Cela fait déjà six mois que notre petit groupe de fugitifs a trouvé un nouveau havre dans le Cirque interstellaire. Moyennant un travail harassant mais qui a le mérite de détourner l'attention des problèmes les moins importants, chacun peut désormais vivre une petite vie confortable au sein de la station itinérante. Alana est la nouvelle responsable de la sécurité à bord, tandis que la jeune Hazel, déjà douze ans, s'occupe de l'entretien des animaux et de quelques petites bricoles par-ci par-là. Écuyer pour sa part est cantonné à la billetterie, un rôle somme toute tranquille qui lui permet de se perdre dans ses pensées la plupart du temps.
Mais plus le temps passe et plus les secrets que l'on cherchait à enfouir remontent à la surface. Hazel commence à se poser des questions quant à sa puberté, et elle cherche également la compagnie d'autres jeunes à peu près de son âge. Écuyer lui s'enferme de plus en plus dans ses songes éveillés et le circuit ouvert télévisuel dans lequel il recherche tant bien que mal une certaine stabilité, ou du moins un début d'explication de ce qu'il est et de quel sera son rôle dans la vie. Quant à Alana, elle est gentiment courtisée par le cantinier du vaisseau, qui semble apprécier la lecture des œuvres proscrites que lui recommande la mère un rien dépassée par toutes ces situations nouvelles.
Hazel va faire la connaissance de celle qui deviendra bien vite une amie dévouée et une confidente sincère, Émésis, une fille-araignée qui pourrait lui rappeler de bien mauvais souvenirs mais qui au contraire n'éveille en elle qu'une forte sympathie. Les deux adolescentes commencent à passer beaucoup de temps ensemble, à refaire l'univers, à échanger autour de leur passion pour la musique, et surtout de la vie en tant qu'orpheline. Vient alors le temps des révélations, Hazel se sentant suffisamment en confiance avec Émésis pour lui révéler sa double-nature hybride interdite. Un secret que son amie s'empresse de promettre de garder à tout prix.
La petite famille s'agrandit donc et la vie suit son cours, mais bien vite il apparaît évident que le mal-être d'Écuyer menace leur stabilité et décision est donc prise, sur conseil du gérant du cirque, d'envoyer le jeune robot dans un campement mystique qui l'aidera à faire la part des choses et à rééquilibrer ses mauvaises pensées et ses hantises, tandis que le reste de la famille va devoir s'absenter du cirque un certain temps pour rendre une visite imprévue au père d'Alana !
De son côté, le Testament endure un supplice psychologique de plus auprès de Gwendolyn, dévastés qu'ils sont tous les deux par la perte brutale de la protégée de cette dernière. S'abîmant chacun dans la drogue hallucinogène qui leur permet de revoir l'être aimé, du moins une version produite par leur inconscient, ils ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes et un drame risque vite d'arriver à nouveau quand les machinations de la noblesse robotique se mettent en branle et menacent l'équilibre de toute la guerre entre Continent et Couronne.
---
Déjà le douzième tome... j'ai envie de dire que ça passe très vite, trop vite en fait, mais en même temps nous avons un tome tous les deux ans à peu près en moyenne donc ce n'est pas si rapide que cela finalement.
C'est toujours un régal et un réel plaisir que de se replonger dans la vie fantaisiste mais assez réaliste aussi étrangement de cette famille recomposée à la dure dans cette série de space-fantasy, avec un regard aux certitudes à chaque fois bouleversées par le temps qui passe et les ellipses provoquées par les auteurs.
L'écriture de Brian K. Vaughan est toujours aussi forte, aussi percutante et acerbe que les dessins de Fiona Staples, on peut vraiment dire que ce duo s'est bien trouvé dès le départ et on ne peut qu'espérer que cette fructueuse collaboration ne s'arrêtera pas de sitôt, même si... même si on commence un peu à trouver le temps long il faut bien l'admettre.
Attention n'allez pas croire que lire Saga implique une dévotion totale et un abandon complet au détriment des autres comics ou séries que vous pourriez suivre en parallèle, ce n'est absolument pas le cas et c'est même plutôt l'inverse en fait, cette série tire à la fois sa force et sa faiblesse du temps qui passe et de l'évolution presque en direct de ses personnages dans une temporalité assez réaliste. Souvenez-vous que le premier tome est sorti dans la première moitié des années 2010, et nous sommes aujourd'hui en 2025... Hazel a littéralement grandit devant nous, sous nos yeux au fil de ces douze tomes, et ses douze ans de vie sont déjà bien remplis et documentés ! Mais cela n'entraîne-t-il pas parfois une petite lassitude de la part du public des premières heures ?
Vaste débat qu'il ne m'appartient pas de trancher. Pour moi c'est clair, Saga est une lecture qui vaut vraiment le détour et le coup d'œil, et je ne suis pas prêt d'abandonner en cours de route alors que les rebondissements sont toujours plus nombreux et que nos adorables personnages centraux sont ballottés dans l'univers au gré des conflits et des couvertures qu'ils évitent ou qu'ils adoptent. La grande Histoire cosmique se mêle au drame intimiste d'une famille recomposée de force par les aléas de l'existence, et le résultat est vraiment de toute beauté, même crue.
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un nouvel article !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire