mercredi 27 mai 2015

L'Histoire sans fin (Wolfgang Petersen - Bavaria Film - 1984)


Allez, pour ce centième article de Radiophogeek, je vais une fois de plus faire vibrer la corde sensible de la nostalgie de notre enfance, avec rien de moins que le film de fantasy absolu : L'Histoire sans fin, réalisé en 1984 par nul autre que Wolgang Petersen ! Excusez du peu !

Bastien est un jeune garçon à qui rien ne réussit vraiment. Laissé de côté par un père obsédé par sa carrière et peu présent, harcelé par les voyous de l'école, rien ne lui est épargné. Alors, pour s'échapper de ce quotidien harassant, Bastien s'évade dans ses lectures. Il a déjà parcouru tous les grands classiques de la littérature, et son imaginaire est des plus développé pour un garçon de son âge. Chose bien rare malheureusement en cette époque de développement des jeux-vidéo et loisirs oisifs. Alors, quand Bastien pénètre par hasard dans une vieille librairie vide de tout client et rencontre son irascible propriétaire, il ne s'attendait qu'à moitié à y découvrir un ouvrage encore inconnu de ses jeunes yeux et susceptible de l'entraîner dans un voyage entièrement inédit, à ses risques et périls. Ramenant le livre dans son établissement, il se cloître dans le vieux grenier pour lire tout à son aise les aventures du monde de Fantasia.
Dans ce monde, existant aux frontières nébuleuses de notre imagination, un mal terrible se répand. Le Néant, vide absolu et inéluctable, dévore toute chose sur son passage et progresse de plus en plus vers l'intérieur du pays magique, vers la Tour d'Ivoire où veille la douce Impératrice, garante de la survie de l'ensemble de Fantasia. Il faudrait un véritable miracle pour que le danger recule, et justement, ce miracle les prophéties l'annoncent en la personne du jeune Atreyu, guerrier des plaines que rien n'arrête et qui seul pourrait venir à bout du Néant, ou du moins rapporter à l'Impératrice la clé permettant de le déjouer, avant que tout ne disparaisse en son sein. La quête d'Atreyu et de son fidèle destrier Artax se verra semée d'embûches et de dangers effroyables, et le temps leur est compté car le Néant ne cesse de progresser et de dévorer toute trace de l'existence de Fantasia. En outre, une terrible créature est lancée aux trousses d'Atreyu pour l'empêcher d'accomplir la prophétie, un être d'une noirceur absolue mais qui joue lui aussi un rôle dans cette grande histoire.
Bastien croit suivre les aventures d'un héros de son âge, et pourtant les choses sont bien plus complexes qu'elles n'y paraissent. Atreyu et son lecteur sont liés par bien plus que des mots imprimés, bien au-delà des pages reliées et de la couverture au double-serpent. En un sens, Atreyu et Fantasia n'existent plus qu'à travers Bastien, et Bastien n'existe plus qu'à travers Fantasia et ses habitants. Une histoire dans une histoire, deux récits étroitement imbriqués, deux destins amenés à se croiser et à s'influencer l'un l'autre jusqu'au final époustouflant d'émotion.

Tiré de l’œuvre magistrale de l'auteur allemand Michael Ende (un nom prédestiné ne trouvez-vous pas ?) et en couvrant d'ailleurs la première moitié, ce film parvient à réaliser un véritable tour de force que bien peu réussissent en fin de compte. Il transporte le spectateur dans l'histoire, véritablement, comme Bastien lui-même est transporté à Fantasia chaque fois qu'il suit le périple d'Atreyu. En un sens c'est même plus fort que cela, car le spectateur fait lui aussi partie de cette grande Histoire sans fin, à un triple niveau de lecture et de visionnage, pour petits et grands sans limite d'âge. Les effets spéciaux sont dignes du milieu des années '80, animatronic et marionnettes ainsi que prothèses diverses, rien que du solide, et des décors très travaillés et fouillés dans les moindres détails. Un film de fantasy à l'ancienne, probablement LE film de fantasy absolu d'ailleurs en y réfléchissant. Ayant assez mal vieilli si on le compare aux standards actuels, mais un merveilleux témoignage de savoir-faire tant narratif que de mise en scène. Avec des films comme Dune par exemple, il fait partie de ce club très sélect d’œuvres à la fois vieillottes mais terriblement intemporelles, faisant mouche à chaque fois et faisant toujours travailler le spectateur sur différents plans de la résolution du récit.
Quand on évoque le film L'Histoire sans fin en soirée, entre amis et gens du même âge, on ne peut s'empêcher de penser presque toujours aux mêmes scènes marquantes à plus d'un titre : la mort d'Artax, véritable geyser de larmes en puissance ; la fin du Mangeur de Pierres, assez bouleversante également ; la première chevauchée céleste sur le dos de Falkor ; ou encore pour ma part l'apparition finale de Gmork, terrifiante de profondeur. Quel que soit le spectateur, quel que soit son âge, ces scènes ne manqueront jamais de revenir à toutes les mémoires. Preuve s'il en est que ce film a marqué sa génération et la suivante d'une empreinte solidement ancrée, malgré un succès assez mitigé lors de sa sortie.
Deux suites existent : le second film couvre très librement la seconde moitié du livre original, tandis que le troisième explore de tous nouveaux horizons, pour le meilleur ou pour le pire. S'ils ne sont pas indispensables, loin de là même, ils ont tout de même pour eux de faire replonger de façon plus ou moins réussie le public dans le bain de Fantasia renaissante. Cela dit, personnellement je recommande davantage le visionnage de la série en dessin-animé L'Histoire sans fin, finalement bien plus fidèle à l'esprit original du livre. Livre qui, par ailleurs, existe en édition assez récente chez Pocket, vous n'avez donc que l'embarras du choix pour aborder Fantasia par le bout qui vous arrange ! J'espère vivement vous avoir donné envie, si ce n'est de le lire, au moins de revoir ce premier film et peut-être les suivants. Sautez le pas et admirez le chef-d’œuvre en puissance !

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne séance, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

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