Devant
le nombre de récits consacrés à nos héros favoris, quel que soit
le support, on peut se dire que maintenant tout le monde ou presque
connaît les origines de Spider-Man, de Superman, de Batman, etc.
Même si les connaissances ne sont pas complètes ou totales, tout le
monde connaît au moins un détail marquant de ces origines, de ces
récits des tous débuts. Et pourquoi ? Parce que justement ces
récits sont réécrits encore et encore pour chaque nouvelle
génération avec à chaque fois une petite variante certes, mais
l'essentiel est toujours conservé. Que ce soit au cinéma, à
l'écrit comme au dessin, les origines de nos héros changent somme
toute très peu, ce qui permet à différentes générations de
pouvoir conserver les mêmes références et lire les mêmes choses
sans que le fossé soit trop important.
Cependant,
il y a des exceptions, comme pour toute règle tacite. Certains
auteurs s'amusent à modifier en profondeurs les origines des héros
comme des vilains, ce afin de créer la surprise, la polémique ou
tout simplement une nouvelle version dans un nouvel univers
parallèle. Prenons le cas de Batman : Thomas et Martha Wayne
sont tués par Joe Chill, un vagabond sans le sou, alors qu'ils
rentraient du théâtre/du cinéma. Seul le petit Bruce est épargné
et vivra désormais avec ce traumatisme qui hantera chacune de ses
actions. Mais voilà qu'en 1989 Tim Burton passe par-là et change
sans en avoir l'air radicalement le récit : désormais c'est le
futur Joker qui tue les parents de Bruce, faisant de lui le futur
Batman qui le lâchera par erreur dans une cuve d'acide pour en faire
le Joker, son ennemi juré. Dans la vision de Burton, les deux
personnages sont liés, leurs destinées sont entrelacées et
entremêlées, l'un créé l'autre et vice versa. Ce qui choque
peut-être les lecteurs des débuts, mais fera du film l'un des
préférés aux yeux des fans, ce même encore aujourd'hui.
Les
histoires labellisées Terre-Un
pour DC, Ultimate pour
Marvel, All-new etc.,
sont un moyen tout simple pour les auteurs récents de retravailler
la matière sacrée des origines, de lui donner peut-être une autre
forme ou de tenter de la faire aller dans une autre direction
pourquoi pas. Le tout toujours pour surprendre le lecteur avec
quelque chose qu'il connaît déjà ou croit connaître depuis
longtemps, ce n'est donc pas chose si aisée il faut faire avec les
grands connaisseurs qui ont vu passer plus d'un univers parallèle
dans leur existence. Spider-Man,
The Amazing Spider-Man,
Spider-Man Homecoming :
trois variantes et trois directions différentes pour un même
personnage avec cependant toujours le même socle sacré des
origines : une araignée radioactive mord un pauvre type qui
deviendra un héros par la force des choses et de la tragédie
humaine.
Combien
de fois les origines de Superman ont-elle été racontées, encore et
encore, pour un public chaque fois nouveau et émerveillé. Pourquoi
dit-on de Superman que ses meilleures histoires sont celles relatant
ses origines. Et bien parce que c'est malheureusement trop vrai,
c'est un personnage extrêmement difficile à écrire il ne faut pas
croire, et les auteurs qui s'en sortent le mieux sont ceux qui
reprennent les origines de l'Homme d'Acier en y apportant leur touche
personnelle. Les récits des origines sont aussi un argument
commercial très fort, les gens achèteront volontiers un N°1 plutôt
qu'un N°285 voir bien plus loin encore. Marvel et Panini ne s'y sont
pas trompés puisqu'ils sont devenus spécialistes des relaunchs et
reboots de leurs séries avec toujours de nouveaux N°1 pour frapper
le plus large public possible, avant de recommencer pour un nouveau
tour, et ainsi de suite.
Pour
conclure, raconter les origines d'un héros c'est un peu comme quand
nos grands-parents nous racontent l'origine de telle ou telle chose
qu'ils ont vu naître ou avec laquelle ils ont grandit : c'est
un lien essentiel entre les générations, qui permet à tout le
monde de communiquer sur une base solide et identique pour tous. Et
puis ça se vend bien mieux il faut dire qu'une fin.
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