lundi 17 avril 2017

La question du lundi n°35 : Le jeu-vidéo japonais est-il de retour au firmament ?


Le jeu-vidéo japonais est-il de retour au firmament ?


Si vous êtes un familier du blog et de nos émissions, vous n'êtes pas sans savoir que le jeu-vidéo japonais est l'une de nos marottes, son regain récent de vitalité nous réjouit et nous interroge.

En perdition depuis un peu plus d'une décennie, l'industrie japonaise a connu un sursaut bienvenu voici maintenant quelques mois. Jugez plutôt : Dark Souls 3, Dragon Quest VII, Final Fantasy XV, The Last Guardian, Resident Evil 7, Yakuza 0, Gravity Rush 2, Nioh, Nier Automata, Zelda Breath of the Wild et Persona 5, entre autres, sont sortis en l'espace d'un an.
Des titres à la fois de qualité, qui ont pour la plupart un succès critique, voir commercial. Est-ce à dire que le jeu-vidéo japonais est de retour pour récupérer la place qu'il occupait au niveau mondial il y a quinze ans ?

Certes les Japonais n'ont jamais vraiment cessé de produire des jeux-vidéo, mais leur marché a évolué vers le nomade (smartphones, consoles portables) tandis que chez nous les consoles de salon et le pc restent roi. S'en est suivi un éparpillement de leurs ressources entre leur production locale s'exportant peu et les gros jeux taillés pour le marché occidental mais souvent au détriment de spécificités toutes nippones.

A quoi reconnaît-t-on un jeu typiquement japonais justement ? A son côté parfois exubérant comme la série des Yakuza, des Danganronpa ou encore celle des Metal Gear, ce côté ''bigger than life'' et seconde degré que peu de productions occidentales de gros calibre peuvent avoir (comme certains GTA par exemple dans leur écriture) ; à sa philosophie de jeu et sa science du gameplay d'une redoutable précision que l'on retrouve chez des orfèvres comme Platinum Games (Bayonetta, Nier Automata pour le compte de Square Enix) ou la série de Souls et Bloodborne de From Software ; à l'originalité de son design sortant des sentiers battus et ne recherchant pas systématiquement le réalisme (Gravity Rush 2, Persona 5, The Last Guardian ou les productions 2D de Vanillaware). Voici grosso modo ce qui est une norme pour les japonais et qui est une exception dans bon nombre de grosses productions chez nous, que seuls les indépendants empruntent avec plus ou moins de bonheur.
Un exemple des plus intéressants récemment est la sortie du nouveau Zelda, série qui souffre d'un syndrome d'immobilisme depuis quelques épisodes, Breath of the Wild s'est inspiré des mondes ouverts occidentaux tout en revenant aux sources de la saga pour offrir une expérience de jeu nouvelle unanimement saluée par les critiques du monde entier. Clairement les Japonais donnent des leçons de gameplay et de level design à leurs homologues occidentaux.

Si quelques jeux avaient ouvert la voie depuis quelques années, la fin 2016 et le début de 2017 ont été extrêmement riches en sorties japonaises. Fait assez exceptionnel qui pose une simple question : s'agissait-il d'un soubresaut, d'un baroud d'honneur des vieux maîtres Japonais ? Ou au contraire des prémisses d'un renouveau bienvenu ?
S'il est encore bien entendu trop tôt pour répondre de façon tranchée, certaines tendances semblent toutefois se dessiner :
  • le nombre de localisation de titres japonais est clairement en hausse, et cette tendance ne fait que s'accroitre, preuve de l'appétence du public pour une plus grande diversité et originalité.
  • Conséquence directe de ces localisations, les portages sur pc de jeux originellement sortis sur console au Japon ont eux aussi explosés.
  • De nombreuses vieilles séries fêtant leur 20, 25 ou 30 ans sont remises en avant ou ressorties des cartons.
  • De nouvelles licences et acteurs du marché apparaissent eux aussi. Le succès par exemple de Splatoon chez Nintendo est la preuve qu'une nouvelle génération de développeurs est en train d'émerger.
  • Un certain équilibre entre jeux mobiles et de salons semble se dessiner.
  • De nombreux titres prestigieux sont actuellement en développement : Dragon Quest XI, Kingdom Hearts 3, FFXIV :Stormblood, Shenmue 3, Final Fantasy 7 Remake, Tekken 7, Super Mario Odyssey, etc...

Clairement le jeu japonais semble reparti sur de bonnes bases après une longue traversée du désert, le fait que d'antiques sagas (Resident Evil, Zelda) s'autorisent un retour aux sources tout en se modernisant, le fait qu'une jeune génération de créateurs Japonais apparaisse, le fait que de plus en plus de jeux soient localisés chez nous et trouvent leur public (Nioh, Nier Automata, tous deux jeux de niche écoulés à plus d'un million d'exemplaires), tout cela prouve la bonne santé de l'industrie japonaise qui revient sur nos rivages avec de l'ambition. Certes nous ne retrouverons probablement jamais l'âge d'or des générations 16 à 128 bits, mais il est réjouissant et rafraîchissant de voir de nouvelles productions d'envergure sortir du pays du Soleil Levant, la diversité et le choix sont toujours sources d'une saine émulation créatrice qui ne peut être que profitable au joueur en mal de nouvelles sensations dans cette industrie du jeu AAA hélas bien trop standardisée.

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