Le jeu-vidéo japonais
est-il de retour au firmament ?
Si vous êtes un familier
du blog et de nos émissions, vous n'êtes pas sans savoir que le
jeu-vidéo japonais est l'une de nos marottes, son regain récent de
vitalité nous réjouit et nous interroge.
En perdition depuis un
peu plus d'une décennie, l'industrie japonaise a connu un sursaut
bienvenu voici maintenant quelques mois. Jugez plutôt : Dark
Souls 3, Dragon Quest VII, Final Fantasy XV, The
Last Guardian, Resident Evil 7, Yakuza 0, Gravity
Rush 2, Nioh, Nier Automata, Zelda Breath of the
Wild et Persona 5, entre autres, sont sortis en l'espace
d'un an.
Des titres à la fois de
qualité, qui ont pour la plupart un succès critique, voir
commercial. Est-ce à dire que le jeu-vidéo japonais est de retour
pour récupérer la place qu'il occupait au niveau mondial il y a
quinze ans ?
Certes les Japonais n'ont
jamais vraiment cessé de produire des jeux-vidéo, mais leur marché
a évolué vers le nomade (smartphones, consoles portables) tandis
que chez nous les consoles de salon et le pc restent roi. S'en est
suivi un éparpillement de leurs ressources entre leur production
locale s'exportant peu et les gros jeux taillés pour le marché
occidental mais souvent au détriment de spécificités toutes
nippones.
A quoi reconnaît-t-on un
jeu typiquement japonais justement ? A son côté parfois
exubérant comme la série des Yakuza, des Danganronpa ou
encore celle des Metal Gear, ce côté ''bigger
than life'' et seconde degré que peu de productions
occidentales de gros calibre peuvent avoir (comme certains GTA
par exemple dans leur écriture) ; à sa philosophie de jeu et
sa science du gameplay d'une redoutable précision que l'on retrouve
chez des orfèvres comme Platinum Games (Bayonetta, Nier
Automata pour le compte de Square Enix) ou la série de Souls
et Bloodborne de From Software ; à l'originalité de son
design sortant des sentiers battus et ne recherchant pas
systématiquement le réalisme (Gravity Rush 2, Persona 5,
The Last Guardian ou les productions 2D de Vanillaware). Voici
grosso modo ce qui est une norme pour les japonais et qui est une
exception dans bon nombre de grosses productions chez nous, que seuls
les indépendants empruntent avec plus ou moins de bonheur.
Un exemple des plus
intéressants récemment est la sortie du nouveau Zelda, série qui
souffre d'un syndrome d'immobilisme depuis quelques épisodes, Breath
of the Wild s'est inspiré des mondes ouverts occidentaux tout en
revenant aux sources de la saga pour offrir une expérience de jeu
nouvelle unanimement saluée par les critiques du monde entier.
Clairement les Japonais donnent des leçons de gameplay et de level
design à leurs homologues occidentaux.
Si quelques jeux avaient
ouvert la voie depuis quelques années, la fin 2016 et le début de
2017 ont été extrêmement riches en sorties japonaises. Fait assez
exceptionnel qui pose une simple question : s'agissait-il d'un
soubresaut, d'un baroud d'honneur des vieux maîtres Japonais ?
Ou au contraire des prémisses d'un renouveau bienvenu ?
S'il est encore bien
entendu trop tôt pour répondre de façon tranchée, certaines
tendances semblent toutefois se dessiner :
- le nombre de localisation de titres japonais est clairement en hausse, et cette tendance ne fait que s'accroitre, preuve de l'appétence du public pour une plus grande diversité et originalité.
- Conséquence directe de ces localisations, les portages sur pc de jeux originellement sortis sur console au Japon ont eux aussi explosés.
- De nombreuses vieilles séries fêtant leur 20, 25 ou 30 ans sont remises en avant ou ressorties des cartons.
- De nouvelles licences et acteurs du marché apparaissent eux aussi. Le succès par exemple de Splatoon chez Nintendo est la preuve qu'une nouvelle génération de développeurs est en train d'émerger.
- Un certain équilibre entre jeux mobiles et de salons semble se dessiner.
- De nombreux titres prestigieux sont actuellement en développement : Dragon Quest XI, Kingdom Hearts 3, FFXIV :Stormblood, Shenmue 3, Final Fantasy 7 Remake, Tekken 7, Super Mario Odyssey, etc...
Clairement le jeu
japonais semble reparti sur de bonnes bases après une longue
traversée du désert, le fait que d'antiques sagas (Resident
Evil, Zelda) s'autorisent un retour aux sources tout en se
modernisant, le fait qu'une jeune génération de créateurs Japonais
apparaisse, le fait que de plus en plus de jeux soient localisés
chez nous et trouvent leur public (Nioh, Nier Automata,
tous deux jeux de niche écoulés à plus d'un million
d'exemplaires), tout cela prouve la bonne santé de l'industrie
japonaise qui revient sur nos rivages avec de l'ambition. Certes nous
ne retrouverons probablement jamais l'âge d'or des générations 16
à 128 bits, mais il est réjouissant et rafraîchissant de voir de
nouvelles productions d'envergure sortir du pays du Soleil Levant, la
diversité et le choix sont toujours sources d'une saine émulation
créatrice qui ne peut être que profitable au joueur en mal de
nouvelles sensations dans cette industrie du jeu AAA hélas bien trop
standardisée.
Continue ? 10...
9... 8...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire