Lendemain
d'Halloween. Quand y'en a plus, y'en a encore ! Voici l'occasion
d'un petit bonus (DLC ?) à mon mois spécial sur les vampires, pour
vous parler du film Dracula
Untold
de Gary Shore sorti le mois dernier tout juste, énième adaptation
sur grand écran du célèbre personnage de la littérature
victorienne qu'il n'est plus utile de présenter désormais.
Quoique...
L'an 1462, sur les terres reculées de la Valachie, au
sein des Carpathes de Roumanie. Le récit nous emmènera suivre le
destin du Prince Vlad III Basarab, connu sous le nom de ''Dracula'',
le Fils du Dragon, du Démon. Souverain juste et bon, éclairé,
dévoué à son peuple et à sa famille, il sera confronté à un
choix cruel lorsque le tout-puissant Empire Ottoman, avec le Sultan
Mehmet II à sa tête, exige un tribut de 1000 jeunes Transylvaniens
pour ses campagnes futures contre les nations rebelles de l'Europe de
l'Est. Vlad sait que s'il refuse, Mehmet n'hésitera pas à rayer son
pays de la carte et à s'approprier ses terres et son peuple quoi
qu'il advienne. Mais s'il paie le tribut, il devra alors laisser son
fils partir en tant qu'otage diplomatique, un enfer que Vlad a connu
durant toute son enfance et redoute par-dessus tout. Désespéré,
acculé, le Prince va alors commettre l'irréparable pour sauver son
fils ainsi que ce peuple apeuré qui compte sur lui pour le protéger.
Concluant un pacte avec une puissance obscure des plus redoutables,
Vlad obtient le pouvoir de commander à la nuit, aux ténèbres, la
force de cents hommes, la vitesse du vent, la capacité à répandre
la peur chez ses ennemis... mais également une faim irrépressible
de sang humain, comme prix de sa nouvelle condition. Le marché est
très clair : si Vlad parvient à résister à son désir de se
nourrir de sang durant trois jours, il retrouvera alors sa nature
humaine et aura pu utiliser ces sombres pouvoirs pour faire le bien
et délivrer son royaume de la menace Ottomane. Mais si jamais il
cède à son nouvel appétit, si la moindre goutte de sang humain
vient nourrir ses ténèbres... il deviendra alors un monstre,
condamné pour l'éternité à arpenter la Terre en causant la mort
et la désolation, émissaire du Mal détruisant tout sur son
passage, et voué à perdre chacun de ses proches, errant à jamais
sans but et sans attaches.
Le pari de ce film était de présenter un personnage
dont le grand public ignore encore beaucoup de choses, le véritable
homme derrière la légende et le mythe du vampire Dracula. Car oui,
il y a vraiment eu un Prince Vlad III Basarab ''Dracula'' ou encore
''Tepes'' (l'Empaleur) pour certains. En un sens c'est même l'un des
''pères'' de notre Europe telle que nous la connaissons depuis des
siècles.
Voilà donc quel était l'intérêt présenté au départ
de ce film, nous parler de cet homme, ce personnage historique, nous
raconter ses exploits et sans doute ce qui fît de lui une légende
du vampirisme par la suite. Sauf que dans les faits, vous pouvez
oublier tout le côté reconstitution historique/fictive, vous
n'aurez quasiment que du film de vampire là-dedans en réalité.
L'aspect historique du personnage de Vlad est traité assez
rapidement, disons durant les 5 à 10 premières minutes grand
maximum, avant que la dimension surnaturelle de l'histoire ne vienne
s'imposer et que le film ne devienne qu'un nouveau film de monstres
sur Dracula parmi une pléiade d'autres. J'avoue que personnellement
ce constat m'a un peu déçu en salle, je m'attendais vraiment à un
genre de biopic fictif, et ce malgré les bandes-annonces jouant sur
le sensationnel du célèbre vampire. J'avais un petit espoir, en
somme, que le film ne serait pas QUE là-dessus. Et pourtant si.
Dommage.
Mais
ce fut tout de même loin d'être une déception ! Le film est
sympathique, esthétiquement plutôt agréable, les effets spéciaux
sont tous assez soignés (quelques petites fautes ici ou là mais
rien de grave ni que l'on ne puisse pardonner) et il faut souligner
la qualité de la musique, signée Ramin Djawadi (que vous avez déjà
pu écouter via Iron
Man,
Le
Choc des Titans ou
encore plus récemment Pacific
Rim et
bientôt Warcraft
de Blizzard). Un habitué des films de monstres à gros budgets en
somme !
