dimanche 6 août 2023

Hunter Killer - L'intégrale (Delcourt - Juin 2023)


Et si les complotistes avaient raison depuis toujours ? Si les plus puissants gouvernements du monde n'étaient que des cirques à pantins entre les mains d'un seul et même individu possédant l'ensemble de la planète et dirigeant le destin de toute la population humaine depuis près de cinq décennies ?


C'est ce que croit Ellis, jeune homme vivant en pleine campagne Américaine et ne s'étant jamais éloigné du domicile de ses parents dans les montagnes verdoyantes et isolées. Élevé depuis son plus jeune âge avec d'étranges croyances et enseignements, Ellis a quelques fois des intuitions qui le poussent à agir d'une certaine façon, comme si son inconscient anticipait ce qui allait arriver et l'y préparait de la meilleure manière possible.


Quand le chalet familial est attaqué par un groupe surarmé, Ellis découvre d'un seul coup qu'il est non seulement l'objectif principal d'une puissante organisation para-militaire, mais qu'il est aussi dans la merde jusqu'au cou pour cela ! Parce que ses parents ont inséré dans son ADN le codex de toute une espèce, contenant toutes les informations connues sur ceux que l'on nomme les Ultra-Sapiens, Ellis est LA cible à abattre pour de nombreux groupuscules terroristes et de sombres individus désirant conserver leur anonymat le plus longtemps possible sans que l'on vienne les chercher.


Après une première rencontre mouvementée et la perte de ses parents, Ellis décide qu'il veut rejoindre les Hunter Killer, ce groupe de soldats Ultra-Sapiens qui traque les autres membres de leur espèce pour les empêcher de nuire ou de perdre le contrôle de leurs pouvoirs, ce qui causerait d'immenses catastrophes à l'échelle planétaire. Du moins à ce que l'on raconte. Samantha Argent, cheffe des opérations chez les Hunter Killer, va se charger de former et de rallier à leur cause un Ellis qui ne demande qu'à en apprendre davantage sur sa vraie nature et sur la façon dont il pourrait employer ses dons pour aider son prochain.


Mais au pays des menteurs, il ne fait pas bon dire la vérité, même par bribes. Ellis va rapidement découvrir qu'il existe plusieurs niveaux de complexité à la situation qu'il vient de rejoindre, et que l'individu qui manipule le reste du monde dans l'ombre obéit lui-même à des informations venant d'un futur incertain en constante évolution, menant toujours vers une seule et même conclusion : la fin du monde. Dès lors, il faudra que le jeune agent fasse ses propres choix et accepte le fait d'être la clé que tout le monde recherche, sans en comprendre tout de suite la raison première.


Si Ellis tombe entre de mauvaises mains, ça pourrait signer le début de l'Apocalypse. Tout ce que les gens pensent savoir sur la façon dont fonctionne le monde est à remettre en question, tout n'est qu'illusion et partie d'échec d'ampleur planétaire pour tenter d'éviter le pire en reculant chaque fois la terrible échéance de quelques années supplémentaires. Mais assez vite, une question obsédante va se poser à Ellis, véritable catalogue vivant du genre surhumain : n'est-il pas déjà entre de mauvaises mains ?


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J'ai beau avoir tout le respect et l'admiration du monde pour Marc Silvestri et Mark Waid, je dois bien avouer que je reste assez mitigé après la lecture de cette intégrale regroupant les douze premiers chapitres de cette série née de l'union de leurs génies créatifs chez Top Cow. Pourquoi donc, alors que tout s'annonçait sous les meilleurs auspices me concernant ?


Tout simplement parce que la série devient assez rapidement incohérente avec son propre univers. Les intuitions mystérieuses d'Ellis, présentées au tout début de l’œuvre ? Balayées par la suite sans qu'il y soit fait la moindre allusion. Les rivalités et oppositions entre les différents groupes d'Ultra-Sapiens autour du héros ? Théâtre de marionnettiste et autres mensonges destinés à développer l'intrigue en longueur sans pour autant la rendre plus solide, et au bout d'un moment forcément ça finit par casser.


C'est vraiment dommage, et comprenez-moi bien je ne suis pas réellement déçu de cette lecture par ailleurs très intéressante, mais ça part trop vite dans trop de directions à la fois et j'ai surtout eu l'impression de me perdre dans un récit qui veut trop en dire et trop en faire, sans réfléchir à la façon dont tout ceci devra s'articuler au final pour rester un tout cohérent et acceptable.


Les thèses complotistes sont ici merveilleusement exploitées par l'imaginaire de Silvestri et Waid, rejoints par quelques uns des meilleurs artistes de leur temps et d'autres jeunes espoirs devenus aujourd'hui de véritables rock-stars, et les dessins sont magnifiques à chaque fois quel que soit l'artiste aux crayons, clairement on ne se moque pas de nous à ce niveau et on prend bien la peine de nous fournir le meilleur de ce qui est disponible autour de la série et de sa conception.


Mais il aurait peut-être été préférable de moins en faire niveau grand spectacle et de davantage équilibrer la chose censée être le fil rouge de toute l'histoire, le cœur d'un scénario alambiqué qui peine à convaincre sur la durée malheureusement. Peut-être aussi que douze chapitres ne sont pas suffisants pour bien tout comprendre, peut-être qu'il faudrait lire absolument tout ce qui était créé en parallèle pour se faire une meilleure idée, mais en l'état actuel des choses Delcourt ne nous permet de découvrir que la partie gérée par Mark Waid et Marc Silvestri d'après leur idée de départ, certes ingénieuse mais au final trop peu consolidée.


Hunter Killer restera donc pour moi un semi-échec de la part d'auteurs et d'artistes pour qui j'ai énormément de considération, une tentative de copier et de fusionner les concepts de séries légendaires du monde des comics mais sans réelle application pour que tout ceci demeure fonctionnel sur le long terme, malgré les soins apportés par Delcourt à cette belle édition Française. Un coup d'épée dans l'eau pourrait-on dire, assez impressionnant au niveau technique mais restant bien inutile puisque manquant sa vraie cible et son objectif premier. A conseiller à celles et ceux qui voudraient approfondir leurs connaissances du parcours de Marc Silvestri, mais avec quelques réserves toutefois pour éviter une déception bien dommageable. Tout comme pour le personnage de Morningstar, les illusions de grandeur peuvent parfois être bien pires quand elles se concrétisent...


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

 

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