Au sein de la plus grande chaîne de télé nationale, dans une France morose et divisée comme jamais, se prépare un drame sinistre. Un drame savamment orchestré, millimétré, dont rien ne filtre avant qu'il ne soit temps. Ce drame quotidien dont chacun redemande jour après jour : les actualités du soir.
Mais cette fois-ci, alors que tout le monde s'apprête à digérer le flot de nouvelles mauvaises nouvelles qui abreuve la populace à travers les écrans via le phrasé impeccable du présentateur vedette préféré des Français, tout bascule, l'impensable se produit soudain. Une prise d'otages en plein direct, dans le studio, avec la régie et le monde entier comme témoins.
Le terroriste, s'il l'est vraiment, assène ses revendications et instructions de façon tout aussi millimétrée que le présentateur ses infos plus tôt. Masqué, la voix déformée, il se fait appeler Kratos et demeure intransigeant, ne s'adressant qu'à une personne et une seule au travers de l'oreillette et des micros du studio : Charlène, simple rédactrice adjointe, qui a eu le malheur de se trouver là et de prendre la parole.
Désormais coincée dans un jeu malsain de bonne conscience où elle doit raisonner le preneur d'otages tandis que le GIGN est sur le pied de guerre et prépare à tout instant un assaut décisif sur le plateau, on découvre avec horreur que la scène ne se limite pas simplement à ce que filment encore les caméras. Dehors, l'enquête se poursuit d'arrache-pied entre la Section de Recherche de la Gendarmerie et les troupes du RAID, qui n'ont qu'une nuit et une seule pour tenter de trouver une solution à cette épineuse situation.
Un preneur d'otages qui ne veut pas en démordre. Un pays dont les dirigeants refusent de céder d'un pouce. Un journal-télé en choc projeté en mondovision et générant des profits incroyables. Une population abrutie de violence qui ne pense pas un seul instant à détourner le regard de ses précieux écrans. Et au milieu de tout cela, Charlène, pauvre innocente et victime elle aussi de Kratos, prise au piège de son jeu et de ses manipulations, tandis que le négociateur du GIGN s'évertue à lui donner conseils avisés et cours de méthode sur la meilleure façon de faire flancher la détermination apparemment sans faille du terroriste.
Une nuit, et c'est tout. Est-ce que ce sera suffisant ?
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Prime Time est le nouveau thriller du toujours aussi prolifique Maxime Chattam, que nous apprécions toutes et tous vraiment beaucoup et qui a le bon goût de ne jamais se faire trop rare. Au rythme de cette nuit intense où s'enchaînent les retournements de situation, les révélations ainsi que les crises gérées in-extremis, nous allons découvrir que le méchant de l'histoire est loin d'être le seul à porter un masque, et que ses intentions sont peut-être plus louables que celles des personnes à qui il s'adresse...
Avec un style toujours aussi précis et informatif, Maxime Chattam nous représente ce qui fait malheureusement trop souvent le quotidien des professionnels du GIGN, tout en créant un pont avec sa saga précédente centrée sur la Section de Recherche de la Gendarmerie basée à Paris, dont les personnages inoubliables commençaient justement à nous manquer pour la plupart. Chaque détail est pensé et pesé pour paraître le plus véridique possible, le plus réaliste, malgré l'incongruité de la situation qui se joue sous nos yeux page après page.
On sent bien que comme à chaque fois il y a eu un très solide travail de documentation et d'anticipation de la part d'un criminologue reconnu dont la passion pour l'écriture n'égale que son envie de partager ses connaissances pour tenter d'empêcher les catastrophes sociales qui se profilent à l'horizon, en nous faisant tout bêtement réfléchir à nos comportements de tous les jours.
Pourtant, ce n'est pas mon thriller préféré de l'auteur. Malgré l'attrait de la nouveauté comme chaque année, je n'ai pas vraiment été séduit jusqu'aux tréfonds de mon être par cette histoire, par ce récit où pourtant je retrouve des schémas réguliers et familiers, et ce pour la simple et bonne raison que mon ressenti global est celui d'un déjà-vu. Déjà-vu tant dans les techniques employées par Maxime Chattam pour nous éblouir et détourner notre attention que par les thématiques traitées en sous-texte, dont il s'est fait le grand spécialiste depuis des années maintenant.
Ce n'était pas une mauvaise lecture ni une mauvaise expérience humaine, mais j'en attendais peut-être un peu plus pour être vraiment surpris. C'est dans la moyenne de ce que produit Chattam, vous pouvez trouver mieux dans certains de ses précédents romans comme pire et moins bien maîtrisé, à vous de voir. Nous avons la chance d'avoir un écrivain talentueux dont l'imagination ne semble toujours pas vouloir se calmer, et il faut en profiter tant que ça dure ! J'espère de tout cœur que le cru de 2025 sera meilleur et m'entraînera bien plus loin dans les abysses de l'humanité. En attendant, je conseille évidemment cette lecture et ce roman aux fans de toujours comme aux nouveaux venus dans la ménagerie angoissante de Maxime Chattam, pour peu que vous vous fassiez rapidement à ses nombreuses obsessions et que vous soyez prêts à réfléchir sur vous-mêmes à la sortie.
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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