Et justement, venons-en à parler du budget et des
attentes que celui-ci pouvait susciter. Pas moins de 100 millions de
dollars, pour un film sur lequel repose depuis peu le projet fou de
créer un univers partagé avec différentes licences de monstres
gothiques victoriens au cinéma. C'est beaucoup, pour ce genre. Ça
fait même assez peu quand on y pense, avec tout le passif un peu
lourdingue que se traînait le personnage depuis des dizaines
d'années via la Hammer puis Universal. Et pourtant en un sens c'est
une réussite, modérée disons-le tout de suite mais réussite tout
de même, reconnaissons au moins que le budget se ressent dans le
rendu final du film, dans ses effets spéciaux, sa qualité visuelle
et son étalonnage, ses musiques, ses costumes et décors, etc.
Peut-être aussi un peu dans ses acteurs, mais alors pas tous loin de
là. Et quelques facilités dans le déroulement du scénario et les
relations entre les personnages.
Cependant
pour moi le plus gros défaut de Dracula
Untold,
ce n'est pas son manque de profondeur historique. Ça, je peux le
pardonner quand je vais voir un film à vocation fantastique. Ce
n'est pas non plus le jeu de certains de ses acteurs, car on est
souvent confronté à ce genre de petite déception quand on pioche
dans ce domaine. Non, c'est plutôt... son réalisateur, en fait. Non
pas que Gary Shore soit un manche, au contraire il a même plutôt
l'air d'avoir de très bonnes idées et techniques. Mais à plusieurs
reprises, et vous aurez aussi sans doute cette impression en le
voyant, j'ai été choqué par le montage assez brutal des scènes
entre elles. Pour tout dire, sur un plan le personnage de Vlad se
trouve légèrement en hauteur dans une salle, en train de parler, et
sur le plan suivant il est inexplicablement dans les bras de sa femme
en poursuivant le même discours dans la même salle, sans le moindre
effet mouvement pour servir de transition entre ces deux plans. Et ce
n'est qu'un seul exemple, le montage est vraiment ce qui pèche dans
ce film et gâche un peu l'expérience.
Comment
expliquer cela ? En sortant de la séance je cherchais une
raison qui aurait pu justifier un tel raté : les studios trop
pressants ? Des rajouts de dernière minute pour ce fameux
projet d'univers partagé, comme on en a eu connaissance un peu avant
la sortie du film ? Changement de monteur ? Post-production
difficile ? Et puis la personne qui m'accompagnait a mis le
doigt sur ce qui semble être la seule explication vraiment logique :
ce n'est jamais que le tout premier vrai long-métrage de Gary Shore.
Tout aussi génial qu'il soit, il a encore beaucoup à apprendre et
il s'est vu confier d'un coup un budget assez énorme pour réaliser
un film sur lequel pesaient de nombreuses attentes de la part des
studios, largement de quoi faire des erreurs. Et au final, ce ne sont
même pas des erreurs si graves que cela, elles ne dénaturent pas le
récit ni l'expérience du film lui-même en salle, c'est un poil
dérangeant mais sans plus, et largement pardonnable une fois que
l'on réalise que oui, c'est une première fois. Il y a toujours des
erreurs et des faux-pas, mais ça se corrigera pas la suite ! Ça
reste une œuvre d'une certaine qualité et surtout avec beaucoup de
bonne volonté, légèrement décevante sur la forme mais pas dans le
fond, et ce malgré des inspirations parfois plus qu'évidentes (et
du coup assez gênantes quand on s'en rend compte) : petit jeu,
essayez de retrouver LA scène quasiment copiée-collée de The
Amazing Spider-man 2 Le Destin d'un Héros
dans Dracula
Untold,
je vous jure que vous n'allez penser à rien d'autre en la voyant,
même la musique s'y met.
Allez, inutile de l'enfoncer davantage, je reconnais
qu'il y a de gros défauts dans ce film et que ce n'est pas forcément
ce à quoi je m'attendais en allant le voir, mais j'admets aussi que
malgré tout ça j'ai passé un bon moment et qu'il a bien rempli son
contrat en me divertissant et en m'offrant une histoire nouvelle sur
un personnage que j'aime beaucoup et qui me passionne, même si je ne
me considère pas vraiment comme faisant partie des gens à qui ce
film est censé apprendre des choses sur Vlad. Si vous êtes allés
le voir également, donnez votre avis ça m'intéresse ! Et si
vous n'y êtes pas allés, eh bien donnez-lui sa chance en DVD
lorsque vous le pourrez, il n'y a pas grand chose à en regretter. Et
vivement les autres films de monstres pour juger de ce fameux univers
partagé !
Sur ce je vous laisse vous faire votre propre avis et
je vous souhaite une bonne séance, en espérant vous retrouver
bientôt pour un nouvel article !
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