Pour
la 100ème chronique d'une œuvre en Version Originale sur
Radiophogeek, j'ai eu beaucoup de mal à vous sélectionner quelque
chose d'unique, d'assez original et neuf pour vous intéresser et
vous offrir quelque chose d'incroyable en terme d'expérience de
lecture. Et je crois avoir trouvé avec ce premier tome d'une œuvre
de la désormais assez connue JP Roth, entourée par le meilleur de
ce qui se fait dans le monde des comics comme dessinateurs et
encreurs.
REM:8,
c'est... comment dire, c'est une histoire d'amour assez classique, un
amour passionnel et fusionnel entre deux jeunes femmes ayant enduré
une douloureuse expérience génétique pour devenir de parfaites
exécutrices des fantasmes des hommes assez riches et puissants pour
se les payer. Elles possèdent un pouvoir particulier, le REM, qui
leur permet d'entrer dans l'esprit de leurs maîtres pour leur faire
connaître la meilleure expérience possible suivant leurs désirs et
leurs ordres. Véritables poupées sexuelles pour certains, objets
d'intérêt pour d'autres, les jeunes femmes et jeunes hommes ayant
survécu au processus de transformation en REM sont très demandés.
Mais celles qui nous intéressent ici tout particulièrement ont une
histoire bien à elles en commun : un amour sincère, une envie
de vivre à toute épreuve, qui sera malheureusement le début de
leur perte. Un homme, un puissant Senji, se sert de la jeune Beck
comme moyen de pression afin d'obtenir de Tae, son amie et amante,
qu'elle mette ses pouvoirs à son service pour assassiner un rival.
Mais une fois la mission achevée (ou bien abandonnée, nous n'en
savons guère plus) le Senji trahit sa parole et tue Beck dans une
mise en scène savamment orchestrée et devant les yeux impuissants
de Tae, qui dès lors jure de se venger. Son désir le plus cher est
désormais de trouver un moyen de ramener Beck dans le monde des
vivants, en dehors des rêves qu'elles partagent encore par leur
connexion spirituelle, et surtout de faire payer le prix du sang à
tous ceux responsables de cette situation et de ce crime abject. Pour
cela, Tae va devoir plonger loin dans les profondeurs nocives et
cachées de cette société idéalisée, afin de trouver ceux qui
comme elle rejettent le système et qui seront peut-être capables de
l'aider à exaucer ses deux souhaits. Mais peut-être y aura-t-il un
prix à payer, à nouveau, pour obtenir justice...
C'est
avant tout une œuvre poétique extrêmement forte et puissante,
vibrante dans les cordes sensibles de chaque individu, faisant
s'éveiller tantôt la passion tantôt la crainte, en une succession
de tableaux vraiment magnifiques mis en images par Dawn McTeigue et
Collette Turner, avec une recherche graphique vraiment au top de ce
que l'on trouve dans le milieu des comics. C'est une véritable œuvre
d'art que nous tenons là entre nos mains, à plus d'un titre, et il
faut clairement lui laisser sa chance et partir à fond dans cette
aventure spirituelle et émotionnelle très intense. Si le style tant
graphique (disposition des cases, agencement des dialogues, poèmes
disséminés en pleine histoire) que scénaristique peut en
déboussoler plus d'un, c'est malgré tout un pas nécessaire à
franchir pour profiter pleinement de cette expérience. JP Roth est
une auteur magnifique et de grand talent, accompagnée des meilleurs
de la profession, et elle mérite bien qu'on lui consacre cette
100ème chronique V.O. ! Rendez-vous dans quelques semaines pour
d'autres histoires si celle-ci vous a intrigué et plu.
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