Le
moment tant attendu est enfin arrivé. Batman et Catwoman vont se
marier, comme prévu depuis leur annonce, et cette fois-ci ils
comptent bien faire de leur mieux pour que tout se passe bien et dans
les règles, si tant est qu'il y ait des règles dans leur cas. Alors
que Selina se prête au jeu et commence à imaginer sérieusement les
conséquences d'une vie à deux, Bruce fait enfin sa proposition
concernant la date et le moment idéal.
Tout
est organisé dans la plus stricte intimité, pas de convives, pas de
fioritures superflues, simplement la beauté de la chose et de la
cérémonie, du partage et de l'union. Un juge, deux témoins, des
costumes, c'est tout ce qu'il faut à notre couple pour se sentir
bien. Mais est-ce vraiment le cas ?
Au
détour des quelques pages de ce cinquantième chapitre, Batman comme
Catwoman, Bruce comme Selina, vont s'écrire et s'adresser chacun une
lettre pleine de sentiments et de vérité, le plus beau cadeau
qu'ils puissent se faire l'un comme l'autre. Émotions, ressentis,
finalement beaucoup de sincérité, nos deux héros nocturnes vont se
confier comme jamais et faire ressortir des choses qu'ils gardaient
en eux depuis leur toute première rencontre, il y a bien longtemps.
Est-ce que ce sera suffisant pour sceller leur union et renforcer
leur lien ?
Le
dénouement, il ne m'appartient pas de vous le dévoiler ici. Mais
tout se résume finalement en cette simple question, sobre :
Batman doit-il être heureux ?
Par
la suite, le Chevalier Noir entreprend de traquer Mister Freeze,
qu'il soupçonne du meurtre de trois femmes. Tabassé et effrayé
comme jamais par la Chauve-souris, Freeze signe des aveux complets
auprès de la police et son procès est en cours... mais soudain, il
apparaît pour la défense du criminel que Batman aurait peut-être
pu faire une erreur. Et c'est à un Bruce Wayne dévasté qu'il
appartient de faire toute la lumière sur cette affaire, au prix de
la vie d'un innocent !
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Que
vous dire de plus exactement... ces Noces noires sont peut-être
l'une des plus belles déclarations d'amour au Batman que j'ai eu
l'occasion de lire de la part des auteurs qui travaillent sur ses
séries et ses aventures. Un amour tragique, un amour douloureux, un
mal nécessaire. Vous comprendrez quand vous le lirez, et même si
cela fait maintenant plusieurs mois que cet album est sorti et qu'il
serait permis de spoiler, je n'en ferai rien afin de vous réserver
la découverte de ce final poignant.
Beaucoup
de grands artistes ont été mobilisés par DC pour l'occasion, pour
illustrer toutes les pages de ce chapitre 50 décisif. Là encore, je
ne vous dévoilerai pas ici la liste des invités de marque mais elle
est assez prestigieuse dans la carrière du héros et couvre une
longue période de sa vie de papier.
A
force de lire les aventures du Batman, depuis l'ère Classique, j'en
suis venu à repérer une constante que beaucoup connaissent sûrement
déjà : quand ça va mal, vraiment très mal, Batman cogne fort
et sans mesure. Après la perte du second Robin dans Un deuil dans
la famille, ou après la perte
de son propre fils Damian dans Batman Inc.,
dès qu'il est question de deuil et de perte très lourde et intime,
notre Chevalier Noir se transforme en une véritable machine à
tabasser sans discernement, afin d'évacuer sa colère, sa
frustration, sa rage et son chagrin. Batman n'est pas parfait, sous
le masque il s'agit d'un homme, faillible, comme nous tous. Mais avec
les années et les successions de péripéties et de dangers mortels,
on a pris l'habitude de le voir ainsi dans ces situations
particulières, les auteurs surtout qui n'ont pas vraiment fait
preuve de beaucoup d'imagination pour varier ses réactions.
C'est
là que le chapitre concernant le procès de Freeze entre en scène
et est d'une importance cruciale pour l'évolution du Batman. Pour la
première fois à ma connaissance, grâce à un Tom King qui connaît
parfaitement son bonhomme et ce qu'il doit faire pour le servir au
mieux, nous avons enfin droit à un Batman conscient de son problème
et prêt à faire le nécessaire pour changer ses habitudes, quitte à
devoir revenir sur une intime conviction peut-être trop rapide. Le
héros ne fait pas que sauver, il condamne également, mais de quel
droit ? Si sa logique pouvait lui être appliquée, nul doute
qu'il trouverait d'importantes failles à combler. Et c'est le cas
ici, enfin ! Batman a droit à son moment de colère, de furie,
mais c'est Bruce Wayne qui vient y mettre le holà et qui ramène un
héros brisé dans le droit chemin quand il en est grand temps.
Rien
que pour ça, pour cette incroyable compréhension du phénomène
Batman jusque dans ses moindres contradictions humaines et
imparfaites, Tom King mérite à mon sens une véritable
reconnaissance de la part du lectorat et des autres artistes qui
l'ont précédé. C'est le premier à nous offrir un Batman tangible,
à briser le mythe monolithique du héros et à mettre en lumière
ses failles, son drame bien trop humain. Je suis vraiment très
reconnaissant d'avoir pu lire un tel chapitre des aventures d'un des
héros que j'admire le plus, et je suis persuadé que cette histoire
ne le fera que grandir davantage pour devenir ce qu'il doit être.
Merci à Tom King d'avoir rendu Batman réel, avec tout ce que cela
implique.
Sur
ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite
une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un
nouvel article !
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