lundi 3 février 2025

Vampyria tome 1 - La Cour des Ténèbres (Pocket - Avril 2024)


31 Octobre 1715. Le Roy-Soleil, Louis XIV, est au crépuscule de sa vie et de son règne, marqué par la guerre et la famine. Le royaume de France, ainsi que toute l'Europe, attendent la nouvelle de son trépas. Mais le destin en décidera autrement...


Transmuté par un procédé encore inconnu et jalousement gardé secret, Louis XIV échappe de peu à la Mort et devient le tout premier vampyre, une créature faite de ténèbres et d'instincts meurtriers, qui à son tour va transmettre cette malédiction aux membres les plus fervents de la Noblesse. En peu de temps, le reste du continent voit ses dirigeants succomber à l'étreinte du vampyre, de cette promesse d'échapper à tout jamais à la vieillesse et à la Mort, et bien vite c'est une toute nouvelle ère de l'Histoire qui s'ouvre : l'ère du règne des Ténèbres, la Magna Vampyria.


En l'an 299 du règne de Louis l'Immuable, souverain incontesté des Ténèbres et maître tout-puissant de la Vampyria, la jeune Jeanne Froidelac et sa famille partagent un maigre repas dans leur maison perdue en plein milieu de l'Auvergne, sans se douter un seul instant qu'il s'agit du tout dernier moment qu'ils passeront ensemble. L'Inquisiteur royal qui débarque en trombe avec des accusations de félonie à l'encontre de ses parents provoque un véritable cataclysme, et la vie de Jeanne est brisée à tout jamais.


Contrainte de fuir et de trouver refuge chez le nobliau local, elle finit par prendre l'identité de sa récemment défunte fille afin d'éviter d'être reconnue comme la fille de traîtres au royaume. En tant que dernière survivante d'un carnage épouvantable, Jeanne, ou plutôt désormais Diane de Gastefriche, est emmenée jusqu'à Versailles par un vampyre, le vicomte Alexandre de Mortange, qui dit vouloir la placer sous la tutelle du Roy et obtenir ainsi la reconnaissance du souverain pour regagner ses faveurs. En tant que pupille royale, Diane est inscrite d'emblée à la Grande Écurie, une académie où se retrouvent les descendants de la fine fleur de toutes les noblesses, dans un seul et unique but : être formés aux arts de la Cour et pouvoir l'intégrer plus tard pour faire partie de ceux qui comptent en ce monde.


Diane ne va pas se faire que des amies en arrivant, prise aussitôt en grippe à la fois par les étudiantes plus expérimentées et par le personnel. Son envie de vengeance envers Alexandre de Mortange, responsable du meurtre ignoble de ses vrais parents, l'oblige cependant à faire profil bas dans la mesure du possible afin d'acquérir toutes les connaissances qui pourraient lui être utiles pour mettre à bien son projet suicidaire.


Très vite, Diane va découvrir un monde dont jusqu'ici elle ne connaissait que les légendes et les ragots, un monde bien sombre et cynique, désabusé, dont elle doit absolument apprendre à faire partie intégrante sous peine d'être démasquée pour ce qu'elle est en réalité : une roturière, tout juste bonne à verser la dîme du sang. Mortange devra attendre, tout à ses illusions de grandeur retrouvée, car la jeune femme va vivre plusieurs mésaventures qui lui feront petit à petit repenser son plan et lui ouvriront même un tout nouveau champ des possibles. Pourquoi ne s'en prendrait-elle qu'à un seul vampyre, quand leur maître à tous repose à quelques centaines de mètres à peine de l'académie, au sein du Palais Royal ?


Pour cela, il lui faudrait intégrer la Cour bien plus tôt que prévu par le cycle d'études habituel, à l'occasion de la Gorgée du Roy, une série de quatre épreuves conçues pour évaluer l'excellence des candidats dans les différents arts courtisans, afin de rejoindre en bout de course la compagnie des Écuyers du Roy, ses plus proches protecteurs. Bien sûr, cela voudrait dire absorber une petite partie de son sang maudit et se voir changer par ses effets, mais cela mettrait surtout Diane en situation d'attenter à la vie du souverain des Ténèbres avant de succomber elle-même dans la foulée, libérant ainsi le royaume tout entier de son emprise.


Mais les choses sont loin d'être aussi simples, et même si Diane sait pertinemment qu'elle n'a aucune chance de s'en tirer vivante, elle est loin de se douter que la Cour abrite plus que son lot de complots internes et de dissensions. Entre la mystérieuse Fronde, ce mouvement populaire qui semble progresser à pas de loup dans les campagnes et jusqu'au cœur des grandes villes, et les rivalités entre membres de la Haute-Noblesse vampyrique, il y aura fort à faire pour sortir son épingle du jeu et parvenir au dénouement final. Et si, en réalité, ce n'était que le commencement ?


