jeudi 6 février 2025

Iznogoud - 33 Histoires de Goscinny et Tabary, de 1962 à 1969 (Dargaud - Octobre 2021)


Ah, les temps anciens où les cités merveilleuses éclairaient la Terre de leurs lumières. Parmi elles, peu furent aussi resplendissantes que la révérée Bagdad, où tout semble possible. Évoluant gentiment et gracieusement sous l'égide bienveillante du Calife Haroun El Poussah, dont les siestes rythment le quotidien mouvementé d'une chambre à une autre, la population est globalement heureuse de son sort et s'en sort très bien.


Mais il y a au moins une personne que le règne du Calife ne satisfait pas, mais alors pas du tout. Le grand vizir, l'infâme et malfaisant Iznogoud, rêve sans que cela ne soit un secret pour personne de devenir un jour prochain le Calife à la place du Calife ! Mais rien n'y fait, toutes ses tentatives pour déposer El Poussah et se coiffer souverain de Bagdad se retournent immanquablement contre lui, d'une manière ou d'une autre. Et pourtant, il est bien servi par le doucereux Dilat Laraht qui s'évertue à céder à tous ses caprices le cœur sur la main.


Oui, bien malheureux en vérité est celui qui comme Iznogoud ne sait se satisfaire de son existence et en demande toujours davantage à la vie, une vie injuste paraît-il et qui se fait un malin plaisir de rebattre les cartes en la faveur du bon Calife. Quelle que soit l'époque, quel que soit le contexte, quels que soient les moyens employés, réels, imaginaires, magiques, militaires... jamais au grand jamais le pas-si-grand vizir n'aura gain de cause. Et pourtant il essaie de toutes ses forces, le bougre !


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Est-il davantage besoin de présenter ce personnage et cette bande-dessinée, devenus tous deux depuis des décennies des récurrences dans le domaine du gag et de la satyre politique à tout va ? Iznogoud est la création bien avisée de René Goscinny et Jean Tabary, prolifique scénariste et infatigable dessinateur œuvrant de concert pour offrir au public Français de leur époque un savoureux mélange entre dérision, humour absurde et grinçant pastiche des scènes de la vie politique la plus triviale qui soit.


Cet album paru chez Dargaud retrace et présente à un nouveau lectorat trente-trois histoires conçues pour générer le rire, les pleurs et les grimaces à tout âge ! On se prendra parfois de sympathie pour ce brave Dilat qui ne peut qu'assister impuissant aux échecs à répétition de son trublion de patron, lequel en revanche n'arrachera jamais la moindre complaisance puisqu'il est si mauvais. Quant à l'autre grand héros de cette histoire, le fameux Calife en personne, c'est un doux rêveur parfaitement inoffensif avec une chance insolente, ou bien est-ce Iznogoud qui est particulièrement poissard ? D'aucuns diraient que le karma est à l’œuvre... en tout cas, vous découvrirez ou re-découvrirez avec un immense plaisir les premières planches de ce trio d'exception dans le paysage culturel français de l'époque, y compris de nos jours, même si cette série n'est plus aussi courue qu'avant.


Les jeux-de-mots sont légions, pas toujours si évidents que cela à attraper, et les situations comiques et absurdes s'enchaînent à un rythme fou et intensif, tout pour qu'en quelques pages à peine le lecteur puisse se faire une solide idée du genre de personnalité qu'est l'infect Iznogoud. Certains lecteurs de toujours d'ailleurs sont devenus des légendes-vivantes à leur tour en s'inspirant allègrement de cette bande-dessinée dans leurs propres travaux, comme Plantu qui doit une grande partie de sa carrière de caricaturiste politique à sa troublante relation avec le grand vizir, ou du moins ses incarnations du futur tout aussi mauvaises.


Qui n'a jamais entendu cette phrase, « - Je veux être Calife à la place du Calife ! » répétée en boucle encore et encore par ce nerveux petit personnage au visage rouge de colère et à la sulfureuse réputation d'empaleur contrarié ? Réjouissez-vous, vous allez enfin en connaître l'origine et déguster tout votre saoul les péripéties hilarantes et désopilantes du grand vizir Iznogoud, chaque fois bien puni mais ne retenant jamais la leçon. Certains pourraient bien prendre exemple !


Que dire de plus ? L'album est en format bande-dessinée à la française, assez épais au demeurant, mais il se dévorera si vite que même au bout de 33 histoires différentes vous risquez bien d'en redemander avec envie ! En attendant, si le cœur vous en dit je vous laisse avec une petite vidéo pas bien méchante, rien que le générique du dessin-animé de 1995. Si si, c'est pour moi ça fait plaisir.

 


 

Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

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