mardi 11 juillet 2023

Les Contes Interdits - La Princesse au Petit Pois (Éditions Contre-Dires - Février 2023)


Raphaël Roy est un adepte des jeux brutaux, en matière de sexualité. Il n'a jamais vraiment trouvé chaussure à son pied, sa dernière relation s'est terminée en eau de boudin et il stagne dans une boîte de développement de jeux-vidéo, à Québec, en profitant des largesses de son ami et patron Bernie.


Quand Bernie commence à lui transmettre des petites cartes sur lesquelles sont écrites des adresses URL et des codes d'accès, Raphaël se dit que c'est un genre de petit jeu entre eux, s'échanger des vidéos cochonnes, rien de bien méchant. Sauf que les vidéos sont plus que ça : elles sont réelles. Ce qui se passe durant ces quelques minutes filmées à la va-vite est on ne peut plus réel, Raphaël en est convaincu, et relève davantage du snuff-movie que de la pornographie habituelle. Et le pire : ça lui fait un sacré effet !


Bernie a beau lui assurer que tout cela reste entre eux et est 100% fiable, l'hébergeur des vidéos changeant constamment d'adresse et de localisation ainsi que de codes, son employé n'en revient pas. Sa morale le questionne, il se demande si c'est bien normal de ressentir ce qu'il ressent en voyant ces scènes de tortures non simulées. Mais pas le temps de vraiment s'y attarder, voilà qu'un gros mandat leur tombe dessus et qu'ils signent pour plusieurs millions de dollars la création de A à Z d'un jeu-vidéo très spécial et top-secret, un escape-game pornographique commandé par un gros client en Asie.


Très vite, Raphaël cloisonne son esprit et se concentre sur le travail, sur la préparation des équipes et les ébauches du jeu en question. Il va même jusqu'à se faire une vie sur mesure, saine autant que possible, absorbé par sa tâche quotidienne et sourd au désir qui cogne en lui. Mais quand il rencontre Michèle... c'est le coup de foudre. Après plusieurs essais infructueux, voilà enfin une actrice digne de ce nom et qui semble capable de passer par toutes les étapes de la terreur, de la souffrance, à volonté, pour que son personnage modélisé dans le jeu soit le plus parfait en la matière.


C'était à prévoir, le côté prédateur de Raphaël ressurgit soudain et il n'a plus qu'une envie, faire sienne la belle et envoûtante Michèle, découvrir avec elle jusqu'où repousser les limites de l'acceptable, de la décence, voir du crime. Et Michèle, contre toute attente, répond plus que favorablement à cette demande ! Nouant une relation tordue, les deux amants apprennent à se découvrir l'un l'autre, à explorer leurs fantasmes et s'en prennent même à d'autres participants de leurs jeux interdits quand le besoin s'en fait sentir. Michèle est une vraie pro, elle connaît tout le monde dans ce petit milieu et sait parfaitement qui appeler pour faire disparaître ceux qui doivent disparaître. Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes, pense Raphaël.


Sauf que Michèle dissimule quelques secrets, enfouis très loin sous sa carapace savamment construire durant des années. Des secrets qui remontent à loin, plus de dix ans en arrière, et à la sombre affaire du Bourreau de Portneuf, un tueur en série tristement célèbre pour l'état inhumain dans lequel il laissait ses victimes après en avoir terminé avec elles, et qui n'a plus fait parler de lui depuis bien longtemps.


Ce que Raphaël va découvrir risque bien de changer sa vie à tout jamais, pas forcément en bien, et le marquer au fer rouge d'une passion dévorante et difficile à assouvir. Les secrets de Michèle se révéleront le moment venu, mais quelles en seront les conséquences sur la dynamique de leur couple ? Comment évolueront leurs petits jeux pervers ? Déjà six mois qu'il la fréquente, et il en sait tellement peu sur elle... peut-être aurait-il mieux valu en rester là. Les ténèbres dans lesquelles Raphaël s'apprête à plonger à corps perdu, personne n'en revient jamais.


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Sur fond de malédiction et de maladie réelle, Josée Marcotte nous entraîne dans les profondeurs des déviances humaines, déviances présentes chez tout à chacun mais que l'on parvient à taire la plupart du temps, avec les bonnes barrières morales et psychologiques. Mais quand ces barrières viennent à céder, c'est un torrent d'images et de pulsions qui jamais ne s'effacent.


Outre le côté psychologique justement dans la chute des personnages de ce nouveau Conte Interdit, il y a aussi et surtout une maladie concrète et bien tangible qui fait trop rarement parler d'elle et qui pourtant fait son lot de victimes innocentes chaque année. Une maladie sur laquelle l'autrice tente de nous alerter à sa façon, à travers le personnage de Michèle, mais cela débouche surtout sur une excuse rêvée pour précipiter la fin du conte d'horreur.


N'en reste pas moins que l’œuvre est efficace à plus d'un titre, très vivante, trop peut-être à certains passages, comme toujours avec une vocation dérangeante assumée. Les Contes Interdits demeure une série que l'on dévore comme un plaisir coupable, sans vraiment oser l'admettre, et si l'on a la décence de ne pas se délecter des souffrances ainsi exposées et mises en lumière, on se laisse néanmoins distraire par le fil du récit et la dernière page arrive toujours beaucoup, beaucoup trop vite.


Dîtes-vous bien que comme à chaque fois je tâche d'édulcorer au maximum les faits dans mon résumé, et que mon habituelle invitation à vous faire votre propre avis vaut toujours, avec de solides avertissements toutefois en ce qui concerne cette saga littéraire aussi décriée qu'appréciée par les fans des deux sexes. Les moins de dix-huit ans sont donc fortement priés de ne pas jeter un œil sur cette histoire, merci bien. Les autres, faites en votre âme et conscience, pourvu que vous puissiez remonter la pente ensuite.


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

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