Pamela Isley, alias Poison Ivy, a été beaucoup de choses au cours de sa vie et de sa carrière : une étudiante dévouée, une scientifique passionnée, un cobaye de laboratoire, une voleuse au charme fatal, une super-vilaine patentée, une écoterroriste acharnée, et même une déesse de la Nature elle-même... jusqu'à il y a peu, quand ses propres partenaires de vie ont pris à sa place la décision de lui ôter la majeure partie de ses pouvoirs. Elle qui était au sommet de l'existence, de la puissance, elle qui pouvait sentir la moindre parcelle de la Sève sur Terre, la voici désormais reléguée au rang de simple mortelle avec une résistance plus élevée que la moyenne aux divers poisons que l'on peut rencontrer. Autant dire qu'elle l'a assez mal pris.
Ayant fui Gotham et les problèmes sentimentaux que cette ville maudite lui apporte toujours, Ivy est maintenant lancée dans une toute nouvelle quête personnelle pour sauver la planète. Jusqu'ici rien qui ne change de l'ordinaire penserez-vous, connaissant le personnage... sauf que cette fois, elle est bien décidée à aller jusqu'au bout et à mourir pour sa cause au bout de la route. Mais pas tout de suite, pas encore, il lui faut déjà armer le processus. S'injectant une dose massive d'un champignon très agressif concocté comme une arme biologique par le Dr. Jason Woodrue, son ancien tuteur d'études et accessoirement créateur, Pamela devient une bombe à retardement qui infecte tout ce qu'elle touche, toutes les personnes qu'elle rencontre, en faisant ni plus ni moins que du terreau fertile pour les diverses espèces invasives qui s'épanouissent sur son passage.
Le plan est assez simple, au final : faire le plus de victimes possibles, infecter le plus de gens possible, pour qu'à leur tour ils en infectent d'autres, etc., créant ainsi une véritable pandémie végétale qui programmera l'extinction massive de toute vie humaine sur Terre après une série de réactions en cascade. Car l'idée fixe de Poison Ivy est toujours la même : Mère Nature souffre à cause de l'être humain, et le seul moyen de la délivrer de ses souffrances avant qu'il ne soit irrémédiablement trop tard est d'éradiquer l'espèce problématique, comme une mauvaise herbe dont on se débarrasse sans état d'âme. Et selon elle, il y a plus que jamais urgence à agir.
Lançant toutes ses maigres ressources et ses forces rassemblées dans la bataille qui est la sienne et qui sera sa dernière, Pamela parcourt le pays en dispersant ses spores un peu partout, mais elle est bien en peine quand ses propres émotions prennent le dessus et l'empêchent parfois d'aller jusqu'au bout avec certaines belles et bonnes personnes rencontrées en chemin. Serait-il possible que, petit à petit, la redoutable et si déterminée Poison Ivy puisse découvrir que le genre humain n'a pas que du mauvais à offrir ? Après tout, elle a connu l'amour avec Harley Quinn, à qui elle adresse encore des lettres pour la tenir informée de sa progression. Elle a vu de ses propres yeux que certains acceptent de faire des efforts pour aider, à leur maigre niveau, tout comme elle aujourd'hui si l'on peut dire. Alors pourquoi exterminer tout le monde ?
La seule chose dont elle soit réellement certaine, c'est que Jason Woodrue, alias l'Homme-Floronique, doit mourir de sa main. Il représente une menace bien plus grande à son échelle que ces humains qu'elle s'acharne à contaminer ou à épargner au dernier moment. Après tout, il l'a bien créé elle comme une arme d'un nouveau genre qu'il pourrait vendre au plus offrant, avant de s'appliquer le même principe et de devenir un monstre aussi bien dehors que dedans. Qui sait quel mal il pourrait encore faire si on le laisse libre d'agir ? C'est décidé, Ivy va confronter Woodrue dans leur ancien laboratoire, celui du temps de ses études, là où tout a commencé. De cet affrontement entre une Ivy diminuée et un Homme Vert au sommet de sa force, un seul survivra. Peut-être. Car on l'a dit, Ivy est résolue à mourir au terme de sa croisade, puisqu'elle fait partie elle aussi du genre humain et doit donc disparaître à son tour. Mais qui sait, les bons souvenirs de ses différentes vies pourraient lui donner envie de poursuivre, de se recentrer, de se fixer de nouveaux objectifs et des cibles plus précises ? Encore faudra-t-il survivre à la volonté néfaste de son créateur. Mais elle est Poison Ivy, la mauvaise graine, le lierre qui revient coûte que coûte à chaque nouvelle saison, peut-être pas aussi forte qu'avant mais toujours aussi vive et décidée. Elle ne peut abandonner aussi facilement, ne serait-ce que pour prouver au monde qu'elle est capable de reprendre le contrôle de sa vie et de son propre destin, ainsi que de son propre corps.
