Lara fait partie des vingt filles du roi de Maridrina, un pays au bord de la famine générale à cause des lourdes taxes qu'un autre royaume, Ithicana, applique sur les marchandises qui transitent par son légendaire pont au-dessus de l'océan, le moyen le plus sûr de traverser cette étendue sauvage où règnent les ouragans la majeure partie de l'année. Plusieurs autres nations ont tenté de se rebeller contre Ithicana et ses taxes injustes, mais rien n'y fait le royaume insulaire demeure impénétrable et conserve la pleine maîtrise de cet ouvrage architectural à nul autre pareil.
Mais tout cela est peut-être sur le point de changer. Lara a été entraînée, ainsi que toutes ses sœurs, durant toute son enfance et son adolescence, pour devenir un maître-assassin et une guerrière d'élite, autant versée dans les arts du combat que ceux de la séduction. Son père le roi a ordonné ce programme spécial et top-secret afin de disposer d'une arme fatale contre Ithicana : une future reine, offerte par Maridrina au roi Aren d'Ithicana, qui aura pour mission de le briser et de mettre le royaume du Pont à genoux en offrant toutes ses richesses innombrables à tous les peuples qui en manquent cruellement. Un juste retour des choses en fin de compte, et qui vaut bien le sacrifice de toute une vie pour une princesse sans autres ambitions.
Dès l'instant où elle est choisie par son père, Lara doit se préparer à devenir la reine d'un royaume qu'elle a appris toute sa vie à mépriser, compagne au bras d'un homme qu'elle hait de tout son être pour les malheurs qu'il inflige à son peuple. Le mariage est célébré, la paix instaurée durablement entre Maridrina et Ithicana, et le plan commence à s'enclencher. Dans le plus grand secret, Lara va devoir réunir suffisamment d'informations pour fomenter une invasion d'Ithicana et priver le roi Aren de son injuste monopole sur le Pont des Tempêtes. Si elle échoue, si elle est prise la main dans le sac, c'est la mort assurée. Acclamée en martyre véritable par les siens, Lara sait qu'elle n'a pas le droit à la moindre erreur. La survie de son pays en dépend !
Cependant, au contact des habitants d'Ithicana et surtout de son énigmatique souverain, la jeune femme commence à émettre quelques doutes sur sa mission et sur les informations dont elle a été abreuvée depuis son enfance. L'ancienne princesse découvre rapidement que les apparences sont bien souvent trompeuses et que le manteau de la victime ne sied pas à tout le monde de la même façon, encore plus quand il s'agit de nations entières à couteaux tirés. Il lui manque un art dans sa panoplie d'espionne : les affres de la politique. Petit à petit, Lara va se rendre compte que son propre père lui a dissimulé de trop nombreuses et cruelles vérités sur Maridrina, tandis qu'Aren d'Ithicana lui apparaît de plus en plus comme un homme bon et proche de son peuple, prêt à le défendre contre tout envahisseur de sa vie s'il le faut.
Ne sachant plus à qui se vouer, à quelle cause et à quel royaume se raccrocher, Lara va mener sa propre enquête tandis que ses sentiments pour Aren passent du faux-semblant à une affection sincère et plus forte qu'elle ne s'y attendait. Est-ce un habile stratagème de la part d'un roi cruel et manipulateur, ou bien est-ce un coup de foudre véritable ?
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Autrice de talent s'étant lancée à corps perdu dans le nouveau genre de la romantasy, Danielle L. Jensen nous livre ici son premier roman d'une saga qui en compte actuellement trois, et le moins que l'on puisse dire c'est que le récit est prenant et se dévore très facilement, accessible à toutes les personnes un tant soit peu curieuses de nouvelles lectures et de nouveaux horizons.
