jamais y parvenir vraiment.


Voleuse obsédée par la richesse et par les hommes puissants, militante extrême de l'écologie ou criminelle vengeresse, Poison Ivy a eu de nombreux visages et de nombreuses occupations depuis sa création au cœur des années 1960, en pleine folie de la série-télévisée Batman avec Adam West dans le rôle principal. Si elle n'y fait aucune apparition, son arrivée dans les comics flirte assez souvent avec le mélodrame d'une femme fatale tentant de trouver un étalon à sa juste mesure. Ce n'est que bien plus tard, quand les heures sombres reviendront frapper Gotham et sa ribambelle de personnages hauts en couleurs, que son vrai potentiel explosera et nous permettra de faire connaissance avec l'une des femmes les plus attirantes mais également les plus mortelles que l'on puisse imaginer.


Ivy n'a pourtant pas toujours été la méchante de l'histoire, loin de là. A diverses reprises elle a simplement tenté de se créer un petit paradis avec ses pouvoirs et ses connaissances sur la végétation et l'hybridation animale, sans faire de mal à personne, du moins jusqu'à ce que ses tentatives soient ruinées par l'exploitation humaine. Comme Dame Nature, sans cesse harcelée par le cycle de consommation effréné des hommes, Ivy finit toujours par en perdre la tête et par chercher quelqu'un à qui faire payer toute cette injustice. Ramenée presque malgré elle dans le giron de Batman, elle est immanquablement arrêtée et conduite à l'asile d'Arkham, après avoir semé quelques victimes derrière elle.


Avec le temps, Ivy est même devenue, à l'instar de la Créature du Marais, une sorte d'avatar de la Sève, cette force primale qui régente la végétation terrestre. Mais cette relativement nouvelle facette du personnage n'a pas encore atteint son plein potentiel, du moins jusqu'à très récemment. Impossible aujourd'hui de prévoir ce que Poison Ivy deviendra et fera, mais une chose est sûre néanmoins, c'est que ce ne sera pas sans douleur !


Pamela représente on l'a dit la femme fatale, telle qu'imaginée et idéalisée par l'homme. Incarnation des fantasmes de femme forte mais fragile tout en même temps, elle est aussi devenue un vibrant plaidoyer de la cause LGBT grâce à sa relation avec l'autre personnage ayant pris son envol dans les années '90, Harley Quinn, dans la série animée de Paul Dini et Bruce Timm. Donnant alors dans le comique sentimental, Harley et Ivy deviendront un couple culte que l'on s'arrachera pendant de longues années, avant qu'un nouveau drame ne vienne les séparer. Du reste, elles ne sont pas exclusives l'une envers l'autre, mais adorent toujours se retrouver de temps en temps. Liberté et sexualité, féminisme et écologie, amour et folie.


Si je devais ne retenir qu'une ou deux histoires dans cet album, je vous conseillerais sûrement les prestations remarquées de Stjepan Sejic dans La justicière verte et de Guillem March et J. T. Krul dans Déflorée, un court récit de la mini-série Joker's Asylum. Deux versions complémentaires d'un même personnage et d'un même idéalisme poussé jusque dans ses côtés les plus sombres ou manipulateurs pour parvenir à ses fins. Méfiez-vous toujours de l'Empoisonneuse, car vous ne saurez jamais exactement ce qu'elle prépare pour vous : sucre et miel, ou venin mortel ?


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

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