lundi 21 août 2017

La question du lundi n°49 : Quels procédés peuvent donner un sens différent au matériau d'origine d'une oeuvre ?


Il est possible par le biais de films de remettre en avant certaines œuvres ayant un certain âge et ainsi de les faire connaître à un public néophyte.
Toutefois, ces mêmes films peuvent parfois prendre des libertés par rapport au matériau d'origine dont ils sont tirés, et ainsi donner un sens très différent à certaines choses, détails qui rentrent de ce fait dans la culture populaire et supplantent la version originale. La question de ce lundi s'intéressera donc à ceci : quels procédés peuvent conduire à un tel résultat ?

Nous examinerons quelques exemples, plus ou moins emblématiques et connus, qui illustrent de tels cas. L'un des plus célèbres est celui de Frankenstein, écrit par Mary Shelley. A la base, le nom de Frankenstein est celui du docteur, Victor Frankenstein, qui réalise la créature légendaire dont l'allure avec les cicatrices, les boulons et le front carré font partie du bestiaire du cinéma horrifique. Ce sont en effet les nombreuses œuvres cinématographiques, adaptations du roman, qui ont modifié la créature pour lui donner cet aspect et surtout la nommer du nom de Frankenstein, ce qui fait qu'au fil des ans le public a fini par faire lui aussi l'amalgame et fait ainsi directement référence à la créature en employant ce nom. A noter également que la créature est souvent décrite et montrée comme ayant un Q.I. largement déficient, alors qu'en réalité dans le roman elle est d'une intelligence parfois redoutable (voir le film avec Robert De Niro pour s'en rendre compte).

Autre exemple plus récent concernant un récit bien plus ancien. Il s'agit en effet de l'objet mythique de la mythologie Arthurienne, le Saint Graal. Le Graal est ainsi utilisé tour à tour dans diverses œuvres avec des fonctions plus ou moins différentes : immortalité, soin des blessures, réalisation de vœux, etc. C'est un cas un peu à part car le Graal peut avoir différentes significations selon les attentes, symboliques et pratiques, et il y a encore des débats quant à son utilité première : objet de quête, vecteur de l'immortalité, symbole de paix...

Exemple étymologique cette fois, avec le mot "apocalypse". A la base ce mot provient du grec, signifiant "dévoilement" ou "révélation". Par le biais d'amalgames surtout religieux, le terme d'Apocalypse désigne maintenant la fin de tout, la fin du monde. Un éloignement assez conséquent de son sens premier.

Exemples sportifs maintenant, avec du rugby pour être précis. Il s'agit dans le cas présent d'une erreur qui est au final restée. L'Argentine a pour animal emblématique le jaguar, mais suite à l'erreur d'un journaliste rédigeant un article sur cette équipe, les joueurs furent surnommés "Les Pumas", et ce surnom erroné a été conservé depuis.
Autre exemple concernant la Nouvelle Zélande et ses mythiques All Blacks. L'anecdote historique raconte qu'un journaliste du début du XXème siècle rédigeant un article sur cette équipe dit que ceux-ci jouent "all-back", c'est à dire en mode tous arrière. Cependant l'article une fois publié emploi le terme malheureux de "All Blacks", et ce surnom est resté lui aussi depuis.

Pour finir, un autre exemple cinématographique, avec la saga de films d'horreur Vendredi 13. Jason Voorhees n'est pas le tueur du film original, il n'apparaît comme tel que dans le second de la série, et le restera dans tous les autres épisodes à une exception près. C'est d'ailleurs un point important souligné dans le premier film Scream de Wes Craven.

Amalgames, interprétations erronées, voies du hasard... de multiples facteurs peuvent ainsi entrer en ligne de compte et conduire à garder dans l'imagerie populaire un sens différent de ce qui était prévu et indiqué à l'origine. Il est intéressant de voir comment certaines œuvres originales peuvent de ce fait être déformées et servir d'inspiration à des utilisations bien différentes de la volonté première.

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