mercredi 8 juillet 2015

L'horreur de Dunwich (H. P. Lovecraft - Gallimard/Folio - Novembre 2014)


Dans le monde des auteurs de romans horrifiques, fantastiques ou angoissants, Lovecraft fait office de fondateur légendaire, de pionnier incontournable. On finit toujours par retomber sur une de ses nouvelles, une de ses œuvres, quelle que soit la direction dans laquelle on explore le genre. Le visionnaire créateur du désormais tristement célèbre Necronomicon, du terrifiant Appel de Cthulhu, des Grands Anciens des Montagnes Hallucinées... je pense qu'il n'est pas réellement besoin de s'attarder plus que de raison sur sa carrière prolifique et maudite, tout le monde a au moins déjà entendu parler d'un de ses récits à défaut d'en avoir lu. Dans la nouvelle L'horreur de Dunwich, le maître entraîne le lecteur dans une spirale infernale d'oppression et d'angoisse de laquelle il lui sera impossible de sortir jusqu'au point final, impuissant témoin des tragédies se déroulant dans ce petit village perdu en pleine campagne et proie de forces infernales dépassant la raison.

Dunwich est un petit village perdu au milieu des collines du nord du Massachusetts, en apparences paisible. En apparences seulement, car ses habitants vous conteraient une toute autre histoire si vous leur posiez les bonnes questions. Certaines nuits, les collines sont parcourues de cris horribles, d'atroces cérémonies sont conduites en secret sur des lieux impies, mêmes les oiseaux semblent guetter une catastrophe à venir. Et au centre de tout ceci, la ferme des Whateley, dont le patriarche est connu de tous comme étant versé dans la magie noire et les rites blasphématoires. La naissance du petit Wilbur aurait du être un événement joyeux, mais seulement voilà, l'enfant porte indiscutablement la marque du mal en son être, et bien vite les pires histoires se mettent à circuler sur lui et sa famille, sur les étranges travaux entrepris dans la ferme depuis sa venue au monde, sur les mystérieuses célébrations aux mêmes périodes de l'année sur l'antique autel païen... Il ne fait bientôt plus aucun doute pour les habitants comme pour les érudits enquêtant sur cette affaire que Dunwich s'apprête à connaître une horreur sans nom, que rien ne pourra stopper.

Cette nouvelle fait écho aux nombreuses autres tournant toujours autour du même ouvrage maudit, le terrible Necronomicon, en ajoutant à ses maléfices une dimension tragique et oppressante comme on en rencontre peu souvent pour une histoire de cette taille. Le lecteur entrera assez facilement dans le récit, se familiarisera très vite avec les personnages de cette petite bourgade, puis assistera avec effroi et consternation aux événements terrifiants survenant les uns après les autres avec l'effroyable régularité des cataclysmes que rien n'arrête. Comme le Dr. Armitage, d'Arkham, et ses deux collègues, vous apprendrez à craindre les mythes d'autrefois, les vestiges pas si oubliés d'un temps très reculé où l'humanité vénérait d'autres dieux, d'autres maîtres, le temps des Anciens, le temps de la Mort et de la Désolation.
Une nouvelle qui se rattache donc à de nombreux pans de la bibliographie de Lovecraft, globalement tout ce qui concerne le livre noir, les Anciens, et même Cthulhu l'espace de quelques instants de fugitive angoisse. Une sorte de compilation du meilleur de Lovecraft, lisible en très peu de temps et avec effet garanti. A lire même si vous ne connaissez presque rien de l'univers de l'auteur d'ailleurs, c'est une excellente introduction/présentation de ce que vous risquez d'y trouver.
Petite mention amicale à Gallimard qui a réédité cette nouvelle dans la collection Folio2€, un bien beau geste ma foi qui est fort apprécié. Vous pouvez également vous procurer le recueil éponyme, bilingue, rempli d'autres horreurs, à vos risques et périls...

J'aimerai pour finir vous laisser avec les quelques mots concluant la quatrième de couverture de ce petit livre : ''Verrouillez les portes, calfeutrez les fenêtres et allumez toutes les lumières avant d'ouvrir ce livre...'' vous voilà prévenus !

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

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