Que
vous dire pour introduire cette lecture ? Imaginez : l'un
des scénaristes les plus côtés et reconnus de la bande-dessinée
franco-belge à ma gauche, et à ma droite l'un des dessinateurs de
comics les plus soigneux et passionnés qui soient. Quand Xavier
Dorison rencontre Terry Dodson, ça donne Red
Skin,
une bd aux accents de comics, fraîche et agréable à lire comme à
regarder (on ne va pas se mentir, ceux qui ont lorgné sur la
couverture ont tout de suite voulu voir l'intérieur), dont le
premier tome est sorti chez Glénat en Septembre dernier pour notre
plus grand plaisir. Le résumé en quelques mots :
Guerre Froide, les blocs de l'Ouest et de l'Est se
toisent et se cherchent, mais l'heure est plutôt à la détente. En
URSS, Véra est une agent très secrète des forces spéciales, au
style de vie un rien débridé et avec un solide appétit pour la
liberté. Le Kremlin décide de l'envoyer aux États-Unis, pays dont
elle ne connaît rien, pour une mission très particulière :
elle devra s'y forger une identité de super-héroïne et s'attirer
les faveurs du public en combattant le crime à sa façon (au moyen
d'un marteau et d'une faucille) afin de promouvoir une certaine idée
du communisme dans un premier temps, mais surtout de recueillir le
plus d'informations possibles sur un ''héros'' assez extrême se
faisant appeler le Charpentier et luttant contre la dépravation
d'Hollywood et de l'industrie du porno en crucifiant ses victimes. Le
Charpentier n'est d'ailleurs que le reflet d'une mentalité puritaine
extrémiste qui ne fait que se développer depuis quelques temps en
Californie, avec à sa tête l'évangéliste illuminée Jacky Core,
dont l'ambition risque de la porter jusqu'au Sénat voir au-delà et
dont les valeurs risquent d'être un frein à la nouvelle entente
entre l'Est et l'Ouest. Pour endiguer cette montée fasciste, Véra
devra donc retrouver et neutraliser définitivement le Charpentier,
fer de lance du mouvement, avant que le public n'adhère en masse à
sa vision des choses et à celle de Jacky Core. La super-héroïne du
peule est née, baptisée Red Skin ! Mais ce n'est pas tout,
Véra, sous le nom d'Alabama Jane, devra aussi s'intégrer dans la
vie civile américaine de son mieux, et quelle meilleure couverture
pour cela qu'un poste de bonne auprès de la société de production
pornographique la plus en vue du moment, et justement cible du plus
gros des attaques du Charpentier ! Quelque chose lui dit que
finalement, elle risque bien d'aimer sa nouvelle vie...
Le
moins que l'on puisse dire, c'est que les deux auteurs se sont plutôt
bien trouvés ! Chacun apporte sa propre patte au résultat
final, on reconnaît bien les deux styles (je parle surtout pour
celui de Dodson en ce qui me concerne), la bd se lit assez facilement
et se contemple tout aussi aisément, on passe un très bon moment de
lecture et on en redemande très vite une fois le tome achevé. De
l'humour, du contenu travaillé, de beaux dessins et une écriture
assez fine, de quoi faire durer le plaisir ! Le seul vrai
reproche que l'on pourrait faire, en ne cherchant pas trop loin,
serait le manque d'application de Terry Dodson par endroits, certains
arrière-plans ou personnages secondaires sont assez peu soignés
voir carrément anecdotiques, mais tout cela est très aisément
rattrapé par le reste de l'album qui se maintient à un très bon
niveau. On peut donc espérer que la suite sorte cette année et que
cette collaboration s’avérera fructueuse et sur une durée plus
longue que le précédent essai de franco-belge de Dodson (les deux
tomes de Songes
chez les Humanoïdes Associés). Un achat que je ne regrette
absolument pas, et qui trouvera une belle place dans la bibliothèque
et qui pourra convenir pour à peu près tous les goûts et
curiosités !
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et
je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver
bientôt pour un nouvel article !
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