Allez,
pour ce centième article de Radiophogeek, je vais une fois de plus
faire vibrer la corde sensible de la nostalgie de notre enfance, avec
rien de moins que le film de fantasy absolu : L'Histoire
sans fin,
réalisé en 1984 par nul autre que Wolgang Petersen ! Excusez
du peu !
Bastien est un jeune garçon à qui rien ne réussit
vraiment. Laissé de côté par un père obsédé par sa carrière et
peu présent, harcelé par les voyous de l'école, rien ne lui est
épargné. Alors, pour s'échapper de ce quotidien harassant, Bastien
s'évade dans ses lectures. Il a déjà parcouru tous les grands
classiques de la littérature, et son imaginaire est des plus
développé pour un garçon de son âge. Chose bien rare
malheureusement en cette époque de développement des jeux-vidéo et
loisirs oisifs. Alors, quand Bastien pénètre par hasard dans une
vieille librairie vide de tout client et rencontre son irascible
propriétaire, il ne s'attendait qu'à moitié à y découvrir un
ouvrage encore inconnu de ses jeunes yeux et susceptible de
l'entraîner dans un voyage entièrement inédit, à ses risques et
périls. Ramenant le livre dans son établissement, il se cloître
dans le vieux grenier pour lire tout à son aise les aventures du
monde de Fantasia.
Dans ce monde, existant aux frontières nébuleuses de
notre imagination, un mal terrible se répand. Le Néant, vide absolu
et inéluctable, dévore toute chose sur son passage et progresse de
plus en plus vers l'intérieur du pays magique, vers la Tour d'Ivoire
où veille la douce Impératrice, garante de la survie de l'ensemble
de Fantasia. Il faudrait un véritable miracle pour que le danger
recule, et justement, ce miracle les prophéties l'annoncent en la
personne du jeune Atreyu, guerrier des plaines que rien n'arrête et
qui seul pourrait venir à bout du Néant, ou du moins rapporter à
l'Impératrice la clé permettant de le déjouer, avant que tout ne
disparaisse en son sein. La quête d'Atreyu et de son fidèle
destrier Artax se verra semée d'embûches et de dangers effroyables,
et le temps leur est compté car le Néant ne cesse de progresser et
de dévorer toute trace de l'existence de Fantasia. En outre, une
terrible créature est lancée aux trousses d'Atreyu pour l'empêcher
d'accomplir la prophétie, un être d'une noirceur absolue mais qui
joue lui aussi un rôle dans cette grande histoire.
Bastien croit suivre les aventures d'un héros de son
âge, et pourtant les choses sont bien plus complexes qu'elles n'y
paraissent. Atreyu et son lecteur sont liés par bien plus que des
mots imprimés, bien au-delà des pages reliées et de la couverture
au double-serpent. En un sens, Atreyu et Fantasia n'existent plus
qu'à travers Bastien, et Bastien n'existe plus qu'à travers
Fantasia et ses habitants. Une histoire dans une histoire, deux
récits étroitement imbriqués, deux destins amenés à se croiser
et à s'influencer l'un l'autre jusqu'au final époustouflant
d'émotion.
Tiré
de l’œuvre magistrale de l'auteur allemand Michael Ende (un nom
prédestiné ne trouvez-vous pas ?) et en couvrant d'ailleurs la
première moitié, ce film parvient à réaliser un véritable tour
de force que bien peu réussissent en fin de compte. Il transporte le
spectateur dans l'histoire, véritablement, comme Bastien lui-même
est transporté à Fantasia chaque fois qu'il suit le périple
d'Atreyu. En un sens c'est même plus fort que cela, car le
spectateur fait lui aussi partie de cette grande Histoire sans fin, à
un triple niveau de lecture et de visionnage, pour petits et grands
sans limite d'âge. Les effets spéciaux sont dignes du milieu des
années '80, animatronic et marionnettes ainsi que prothèses
diverses, rien que du solide, et des décors très travaillés et
fouillés dans les moindres détails. Un film de fantasy à
l'ancienne, probablement LE film de fantasy absolu d'ailleurs en y
réfléchissant. Ayant assez mal vieilli si on le compare aux
standards actuels, mais un merveilleux témoignage de savoir-faire
tant narratif que de mise en scène. Avec des films comme Dune
par
exemple, il fait partie de ce club très sélect d’œuvres à la
fois vieillottes mais terriblement intemporelles, faisant mouche à
chaque fois et faisant toujours travailler le spectateur sur
différents plans de la résolution du récit.
Quand
on évoque le film L'Histoire
sans fin
en soirée, entre amis et gens du même âge, on ne peut s'empêcher
de penser presque toujours aux mêmes scènes marquantes à plus d'un
titre : la mort d'Artax, véritable geyser de larmes en
puissance ; la fin du Mangeur de Pierres, assez bouleversante
également ; la première chevauchée céleste sur le dos de
Falkor ; ou encore pour ma part l'apparition finale de Gmork,
terrifiante de profondeur. Quel que soit le spectateur, quel que soit
son âge, ces scènes ne manqueront jamais de revenir à toutes les
mémoires. Preuve s'il en est que ce film a marqué sa génération
et la suivante d'une empreinte solidement ancrée, malgré un succès
assez mitigé lors de sa sortie.
Deux
suites existent : le second film couvre très librement la
seconde moitié du livre original, tandis que le troisième explore
de tous nouveaux horizons, pour le meilleur ou pour le pire. S'ils ne
sont pas indispensables, loin de là même, ils ont tout de même
pour eux de faire replonger de façon plus ou moins réussie le
public dans le bain de Fantasia renaissante. Cela dit,
personnellement je recommande davantage le visionnage de la série en
dessin-animé L'Histoire
sans fin,
finalement bien plus fidèle à l'esprit original du livre. Livre
qui, par ailleurs, existe en édition assez récente chez Pocket,
vous n'avez donc que l'embarras du choix pour aborder Fantasia par le
bout qui vous arrange ! J'espère vivement vous avoir donné
envie, si ce n'est de le lire, au moins de revoir ce premier film et
peut-être les suivants. Sautez le pas et admirez le chef-d’œuvre
en puissance !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et
je vous souhaite une bonne séance, en espérant vous retrouver
bientôt pour un nouvel article !
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