Al Simmons n'a jamais été aussi occupé que depuis son décès et sa résurrection par un démon malfaisant en Hellspawn, une créature issue des Enfers et devant commander à la grande armée qui s'élancera bientôt vers les Cieux en apothéose d'une guerre ancestrale. Mais, décidant d'aller contre la volonté de son créateur, celui que l'on nomme Spawn prend le parti de créer un troisième front dans cette guerre, celui des innocents, celui des simples mortels trop souvent et trop longtemps abusés par les Anges comme les Démons.
Dans cette optique, le rejeton infernal rend visite à toutes celles et ceux qui, alentours, ont une conscience assaillie par le doute, ou plus simplement des choses à se reprocher. Bien souvent, les Démons comme les Anges sont déjà passés par-là et ont pactisé d'une façon ou d'une autre avec ces humains si facilement corruptibles, dans le seul but d'emmagasiner le plus d'âmes possible avant la fin de la grande guerre cosmique. Spawn se propose simplement de rétablir l'équilibre des forces en présence, en dissolvant les pactes si nécessaire, ou en en accompagnant la finalité, précipitant les choses ou au contraire retardant l'inévitable ne serait-ce qu'un peu.
Tantôt pris de révulsion envers les personnes qu'il sauve ainsi d'elles-mêmes, tantôt d'affection, Spawn effectue sa sinistre besogne sans faillir, partout à la fois, toujours sur le front, déjouant les complots des forces supérieures et ramenant les humains mortels à leur propre condition et surtout à ce qui fait toute leur valeur : leur libre-arbitre. A chacun il laisse le choix de terminer sa vie comme il l'entend, mais en l'ayant averti de toutes les voies possibles et de leurs conséquences. Spawn ne trompe pas, ne dupe pas, il ne fait qu'éveiller les consciences et rendre une certaine forme de justice là où d'autres ne s'embarrassent pas de tant de soins.
Parfois c'est aussi simple que de tendre la main à une personne suicidaire, ou d'accorder la paix et le repos à une âme tourmentée... d'autres fois c'est un travail harassant demandant de lutter contre le Temps lui-même ou contre la mauvaise partie de la nature humaine, cet attrait du pouvoir, de la richesse à tout prix... Bien des fois, Spawn songe à abandonner cette mission qu'il s'est lui-même fixée, mais jamais il ne le fera car cela le priverait alors de tout ce qui fait de lui un être unique en son genre : ses restes d'humanité, justement.
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Dans cette intégrale, Delcourt nous propose de revisiter les quelques chapitres composant cette mini-série autour de Spawn, création à succès de Todd McFarlane chez Image depuis plus de trente ans déjà. Spawn The Undead, c'est pas moins de neuf chapitres, neuf histoires qui se tiennent à elles seules et s'articulent autour du même thème commun, l'envie d'Al Simmons de simplement faire pencher la balance cosmique dans le bon sens, de rétablir l'équilibre en faveur des mortels, même s'ils ne le méritent pas toujours.
Tour à tour justicier ou vengeur, défenseur comme bourreau, Spawn va alterner les rôles et les situations, se prêtant parfois au jeu de la tentation pour parvenir à ses fins, mais toujours se dit-il dans le seul intérêt de cet équilibre qu'il recherche tant et qui est trop souvent menacé par les autres forces en présence.
On notera le soin particulier apporté à cette mini-série, avec au scénario le vétéran et vénérable Paul Jenkins et aux dessins Dwayne Turner dans un style assez sombre et en même temps très parlant, où les phylactères sont plutôt des allusions de pensées qu'un véritable moyen d'expression des personnages. C'est plutôt bien travaillé et orchestré du début à la fin, chaque chapitre racontant sa propre histoire, revenant sur ses propres protagonistes, sans jamais entraver en aucune façon le cours de la série principale du personnage fétiche de McFarlane à côté.
Je donne tout de même un mauvais point à Delcourt, pour une fois, à cause de la piètre qualité de cette édition intégrale. Jugez plutôt : des fautes de frappe ou d'orthographe parfois jusque dans les présentations des auteurs, une couleur de police qui parfois devient illisible par-dessus celle d'une case... Mais le plus grave : la quatrième de couverture nous annonce bien neuf chapitres au total. Et nous n'en avons en réalité que huit ! J'ignore totalement ce qu'il est advenu du chapitre manquant, mais aucune mention de retrait n'est faite nulle part dans l'album, je suis donc obligé de conclure à un manque flagrant d'attention lors de la conception-même du bouquin. Promettre neuf chapitres en les numérotant clairement et n'en livrer que huit au final sans même le début d'une explication... pas très malin si on souhaite fidéliser la clientèle.
Concernant les autres séries et albums de la collection Spawn je ne me prononcerai pas, ayant arrêté la lecture de la série principale après la troisième intégrale et n'ayant pas cherché à approfondir en lisant autre chose à côté à part cet album-ci que je vous présente aujourd'hui et qui dans l'ensemble m'a satisfait mais me laisse aussi un goût d'inachevé assez amer. J'espère qu'une réédition sera au programme dans les années à venir, avec enfin espérons-le le fameux chapitre manquant qui sait ?
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

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