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De ce que j'ai compris de la préface qui ouvre ce premier tome, cette nouvelle série Poison Ivy de DC se situe juste après les événements de Fear State dans l'univers Batman, événements que je n'ai pas encore lu... mais ça ne saurait tarder ! En tout cas soyez déjà rassurés d'emblée, il n'y a pratiquement aucun spoiler à alerter et vous pouvez totalement commencer cette série, en V.O. comme en V.F. puisqu'elle vient juste de paraître chez nous chez Urban Comics, sans forcément connaître le reste de la production à la même période.
En fait, cette série est même conçue pour être un genre d’Ovni au milieu des autres titres DC. L'autrice de renom G. Willow Wilson s'associe ici avec tout un panel d'artistes divers et engagés pour nous fournir un véritable petit bijou dont on aurait vraiment tort de se priver ! Pamela Isley y est écrite comme une femme avant d'être une super-vilaine, comme une activiste convaincue avant d'être une des nombreuses ennemies du Batman, bref elle se définit enfin par elle-même et pour elle-même, sortant totalement de l'ombre où elle était entreposée comme une fragile poupée depuis bien trop longtemps. Et ça fait du bien !
Grâce autant à l'écriture très simple et vive de Willow Wilson et aux dessins impeccables des artistes tant sur les couvertures très recherchées que sur chacune des pages de ces six premiers chapitres rassemblés ici, nous avons le luxe de déguster une histoire comme on en voit bien trop rarement chez les deux grandes maisons d'édition majeures de l'industrie des comics aux USA. Une histoire engagée à bien des niveaux, et pas seulement par son thème évident de l'écologie désespérée et cette ambiance de fin du monde cataclysmique provoquée par l'humanité, sa propre chute, sa propre tombe, comme ces dernières années nous l'ont beaucoup asséné.
Non, il est aussi question plus simplement et de façon plus réaliste peut-être encore, de la condition féminine dans un monde patriarcal ainsi que de l'ivresse des sommets, dont on ne revient jamais vraiment indemne. Après avoir connu l'extase du pouvoir presque divin coulant dans ses veines, Ivy redevient simple mortelle, pratiquement comme à ses touts débuts, et cela la ronge de l'intérieur au moins autant que les spores mortelles qu'elle s'est injectée. En reprenant le contrôle de sa vie et de sa trajectoire, de ses pouvoirs aussi, Pamela Isley reprend aussi le contrôle sur sa condition de femme, sur ses sentiments, sur ses aspirations en ce bas monde, et de son propre corps tout bêtement, bien trop longtemps chosifié par les auteurs de toutes époques et hyper-sexualisé à l'envie et jusqu'à la nausée.
Pamela est une femme avant tout, une femme libre de créer, d'aimer, mais aussi de détruire et de consommer, de consumer, une femme toute en contradictions qui se lance dans une croisade désespérée pour sauver la Terre en éradiquant l'humanité toute entière, elle y compris, mais qui pourtant ne saurait toucher un cheveu d'une âme sincère qui pourrait l'émouvoir. Ses projets, vous vous en doutez bien, devront évoluer et se recentrer sur un nouvel objectif peut-être moins absolu, moins brutal, faire preuve de davantage de finesse pour atteindre ses cibles réelles et sauver tout ce qui peut l'être, à sa façon bien particulière. Le tome 2 arrive d'ici quelques semaines, patience !
Pour moi c'est un vrai coup de cœur comme j'en ai rarement eu en V.O. avec DC (il faut dire aussi que je lis beaucoup plus de Marvel comme vous l'avez vous-mêmes constaté avec les V.O. du vendredi de ces derniers mois), et je ne saurais trop vous recommander très chaudement cette lecture si vous voulez découvrir et aimer en toute sincérité le personnage magnifique à bien des égards qu'est et sera toujours Pamela Lillian Isley.
Un immense merci à G. Willow Wilson pour son travail et son esprit si unique, et à tous les artistes qui l'accompagnent dans cette belle aventure, et merci à DC de rendre tout cela possible ! Ce nouveau souffle me sied énormément et je compte bien m'y engouffrer le plus longtemps possible tant que la qualité se maintient à ce niveau !
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