lundi 30 mars 2020

Selina Kyle : Catwoman tome 1 - Pâles copies (Urban Comics - Juin 2019)


Après avoir rompu ses fiançailles avec Batman, Catwoman a quitté Gotham et est retournée auprès de la seule autre personne qui puisse la comprendre et l'accepter telle qu'elle est, avec son lot de souffrance. Cette personne n'est autre que sa propre sœur, gravement traumatisée par un ennemi impitoyable. Selina fait tout son possible pour s'occuper, se changer les idées, tenter de se retrouver surtout... mais peine perdue, elle ne fait qu'enchaîner les nuits blanches et les visites stériles à sa sœur catatonique.

Mais, à Villa Hermosa, quelqu'un tire les ficelles d'un bien étrange trafic d'influence et de corruption. Si Selina fait de son mieux pour éviter les embrouilles, elle ne pourra malheureusement pas échapper longtemps à ce qui se prépare dans son dos : une imitatrice vêtue comme Catwoman aurait assassiné deux policiers. Il n'en fallait pas davantage pour lancer une chasse à son encontre, et elle doit à présent démêler le vrai du faux dans ce nœud d'intrigues qui va chercher sa source dans les hautes sphères de la société.

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Au fond, Selina Kyle sera toujours Catwoman, avec ou sans Batman, avec ou sans Gotham. Catwoman, c'est cette anti-héroïne qui se relèvera toujours quoi qu'il lui arrive, quoi qu'on lui fasse, et qui sortira les griffes contre vents et marées pour défendre les rares personnes à lui être proches. Je n'ai volontairement pas trop approfondi le résumé de ce premier tome de la série de Joëlle Jones car elle doit vraiment se découvrir avec l’œil le plus neuf possible pour être appréciée convenablement.

J'avais au départ assez peur de me lancer dans une nouvelle série sur Catwoman, celle de la période New52 m'ayant assez déçu au final. Pourtant ici ce n'est pas du tout le cas, c'est même une très bonne trouvaille et une vraie réussite ! C'est davantage une série tournant autour de Selina elle-même que de son alter-ego, une Selina brisée par la vie et par ses propres choix et qui tente alors de se ressourcer, de revenir à l'essentiel, de se reconstruire. Un droit que de très nombreuses femmes devraient avoir, pour avoir vécu moins qu'elle.

Le scénario et le dessin sont signés par Joëlle Jones donc, que nous avons déjà pu voir à l’œuvre sur la série Batman de Tom King (DC Rebirth) et qui semble avoir totalement craqué pour le personnage de Cat. Les couvertures alternatives sont quant à elles signées par Artgerm, et elles sont vraiment toutes de très bon ton, mais celles de la dessinatrice le sont tout autant à leur manière. Le dessin est bon, dynamique, et la sensation légèrement déroutante pendant la lecture de l'album vient surtout du découpage des cases et de l'action selon moi, il faut parfois s'y prendre à deux fois afin de trouver le bon sens à comprendre. Peut-être des essais expérimentaux sur les techniques de narration visuelle, en tout cas c'est assez réussi même si un peu de fatigue se fait ressentir à la longue.

Le scénario, du coup, est aussi un peu décousu mais c'est voulu je pense, c'est totalement à l'image du personnage qui doit reconstruire sa vie et lui donner un nouveau sens à présent qu'elle a quitté tout ce qui lui était cher à Gotham. On parvient sans peine à s'identifier à cette Selina qui ne dort plus que d'un œil, ressassant en permanence ses échecs récents et tâchant de s'occuper comme elle peut pour se tenir tranquille. Dérangée dans sa retraite par sa propre réputation de criminelle, elle va devoir se prouver à elle-même qu'elle est encore digne de cette vie qu'elle s'est choisie il y a longtemps et qu'elle peut s'en sortir par ses propres moyens. Est-ce pour autant une histoire féministe ? Je crois plutôt qu'il s'agit d'un combat mené par énormément de gens à travers le monde, qui peuvent ainsi se retrouver dans cette déroute et cette envie de mordre. Catwoman est et restera toujours un personnage étrange, à jamais entre les deux rives, difficile à approcher et encore plus à maîtriser pour un auteur quelle que soit son expérience. A mon avis, Joëlle Jones fait du bon travail avec ce premier tome (regroupant les six premiers chapitres de la série), et j'ai vraiment envie de découvrir la suite, bien plus qu'au temps des New52 en tout cas. Encore une réussite de l'ère DC Rebirth, mais à mettre au crédit de la scénariste et dessinatrice plutôt que d'une décision éditoriale.

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

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