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Je l'avoue volontiers, je suis allé à reculons pour entamer cette lecture qui attendait depuis un certain temps dans ma pile à lire. Et bien que les commentaires sur cette saga de fantasy dystopique signée Victor Dixen soient majoritairement dithyrambiques, je ne m'étais laissé séduire que par la couverture et le résumé, avant de finalement opter pour cette réédition chez Pocket avec ce noir mât et cette dorure terne du plus bel effet. Un choix éminemment esthétique plutôt qu'une conviction personnelle, pour un roman que je n'avais même pas encore démarré.


Et maintenant, qu'en dire ? J'ai tout lu. En deux jours à peine. J'ai été embarqué par la plume de l'auteur, son style prenant le pas tout de suite sur mes appréhensions, le premier chapitre m'entraînant droit au cœur de cet univers qu'il me restait à connaître et à accepter sans réserves. Tel Louis XIV abreuvant ses sujets de son sang providentiel, Victor Dixen m'a abreuvé d'un récit que j'attendais sans trop y croire depuis très longtemps, avec fougue et entrain, avec verve, et une personnalité aussi séduisante que peuvent l'être les fameux vampyres.


Parlons un peu d'Histoire avec un grand H. Cœur de mes études, jamais je n'aurais imaginé qu'il y avait tout un univers de possibles réécritures des grandes périodes traversées par la France et l'Europe au travers du prisme de la fantasy et des romans gothiques si chers à mon imagination. L'auteur parvient sans la moindre difficulté à développer ce monde et à le rendre tangible, à le faire éprouver au lecteur, ce dès le premier chapitre donc, sans perdre en fluidité de narration à aucun moment. Utilisant le temps présent et la première personne, c'est Jeanne qui nous raconte son histoire à mesure qu'elle advient, nous prenant à témoin de ses péripéties et de ses rencontres, de ses frayeurs comme de ses projets les plus intimes et secrets honteux.


Le descriptif fourni pour la Magna Vampyria, cette Europe soumise intégralement aux vampyres et sous le joug immuable d'un Roy-Soleil devenu Roy des Ténèbres immortel et proprement terrifiant, est vraiment très travaillé, carte à l'appui, ainsi que le développement du quotidien des gens de peu, les gens du peuple, ce Quart État que tout écrase, dont Jeanne est issue et dont elle va devoir se défaire pour entrer dans la Cour des grands. Il y a énormément de détails historiques véridiques pour que tout cela tienne le mieux possible de soi-même, mâtinés d'un travail d'anticipation et de dérives fictives propres à ce domaine littéraire, bref on sent tout de suite sans chercher plus loin que Victor Dixen maîtrise son sujet et qu'il a fait de solides recherches en amont pour préparer sa saga.


Et quelle saga, si ce premier tome n'est effectivement qu'un commencement ! Les personnages sont vraisemblables, attachants ou détestables immédiatement, la confiance ne s'accorde jamais pleinement sous peine d'être poignardé dans le dos de la plus horrible des manières, et le folklore est proprement international avec un casting de monstres et de sombres légendes venant des quatre coins du monde, du lointain Japon féodal aux mystérieuses Amériques où semble possible de vivre en liberté. On devine que les prochains tomes nous feront faire davantage connaissance avec le reste de ce monde, un monde resté bloqué culturellement et technologiquement à la Renaissance tardive mais aux références claires et largement compréhensibles. Les codes du vampirisme littéraire sont eux aussi largement maîtrisés et rendus de la plus belle des manière, dans un récit vivant, à la fois épique et réfléchi, évocateur comme abjectement crû par moments. L'auteur n'a absolument pas à rougir de ses nombreuses influences !


Résumer le tout à une sorte de ''Harry Potter à l'école des monstres'' serait réducteur, tant les divergences entre les deux sagas sont nombreuses et assumées. Les intrigues se mêlent et s'entremêlent à un rythme fou, les retournements de situation sont légion, et notre malheureuse héroïne va plus d'une fois devoir changer ses plans en cours de route pour éviter de justesse une confrontation malencontreuse ou au contraire hâter les événements pour atteindre son but final d'une manière ou d'une autre. Je le redis mais il y a ici une véritable science de la narration que je n'avais pas forcément saisie à l'achat, me limitant disais-je à la couverture et au résumé officiel. Il y a plus, tellement plus à voir, à déguster et à imaginer dans ce seul premier tome, et j'ai donc assez logiquement fort hâte de découvrir la suite lorsque paraîtront les prochains dans cette même gamme spéciale qui m'a séduit. Esthétique oblige.


Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !

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