Une nuit comme les autres, sur une route de campagne aux
États-Unis. Un couple de fermiers dans leur voiture… un objet non-identifié
tombant soudain du ciel devant eux, dans les champs. A l’intérieur, un bébé…
histoire connue, non ?
Sauf que dans cette version, le bébé est pratiquement
aussitôt récupéré par l’armée et placé dans un programme très strict d’étude
militaire afin d’en faire une arme décisive pour servir au mieux les intérêts
Américains. Le programme Hyperion est né. Et dans son sillage, ce petit gars d’un
autre monde va entraîner une nuée de changements sur notre petite planète bleue
si vulnérable. Des êtres hors du commun vont tout à coup émerger, faire parler
d’eux. Tout d’abord de simples légendes urbaines, mais au fur et à mesure que
le jeune Mark Milton va grandir et s’éveiller au reste du monde, ces phénomènes
auront un aspect presque familier.
Dans un monde où il n’y a jamais eu aucun super-héros, l’arrivée
du premier d’entre eux est un choc et une opportunité sans précédent. Hyperion
sera le fer de lance d’une nouvelle ère, où les États-Unis entendent bien
contrôler chaque élément hors du commun sur son territoire et même au-delà.
Encore faut-il que le principal intéressé se sente assez concerné et patriote
pour servir convenablement son pays…
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Je m’arrête là car il faut vraiment découvrir le récit dans
son ensemble. Cet album contient les 18 épisodes de la série de 2003 signée Joe
M. Straczynski et Gary Frank, qui était un reboot mature et plus poussé des
origines de l’Escadron Suprême, un groupe de super-héros assez extrêmes d’une
terre parallèle Marvel.
C’est à l’époque de sa genèse une sorte d’hommage de la
Maison des Idées à l’univers DC, auquel il faut bien l’avouer ils ont beaucoup
piqué au fil du temps. Mais ici c’est une version plus politisée, plus
contemporaine et concernée par les enjeux stratégiques de ce début des années
2000 sur l’échiquier mondial. La question est assez simple : si des êtres
surhumains existaient vraiment, dans notre monde en conflit perpétuel… ne
voudraient-ils pas à un moment prendre le contrôle de leur vie et des nôtres ?
En posant les choses ainsi vous pensez normalement aussitôt Watchmen, et vous avez bien raison
puisque l’Escadron Suprême est LE modèle de référence pour ce type d’histoire.
On peut aussi ajouter Superman - Red Son
selon moi comme héritage un peu plus tard. Des êtres presque tout-puissants qui
décident de prendre en main le destin de la planète sur laquelle ils vivent et
combattent le crime sous bien des formes, de retourner la logique contre
elle-même. Un peu Injustice aussi
vous ne trouvez pas ? Normal, c’est encore un héritage très inspiré de ce
qu’a pu faire cette série de légende dans les années ’80.
Si on s’intéresse maintenant davantage à la version de 2003
en seulement 18 épisodes, voici ce que l’on observe : un ton très violent,
très adulte, politisé, sexué, abordant des thématiques très fortes et actuelles
de l’époque (même encore de nos jours). C’est tout simplement une série d’exception
comme il en arrive assez peu au final dans cette industrie très calibrée, un
véritable ovni qu’il faut impérativement découvrir. C’est très bien écrit, très
bien dessiné, raconté, bref que du bon et j’ai passé une nuit blanche au
complet pour lire cette intégrale vraiment captivante. Il faut à tout prix l’avoir
dans sa collection !
A tout prix, vraiment ? C’est là que ça se gâte. Panini
a décidé de sortir cette série dans la collection ‘’Marvel Omnibus’’ très
prestigieuse, un mois seulement après la parution de la réédition de Spider-Man – La saga du clone tome 1.
Eeet ils ont fait les mêmes erreurs que pour celui-ci, en pire même. Omnibus
égal normalement gros album, bien rempli bien épais et on en a toujours pour
son argent, à 70€ pièce ça serait dommage tout de même. Justement, ici ‘’seulement’’
18 épisodes, ce qui donne un omnibus malingre qui a fait beaucoup réagir sur la
toile. Seul point positif selon mes critères : le retour de la jaquette,
même si elle diffère un peu trop de celles que l’on connaissait avant (papier
mat et un noir assez clair par rapport au format glacé et sombre d’autrefois).
Et, il faut le reconnaître, le mérite de compiler l’intégralité de la série en
un seul album. Et des bonus intéressants, pages de croquis, couvertures, études
de personnage, etc.
Mais pour 70€, on peut normalement s’attendre à un album bien
lourd qui prendra des jours à se laisser lire. Une couverture cartonnée noire
du plus bel effet écaillé, avec le titre inscrit en lettres d’argent partout où
il faut et une jaquette colorée par-dessus. Ici, c’est la pauvreté qui choque,
ce n’est au final qu’un gros Deluxe qui s’offre le format et le nom d’omnibus.
C’est dommage, peut-être aurait-il mieux valu du coup sortir ce récit dans une
autre collection ou bien proposer un omnibus rassemblant à la fois la série de
2003 mais également celle des années ’80, comme une maxi-intégrale à travers
les époques.
Quelles furent les raisons qui ont poussé Panini à faire ce
test désastreux, nous ne le saurons jamais. Toujours est-il que cet album nous
prouve une chose : le public peut prendre le pouvoir et décider. Grâce à
la polémique autour de cette parution, Panini a accepté de revoir sa copie pour
les futurs omnibus et le fameux prix de 70€ a été sacrifié au profit d’un coût
adaptable en fonction du nombre de pages réel. On ira ainsi de 50-60€ jusqu’à
70€ voir peut-être au-delà pour de colossaux ouvrages comme on peut en trouver
en V.O.
Enfin, ça sera pour les mois d’après le confinement bien
entendu. Prochains omnibus annoncés, La
saga du clone tome 2 puis un autre sur la fin de la carrière Ultimate de
Peter Parker. On ignore encore les dates précises et c’est bien normal au vu du
contexte actuel, mais ils sont déjà disponibles en précommande sur les sites
spécialisés comme Original Comics qui nous tient toujours au courant de l’avancée
de ces dossiers, merci à eux.
Vous l’aurez donc compris, c’est un omnibus à la fois unique
en son genre et en même temps assez décevant si on le compare aux autres. Je
pense qu’il faut avant tout voir le potentiel de la série, de l’histoire
elle-même, et tâcher de ne pas forcer la comparaison plus avant. C’est et ça
restera à tout jamais un album à part, de par son contenu et sa condition
matérielle. Il convient donc de le traiter comme tel et de faire la part des
choses, tout en gardant à l’esprit qu’il aura au moins permis de changer
beaucoup de points sur la relation entre le public et l’éditeur. Un album
malheureux mais historique à plus d’un titre, j’espère que vous aurez l’occasion
de lui donner sa chance mais peut-être à un prix plus raisonnable sur le marché
parallèle… on a le droit de rêver.
Sur ce, je vous laisse vous faire votre propre avis et je
vous souhaite une bonne lecture, en espérant vous retrouver bientôt pour un
nouvel article !
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