Jusqu'à
présent, j'ai surtout présenté des œuvres que je considère
personnellement comme bonnes, voir excellentes, sur le thème des
vampires. Parlons maintenant d'une que l'on pourrait qualifier de
décevante, voir mauvaise.
Dracula
– La compagnie des monstres,
créée et scénarisée par Kurt Busiek et Daryl Gregory, avec au
dessin Scott Godlewski et Damian Couceiro, parue chez l'éditeur
French Eyes (filiale de Summer Média en France) entre le premier
trimestre de l'année 2012 et début 2013.
Pour résumer l'histoire en quelques phrases
rapidement : de nos jours, une compagnie véreuse dirigée par
Conrad Barrington-Cabot, sur le point d'être dissoute, emploie une
partie de ses ressources afin de mener des recherches poussées sur
l'existence du Prince de Valachie, Vlad III ''Tepes'', dit Dracula.
Souverain sanguinaire et guerrier expérimenté ayant fait naître la
peur dans le cœur des Ottomans, c'est surtout l'incroyable nombre de
récits et de légendes sur sa nature démoniaque de prince des
vampires qui intéresse le directeur de cette compagnie, prêt à
tout pour échapper à la justice et fonder son propre empire
financier, même à renoncer à son âme. Son plan consiste à
retrouver coûte que coûte les restes de Dracula et de procéder à
une série d'invocations rituelles antiques afin de le ramener à la
vie, pour que le Prince accepte ensuite de faire de lui un vampire
des plus puissants. Mais rien ne va se passer comme prévu, et
Dracula entend bien ne pas se laisser dicter sa conduite à présent
qu'il fait de nouveau partie du monde des mortels et que ses pouvoirs
ont été restaurés. Prenant la fuite, il appelle à lui des alliés
de poids qui s'apprêtent à semer la terreur, tandis que Conrad
entreprend de lever une véritable armée de vampires fraîchement
transformés pour combattre le Prince et lui dérober ses pouvoirs.
Une guerre couve et le massacre se fait de plus en plus proche à
mesure que le temps passe, sans compter qu'une équipe de chasseurs
de vampires impitoyables vient de débarquer de Roumanie pour
détruire une fois pour toutes le Prince des Vampires et son
engeance. Et au milieu de tout cela, un jeune homme, celui à qui
Conrad a confié le soin de mener les recherches sur les rituels et
sur Dracula, Evan Barrigton-Cabot, qui s'est rapproché
involontairement de son sujet d'études et qui fait désormais partie
de ses plans, pour le meilleur comme pour le pire.
Petit
mot sur l'édition, tout d'abord. En V.O. cette série est parue chez
l'éditeur Boom! Studios, ce qui n'est pas forcément un gage de
qualité la plupart du temps. En V.F. nous avons eu droit à
l'éditeur Summer Média et à sa branche French Eyes, connue
notamment pour les comics Dr.
Who.
J'ignore ce qu'il en est pour cette série, n'en étant pas lecteur,
mais pour ce qui est des petites licences malheureusement French Eyes
n'est pas connu pour son soin méticuleux du produit fini. Peut-être
à cause d'un manque de fonds, d'un budget assez maigre, je n'en sais
rien mais toujours est-il qu'ici chacun des trois tomes est mal
taillé, mal imprimé, dans le premier les crédits sont absents, et
le papier sent assez mauvais. Ce n'est pas une blague, sentez si vous
avez l'occasion. Ce ne sont généralement pas des détails qui
mettent en confiance, et pourtant il y a tout de même des bons
points : la traduction est bonne, tout semble avoir été fait
pour coller le plus possible à l'esprit original, les références
conservées. Cela dit, ça ne va pas loin même avec ça... de petits
efforts ici ou là auraient été appréciables.
Quant à l'histoire elle-même, elle ne vole pas bien
haut, malgré la présence de détails assez intéressants sur le
personnage historique de Vlad III, même si ça reste relativement
anodin. Il y a cependant un travail de recherches à noter concernant
les traditions magiques Roumaines médiévales, ainsi qu'un peu
d'arcanes. Pas de quoi sauter au plafond cependant, mais ça reste
intéressant à lire et à apprendre. Le récit reste assez bas de
plafond, beaucoup de facilités dans l'écriture et le déroulement
des actions, tout comme dans les profils des personnages. Seul
Dracula lui-même s'en sort assez bien à ce niveau, parvenant à
conserver une aura mystérieuse et inquiétante telle qu'on est en
droit de l'attendre pour ce protagoniste. Le reste n'est pas
forcément à jeter mais là encore le manque d'efforts se fait
ressentir cruellement, et le dénouement nous laisse totalement sur
notre faim avec le sentiment de ne pas en avoir lu assez, ou au
contraire d'en avoir lu bien trop.
Pour finir avec le dessin cette fois, il s'agit d'un
style assez basique, voir parfois plutôt désagréable à regarder
il faut l'avouer, c'est loin d'être dans la moyenne de ce qui se
fait de bon dans le milieu. On appréciera cependant là aussi
quelques efforts apportés pour créer des ambiances bien
particulières suivant les scènes et les actions.
Au final, même si la lecture reste intéressante, on
se retrouve avec un récit décevant et qui ne fera pas date, loin
d'être original qui plus est. Quant au personnage de Dracula, il
s'agit d'une interprétation séduisante du mythe comme de la
personne mais là encore mal traité et ne parvenant pas à suivre
les enjeux attendus, bien que la dimension biblique apportée vers la
fin soit des plus alléchantes. Peut-être qu'une suite, ou du moins
un quatrième tome, n'aurait pas été de trop.
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et
je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver
bientôt pour un nouvel article !
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