L'aspect fantasy tel qu'on le connaît d'ordinaire s'efface légèrement dans Le Pont des Tempêtes au profit d'une romance qui rappellera peut-être La Belle et la Bête, pour ne citer que ce compte célèbre finalement à la naissance de ce nouveau genre littéraire quand on y pense. On se prend à parcourir les chapitres les uns après les autres, divisés entre les points de vue de Lara et d'Aren, et à savourer l'évolution délicate de la relation forcée des deux personnages principaux au milieu de la tourmente. Vraiment, au niveau romance c'est très efficace et plein de vie, ça on ne peut pas le reprocher.
Cependant il y a quelques défauts ici et là. Pas dans le style de l'autrice, qui emploie un vocabulaire plutôt accessible sans tomber dans le vulgaire ou le trop commun, mais plutôt dans la conception de cet univers de papier et d'encre. Pour le rendre plus tangible, par exemple, il aurait été bienvenu de joindre... une carte ? Bragelonne nous a longtemps habitué aux grands maîtres du genre et à leurs cartes tracées avec patience et application pour nous aider à nous repérer dans leurs univers... là cette absence fait vraiment tâche, on a énormément de mal à identifier les différents royaumes dont on nous parle et surtout celui où tout se déroule, Ithicana, qui reste un assemblage très nébuleux d'îles disparates.
Alors je sais que dans le contexte de l'histoire ça s'explique par le fait qu'aucune carte d'Ithicana n'existe volontairement en dehors de la place forte de ce royaume, pour plus de sécurité autour du fameux pont et de ses marchandises précieuses passant d'un continent à un autre, mais quand même au moins nous fournir un croquis remettant en place les autres pays qui eux ne font pas tant de mystères n'aurait pas été du luxe à mon humble avis.
Second gros défaut : les chapitres abordés du point de vue d'Aren sont dans l'ensemble plus courts que ceux de Lara, qui sont plus nombreux aussi d'ailleurs que ceux de son mari. On sait bien que c'est Lara le vrai personnage central et principal du récit, mais quitte à accorder quelques chapitres à Aren autant essayer de viser l'égalité, non ?
A moins que ce ne soit un stratagème conscient de la part de l'autrice, qui force ainsi son lectorat à tenter de percer la carapace de ce roi décrit comme tyrannique mais agissant comme un homme simple quand on le connaît mieux. Au même rythme que Lara, nous apprenons et découvrons de nouvelles facettes d'une vérité trop longtemps passée sous silence et nous vivons le drame humain qui se joue sous nos yeux comme si nous y étions nous-mêmes plongés dès le premier rang.
Beaucoup d'efforts sont fournis par la narration pour rendre les personnages sinon attachants, au moins cibles d'une certaine empathie. La notion de sentiments est aussi très liée à celle de désir, et l'autrice nous offre un large panel de fantasmes féminins en ce qui concerne les nombreuses descriptions d'Aren et de son corps. Ce n'est pas à blâmer, puisque les auteurs masculins font de même avec leurs personnages féminins depuis... toujours ? Juste retour des choses en somme. Au moins on a une petite idée assez précise de ce qui plaît à Danielle L. Jensen et à ses lectrices !
La fin de ce premier tome appelle immédiatement la nécessité de s'emparer du second et de le dévorer, le suspens étant réellement insoutenable et injustement imposé au public. Heureusement Bragelonne a bien fait les choses et les sorties des différents volumes de cette trilogie en version française sont très rapprochée, de quoi satisfaire notre impatience et nous forcer à attendre tout de même un petit peu avant de connaître le fin mot de toute cette histoire.
Ah oui, j'oubliais : on parle de romantasy pour romance et fantasy... mais n'allez surtout pas imaginer qu'il y a de la magie ou des éléments vraiment fantastiques dans Le Pont des Tempêtes (à part le pont lui-même), au contraire c'est plutôt réaliste à ce niveau-là et ça change de la recette habituelle du genre jusqu'à présent. Est-ce que c'est mieux ? Je ne me prononcerai pas avant d'avoir achevé la lecture complète de ce cycle.
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
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